On peut penser l’action sans une expérience de pensée. C’est dans cet aller-retour entre action et réflexion que s’élabore la formation action. Elle permet de valider et valoriser cette position d’acteur-chercheur. Chaque moment de sa vie peut être un matériau de recherche. Il s’agit de permettre à chacun de travailler sur sa propre expérience et d’en tirer un savoir ainsi que d’être reconnu dans cette qualité d’expertise.
La formation action a pour objectif d’outiller l’acteur-chercheur pour lui permettre d’adopter une posture réflexive et de se positionner dans son engagement socioprofessionnel, non simplement comme agent, mais aussi comme acteur et auteur. La formation action se place ainsi entre dimension individuelle collective et sociale.
La formation action permet ainsi de valoriser des compétences individuelles et collectives :
- Favoriser une analyse critique susceptible d’élaborer de nouveaux cadres de pensée et d’action, de concevoir son propre parcours en allant puiser les éléments nécessaires à l’enrichissement de sa pratique et de ses projets ;
- Affiner une problématique et une identité socioprofessionnelle favorisant l’autonomisation par la maîtrise de l’ensemble des composantes disciplinaires dans une logique systémique ;
- Développer une capacité à mobiliser des compétences en situation, de créer des dispositifs créatifs quel que soit le lieu en réponse aux problèmes évoqués par les acteurs et d’articuler ces dispositifs comme modalité d’intervention dans un développement régional.
C’est un processus de formation réciproque entre différents acteurs-chercheurs apprenants dans le cadre d’atelier de croisement des savoirs qui peuvent faire appel à des intervenants selon les problématiques développées. Il est important que le profil des intervenants comprenne cette dimension de recherche-action et s’inscrit comme facilitateur de l’échange de savoir. Le but n’est pas de mettre le groupe dans une relation d’aide ou dans une situation de dépendance. Car ce serait une manière d’en tirer un pouvoir. Mais c’est plutôt une façon d’accompagner l’émergence du chercheur collectif et l’autonomisation d’un groupe.
L’atelier de recherche-action est donc le dispositif central de formation action. Il permet de traiter collectivement les matériaux récoltés avec les personnes rencontrées. Par exemple la personne peut venir présenter son parcours d’expérience sur la base restituée de son entretien (voir feed-back) et ainsi animer une séance en invitant les autres personnes à réagir pour dégager des problématiques collectives.
L’atelier contribuant cela à une formation réciproque entre pairs. Il offre une unité de temps, de lieu et d’action avec un rythme de rencontres. L’avantage est qu’il n’y a pas une personne seule qui analyse les matériaux et donc prend le pouvoir comme le serait un chercheur au milieu d’acteurs qui seraient le seul à délivrer un cadre d’analyse.
La prise de conscience collective d’une capacité d’analyse facilite l’émergence d’un « chercheur collectif ». C’est-à-dire que le groupe se constitue au-delà de l’addition des cheminements individuels comme une entité sociale dans sa capacité à développer sa propre expertise et peut jouer à ce titre un rôle d’interface entre les acteurs les autres partenaires de la recherche (associations, institutions, collectivités, etc.).
Le rythme et la production de ces ateliers sont à définir ensemble. Cette production issue d’un processus collaboratif peut emprunter différents supports : écrits évidemment, audiovisuels, artistiques… l’intérêt est d’ouvrir un espace de rencontres et d’échanges qui peuvent très bien aussi alimenter des cycles de type « université populaire ».
Formation organisée par le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action avec des récupérateurs-vendeurs pour la rédaction d’un guide des biffins
Formation-action organisée par le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action, selon le principe de « journées interstices »
1. Nous créons un environnement où les idées peuvent circuler, partir de l’espace, pas du lieu, lier mobilité spatiale, sociale et mentale ;
2. Nous provoquons des situations propices à l’émergence et au mouvement, nous travaillons en situation ; nous ne sommes pas des « opérateurs culturels », nous ne répondons pas au conformisme d’un programme, qui, au nom de l’action culturelle, de la diffusion artistique, de l’éducation populaire se pose en médiation vis des vis des institutions et s’arroge le droit de dire ce qui est bien pour les populations ;
3. Nous cherchons à être le plus précis possible sur la démarche de recherche-action pour laisser le plus libre possible la manière d’investir l’espace ;
4. C’est dans le décalage que chacun doit exprimer sa propre recherche, on doit savoir pourquoi on vient, pas obligatoirement ce que l’on va y faire, les réponses viendront naturellement en situation, elles ne tombent pas du ciel !
5. Nous créons une plate-forme d’échange collaboratif, coopératif. Il n’y a pas de plan « com » puisque nous n’avons rien à vendre. Il n’y a rien à expliquer, le malentendu est déjà là avant de parler, on peut essayer au mieux de le gérer ;
6. Il n’y a pas de public mais une expérimentation collective, le mode d’apprentissage est celui d‘un work-in-progress : tirer les enseignements d’une expérience pour nourrir la suivante et ainsi développer sa recherche.
7. Les disciplines artistiques se mettent au service de ce processus et non le contraire, l’art n’est pas au centre, c’est l’humain et sa capacité de transformation ;
8. Il n’y a pas de thématiques prédéfinies, elles émergent du processus, elles rejoignent les problématiques de travail la recherche-action puisqu’elle est au cœur de la réalité sociale. L’important est d’aménager le temps d’une évaluation à chaud, le but de toutes expérimentations est de produire de la connaissance.
Leave a Reply