Avant leur lancement, une introduction s’impose pour comprendre le pourquoi des « chroniques d’interstice de Beaubreuil » comme une explication de la démarche.
Prenons un temps pour resituer pourquoi la proposition de chronique s’inscrit dans la démarche de « parcours bruts » qui a pour ambition de rendre visible et audible des vécus, des expériences de vie, des récits de vie à travers leur expression, leur verbalisation, leur confrontation avec d’autres pour mettre en lumière des paroles politiques.
C’est le résultat de l’entrecroisement entre un processus de réflexion et d’une multiplication d’expériences depuis 3 ans sur un quartier, Beaubreuil, à Limoges. D’implications diverses au sein du quartier (émission de radio, atelier auprès des jeunes à travers le Planning Familial, travail de recherche, implications militantes) a émergé le souhait et l’intérêt d’écouter, d’entendre, de comprendre les discours et les actes d’un espace social, individuel et collectif. Cet espace c’est le quartier de Beaubreuil, un quartier dans lequel je n’ai pas grandi mais que j’ai investi petit à petit, où d’apparitions ponctuelles pour réaliser des projets personnels, des interactions ont vu le jour.
Ces interactions n’étaient pas uniquement de ma volonté, il s’agissait aussi d’interpellations d’habitant-e-s jeunes ou moins jeunes sur le sens de mes déambulations, de mes curiosités, de mes sollicitations à leur égard. Les réalités du quartier me sont devenues plus proches, plus perceptibles, plus intrigantes, moins extérieures… Alors l’envie est venue de davantage les comprendre, en saisir le-s sens mais aussi l’essence brute, ce qui en fait le quotidien.
Il ne s’agissait pas d’en rester au sens que je donnais à cette réalité mais bien d’aller y recueillir des sens divers au regard de la diversité des interlocuteur-trice-s que je pouvais rencontrer (entre ceux et celles qui y travaillent au quotidien, ceux-celles qui y ont grandi, qui y vivent toujours, ceux-celles qui y vieillissent, qui cherchent à s’installer durablement, ceux-celles qui cherchent à s’y faire une place, à y retourner ou à s’en éloigner, etc.).
Au-delà du rôle passif d’auditrice, l’expérience s’est vue poussée davantage vers l’échange et l’interpellation réciproque. Echangeons ensemble de là où nous sommes, c’est-à-dire de cet espace particulier qui est le quartier de Beaubreuil mais aussi en engageant objectivement et/ou subjectivement ce que nous sommes (en tant que jeune, que femme, qu’homme, que chômeurs, qu’immigré-e, qu’enfant d’immigré-e-s, etc.).
Au fil des échanges informels où j’ai croisé notamment des jeunes hommes qui m’interpellaient sur ma présence, s’enclenchait un échange et plus précisément sur le fait que c’était assez improbable que l’on se croise. Les premières interrogations étaient autour de mon statut, d’assistance sociale à indic pour la police, il a fallu se construire une définition singulière loin d’être claire encore aujourd’hui autour d’une personne qui souhaite s’interroger et interroger les rapports entre les gens, les fonctionnement collectifs, les mécanismes des comportements des un-e-s et des autres avec pour vocation de tenter de comprendre, d’expliquer et potentiellement d’engager une réflexion vers une transformation des réalités. Passée rapidement cette caractérisation lourde et abstraite qui au final importe peu tant qu’elle reste autre chose que les caractérisations habituelles et routinisées (Police, travailleurs sociaux, élus, etc.), nous en sommes venu-e-s à discuter de sujets très généraux : le travail, l’école, les inégalités, les rapports hommes-femmes, etc.
Ces échanges mettaient en avant de multiples singularités où chaque point de vue avait sa place et son temps d’écoute et de parole. Ils (j’échangeai quasi exclusivement avec des jeunes hommes, les jeunes femmes occupant largement moins l’espace public de manière stationnaire) montraient également différentes représentations et ressentiments quant à une absence de possibilité de s’exprimer autre qu’entre eux et encore plus de se sentir écoutés, entendus et considérés.
Nos discours respectifs présentaient également de multiples similarités notamment autour de vécus communs dans cette société (pression sociale, norme sociale, inégalités, injustices, etc.) qui nous permettaient d’exposer des vues politiques sur le travail, la police, l’Etat, le rôle et la place des institutions, les distances entre les réalités sociales vécues et les discours médiatiques et « politiques », les prétentions de la société et notamment de la République française (« Liberté, Egalité, Fraternité »), etc. Nous échangions également autour de sensibilités et de préoccupations partagées vis-à-vis d’actualités qui nous amenaient à formuler des analyses parfois proches, parfois éloignées nous permettant de saisir nos différents registres d’informations, de valeurs, de cultures, etc.
Tous ces échanges animent donc mes pérégrinations dans le quartier et se déroulent en parallèle de la démarche de « Parcours Bruts ». La démarche de PB qui consiste à susciter ou aller vers la production de discours politique auprès de ceux et celles qui nous semble en être dépossédés du droit de le faire, s’est vue agir sur mon implication au sein du quartier. Les deux démarches ont été amenées à s’entrechoquer si ce n’est dans la réalité commune, ça l’est au moins dans la mien- la notre [intervenant-e Parcours Bruts]. L’envie me-nous brûlait de vouloir diffuser cette parole pour différentes raisons : qu’elle ne me soit pas réservée à nous [intervenant-e Parcours Bruts] et que d’autres puissent et aient à l’attendre ; que ce discours ne soit pas-plus caractérisé d’informel ou de « à bâton rompu » [locuteur-trice et/ou acteur-trice-s locaux] mais de discours politiques, car socialement situés, dont la situation est objectivée par les locuteurs eux mêmes.
Mais pour qui et pour quoi la diffuser ? L’ambition est-elle partagée ? Oui et non.
En ces termes, c’est une volonté de notre part. Toutefois, tout porte à croire qu’il s’agit également d’une volonté de la part des locuteur-trice-s car ces derniers signifient clairement en avoir marre de toujours discuter pour discuter et qu’il y a une attente de transformation de la réalité (notre modalité de diffusion ne veut pas dire que la volonté exprimée s’en trouve satisfaite…).
Il y a également de nombreuses résistances, notamment pour porter ce discours et cette parole, et notamment pour la faire sortir du quartier et même de la petite bulle d’échanges qui se révèle être assez bienveillante pour pouvoir parler en confiance.
Différentes idées de retranscription, de partage de cette parole ont donc émergé : le dictaphone, le film, l’écriture à plusieurs mains. Il y avait globalement un retour positif sur ces idées et lorsque que l’on essayait de s’organiser des rendez vous pour filmer avec la garanti de l’anonymat alors, ça ne se réalisait jamais et en 3 ans, il est simple de comptabiliser les multiples tentatives qui ont échoué. Au lieu de partir de l’idée que ce sont les aléas qui font que ça ne se réalise pas, d’autres hypothèses ont émergé pour expliquer les « échecs » : peut être que ça ne les intéresse pas ? Peut être qu’ils ne s’autorisent pas à me signifier un refus car nous avons une relation appréciée et appréciable ?
Puis, il a été envisagé l’idée que c’était peut être plus complexe et qu’il ne s’agissait pas uniquement d’un contexte interpersonnel et que d’autres éléments se jouaient dans cette situation. Dans cet interstice d’échanges, il se jouait peut être quelque chose qui m’était difficilement compréhensible dans leur fonctionnement et difficilement verbalisable de leur part.
Pourtant…
***
Pourtant, l’expérience d’une après-midi de déambulation amène à y voir plus clair et permet de proposer plus sereinement peut être à une forme de retranscription basée sur la chronique.
Un mercredi après midi comme tant d’autres, je flâne, quelques jours avant j’avais proposé à une des personnes que je connais depuis un certain temps (Mehdi) de réaliser un entretien où il viendrait raconter son parcours de vie et notamment au sein du quartier où il a grandi et qui s’inscrirait dans « Parcours Bruts ». Mehdi n’est pas une relation qui est le fruit des rencontres sur le quartier, nous nous connaissons depuis de nombreuses années, nous nous sommes croisés et avons échangé suite à un mouvement social auquel nous avons été parti prenante et lors duquel nous avons vécu en commun des violences policières. Nous nous étions recroisés de manière très irrégulière des mois suivants puis au final, nous nous sommes reconnus lors de mes interventions sur le quartier.
Je l’ai donc sollicité un vendredi matin pour un entretien aux alentours de midi, j’avais compris lors de mes dernières tentatives que les rendez vous calés à une date et un temps trop éloignés n’aboutissaient jamais. Il m’avait répondu qu’il n’y avait pas de souci et qu’on se retrouverait au niveau de la place du marché. Mais, arrivée au point de rendez vous, pas de Mehdi, il ne répondait pas au téléphone, après un certain temps d’attente je suis rentrée chez moi, assez agacée, j’ai laissé un message vocal à Mehdi lui demandant de me recontacter mais rien en retour.
Nous revoilà ce mercredi après midi où dans ma déambulation j’aperçois Mehdi accompagné de deux jeunes hommes (que je ne reconnais pas), ils sont assis au café de la zone commerciale qui jouxte le quartier. Mon agacement n’était pas particulièrement redescendu, je m’approche d’eux et j’interpelle Mehdi par un « bonjour » assez froid et je lui demande « s’il a peur de moi pour ne pas me répondre lorsque je l’appelle et pour me poser un lapin lorsque nous avons rendez vous ? ». Il se confond en excuse et m’explique qu’il est désolé, il coupe court et me demande de rester pour boire un café. Je n’accepte pas dans un premier temps, je lui indique que ce n’est pas correct de ne pas me répondre, et qu’il peut tout à fait me dire si ce projet d’entretien ne l’intéresse. Il me répond que ça n’a rien à voir avec ça et qu’il ne s’agit pas d’une absence d’intérêt pour la démarche et insiste pour que je m’assois avec ses collègues et lui pour que nous discutions. J’accepte donc et je m’attele à comprendre les raisons de son attitude, je lui demande donc pourquoi il n’est pas venu, pourquoi il n’a pas répondu lors de mes appels et pourquoi il ne m’a pas recontacté ?
Il me demande ce que je veux boire, je lui dis que je vais commander et payer, il me dit que c’est bon, c’est pour lui, il me demande si une bière ça m’irait, je suis assez surprise de la proposition d’un demi à 3h de l’après-midi, un peu gêné il me dit « ben pardon, je sais pas moi… », je lui dis qu’un thé m’ira très bien et que je vais le payer, il se retourne fronce les sourcils et me dit : « Non Joane, s’il te plait, quand même», j’accepte donc.
Nous en revenons à son absence de nouvelles et de réponses et il m’indique qu’il a pleins de choses à faire, que pleins de choses lui tombent dessus… Sur ce, ses deux collègues nous interpellent et demandent qui je suis, ce que je fais là et de quoi nous parlons. Je leur explique donc qu’il y a de ça plusieurs mois j’ai proposé à Mehdi de faire un entretien sur son parcours de vie, sur son point de vue sur la société dans laquelle on est, etc., avec la possibilité de le filmer ou du moins d’enregistrer son discours ; que cette démarche s’inscrit dans un projet plus large qui s’appelle « Parcours Bruts » et je leur propose de regarder une vidéo proposée sur le site, celle du « Rabinel ». Ils sont très attentifs, écoutent, regardent, sourient aux discours et Mehdi se tourne vers moi et me dit « C’est ça qu’il faut que tu fasses avec les petits, c’est super intéressant, il faut qu’ils parlent de leur vie », je souris et lui réponds : « et toi ? », il me rétorque « nous on parle pas ».
Pourtant à chaque fois que l’on se voit, on échange longuement, les échanges ne se font pas juste en ma direction, ils échangent aussi entre eux, il y a du discours collectif, partagé qui se construit, des débats, des polémiques. Il m’explique que ce n’est pas possible de parler en dehors de l’informel, ce n’est pas possible que le discours soit emprisonné dans l’enregistrement, que rien ne pourra rendre compte de la spontanéité de nos échanges, du contexte et que du coup tout sera sujet à interprétation, à déformation, etc. Ce qu’il dit au moment de notre échange correspond à ce qu’il pense sur le moment et peut tout aussi se retrouver bouleversé, changé et donc différent lors d’un échange une semaine plus tard (ce stade de compréhension de son point de vue émerge à travers un jeu de question-réponse, de relance et d’essai de reformulation de ma part). Plus tard dans l’après midi, lorsque j’ai échangé seule avec l’un des jeunes hommes présent (le plus jeune de 18 ans), ce dernier a proposé une réflexion sur les-ses usages de la parole qui a confirmé le propos de Mehdi sur l’existence de « règles » de prise et de diffusion de la parole, il a indiqué que le souci n’était pas tant dans le fait de parler : « il n’y a pas de problème à parler » par contre le souci résiderait dans la valeur de la parole, il y a une méfiance quant à la manipulation, la dépossession, etc.
Le propos me semble très intéressant car il invite à interroger la démarche même d’un discours brut tel que nous le portons dans « Parcours Bruts » et la nécessaire méthodologie de lecture qui est de replacer le discours dans l’ambivalence de ce qu’il est, à savoir à la fois significatif et éphémère. Il a du sens, il est à considérer quoi qu’il contienne mais il n’a pas la fonction d’étiqueter et de figer un individu bien au contraire il est un instantané d’un parcours. Bien extra-ordinaire celui qui s’applique cette rigueur de visionnage, d’écoute et de lecture des vidéos… On comprend donc aisément les réticences de Mehdi !
Il clôt cet échange et m’interroge sur les élections [nous sommes dans l’entre deux tours des élections], « qu’est ce que j’en pense ? Est-ce qu’à mon avis elle va passer [MLP] ? », je réponds en leur demandant s’ils parlent souvent des élections et ils rigolent tous les trois et me répondent qu’ils ne font que ça, que depuis 15 jours ils parlent tous les jours des élections. Mehdi me raconte que chez lui c’est pareil, que sa mère a tellement peur que Marine Le Pen devienne présidente qu’elle a mis une photo d’Emmanuel Macron dans son salon et qu’elle est sur BFM TV toute la journée pour savoir ce qu’il se dit, ce qu’il se passe. Je leur demande pourquoi ils parlent beaucoup des élections et ils m’expliquent que ça les préoccupe beaucoup, que c’est important, que c’est grave ce qu’il se passe. Je profite de cet échange pour revenir sur ma démarche première en leur indiquant que leur intérêt pour ces élections, il me semble que ça peut largement intéressé. Entendre et comprendre en quoi et pourquoi ça les intéresse permettrait également de faire circuler un discours qui viendrait très certainement casser des représentations que se font bon nombre de personnes sur la jeunesse des quartiers ; des représentations d’une jeunesse désintéressée par l’activité politique, etc.
Mehdi va dans mon sens et indique que ces représentations sont bien présentes, il indique que les gens ont énormément d’apriori sur eux, sur la religion, qu’en fait entre eux, dans le quartier ils parlent tout le temps des réalités qui les interpellent tant en France qu’à l’étranger, ils discutent du travail, de l’Ecole, du chômage, les recherches de boulot. Il en vient à m’expliquer qu’il est convaincu que les gens ont des représentations négatives sur eux, qu’ils seraient perçus comme « des petits merdeux qui ne réfléchissent pas, qui sont bêtes ». Je lui demande comment faire pour changer les représentations quand on ne se croise pas, quand on a pas la possibilité d’échanger ensemble ou d’entendre leurs points de vue, leurs discours. Je lui rappelle que le fait que nous échangions nous, ensemble, et particulièrement improbable et que toute la logique et le fonctionnement social est davantage construit pour que nous n’ayons jamais la possibilité de nous voir et d’échanger. Mehdi profite de ma remarque pour expliquer à ses collègues comment nous nous sommes rencontrés et qu’à cette occasion nous avons été lié par un vécu commun qui explique qu’aujourd’hui que nous pouvons boire un café ensemble car au-delà, il y a de nombreux obstacles visibles et invisibles qui nous empêchent de nous rencontrer, de nous parler et de nous comprendre et donc de prendre le temps et d’avoir le courage d’aller l’un vers l’autre.
De cette amorce de discussion, les échanges se poursuivent tout l’après midi, ils ne sont pas restés tous les trois tout l’après midi, au départ j’ai parlé avec Mehdi puis lorsqu’il est parti, j’ai parlé avec Nadir (25 ans) et enfin j’ai échangé plus longuement avec le plus jeune de 18 ans. A la sortie de cet après midi, le constat est là, nous avons plus de trois heures d’échanges autour d’une multitude de questions allant de la religion, des logiques de croyances et du principe de laïcité ; des attentats, du terrorisme ; des conflits à l’étranger et de l’implication de la France dans ces derniers ; des médias et de la difficulté à trouver des information fiables ; du travail et de la difficulté à comprendre les logiques de recrutement, d’orientation, etc ; de la place de l’argent et du sens de ce dernier dans leur vie, etc. (ces thèmes donneront lieu à des chroniques spécifiques).
De ces questions des « enjeux de société » ont émergé autour des inégalités entre les riches et les pauvres, des injustices, des répressions, des discriminations, des contrôles sociaux formels et informels, des réglementations, etc. On s’est donc interrogé à quatre sur les réalités de notre société à travers nos vécus et nos perceptions parfois communes et parfois différentes dans une volonté d’auto-analyse (notre vécu n’engendre pas de certitudes mais il apparaît comme un outil support de points de vue et de discussion).
Cette forme de réflexion semble s’inscrire directement dans l’ambition de Parcours Bruts et elle correspondrait même à l’étape 2 de la démarche puisque la première étant le récit des parcours, la deuxième se voudrait être leur confrontation. Notre échange semble correspondre à cette confrontation des vécus comme contexte et support de mise en réflexion individuelle et collective.
Pourtant, quelle est la visibilité de ce temps au-delà de nous quatre ? Quel pourrait être le support adapté, c’est-à-dire qui respecterait leur souhait de confidentialité et d’anonymat mais qui permettrait une inscription dans une démarche de diffusion large ?
Est-ce que la démarche les intéresse ? Et sa diffusion ?
Lorsque j’ai demandé à Mehdi qu’il se prononce sur son intérêt ou non pour la démarche que je lui ai soumise il a indiqué son intérêt pour nos échanges, l’intérêt que je puisse relayer d’autres points de vue pour qu’il puisse lui-même interroger les siens. La frontière entre l’intérêt pour la démarche et l’intérêt de sa diffusion semble nette. Toutefois, Mehdi semble s’inscrire dans un accord quant aux fonctions de la diffusion à savoir celle de déjouer les obstacles à la circulation des discours et celle de venir chambouler les représentations erronées qui pouvaient être portées sur eux. Le problème est donc ailleurs et semble se situer davantage sur le support de diffusion du discours qui d’une certaine manière aboutit à ce que le discours échappe tout en restant la responsabilité et l’engagement de celui qui l’a prononcé…
Comment rendre compte du discours politique d’interstice ?
Au-delà, la visibilité de ces discours est éminemment politique au sens où les conditions objectives de leurs déroulements est déjà un exercice politique à savoir déjouer le sort des obstacles à ce qu’au-delà de nos réalités si différentes soient elles, nous puissions échanger ensemble sur nous même. La démarche est donc d’investir un interstice politique qui viendrait produire son politique. L’idée est donc d’en profiter pour dégager les choses qui se passent et qui vivent dans cet interstice. De manière brute, Ca existe mais comment en rendre compte en restant fidèle à ce qu’il se-s’y passe ? Le propos de Mehdi est éclairant à ce sujet, jamais dans l’absolu n’importe quelle retranscription quelle quel soit pourra rendre le récit authentique car c’est le fait de le vivre qui rend le vécu authentique. Mon parti pris est donc de ne pas sombrer dans de la retranscription qui se retrouverait passer à la moulinette de mes grilles de lecture mais bien de rester dans la logique de « Parcours bruts » à savoir partir de l’idée que chacun-e peut produire de la réflexion à partir de son vécu. En ce sens, je suis une des actrices de cet interstice, j’en influence la couleur. Ma participation produit une perception, une représentation qu’il s’agit d’objectiver du mieux possible. L’objectif serait donc de rendre compte du contenu des échanges, du vécu d’interstice comme les éléments d’un parcours brut commun.
Embarquons-nous dans des chroniques…, oui mais…
Cet écrit souhaite à la fois clarifier et objectiver une démarche tout en tirant la sonnette d’alarme sur les vigilances et les précautions pour éviter un « parler au nom de… » tout en permettant d’avoir matière pour rendre compte de réflexion à travers la narration de ce qui s’est vécu, des propos qui se sont dégagés et du processus de réflexion qui a eu lieu. En mettant en gage une partie de soi, c’est bien soi qui parle pour soi.
NB : Ceci a tout de même nécessité une forme d’approbation qui a eu lieu quelques semaines après la rédaction du document ci-dessus, il n’y a pas de désaccord mais une forme de non réponse teintée de curiosité quant au contenu de ce qui va et serait dit. Les possibilités de regards, de critiques, de corrections, de suppressions, de réponses, de réajustements, de mutations, d’évolutions sont donc les outils d’approbation que nous avons trouvées ensemble.
Joane C