Derrière la figure de la réussite sociale ou à l’inverse celle de l’échec, se cache une infinité de façons de vivre et de penser, comme autant de « bricolages pour s’en sortir ». Ces manières d’être au monde, ces parcours rafistolés et sinueux, ces façons d’interagir tissent notre réalité sociale. Seulement, faute d’espace d’expression ou de sentiment de légitimité pour prendre la parole, ces parcours passent souvent sous silence laissant le champ libre aux représentations réductrices et catégorielles.
« Parcours Bruts » est une occasion que l’on se donne pour débusquer les valeurs, les visions du monde, les trajectoires et les expériences de vie, par delà les représentations. Cette démarche vise à la fois à répondre à l’interrogation « de quoi notre société est-elle faite ? » et à la fois à faciliter l’émergence de pensées et de paroles qui d’ordinaire se taisent.
A l’image de l’Art Brut pratiqué par des personnes dites « exemptes de culture artistique », les Parcours Bruts sont ces existences politiques et réflexives, qui sans forcément s’exprimer dans les termes attendus, tracent des voies sociales vivantes et fabriquent réellement le lien social actuel.
Rendre ces paroles publiques permet de considérer les individus comme des acteurs et des actrices politiques et pas simplement des agents muets au service d’un ordre social immuable. C’est donc un moyen de faire jaillir les aspirations de chacun-e, pour mieux déconstruire les voies restrictives que notre société propose et afin de favoriser la constitution d’un savoir autonome et légitime, au service d’existences politiques.