Du bidonville au « lieu de vie ». La redéfinition de l’espace du bidonville à travers les Arts politiques et l’Éducation populaire

Du bidonville au « lieu de vie ». La requalification de l’espace du bidonville à travers les Arts politiques et l’Éducation populaire.

Alors que les pouvoirs publics s’acharnent à traiter les bidonvilles comme des espaces à détruire pour le bien de ses habitants et de la société en général, différents acteurs s’affairent à démontrer que l’on peut traiter cette problématique autrement. Pour illustrer ces actions de redéfition des espaces l’article part de mon expérience personnelle en tant que bénévole du collectif PEROU (Pôle d’exploration des ressources urbaines) et de l’association ABRASSO (Association À bras ouverts) dans quatre bidonvilles en Essonne entre l’automne 2012 et l’été 2017.

Dans un premier temps, je reviendrai sur le travail du PEROU dans deux bidonvilles essonniens entre l’automne 2012 et l’été 2014. Fondé par le politologue Sébastien Thiéry et le jardinier philosophe Gilles Clément, le PEROU ancre ses interventions dans le champ des Arts politiques et de la recherche-action. Il travaille sur la forme que prennent les problèmes publics — en particulier ceux liés aux politiques du logement et de l’accueil des migrants. Partant du principe que les problèmes ne s’imposent pas mais se posent, le PEROU développe des pratiques de mise en scène politique. Entre l’automne 2012 et l’été 2014 il a investi deux bidonvilles à Ris-Orangis et Grigny pour mettre au travail des experts et des non-experts de l’aménagement. C’est ainsi qu’aux côtés des habitants et d’architectes urbanistes, des artistes en tout genre, des enseignants, des étudiants, des militants chevronnés et néophytes ont été conviés à bâtir, animer et habiter ensemble une série d’équipements au cœur du bidonville.

Après avoir analysé la méthodologie de travail du PEROU en Essonne, la deuxième partie de cette contribution tente de faire le pont entre les Arts Politiques et l’Éducation populaire à travers l’analyse des actions de l’association ABRASSO, petit rejeton du PEROU. En effet, des bénévoles du collectif, inspirés par sa démarche, se sont regroupés pour développer des ateliers d’expression artistique et d’éveil linguistique pour les enfants de 5 à 16 ans. Suite à l’organisation d’une colonie de vacances in situ, l’association a publié Passerelle le premier imagier trilingue en français, roumain et en langue romani réalisé par les enfants. Nous verrons comment ce projet a permis de creuser davantage la question de la requalification de l’espace et des relations entre habitants et non-habitants du bidonville.

Si les Arts politiques inventent des pratiques pour labourer les tiers espaces et en dégager de nouveaux récits, l’Éducation populaire propose une trousse à outils pédagogiques et une éthique de l’action. La dernière partie de cette contribution s’intéresse à la façon dont ses disciplines éclairent la question de la gouvernance et comment cette question s’articule à la méthodologie de la recherche action. Car tout l’enjeu est de pouvoir à la fois s’emparer et agir avec ferveur sur une situation donnée tout en se dotant d’outils pour en dégager des connaissances, les transmettre et nous permettre devenir artistes du politique et agents d’un nouvel aménagement du territoire.

Contact : Victoria Zorraquin <victoria.zorraquin.vivot@gmail.com>

 

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