Chloé Rose
Marjorie
Expérience inédite.
Vendredi 17 avril 2020, 30ème jour de confinement. Un mois que la vie est suspendue. Un mois que les oiseaux peuvent chanter librement. Un mois que le trafic routier est interrompu. Un mois sans pouvoir aller voir nos proches. Un mois que la planète respire sans la moindre pollution. Un mois que les animaux sauvages reprennent leur droit. Mais l’ironie de la situation c’est le fait que depuis un mois nous sommes surveillés pour nos faits et gestes. Dès lors que nous voulons sortir pour effectuer les achats de première nécessité il faut remplir son attestation de peur d’être contrôlé et d’être amendable.
Il est 8h30, je me lève je m’assieds dans mon lit et je me dis que je n’ai aucun but dans cette journée comme les 30 jours qui viennent de s’écouler. Je vais dans la cuisine rejoindre ma petite sœur de 12 ans et ma maman. La télévision est allumée sur les informations, aucune bonne nouvelle pour ce 30ème jour, oh si ! Le nombre de cas et de malades ne cessent de s’accroître à cause de certains petits malins qui ne respectent pas le confinement. Je me demande chaque jour pourquoi certaines personnes ne respectent pas le confinement ? Pourquoi se sentent-ils obligés de sortir de chez eux ? Pourquoi se sentent-ils obligés de sortir faire du sport sans les gestes barrières ? Alors que de nos jours nous avons toutes les possibilités pour pouvoir faire du sport chez soi. Toutes ces questions que je me pose chaque jour resteront en suspens sans aucune réponse et sans aucune finalité.
Ce vendredi 17 avril, j’aurais dû être en stage au planning familial 87 et je suis chez moi assise devant mon yaourt en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de ma journée. Pour aujourd’hui, ça sera préparation dans la cuisine, puis l’après-midi s’écoulera avec de la lecture au soleil et du sport pour se maintenir en forme et pour essayer de préparer son « summer body ». Aujourd’hui aucun devoir ne m’est demandé malheureusement, parce que malgré tout, le fait d’avoir des devoirs à rendre ou des exercices à effectuer, donne un but dans la journée et nous occupe. Mais quand il n’y a rien à faire, l’ennui revient à grands pas emportant avec lui le fait de nous occuper pour espérer que la journée passe un peu plus vite que les autres.
Durant ce confinement, je ne manque de rien, ma petite sœur qui est en 5ème est à la maison pour faire ses devoirs, cela entraîne le fait que dès que nous avons des devoirs toutes les deux, nous nous encourageons à les faire et cela est d’autant plus motivant. Ma maman étant assistante maternelle est en arrêt maladie puisqu’elle ne peut pas continuer d’exercer, quant à mon papa, lui aussi est à la maison en télétravail. Il s’est reproduit son bureau de son agence dans notre bureau à la maison. C’est étrange et rassurant qu’il soit continuellement à la maison avec nous, c’est tout aussi étrange que pendant 30 jours nous sommes tous les quatre à la maison et que nous ne voyons personne d’autres que nous quatre. Parfois, comme dans toutes les familles, et en raison de cette situation inédite des petites tensions apparaissent et s’en vont aussi rapidement que les feuilles tombant durant l’automne. Pour ma part je ne manque de rien, j’ai une famille aimante, des parents à l’écoute et une petite sœur qui me fait passer le temps en jouant avec elle. Je suis d’autant plus chanceuse d’avoir une maison à la campagne, avec un très grand jardin et des chevaux à côté que je suis allée voir certains jours me permettant de m’évader quelques minutes loin de ce confinement.
Il est 21h, la fin de journée est imminente et je regarde la télévision médusée par le fait qu’il n’y ait rien à visionner. Soit les films sont rediffusés à plusieurs reprises, soit les émissions sont tronquées en plein milieu pour je ne sais quelle raison, déjà que la journée ne passe pas vite et le fait qu’il n’y ait rien à la télé le soir c’est encore plus déprimant. Les services de télévision ne nous facilitent pas la tâche à ce qu’on puisse s’évader loin de tout ça.
23h, je traîne des pieds pour aller me coucher, à quoi bon se coucher tôt si pour le lendemain il n’y a rien à faire. Mais la petite voix dans ma tête me répète en boucle « Marjorie garde un rythme, il le faut pour ne pas te faire submerger par les événements ». Je me couche en rêvant que dans une autre vie je suis avec les gens que j’aime…
Samedi 18 avril 2020, 31ème jour, les jours se suivent et se ressemblent. Aujourd’hui comme les autres jours j’appelle mes grands-parents pour prendre de leurs nouvelles, pour garder ce lien qui nous unit malgré les 50 kilomètres qui me séparent d’eux. Avec ma petite sœur, nous avons décidé de nous prendre en photo et de réaliser un album fait mains pour leur envoyer. Nous savons pertinemment que ce geste aura deux effets contradictoires à savoir le sourire et les larmes et sera gravé dans le cœur. Nous avons choisi de réaliser cet album pour qu’ils puissent nous voir après un mois et demi sans avoir contemplé nos visages. Pour finir la matinée en beauté, je commence à rêver de l’avenir, de l’après confinement, en faisant du shopping sur divers sites internet. Quoi de mieux pour remonter le moral en ces temps ci !
L’après-midi, je profite du temps de repos familial pour commencer à regarder une nouvelle série qui m’occupera l’esprit quelques heures par jour. Et son effet est satisfaisant étant donné que l’après-midi passe plus vite que les autres.
Malgré le confinement, cela a eu des effets bénéfiques pour moi. Je me suis remise à la lecture et pour cause j’ai lu 2 livres en quelques jours. Durant cette période particulière je me suis remise à faire du sport ce qui m’a permis de me défouler et de me libérer la tête.
J’ai également eu la chance de pouvoir cuisiner avec ma maman, celle-ci m’a appris à faire de bons petits plats pour quand je quitterai le cocon familial. J’ai eu la chance de pouvoir cuisiner avec mon papa et ma petite sœur. Ce confinement nous aura encore plus soudés qu’avant, et nous aura facilité la communication…
Charlotte
Ce confinement je l’ai vécu comme un temps avec ma famille que je n’avais pas eu depuis longtemps. Il est vrai que depuis un certain moment je suis très prise par mes études car je m’épanouis pleinement dans ce que je fais et que je suis très pressée de rentrer dans ce monde professionnel qui me donne tant envie. A la maison, nous nous aimons tous, nous discutons, nous parlons de tout et de rien, pour ça je sais que j’ai de la chance d’avoir la famille que j’ai… Mais chacun d’entre nous est pris par le travail, ou par nos occupations personnelles qui font que nous nous occupons moins de faire des choses essentielles c’est-à-dire RIEN !
Rien, cela veut dire prendre le temps de ce lever, de se retrouver, d’aller prendre l’air lors d’une promenade avec sa sœur ou sa mère qui fait du bien au moral et du bien à la tête. Prendre du temps à jouer avec mon frère qui quoi que je fasse me gagne tout le temps aux cartes ou au Ping Pong. Prendre du temps pour regarder les visiteurs avec son père et en pleurer de rire.
Il est vrai que j’aurais pu me morfondre car je ne voyais pas ma grand-mère qui vit à 800 mètres de la maison et qui nous répète que ce n’est pas si grave si elle attrape le virus car elle a vécu des choses bien plus graves et horribles. Ne pas voir mon copain qui me manque énormément. Faire des cours en virtuel alors qu’en réalité tout ce qu’on voudrait c’est être dans notre salle de cours. Trouver un travail pour cet été, qui me permet d’être un peu autonome. De plus j’avais prévu ces vacances de Pâques de partir car toutes les autres vacances scolaires j’ai travaillé.
Des questions encore, des questions toujours, des questions sur le lendemain, où l’on n’a pas de réponse. C’est vrai que j’aurais pu déprimer, ça m’est arrivé quelques fois. Mais non, car je relativisais, malgré l’ampleur économique et sociale que cela va avoir sur les prochains jours, mois, années… J’ai pu profiter peut-être ou sûrement de ces derniers moments en tant qu’« enfant », avant de m’envoler d’ici deux ans vers l’indépendance.
Chloé
BILAN PERSONNEL DU CONFINEMENT
Comme prévu, je vous retrouve dans mon GRAND bilan de ce confinement qui, pour moi, aura été aussi court que cette première année de BTS… Pour mon cas, le confinement m’aura apporté plus de choses positives que négatives. Il m’aura beaucoup fait réfléchir et apprendre sur moi-même, ce que j’aimerai changer ou non personnellement et dans ma vie en général.
En suivant vos conseils, je vais raconter celui-ci à ma manière. J’ai donc pu, suite à l’annonce du président, quitter Limoges avec toutes mes affaires essentielles, pour rejoindre ma famille avec laquelle je serai confinée à la campagne, durant tout ce temps.
Les premiers jours d’adaptation ont été compliqués, beaucoup de questions sans réponses concernant la suite des événements (études, stage, devoirs, job d’été…).
De nombreuses publicités et informations inquiétantes circulaient et des sorties réduites aux courses et à très peu d’activités nous étaient permises, à notre plus grande déception, mais cela était nécessaire, pour la santé et la sécurité de tous.
Concernant les conditions numériques, je n’ai pas eu de mal à suivre les cours à distance qui ont débutés quelques jours après l’annonce du confinement. Ayant la chance d’avoir un ordinateur depuis le début d’année scolaire, tout mon travail se déroulait sur celui-ci : visio-conférence, contrôles en ligne, activités, échanges par mail..
Au début je me sentais un peu submergée par le travail qui nous est tombé dessus, mais petit à petit j’ai appris à m’organiser différemment et à réaliser mon travail au fur et à mesure, le fait de travailler à la maison m’a paru moins stressant, étant une personne assez anxieuse, j’ai pu travailler à mon rythme et efficacement, avec parfois le soutien de mes ami(e)s à distance.
Le tout était de garder le rythme scolaire, chose qui n’était pas toujours évidente..
Au niveau psychologique, j’étais en réflexion permanente et différentes émotions m’ont accompagné durant ces nombreuses semaines : stress, angoisse, tristesse, colère mais aussi joie, amour, optimisme…de vraies montagnes russes!
Ce n’était pas évident d’être contrainte de rester la plupart de ses journées enfermée chez-soi, parfois déprimant, mais je m’y suis habituée et j’y ai pris goût, il fallait s’occuper l’esprit.
Au niveau affectif, entretenir des relations amicales n’était pas vraiment compliqué sachant que nous avions l’habitude des réseaux sociaux mes ami(e)s et moi. Les appels vidéos ont été d’une grande utilité.
A contrario, ce confinement m’a rapproché et éloigné de certaines personnes, mais il m’a également aidé à voir clair, ne dépendre de personne et ne rien attendre des autres.
Concernant ma famille, je n’avais plus l’habitude de vivre avec elle 24h/24, la cohabitation s’est finalement bien passée, malgré quelques désaccords de temps en temps, ce qui est normal.
Ce confinement m’a rapproché d’eux et m’a prouvé à quel point il est important de prendre soin et de profiter des gens que l’on aime, car ils ne sont pas éternels. Ils m’avaient beaucoup manqué, car même si j’aime beaucoup mon indépendance à Limoges, je reste une personne qui est proche de sa famille, elle m’aide à avancer et à me sentir bien.
Les conditions environnementales étaient idéales pour moi, étant à la campagne j’ai pu profiter du beau temps pendant mon temps-libre, mes parents ont chacun un grand jardin chez-eux j’ai donc pu sortir dehors, ce que d’autres n’avaient malheureusement pas forcément la chance de pouvoir faire, j’en ai donc profité pour eux ! Grandes balades à la campagne et footing m’ont occupée la plupart de mes après-midi.
Le reste de mes activités se résumait à de la lecture, de la pâtisserie, du sport, des jeux de société en famille, de la peinture, du dessin, des coloriages, des to-do list de mes objectifs et projets à réaliser après ce confinement, écouter de la musique, regarder des films et séries.
Ce confinement m’a permis de faire des choses dont je ne prenais pas forcément le temps, j’ai réalisé qu’il fallait apprécier les choses simples de la vie, être la plus positive possible et profiter de ce que nous avons la chance d’avoir.
Alexis
Confinement
Lundi 20 Avril 2020, 35éme jour de confinement. Cela fait plus d’un mois que je suis confiné chez ma grand-mère avec ma maman à la campagne, entendre le chant des oiseaux le matin, sentir l’air frais de la campagne c’est sûr que ça me change de mon appartement dans le centre de Limoges.
Je me lève donc comme chaque matin depuis 35 jours, fatigué et désordonné de savoir le jour et la date qu’on est, nous n’avons aucune nouvelles de quand nous allons pouvoir voir nos proches, sortir sans être surveillés, je ne sais pas, je suis perdu.
Ca me manque les jours où nous pouvions sortir au cinéma, aller voir nos potes, faire les magasins, manger au restaurant sans savoir que quelqu’un porte ou non cette horreur de virus. Au moins, dans ce que je vais raconter il y a aussi du positif.
Chaque matin je fais mon sport à partir de 10h, le confinement m’a forcé à faire du sport pour rester en forme malgré l’enfermement, je me dis à l’intérieur de moi que c’est peut- être le moment de renforcer les muscles et commencer à limiter ma consommation de nourriture car vu que nous ne bougeons pas, manger va être la seule option pour ne pas déprimer ou passer le temps.
Après mon sport je me dirige dans la cuisine, je mange un fruit tout en passant devant la télé, toujours la même chose « vaccin en cours, respectez les distances de sécurité, lavez-vous les mains » et j’en passe, on attend juste une réponse directe, la vérité pas des mensonges, puis le nombre de cas et de morts continue d’augmenter cela ne va jamais s’arrêter tout simplement parce qu’il y a des personnes qui ne respectent ni les gens ni eux même sans même comprendre la situation actuelle.
Après, j’allume mon ordinateur pour regarder si nous n’avons pas des conférences avec les professeurs ou même des exercices à faire ce qui est bien car malgré tout, ça fait passer le temps plus vite et on continue à apprendre même en restant à notre domicile.
Le midi sonne à la cloche de l’église je me mets à table toujours les mêmes histoires aux informations: le nombre de morts, de cas ou même les barrières à respecter, ils sont tellement focalisés sur ce virus qu’ils en oublient le reste dans le monde. Nous ne parlons pas assez des pauvre, qui restent dehors avec cette période du virus, les morts de la grippe ou du cancer ça aussi il y en a, mais non, au lieu de nous parler de tout ça ils préfèrent rabâcher la même chose à croire qu’ils aiment ça, nous cacher des choses, se répéter, etc.
En tout cas dans ma tête, je ne perds pas espoir je sais qu’un jour tout reviendra comme avant mais j’ai l’impression que je suis le seul à penser ça. En tout cas il faut se dire que pour battre ce virus il faudra le faire petit à petit sinon nous empirerons plus les choses. Croyez moi ou non ça ne donnait pas trop envie de manger même si un bon Macdo me faisait bien envie.
L’après-midi est chargé ou non tout dépend si je dois prendre la voiture pour aller chercher des courses ou avancer sur les devoirs à réaliser sinon j’aime beaucoup dessiner et lire, je me mets au soleil pour bronzer un peu puis je lis cela m’évite d’être toujours sur les écrans et qu’à la fin de la journée j’ai mal à la tête. Je m’occupe comme je peux à sortir dans le jardin, j’ai de la chance d’avoir ça. Je pense souvent à ceux qui sont dans un appartement avec peu de place, pas de jardin, ça doit être vraiment compliqué pour eux de profiter de l’air ou du soleil.
En fin de soirée il y a toujours une petite activité ensemble pour préparer le repas, manger ensemble et profiter de la soirée même si ma maman ne se couche pas tard le soir car la semaine elle fait du télétravail chaque matin depuis plus d’un mois, c’est pour cela que je propose un petit moment film après avoir mangé ou de petits jeux de société c’est bien aussi de penser à autre chose avec ce qu’on voit et on entend dans les informations.
C’est vrai que le soir se coucher tôt reste très compliqué car nous ne faisons rien la journée et le soir nous ne sommes pas du tout fatigués. A quoi bon se coucher tôt alors que personne ne nous attend le lendemain et notre vie se résumera à une roue qui tourne pour revenir toujours au point de départ? En tout cas chaque soir je regarde le plafond en me disant qu’il y a des personnes qui ne peuvent pas avoir cette possibilité de sortir dans le jardin pour profiter du soleil et je pense à ma famille, aux personnes qui comptent pour moi et ils me manquent énormément.
Malgré tout ça, je peux dire que le confinement m’a beaucoup aidé à réfléchir sur moi-même, à vouloir changer des choses et commencer à réaliser à ce que je ne faisais pas d’habitude: profiter de ma famille qui est près de moi, profiter de ce temps-là pour faire des ateliers cuisine avec eux, faire des jeux de société ce que je faisais rarement auparavant.
Depuis que j’ai l’âge de 3 ans mon papa a quitté la maison pour reconstruire sa vie. Parfois ce n’est pas toujours rose chez moi mais depuis j’ai mûri, j’ai grandi, j’ai compris la situation et je suis des deux côtés: mon papa me manque pendant ces jours-là mais je serai toujours là pour eux, pour passer du temps avec eux et j’aide ma maman parce que je passe le plus de temps auprès d’elle. J’ai appris qu’il fallait profiter des moments qui passent car plus nous grandissons moins nous avons de temps à passer avec la famille.
Pour conclure tout ça, je peux dire que le confinement est énervant mais il faut s’adapter à cette nouvelle formule de vie, profiter de chaque moment. Cela me pousse à prendre plus soin de moi et des personnes qui comptent le plus pour moi.
Ambre
Mon confinement à la campagne
Je m’appelle Ambre, j’ai 19 ans et je suis actuellement en première année de BTS à Limoges. Je vis dans un appartement d’étudiant. Le vendredi 13 mars, lendemain du premier discours du président Emmanuel MACRON, nos professeurs nous annoncent que nous ne retournerons pas en cours le lundi suivant.
En fin de journée, je suis de retour à mon appartement, je prépare ma valise pour rentrer chez mes parents comme chaque vendredi soir. Mais cette fois, je ne sais pas pour combien de temps je m’en vais. Une question tourne en boucle dans ma tête : « combien de temps cette situation va t-elle durer ? ». Je prends le maximum d’affaires, je charge tous mes classeurs de cours dans ma voiture. Je sens que ce n’est que le début de cette crise sanitaire et je ne m’attends pas à retourner à mon établissement scolaire avant quelques semaines, peut être deux ou trois.
Le lundi 16 mars à 20h le président Emmanuel MACRON, fait de nouveau un discours. Je regarde la télé avec une grande concentration, je ne la lâche pas du regard, j’attends avec espoirs qu’il nous dise quand les établissements scolaires vont rouvrir. Mais hélas, pour l’État, c’est aussi une question sans réponse. Il nous apprend qu’à partir du lendemain, Mardi 17 mars, nous serons en confinement. Durant son discours, il répète à de nombreuses reprises : « Nous sommes en guerre ». Ces quelques mots me font frisonner, ils me font comprendre la gravité de la situation.
Mes parents ont une maison à la campagne, à 15 minutes de la ville de Sarlat, en Dordogne. C’est là que j’y passe mon confinement, avec eux. Je n’ai jamais été aussi contente d’habiter à la campagne qu’en cette période. Là bas, je peux profiter de notre grande maison et de notre terrain de 3000 M². Je sais que c’est un luxe que beaucoup n’ont pas.
Très rapidement, je reçois mes premiers devoirs à faire à la maison. Là encore, j’ai de la chance car j’ai de bonnes conditions matérielles pour travailler. J’ai mon téléphone portable ainsi qu’un ordinateur portable personnel qui me permettent un accès rapide et efficace à internet et au traitement de texte pour réaliser les travaux qui me sont demandés. Mon objectif est de ne pas décrocher scolairement, je suis très motivée pour ça !
Les premières semaines ont été les plus difficiles pour le moral. Je n’ai pas l’habitude de rester tout le temps enfermée chez moi sans voir mes amis, aller en ville pour boire un verre, manger au restaurant ou au fast food, faire du shopping… À l’heure actuelle, je me sens comme privée de liberté. Heureusement mes parents sont là, on essaye de se remonter le moral et de se serrer les coudes durant cette période. Pour communiquer avec mes amis, nous nous téléphonons souvent, pour prendre des nouvelles ou se raconter nos histoires. Nous nous appelons en visio comme ça nous pouvons nous voir en même temps. J’ai également de la famille qui habite autour de chez moi, ce sont mes voisins. Des fois nous nous voyons dans le jardin, chacun chez soi et nous nous parlons à travers le grillage tout en respectant les distances d’un mètre entre nous, c’est tout de même déstabilisant.
Au bout de deux semaines je n’étais toujours pas sorti de chez moi, j’ai alors proposé à mes parents de faire les courses à leur place. Sur la route, j’étais très angoissée. À la télé, j’ai vu des vidéos de personnes qui se battent dans les grandes surfaces pour du papier toilette, j’ai peur que ce soit le « chaos » dans le magasin, que les autres soient agressifs… J’arrive enfin sur le parking, le magasin où je fais mes courses habituellement. Il s’est très bien organisé, ils nettoient les chariots entre chaque personne, un vigile est à l’entrée du magasin, il veille à ce que nous ne soyons pas trop nombreux, à rentrer, et à ce que l’on mette le chariot dehors pour qu’il soit désinfecté après notre passage. Une fois lavé, il est remis à l’intérieur du magasin à l’entrée. Les gens ne sont pas affolés et ne se battent pas comme dans les vidéos que j’ai pu voir, je suis donc rassurée, mais quelque chose me stresse. Voir des personnes avec des masques, en France, je n’ai jamais vu ça. Personne ne parle, on dirait que tout le monde est endeuillé, c’est un silence pesant, j’entends seulement les roues des chariots sur le carrelage. Une fois rentrée chez moi cette inquiétude disparaît, je suis soulagée.
Ma mère travaille pendant le confinement, elle est infirmière. Des collègues de l’hôpital lui ont dit que des masques et du gel hydroalcoolique étaient volés très régulièrement et en grande quantité. Ils doivent donc les cacher et ne plus les laisser à disposition. Je me dis que les gens sont devenus fous, comment cela se fait- il que nous en soyons arrivés à ce point ?
Au bout d’un mois de confinement, j’ai commencé à prendre l’habitude de cette situation. J’ai un rituel qui s’est mis en place, je fais tout les jours la même chose, je passe mes journées entière sur les écrans, soit pour mes devoirs soit à regarder des films, des séries, jouer à des jeux, regarder les réseaux sociaux… Régulièrement le soir j’ai mal à la tête, je me doute que c’est à cause de toutes ces heures passées sur mes écrans mais je ne vois pas ce que je peux faire d’autre pour passer le temps, j’ai déjà lu les deux livres que j’avais et les librairies sont fermées.
Le 13 avril, le président Emmanuel MACRON, annonce que le confinement est prolongé jusqu’au 11 mai, c’est un nouveau coup au moral… J’ai l’espoir que ce soit la dernière fois qu’on nous annonce un prolongement. Une semaine avant la date du 11 mai, l’État maintient le déconfinement progressif qui aura bel et bien lieu à la date prévue. Deux sentiments opposés me traversent. D’une part, c’est un soulagement car nous sommes sur la bonne voie pour retrouver notre vie d’avant qui me manque tant. Mais, j’ai aussi une peur en moi, comment vais-je faire pour mes cours puisque la reprise est incertaine ? Je sais que si je retourne à mon établissement scolaire ce ne sera pas avant juin. Mon année va-t-elle être validée ? Cette année va-t-elle être comptée comme une année blanche ? Est-ce que je retournerai en cours avant septembre ? Malheureusement, ce sont des questions dont personne n’a de réponses actuellement. C’est une situation stressante car je ne sais pas de quoi mon avenir va être fait. C’est l’incertitude complète.
Marlène
Avant le confinement
Le 12 mars 2020 : Monsieur Macron parle et annonce la fermeture des écoles. A partir de lundi je ne vais donc plus en cours.
Le week-end : Je vais travailler à Super U (mon travail « étudiant »). En embauchant, ma responsable me demande si j’accepte de venir travailler la semaine qui suit. Sachant que je ne peux plus aller en cours, j’accepte.
Durant le week-end des personnes affirment sur les réseaux sociaux la possibilité d’un confinement, je panique un peu à l’idée de ne plus pouvoir revoir mes proches durant une durée indéterminée.
Le lundi 19 mars : Mon copain me dépose sur mon lieu de travail, je ne sais donc pas quand je vais pouvoir le revoir… J’embauche à 8h30 le matin et je dois finir à 14h15 pensant que la journée va se dérouler comme d’habitude. Plus les heures passent et plus il y a du monde qui arrive. Nous n’arrivons plus à suivre: 1h d’attente en caisse, le personnel n’arrive plus à approvisionner les rayons, les clients se jettent sur tous les aliments qui se conservent pour une longue durée en plus du papier toilette, c’est la folie.
Mon heure de débauche arrive mais ma responsable m’oblige à rester. A 14h30, quelqu’un vient me remplacer le temps de manger, je monte en pause, la pression redescend mais je n’ai pas faim, écœurée par l’égoïsme de certaines personnes.
Je reviens à ma caisse et je comprends que je ne suis pas prête de partir d’ici.
Vers 18h30, les gens commencent à se calmer, je peux donc quitter ma caisse pour aller ranger ce qui traîne dans la réserve. Tout y est vide, cet endroit qui en temps normal est toujours rempli, il n’y a plus rien…, en une journée.
Le soir, Mr Macron parle à nouveau, il annonce évidemment le début du confinement pour le lendemain à partir de midi. Je suis exténuée de la journée que je viens de passer, je vais donc me coucher très rapidement.
- Les premiers jours
Le mardi 20 mars (J1 du confinement) : Je retourne travailler, la boule au ventre, j’embauche à 8h30, j’en profite donc pour me renseigner auprès de mon patron sur comment allait se passer la journée. Il a fait appel à des vigiles afin de réguler les entrées dans le magasin (30 personnes maximum). Cela est clairement un soulagement pour nous tous. Il nous donne aussi des gants afin de protéger nos mains. Les clients font la queue, il y a jusqu’à 2h d’attente avant de pouvoir rentrer dans le magasin.
La semaine se déroule tranquillement. J’alterne entre mes cours à la maison et mon travail. je stresse et j’ai peur de ramener le virus à la maison d’autant plus que je viens d’apprendre qu’une de mes collègues est contaminée.
Un peu plus tard, le patron nous met enfin les plexiglass en caisse, ce qui est rassurant. Une cliente nous coud des masques que je n’hésite pas à porter. Mon stress et ma peur diminue au fil des jours. Nous ne tardons pas à recevoir des masques chirurgicaux.
Afin d’éviter le plus possible de contaminer ma maman, je décide de faire les courses à sa place en débauchant (une grande première) et je me rends compte que ce n’est pas si facile que ça…
- Pendant le confinement
Les jours passent et se ressemblent, je me suis décidée à repeindre les meubles de ma chambre durant mes temps libres, à faire du tri dans mes affaires… Je trouve que c’est une excellente occasion. Ma mère s’occupe sans arrêt du jardin. Je me suis habituée à ce nouveau rythme de vie que je commence même à apprécier.
Ma responsable m’a gardé durant toute la durée du confinement pour remplacer les autres filles en chômage partiel car elles devaient garder leurs enfants.
- Mon ressenti
Les premiers jours ont été les plus difficiles pour moi, je prenais comme une contrainte le fait d’aller travailler en ces temps-ci mais je ne voulais pas arrêter même si on me laissait le choix car je savais qu’ils comptaient sur nous qui sommes étudiants.
Je ne voyais donc plus mes amis et mon copain, sauf à Super U, quand ils venaient faire des courses, c’était dur mais je savais au fond que ça allait finir un jour et qu’il s’agissait juste d’une mauvaise période.
Une fois ce cap passé, je me rends compte que j’ai de la chance de pouvoir aller travailler, cela me permet de voir d’autres personnes, de voir autre chose que ma maison, même si je ne suis pas à plaindre car j’ai la chance d’avoir un grand jardin.
Beaucoup de personnes et d’enfants nous remercient d’être là, de venir tous les jours afin qu’ils puissent se nourrir, ces mêmes personnes qui étaient présentes le lundi 19 mars croyant que tous les magasins allaient fermer leurs portes… (je ne comprends toujours pas pourquoi ils ont pensé cela).
Au début je n’arrivais pas à comprendre pourquoi les clients faisaient des réserves monstrueuses, mais avec du recul, je me dis que la plupart des personnes ne savaient même pas elle-même pourquoi elles ont agi ainsi. Je pense qu’une partie de la population à céder à la panique pour X raisons, et cela a entraîné la panique dans le reste de la population.
Cette période m’aura appris à me responsabiliser car je devais me motiver toute seule pour faire mes cours, je faisais les courses pour la maison toute seule et j’aide beaucoup plus ma mère dans les taches de la maison (car j’ai aussi plus de temps).
Aujourd’hui, j’ai perdu un peu de motivation pour travailler mes cours, du fait des vacances. Rester à la maison est souvent synonyme de vacances et cela est un peu compliqué à gérer quand on sait que personne ne nous oblige à faire ce qu’on a à faire. J’essaye quand même de garder un rythme régulier mais cela reste difficile. Ne pas avoir de professeur en face qui nous explique la leçon est un manque pour moi, cela m’aide beaucoup pour retenir mes cours.
Si je devais citer les points positifs je dirais que cela m’a permis d’avoir plus de temps, de pouvoir suivre mes cours sans être obligée de m’y rendre, de pouvoir travailler en parallèle afin de pouvoir économiser et cela m’a permis de voir la vie « d’adulte » différemment. J’ai pu organiser mon temps comme je le voulais, quasiment sans contrainte.
Pour les points négatifs, je dirais que ce n’est pas toujours facile de se motiver seule, d’apprendre seule. Le plus dur durant ce confinement c’est vraiment de ne pas pouvoir avoir pu voir mes proches quand je le souhaitais.
Ce confinement n’a pas été trop dur à supporter pour ma part car je travaillais et je continuais donc à avoir du lien avec des personnes extérieures, cela m’occupait une bonne partie de mon temps et ça me changeait les idées aussi.
Eloïse
Mon confinement
Que dire de cette période de l’année 2020 ?
Je pense que quiconque dans le monde s’en rappellera. Au début, lorsque nous avons été confinés l’ambiance entre mes sœurs était « électrique »… Le fait de recevoir beaucoup de travail pour les différents cours a installé cette tension la première semaine. Je pense que j’étais dans le même cas en me posant des questions diverses et variées, particulièrement pour le stage.
Au fil des semaines, une routine de travail s’est installée. Les activités se ressemblaient entre les différents jours. Le fait de ne pas voir la famille, le manque de socialisation s’est fait ressentir assez vite. Il fallait combler ce manque en trouvant des choses à faire. La maison n’a jamais été autant rangée et ordonnée. Pièce par pièce, avec mes sœurs et mes parents, nous avons trié, rangé et jeté tout ce dont la maison était encombrée. Les jeux de société sont ressortis pour amuser mes petites sœurs qui s’ennuyaient.
Je pense que je n’ai pas beaucoup de choses à dire sur ce confinement que j’ai eu la chance de vivre avec ma famille. Je pense aux personnes qui vivent dans des appartements et qui n’ont pas pu sortir de chez elles.
Anaëlle
Un virus = un confinement
Nous sommes réellement confinés depuis le lundi 16 Mars.
Je suis confinée avec ma maman et mon frère, j’ai l’habitude de faire une semaine sur deux (une semaine chez ma maman et une semaine chez mon papa) donc la première semaine de confinement s’est très bien passée, j’avais l’impression d’être en vacances, il n’y avait pas trop de devoirs et je n’avais pas d’horaires fixes (que ce soit pour le réveil, le coucher, les devoirs à faire…).
Mais au bout de la deuxième semaine de confinement cela a commencé à être long, j’avais l’habitude d’aller en cours à pied, le matin comme le soir. En tout cela me faisait 1h10 de marche et j’aime beaucoup marcher cela me permettait de souffler un peu le soir en rentrant des cours et de me concentrer avant d’y aller le matin.
Comme je l’ai dit tout à l’heure, j’ai l’habitude de faire une semaine sur deux avec mes parents, mais là je suis confinée chez ma maman car mon papa continue de travailler et il est en contact avec des gens toute la journée. Ma maman est infirmière et je ne voulais pas prendre de risque au niveau de ma maman, mais cela a commencé à être un peu compliqué de ne pas voir mon papa.
Cela a un peu perturbé mes habitudes de vie, mais je vis dans une maison et je n’ai pas vraiment de jardin donc je ne peux pas sortir dehors et ça c’est vraiment compliqué de ne pas pouvoir sortir.
Sortir sans oublier l’attestation de sortie, sortir avec un masque dans les transports en commun, devoir se laver les mains assez régulièrement, cela a vraiment été un changement de vie pour beaucoup de monde, pour ma part je ne suis pas sortie, je suis restée chez moi et c’était assez compliqué sur la fin.
j’ai essayé de prendre des nouvelles de mes proches et de mes amis assez souvent.
Je me suis rendue compte aussi que j’étais très scolaire et le fait de ne pas avoir cours, avec des heures fixes et des cours toute la journée m’a beaucoup perturbé car cela a «cassé» ma routine. Je n’aime pas beaucoup le changement et pour le coup je n’ai pas vraiment eu le choix que de m’adapter à la situation comme tout le monde.