FAQ

Méthodologie

Atelier de cartographie sociale organisée par le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action dans la cadre du festival de pédagogie sociale de l’association Intermèdes (2019-Chilly Mazarin)

A la différence de la topographie institutionnelle qui décrit des lieux et des fonctions la géographie sociale décrit la manière dont les habitants vivent et perçoivent le territoire. Effectivement, quelle que soit son expérience du territoire en termes d’appartenance, d’activité, de longévité, nous avons tous une pratique et tous un regard sur le territoire. La cartographie permet d’une manière neutre de partir de ces matériaux qui sont comme les briques premières d’un vocabulaire pouvant ensuite élaborer une grammaire.

Pour entrer dans le processus cartographique, il s’agit donc de prendre des outils simples permettant de recruter des matériaux de base, ce sont les premières briques de notre vocabulaire. Grâce à la démocratisation du numérique tout le monde possède sur lui ou proche de lui un téléphone portable susceptible de prendre des photos et de garder une trace GPS permettant de les géolocaliser ainsi que ses déplacements. Ce sont donc les matériaux de base. On peut s’approprier un processus aussi complexe soit-il à partir du moment où on respecte une forme de fabrication très matérielle qui permet d’exprimer autant une culture du geste qu’une culture intellectuelle. La cartographie est en cela proche de l’atelier de l’artiste et de l’artisan.

L’objet de la photo peut être un paysage, une activité, un objet, bref un élément qu’on choisit parmi d’autres et qui est pour nous symptomatique dans notre rapport au territoire ou de ce que nous voulons indiquer comme besoins ou des nécessités par rapport à ce territoire. Il peut donc avoir une façon personnelle et originale pour chaque pratique et profession de présenter ce qu’il est et ce qu’il fait.

La manière dont chacun construit le paysage est un marqueur autour duquel peuvent s’articuler des récits de pratiques. Car évidemment, une photo n’est pas suffisante, elle ne parle pas d’elle-même, il s’agit de la faire parler. Le but est donc d’inviter les personnes qui ont pris ses photos de préciser l’objet de leur démarche. La récolte de cette parole peut se faire sous forme d’entretiens dits « conscientisant ». En même temps que la personne raconte sa proposition, elle prend conscience de l’intérêt de se saisir de l’outillage et d’intégrer un processus collectif pour être acteur sur le territoire.

L’intérêt d’un travail cartographique participatif est justement de partir de cette maîtrise d’usage pour inviter le technicien à mettre ses compétences au service d’un processus collectif partagé et le politique à faire les choix d’orientation en conséquence.

Nous pourrions dire d’une autre manière que le territoire devient « apprenant » : les acteurs apprennent entre eux et nous apprennent sur la réalité des besoins et des enjeux actuels. Parce que les personnes ne sont pas simplement « agent » d’un dispositif, mais aussi « auteur » de nouvelles références, ils sont en capacité de poser des problématiques dans l’espace public touchant à l’intérêt général.

L’innovation se produit rarement sur les chemins balisés, mais sur la possibilité de s’y perdre. Une cartographie peut être conformiste à travers le dessin de chemins convenus, fonctionnels qui empêche une exploration créative du territoire. Nous pourrions autrement promouvoir une « culture du geste », une pratique du territoire. Ainsi la cartographie peut mieux correspondre à une mise en mouvement.

Il existe de nombreux intérêts à mettre en place un outil cartographique dans une logique ouverte, non-propriétaire et collaborative, nous en dressons une première liste ici à compléter.

La première des choses à laquelle on pense quand on évoque une cartographie est la possibilité de mettre en visibilité et donc en valeur certaines composantes sociales, culturelles, naturelles, économiques du territoire. La plus-value d’une carte participative est de faire émerger des éléments qui ne sont généralement pas pris en compte, occultés ou minorés dans des recensements ou état des lieux classiques.

Il s’agit donc d’ouvrir un champ de connaissance, de permettre d’accéder à une autre réalité des ressources humaines du territoire comme des compétences collectives, l’émergence de pratiques en rapport avec de nouvelles mobilités, des réseaux ou initiatives informelles et autonomes, des modes de formation par les pairs et d’échange réciproque du savoir ne passant pas par des modes de structuration institutionnelle, etc.

L’intérêt aussi est de s’inscrire dans une vision à plusieurs dimensions qui forment autant de couches de pratiques et d’expériences matérialisées sur la carte par différents calques. Nous pouvons ainsi dépasser une catégorisation par secteur d’activité ou par fonction sachant que par définition l’expérience humaine n’est pas unidimensionnelle, elle s’inscrit dans plusieurs domaines.

Parmi les axes stratégiques que pourrait soulever une cartographie participative, notons les notions de développement durable avec le principe de mobilité douce, de nouvelle économie du partage structurée par des pratiques émergentes, de patrimoine vivant et de droit au patrimoine.

La dernière étape est constituée par la mise en discussion publique de la cartographie, c’est-à-dire l’organisation de rencontres-débats que soulève la cartographie à travers un certain nombre de problématiques ou de questions sur le territoire. Cette manière d’organiser des rencontres et débats permet de sortir des « injonctions paradoxales » de participation » dont les modèles d’organisation sectorielle ou de commission technique dissuadent bien souvent le citoyen de base de participer. Généralement sont touchées les personnes directement motivées pour défendre un intérêt spécifique.

La mise en débat public à travers la cartographie doit ainsi permettre de dégager des enjeux fondamentaux et faciliter les choix en acceptant les conséquences du débat démocratique. Il sera par exemple difficile de faire l’impasse sur le type de modèle économique entre tourisme de masse et nouvelles pratiques, entre économie productiviste et économie partagée, etc.

La recherche-action est intimement liée aux préoccupations d’acteurs qui se saisissent des outils de la recherche pour changer leur situation sur un plan individuel, collectif ou institutionnel. De cette transformation sont tirés de nouveaux savoirs diffusés pour tous et directement réinvesties au cœur de la réalité sociale de chacun. La personne n’est plus objet, mais devient sujet du processus en travaillant sur ses propres expériences dont elle peut ainsi rendre visible la cohérence et problématiser les enjeux dans l’espace public.

La recherche-action vise à lier de manière dynamique production de savoir et transformation sociale, l’une alimentant l’autre et réciproquement. Nous pourrions également évoquer un processus en spirale : le savoir tiré de l’expérimentation est directement réinjecté dans des outils d’action, le changement généré vient alors nourrir de nouveaux savoirs.

Pour atteindre cet objectif, nous essayons de faire en sorte que les acteurs apparaissent légitimes comme acteurs-chercheurs et trouvent les moyens et la liberté d’ouvrir là où ils sont, dans leur cadre professionnel ou militant, l’espace d’une réflexivité. C’est dans cet objectif que nous avons créé le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action.

Acteur-chercheur n’étant ni une profession ni un statut, il s’agit de négocier en permanence des espaces qui peuvent jouer le rôle d’interface et valider ces processus et les compétences mobilisées en situation dans des milieux socioprofessionnels qui n’obéissent aux mêmes spatialités et temporalités. Cette interface prend le plus souvent la forme de collectifs autour de problématiques communes et parfois de programmes de recherche-action négociés avec les institutions.

D’un point de vue scientifique, il s’agit de faire reconnaître auprès des institutions l’existence d’un « tiers secteur de la recherche » représenté par cette capacité de la société civile à se mobiliser autour des problématiques actuelles et développer des formes coopératives de recherche non académique. C’est une manière de répondre aux défis contemporains qui exige une approche de la complexité.

Nous estimons effectivement que le discours de la « participation » convoqué dans les politiques publiques pour des recherches « citoyennes » s’articule finalement assez mal avec ce qui devrait être un processus effectif de pouvoir d’agir, d’« encapacitation » (ou « empowerment »). Il y a contradictoire entre l’intention initiale de permettre à la société civile de s’emparer des problématiques la concernant et le pouvoir effectif d’y répondre. La recherche-action permet de dépasser ce blocage.

Le programme de recherche-action est conçu en 4 grandes étapes :

Géographie sociale du territoire et entretiens avec les acteurs, diagnostic partagé

Il s’agit de mettre en lumière une géographie sociale du territoire, constituer un diagnostic partagé et inviter les acteurs concernés à entrer dans un processus réflexif de recherche-action sous la forme d’entretiens non directifs et observations participantes aux activités.

Constitution d’un collège d’acteur-chercheur, inclusion des publics prioritaires et préconfiguration d’expérimentations

À partir d’un premier cercle d’acteurs constitué dans la phase précédente, formation d’un « collège d’acteurs-chercheurs ». Ce sont des ateliers de recherche-action dont le rythme et les modalités de production sont à déterminer. En s’appropriant les outils de la recherche-action le but est d’inclure dans la démarche les publics prioritaires.

Accompagnement d’expérimentations sur le territoire

Le collège d’acteurs-chercheurs constitué dans la phase précédente avec les populations concernées accompagne des expérimentations sur le territoire tout en mettant des outils d’évaluation en continu. Il s’agit de vérifier comment l’expérimentation répond aux problématiques du travail définies dans les ateliers de recherche-action. L’écriture réflexive propose un bon support pour favoriser cet aller-retour entre expérience et analyse.

Diffusion des savoirs et modélisation de dispositif

Le but des expérimentations est de produire des savoirs, des outils de compréhension sur l’éducation aux droits humains et pérenniser les processus dans des dispositifs de politique territoriale. Dit autrement, à partir d’une pratique partagée du territoire, il s’agit de faire remonter le savoir d’une maîtrise d’usage (usagers) vers une maîtrise d’œuvre (techniciens) puis une maîtrise d’ouvrage (politiques).

Problématiques

Amnesty International accompagne chaque personne qui souhaite mieux comprendre et connaître les droits fondamentaux, les siens comme ceux des autres !

Formidable levier pour faire connaître nos droits fondamentaux, l’éducation aux droits humains nous rend acteurs et actrices de notre information, nous invite à remettre en question notre façon de penser et nous incite à agir, à défendre et à promouvoir nos droits.

Que vous soyez impliquée dans l’animation ou l’enseignement ou simplement intéressée par les droits humains, vous pouvez vous aussi promouvoir une culture des droits humains. Pour que demain, un maximum de personnes connaissent leurs droits et puissent non seulement les défendre pour elles-mêmes, mais aussi s’engager pour ceux des autres.

Au sein de l’espace de l’éducation aux droits humains, vous trouverez un ensemble de ressources, d’outils et d’activités pour vous aider à comprendre et faire comprendre les droits humains.