Le travail et la situation sociale des récupérateur·e·s se transforment avec l’intensification des circulations urbaines et mondiales de déchets et leurs prises en charge étatiques, industrielles et humanitaires – avec, aussi, leurs mobilisations et prises de paroles. Claudia Cirelli et Bénédicte Florin proposent une synthèse des enjeux à l’œuvre à partir de l’ouvrage qu’elles ont coordonné en 2015, Sociétés urbaines et déchets. Éclairages internationaux. A travers la diversité des cas présentés, de la marginalisation la plus précaire à la constitution de groupes professionnels, elles relèvent notamment l’émergence d’un discours de plus en plus collectif qui, par l’appropriation des discours dominants sur le « développement durable », plaide la valorisation du travail de récupération avec des arguments écologistes, hygiénistes, économiques et humanitaires. La reconnaissance d’un droit sur les déchets engage plus largement celle d’un droit au travail, quand bien même « informel », et d’un droit à la ville, ressource vitale pour ces populations marginalisées. L’intégration de récupérateur·e·s aux systèmes formels de gestion, aux mains des collectivités publiques et de plus en plus des industries, ne suffit pas : la justice implique un changement radical du rapport que les sociétés entretiennent avec leurs rebuts matériels et avec ceux·lles qui, assigné·e·s à leur récupération, font eux·lles-mêmes figure de « rebuts » sociaux.

La récupération des déchets est une pratique ancienne qui a fourni des revenus aux individu·e·s et aux groupes qui s’y adonnaient grâce à l’extraction et à la vente des matières valorisables contenues dans ce que les autres citadin·e·s abandonnaient. Pour les autorités publiques, chargées de la propreté et de l’hygiène de la ville, cette activité de récupération et de recyclage de « matières premières urbaines » dans des filières agricoles ou industrielles[1] permettait une forme de traitement de matières qui, autrement, seraient devenues des rebuts. Des travaux précurseurs ont présenté la récupération comme étant le symbole emblématique de la pauvreté urbaine, souvent associée à de viles activités à l’instar de la prostitution au Caire ou à la figure du paria en Inde. Ces travaux ont examiné les conditions de vie des récupérateur·e·s dans leurs lieux de travail (rues, décharges, etc.) ainsi que les stratégies de survie pour collecter leur gagne-pain, en les comparant parfois, comme à Mexico, à des « bandes de chasseurs-cueilleurs dans la jungle urbaine[2] ». Ne relevant pas seulement d’une « anthropologie de la misère[3] » et donnant la parole aux récupérateur·e·s, ces études ont souligné la dimension communautaire de l’activité et les relations que les groupes de récupérateur·e·s entretiennent avec les intermédiaires acheteurs de déchets, donnant vie à une « industrie de régénération des ressources » dynamique et intégrée à l’économie urbaine.

De nos jours, dans un contexte général de croissance urbaine, d’évolution rapide des modes de production et de consommation générant d’importants volumes de déchets, mais aussi de situations de pauvreté urbaines inédites, la récupération des déchets est, selon la Banque mondiale, une ressource indispensable à la survie d’au moins deux millions d’individu·e·s, notamment dans les métropoles caractérisées par des fortes inégalités socioéconomiques. Dénommés par des termes spécifiques selon les lieux, les plus connus parmi ces biffins contemporains sont les cartoneros argentin·e·s, les catadores brésilien·ne·s, les hurgadores en Uruguay, les scavengers à Manila, les wastepickers indien·ne·s ou les zabbâlin égyptien·ne·s. Comme par le passé, il·elle·s contribuent à la prise en charge d’une partie des déchets par le ramassage et le tri de matériaux recyclables. Il·elle·s garantissent des revenus à des populations situées aux marges du marché du travail, de la ville et souvent de la société, tout en fournissant un réel service aux citadin·e·s et tout en fondant une partie de l’activité de l’industrie qualifiée de formelle et lucrative du recyclage.

Pourtant, la récupération et le recyclage ne sont pas exclusivement l’apanage d’individu·e·s de pays dits en développement. Dans les pays industrialisés, des pratiques que l’on croyait peu ou prou disparues font à nouveau surface dans des contextes urbains présentant de nouvelles situations de marginalité ou d’appauvrissement de certains groupes (personnes âgées, chômeur·e·s, migrant·e·s). Le glanage alimentaire à la fin des marchés, dans les bennes des supermarchés ou la fouille des poubelles permettent à ces individu·e·s de tirer parti de la collecte des déchets via leur revente et/ou recyclage. En Europe, on trouve des personnes, qualifiées de « Roms », qui fouillent bennes et poubelles pour en extraire des objets réparés, réutilisés ou vendus afin d’obtenir des revenus pour les familles sur place ou dans le pays d’origine. On peut les apercevoir à Marseille, comme à Turin, Madrid ou Lyon, se déplacer dans la ville, poussant des chariots ou des poussettes emplies de matériaux, parfois munis de crochets pour mieux prélever les déchets à l’intérieur des bennes. Dans les villes d’Amérique du Nord, la pratique des binners – originellement collecteur·e·s de canettes en aluminium – est le fait de populations souvent expulsées des centres-villes, sans domicile fixe et sans emploi[4].

Marseille, récupérateur informel avec une poussette lui servant de moyen de travail. Cliché Pascal Garret, 2016

Marseille, récupérateur informel avec une poussette lui servant de moyen de travail. Cliché Pascal Garret, 2016

Depuis une trentaine d’années, alors que les préoccupations internationales et locales pour l’environnement se généralisent, les déchets font l’objet de politiques visant à limiter les impacts liés à leur élimination. Le principe de réduction est donc adopté et sa mise en œuvre prévoit, d’une part, une diminution de leur production et, d’autre part, une diminution du volume à traiter dans les exutoires (décharges, incinérateurs, etc.). En amont et en aval de la chaîne de gestion des déchets, la valorisation des matières via le tri et la récupération s’est imposée comme une troisième dimension de ces politiques. Dans ce contexte, de nouveaux acteur·e·s sont apparus pour participer aux processus de valorisation, parmi lesquels deux catégories au rôle important : les entreprises privées, notamment les sociétés multinationales spécialisées dans le domaine de l’environnement, et les structures, émanant de la société civile, spécialisées dans le domaine de l’économie sociale et solidaire. En France, Emmaüs en est un exemple pionnier, récupérant et réintégrant des objets et matières en bout de course dans des transactions économiques, afin de réinsérer socialement des personnes exclues du marché du travail. D’ailleurs, la proximité entre le réemploi des objets et le réemploi des personnes, parfois considérées comme des « déchets sociaux », est soulignée par certains auteur·e·s[5]. Ces initiatives sont également des lieux où une clientèle paupérisée peut s’approvisionner en objets de seconde main, lesquels échappent alors à la poubelle.

Les activités de collecte réalisées par les récupérateur·e·s n’ont été prises en compte que récemment par les pouvoirs publics. Au niveau international, des associations telles WIEGO ou l’Alliance mondiale des récupérateurs se sont employées à « mettre en lumière » et « mettre en valeur » le travail des récupérateur·e·s, afin d’accompagner et de renforcer leur organisation pour qu’il·elle·s puissent non seulement être intégrés à la gestion formelle, mais également accéder à des conditions de vie appropriées (santé, éducation, logement). Ces expériences font écho à des initiatives locales plus anciennes, plus localisées comme l’Asociacion de los recicladores de Bogotà en Colombie, celle du Movimiento pro vida decorosa en Uruguay et, encore, celle de Sœur Emmanuelle en Egypte[6].

Parallèlement, la multiplication des structures de récupération et de recyclage ainsi que la technicisation des métiers et des modes de traitement posent de nouvelles questions. Les études sur la récupération dans différents pays du Sud rassemblées dans l’ouvrage Sociétés urbaines et déchets permettent d’en proposer ici une synthèse[7]. D’une part, une concurrence inédite s’est créée autour des déchets, dans un contexte de tensions liées aux réformes des systèmes de gestion. La place des récupérateur·e·s du secteur dit informel, souvent exclus des processus décisionnels conduisant à ces réformes, s’en trouve bousculée et oscille entre marginalisation et intégration de la part du secteur formel et des pouvoirs publics, alors même que la distinction informel/formel fait peu sens. C’est en observant les pratiques professionnelles des acteur·e·s que se révèlent au mieux les enjeux et les effets de ces réformes. Celles-ci, imposées « par le haut », se heurtent, dans de nombreux cas, à des oppositions, articulant des pratiques de résistance et des mobilisations ouvertes pour la reconnaissance de ce travail. C’est notamment ces dernières que nous souhaitons rendre visibles au terme de notre contribution.

Nouvelles concurrences et convoitises autour du déchet : acteur·e·s, enjeux et tensions

Depuis une trentaine d’années, la rentabilité potentielle du déchet est devenue un enjeu économique crucial pour de nouveaux acteur·e·s, privé·e·s et public·que·s. Alors que, à l’échelle mondiale, les ressources énergétiques et minérales se raréfient et que la demande en matières premières secondaires croît, ceux·lles·-ci considèrent les gisements de déchets comme une nouvelle source de gain, voire de véritables « mines urbaines » ou « mines d’or[8] ».

Grâce à la sélection et à la récupération de certains de leurs composants – se substituant partiellement ou totalement à une matière première vierge et devenant ainsi une matière première secondaire –, les déchets se transmutent en ressource et en produit. Ceci explique l’apparition de nouveaux acteur·e·s dans l’univers des déchets : les entreprises privées, notamment transnationales, captent une partie importante du marché des déchets et jouent un rôle croissant dans l’organisation et la régulation de ces flux de matières, témoignant des intérêts entrecroisés liés à la valorisation des rebuts. Cette convoitise suscite de nouvelles concurrences avec les tensions qui leur sont inhérentes.

Ces transformations à l’œuvre dans les sociétés urbaines occidentales ont également eu des effets dans d’autres villes du monde. Dans un contexte de diffusion des modèles de gouvernance, idéalement fondés sur des critères d’« excellence environnementale » et encouragés par les organismes et bailleurs internationaux, de nouveaux modes de gestion sont promus, nécessitant des équipements toujours plus sophistiqués, des savoir-faire spécialisés et des investissements importants. Des réformes sont engagées afin de remplacer d’anciennes façons de collecter ou de traiter les déchets, jugées révolues et inadaptées ; elles visent également la réduction des risques sanitaires associés à la présence de décharges non contrôlées. Face aux défis imposés par les nouvelles exigences environnementales, les administrations urbaines convoquent – et financent via les « partenariats publics-privés » – des grandes firmes offrant des solutions standardisées.

Or, ces tentatives de transposition de modèles, produits dans des cadres urbains très différents, se heurtent à des dispositifs locaux préexistants et fortement ancrés. Ces derniers se sont souvent développés dans des situations de défaillance – voire d’absence – d’un service institutionnalisé et intégré et constituaient de vraies alternatives au service conventionnel. Leur remplacement n’a pas été dépourvu de conséquences politiques et sociales, notamment pour les groupes de récupérateur·e·s et recycleur·e·s. En effet, pour les autorités urbaines, ces activités de récupération, légales ou illégales, peuvent entrer directement en concurrence avec l’organisation des différentes formes de collecte (sélective ou non) et du recyclage, et ainsi constituer un manque à gagner sur les recettes de vente des matériaux des nouveaux prestataires du service.

Caricature parue dans le quotidien Al-Ahram, le 16 novembre 2002, au moment de la délégation de service à des multinationales européennes. « Zebalt C° » vient de zabbal, le déchet et donne par extension zabbâlin, chiffonniers. Légende : « Les entreprises étrangères prennent en main la propreté du Caire » (sources : S. Dollet, 2003, Une communauté traditionnelle face à la modernité. Le cas des zabbâlin du Caire, mémoire de DEA de sciences politiques, sous la dir. de E. Picard, Université Aix-Marseille III, p. 43)

Caricature parue dans le quotidien Al-Ahram, le 16 novembre 2002, au moment de la délégation de service à des multinationales européennes. « Zebalt C° » vient de zabbal, le déchet et donne par extension zabbâlin, chiffonniers. Légende : « Les entreprises étrangères prennent en main la propreté du Caire » (sources : S. Dollet, 2003, Une communauté traditionnelle face à la modernité. Le cas des zabbâlin du Caire, mémoire de DEA de sciences politiques, sous la dir. de E. Picard, Université Aix-Marseille III, p. 43)

De nombreux travaux témoignent de la complexité des relations entre ces modèles et les dynamiques propres à chaque situation[9] : ces dernières ne relèvent ni de la seule imposition de modèles exogènes, ni de processus exclusivement locaux. Les pratiques de récupération et de valorisation mises en œuvre par des acteur·e·s dits « informel·le·s » oscillent en effet entre marginalisation et reconnaissance de la part des acteur·e·s dits « formel·le·s » (politiques, institutions et administrations, entreprises). Bien que les premier·ère·s, non intégré·e·s aux dispositifs institutionnels, jouent un rôle indispensable dans le cycle de traitement et d’élimination des déchets, il·elle·s sont fréquemment exclu·e·s des processus décisionnels et des restructurations liés aux réformes des services publics qui bouleversent l’organisation préexistante.

Les récupérateur·e·s de déchets et le système formel : entre marginalisation, intégration et institutionnalisation

Dans les analyses traditionnelles portant sur le phénomène de la récupération en tant que pratique urbaine à laquelle s’adonnent des individu·e·s ou groupes sociaux paupérisé·e·s, trois points de vue se sont imposés, s’inscrivant dans des débats plus larges sur l’informalité. Ainsi, dans le cadre de la théorie du sous-développement et de la modernisation, la récupération est une activité marginale, relevant du secteur informel, mais destinée à disparaître lorsque le pays atteint un niveau de développement économique plus élevé. De façon plus générale, les activités informelles qui perdurent malgré la modernisation ressortissent de la débrouille ou d’une économie de la survie dont il ne faut pas attendre grand-chose.

Selon une autre position, la récupération est une composante structurelle de l’économie capitaliste qu’elle en soit un secteur à part entière ou qu’elle en soit une activité dépendante, son « armée de réserve » pour reprendre la terminologie de l’approche marxiste ou de la théorie de la dépendance. Dans ce cadre théorique, le secteur informel est une source importante de travail pour des populations urbaines appauvries, mais reproduit des rapports de domination et de soumission au capitalisme.

Enfin plus récemment, un troisième prisme d’analyse, néolibéral celui-là, considère, dans la lignée des travaux de l’économiste Hernando de Soto Polar, l’informalité comme un « bassin latent de croissance », « comme un nouveau moteur de développement » ou, encore, comme une économie hyperflexible se régulant par elle-même lors des crises[10]. Cette position – qui a fait par ailleurs l’objet de vives critiques – s’accompagne d’une remise en cause du rôle de l’État, dont les normes seraient trop contraignantes et brideraient l’esprit d’entreprise. C’est peu ou prou cette dernière approche qui conduit les politiques de la Banque mondiale et du FMI depuis les années 1990 : le secteur informel se pare alors de nombreuses vertus. Sans doute ici nous faut-il nuancer car les activités de récupération des déchets n’ont pas exactement le même statut que d’autres activités informelles (comme, par exemple, le petit commerce de rue) : la dimension sanitaire et les représentations très négatives liées à l’ordure justifient dans de nombreux cas une approche politique spécifique de gestion des déchets et, du coup, de la pauvreté.

Quoi qu’il en soit, les études de terrain montrent que l’organisation qui en résulte est celle d’individu·e·s collectant, la plupart du temps illégalement, des matériaux pour des acheteur·e·s intermédiaires (informel·le·s ou formel·le·s) qui, à leur tour, sont relié·e·s à des vendeur·e·s, tel·le·s les grossistes formel·le·s dont les affaires se développent à une échelle plus industrielle. En tous les cas, l’activité de récupération peut être considérée comme étant en lien étroit, sinon imbriquée, avec le secteur formel : soit parce que ce dernier est incapable d’absorber les activités informelles, soit parce qu’il s’agit d’une stratégie du secteur formel afin de réduire les coûts de production, notamment celui des salaires[11].

De notre point de vue, cette lecture, prônant une continuité entre un secteur et l’autre, est plus adaptée aux mutations récentes des services urbains des déchets. Loin de réduire les contradictions et les rapports de pouvoir inégaux caractérisant le fonctionnement de ces systèmes composites de récupération, elle met en avant la complexité des conditions et des mécanismes de fonctionnement. Les pratiques professionnelles des récupérateur·e·s reposent davantage sur un continuum que sur une opposition entre « formel » et « informel ». Les articulations et métissages des pratiques et modes de gestion brouillent les frontières, et les stratégies des différent·e·s acteur·e·s peuvent se répondre et se compléter. La réalité des situations relève ainsi d’un « continuum socio-technique[12] » de prise en charge des ordures qui relativise nettement cette dichotomie. On pourrait même ajouter que plus l’intérêt des acteur·e·s se porte sur le déchet devenu ressource, plus les enjeux autour de cette matière première secondaire sont grands, et plus le continuum est observable : preuve en est l’essor de nouveaux·lles intermédiaires, acheteur·e·s et vendeur·e·s de déchets, qui constituent l’entre-deux des secteurs formel et informel. Schamber et Suarez décrivent bien ce processus pour le cas argentin : « Les récupérateurs urbains ont réinventé la marchandise et le travail en transformant des rebuts en intrants pour l’industrie. Car il existe une industrie locale et globale encore invisible entre les labyrinthes de l’intermédiation[13] ».

Aussi le processus de la récupération tient-il ensemble les récupérateur·e·s, les entrepreneur·e·s-acheteur·e·s-intermédiaires propriétaires des dépôts pour stocker les matériaux et les industriel·le·s. Les rebuts sont collectés dans des conditions de travail précaires et engendrant des revenus modestes pour les récupérateur·e·s, puis transitent par les dépôts où ils sont conditionnés pour, enfin, parvenir à des circuits de vente gérés par des firmes internationales qui en tirent des profits notables.

Ce processus ne demeure pas toujours dans l’informalité et n’est pas tout le temps caractérisé par une faible rentabilité pour tous les acteur·e·s impliqué·e·s : si, pour les récupérateur·e·s, il s’agit de faire face à leurs besoins de survie, pour les entreprises locales et internationales, il s’agit de garantir une logique d’accumulation. Cette organisation fait écho au propos de Lautier : « Il y a bien des “activités informelles qui marchent” ; en revanche, il n’y a que très peu “de filières informelles qui marchent”. Ce qui marche, on peut le trouver dans l’exemple, précisément, des ramasseurs de déchets […], notamment au Brésil. Ils ont, dans de multiples cas, réussi à s’organiser en coopératives et à sortir de la tutelle des mafieux du recyclage […]. [Mais] on peut bien récupérer les déchets de façon informelle, solidaire et conviviale, les déchets sont bien à l’origine issus de l’économie formelle et y seront recyclés […]. Tout cela ne fait pas une “autre économie” ou une “autre mondialisation[14] ».

D’une part, ceux·lles qui collectent et trient constituent une main-d’œuvre quasi gratuite en raison des bas prix des matériaux vendus. D’autre part, il·elle·s délestent la ville ou les décharges d’une grande quantité de déchets, gratuitement ou parfois en payant eux·lles-mêmes des pots-de-vin. Cette « gratuité » et l’importance de leur service ont, par exemple, constitué l’un des arguments des chiffonnier·ère·s du Caire plaidant pour une reconnaissance de leur travail au moment des réformes les privant de l’accès aux déchets[15]. Elles ont aussi justifié la requête envoyée en janvier 2016 au ministre de l’Environnement indien par l’Alliance of Indian Wastepickers pour rendre explicite, dans la nouvelle législation de déchets solides, le rôle joué par les récupérateur·e·s dans le système de gestion et leur intégration au système : « Les récupérateurs et recycleurs informels de déchets devraient être identifiés, enregistrés, autorisés et intégrés dans le système de gestion des déchets solides par les gouvernements locaux. De ce fait, ils devraient être reconnus et identifiés comme des cols verts[16] ».

Dans le même ordre d’idées, certaines situations voient émerger des tentatives de formalisation de cet entre-deux informel par la régularisation, comme cela a été le cas pour les cartoneros de Buenos Aires au cours des années 2000. Ceux·lles-ci ont réussi, après des mouvements de protestation, à obtenir du gouvernement urbain une reconnaissance de leur activité et une amélioration des conditions de travail. Aujourd’hui, une douzaine de coopératives sont en charge de la collecte des matériaux secs sur tout le territoire de la capitale argentine. De même, en Indonésie, dans les années 1990, le gouvernement de Suharto avait émis un décret limitant les importations de matières recyclables afin de garantir des prix plus intéressants pour les récupérateur·e·s locaux·les[17]. Les études de cas réunis dans l’ouvrage Sociétés urbaines et déchets montrent les processus similaires d’intégration en Tunisie, au Pérou et au Brésil.

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Buenos Aires, Travailleur·e·s et membres de la Coopérative El Alamo, triant le plastique. Cliché C. Cirelli, novembre 2015

Toutefois, ce processus d’intégration ne se met pas en place sans difficultés. Si le travail des récupérateur·e·s est reconnu et même, dans certains cas, parfois légitimé, si la récupération connaît une forme d’institutionnalisation dans le cadre de nouvelles politiques environnementales, les mécanismes pour intégrer les travailleurs des déchets dans le système formel remettent parfois en cause la présence des récupérateur·e·s plus fragiles dans la ville. Les cas argentin et égyptien montrent bien comme les nouvelles règles mises en place pour participer aux appels d’offre pour la collecte peuvent exclure les récupérateur·e·s doté·e·s de peu de réseaux, de peu de moyens pour se déplacer et considéré·e·s, quoi qu’il en soit, comme peu capables de répondre aux besoins des administrations urbaines. Dans de nombreux autres exemples, les pouvoirs publics tentent plutôt d’éradiquer certains maillons de la chaîne, notamment les récupérateur·e·s les plus précaires. Ainsi, à Istanbul, bien conscients de la valeur du déchet, les pouvoirs publics encouragent la création de petites sociétés formelles, dans l’objectif clair qu’elles se substituent aux dépôts sans licence des semi-grossistes. En janvier 2016, le ministère de l’Environnement turc a simultanément interdit la récupération informelle des papiers et cartons, sous peine d’une amende de 6 200 €, et tout achat de papiers et cartons au secteur informel, sous peine d’une amende de près de 43 400 €, ceci visant les sociétés formelles.

 

Buenos Aires, Travailleuse et membre de la Coopérative El Alamo, triant le papier. Cliché C. Cirelli, novembre 2015

Buenos Aires, Travailleuse et membre de la Coopérative El Alamo, triant le papier.
Cliché C. Cirelli, novembre 2015

Les organismes et bailleurs internationaux avaient eux-mêmes impulsé ce type de réformes de modernisation du service, via les délégations au secteur privé, inspirées de modèles occidentaux, souvent inadéquats. Mais, depuis une vingtaine d’années, ils ont renouvelé la réflexion sur la gestion des déchets dans les pays du Sud. Le principe est de tenir davantage compte des dispositifs locaux existants, d’intégrer les activités des récupérateur·e·s et d’articuler les services urbains, notamment quand ils sont défaillants, aux dispositifs alternatifs pris en charge par les récupérateur·e·s. L’objectif est double : garantir une véritable gouvernance urbaine des déchets et gérer la pauvreté urbaine.

Entre résistances, innovations et mobilisations : sortir de la marge ?

L’activité de récupération des déchets a longtemps été marquée par un paradoxe qui la rend tout à la fois répugnante et profitable. Déchet pour les un·e·s, ressource pour les autres, tout se passe comme si, symboliquement, s’opérait un transfert entre les propriétés du rebut – souillure, dégradation, déchéance – et les individu·e·s qui s’adonnent à leur récupération. De même, le rapport au déchet paraît soumis à cette double dimension de l’éloignement et de la proximité : si leur récupération est une source de revenus, leur contact est source de pollution. Ceci explique aussi que les récupérateur·e·s de déchets, en raison de cette manipulation, ont toujours été assigné·e·s aux marges : marges du travail, marges de la société, marges de la ville. Ajoutons que, une fois les matériaux collectés, les récupérateur·e·s retournent, avec leurs déchets, dans leurs quartiers. Ces opérations produisent des externalités importantes en termes sanitaires et environnementaux sur ces sites de vie et de travail : paradoxalement, en libérant les centres-villes ou les quartiers aisés de leurs ordures, les récupérateur·e·s fragilisent et rendent vulnérables leurs propres territoires et leurs populations.

Face au stigmate, les récupérateur·e·s intériorisent les représentations négatives à leur encontre, mais il·elle·s cherchent aussi à les contrer en magnifiant certains aspects de leur travail : l’exposition permanente au risque, au lieu de les affaiblir, les rendraient invulnérables grâce à une sorte d’immunisation physique et symbolique. De même, il·elle·s font valoir les effets positifs sur la propreté de la ville et sur l’environnement de leurs activités. Certes, il·elle·s n’annulent pas le stigmate, mais il·elle·s tentent de s’en arranger et, en quelque sorte, de le renverser par des discours légitimant leurs activités.

Une autre forme de résistance est liée aux changements, et parfois bouleversements, que les reformes des services urbains impliquent pour les activités professionnelles des récupérateur·e·s : ces petites pratiques de résistance ordinaire constituent des formes de contournement ou des ripostes vitales pour l’accès à la ressource. En effet, les récupérateur·e·s sortent quotidiennement dans la ville pour collecter les matériaux : il·elle·s franchissent les frontières du quartier où il·elle·s habitent – marges spatiales et symboliques – et il·elle·s pratiquent des espaces publics, espaces de visibilité et de vulnérabilité. Exposés à la vue de citadin·e·s, il·elle·s sont bien reconnaissables avec leurs chariots ou charrettes parfois tractées par un âne. Leurs « routes » de collecte peuvent être longues d’une dizaine de kilomètres, que certain·e·s font à quatre ou cinq reprises dans la même journée. Il·elle·s collectent dans les lieux touristiques ou les quartiers aisés, riches en matériaux, où il·elle·s sont en général mal perçus. Pour éviter les tensions avec la police ou les habitants, les récupérateur·e·s estiment qu’il faut collecter rapidement et discrètement. Il ne faut pas non plus gêner la circulation automobile, ni les piéton·e·s. Dans l’espace public, il·elle·s ne sont jamais prioritaires et il·elle·s savent qu’il·elle·s n’auront pas gain de cause en cas de conflit ou d’accident. Face à la modernisation généralisée des dispositifs de collecte, l’invention est aussi convoquée et il devient nécessaire de connaître les horaires des camions-bennes pour collecter avant leur passage ou donner un coup de mains aux éboueur·e·s en échange du droit de récupérer des matériaux. La multiplication des conteneurs enterrés ou fermés rend compliqué l’accès à la ressource et, dans de nombreux exemples, les récupérateur·e·s ont passé des accords avec les commerces et hôtels, quitte à les payer, pour avoir accès aux déchets. Certains fabriquent de longues perches pour atteindre le fond du conteneur. D’autres, enfin, collectent avec les enfants, qui se glissent dans les conteneurs…

Yunus, récupérateur, aide un éboueur ; en échange celui-ci le laisse collecter les cartons. Cliché P. Garret, Istanbul, 2015

Yunus, récupérateur, aide un éboueur ; en échange celui-ci le laisse collecter les cartons.
Cliché P. Garret, Istanbul, 2015

C’est par ces pratiques des espaces publics et par ces « petites tactiques » de contournement de l’ordre établi par les systèmes de gestion que se donnent à voir des actes de résistance, certes discrets, tantôt individuels tantôt collectifs, parfois éphémères et fragiles. On peut lire, en effet, ces modalités de récupération comme une forme de soumission renvoyant au stigmate – être discret –, mais elles témoignent aussi de connaissances de la ville et de la société urbaine permettant aux récupérateur·e·s de contourner les obstacles. Dans de nombreuses métropoles, les réformes en cours ont fait basculer les récupérateur·e·s de l’informalité à l’illégalité, rendant nécessaires ces tactiques et inventions quotidiennes qui contournent la mise aux normes et en ordre de la ville. La dimension spatiale y devient importante, notamment parce que, pour les récupérateur·e·s, souvent issus de la même communauté d’origine, l’échelle du quartier leur est essentielle en termes d’interconnaissances et de circulation de l’information. L’articulation entre proximité spatiale, proximité sociale et proximité professionnelle est à considérer dans les capacités qu’ils ont à pouvoir s’organiser et éventuellement se mobiliser. Ce fut le cas pour les chiffonnier·ère·s égyptiens qui ont organisé des réunions – en théorie totalement interdites – pour débattre et réagir face à la délégation de la collecte à des multinationales européennes dans les années 2000. L’une de leurs décisions collectives fut, en particulier, de mener des grèves du ramassage des déchets, aux effets immédiatement perceptibles.

Ainsi, ces résistance se traduisent parfois en protestations ouvertes, voire en des mobilisations d’envergure, face auxquelles les autorités publiques sont mises en demeure de trouver des arrangements. Les réformes découlant de l’évolution des politiques environnementales et urbaines ont produit, à plusieurs reprises, des mouvements d’opposition de la part des récupérateur·e·s – comme le Mouvement des travailleurs exclus (MTE) créé par 2 000 cartoneros argentin·e·s, ou l’Alliance of Indian Wastepickers (Alliance des récupérateur·e·s indien·ne·s) – qui les ont projetés sur le devant de la scène et qui contribuent, lentement certes, à faire évoluer la figure du·e la récupérateur·e dans les représentations collectives.

Banderole lors d’une manifestation de récupérateurs à Ankara, 1er mai 2010, « Un paradis pauvre est meilleur qu'un enfer riche. Travailleurs des déchets de papier. Ne jetez pas le capitalisme à la poubelle de l'histoire. Ça ne coûte même pas deux sous », www.facebook.com/groups/7037320971/photos/

Banderole lors d’une manifestation de récupérateur·e·s à Ankara, 1er mai 2010, « Un paradis pauvre est meilleur qu’un enfer riche. Travailleur·e·s des déchets de papier. Ne jetez pas le capitalisme à la poubelle de l’histoire. Ça ne coûte même pas deux sous », www.facebook.com/groups/7037320971/photos/

La presse a souvent joué un rôle de caisse de résonance des protestations en tant qu’espace de publicisation de leur cause. De même, l’ouverture de nouveaux espaces de représentation politique et de participation a favorisé leur mise en visibilité – le cas des zabbâlin égyptien·ne·s en est emblématique. Sans oublier, enfin, le travail de chercheur·e·s qui, notamment dans les pays d’Amérique latine, ont analysé et dénoncé cette nouvelle pauvreté urbaine. Ce travail de visibilisation des récupérateur·e·s et de valorisation de leurs activités a contribué, d’une part, à la constitution de formes coopératives pour la gestion de la collecte et de la vente et, d’autre part, à la construction d’acteur·e·s sociaux·les capables de développer des demandes politiques.

 

Conclusion

Ces processus d’engagement et de prise de parole dans l’espace public diffèrent fortement d’un pays à l’autre : ils découlent des situations politiques et socioéconomiques, des histoires des groupes de population impliqués et des parcours de vie des individu·e·s. En effet, les expériences d’intégration ne se mettent pas toujours en place sans contestation ni conflit. Dans certains cas, comme en Argentine ou au Brésil, la réorganisation du travail des récupérateur·e·s à l’échelle métropolitaine, fondée sur le modèle des coopératives, a représenté une émancipation pour un grand nombre d’entre eux·lles : ce processus n’a pourtant pas éradiqué des pratiques de collecte moins encadrées.

Au Caire, les protestations des zabbâlîn ont conduit à leur intégration très partielle au système mis en place lors de la « privatisation » : délégataire du service, une entreprise italienne sous-traite, pour son plus grand bénéfice financier, la collecte de pans entiers de la ville à des chiffonnier·ère·s « informel·le·s » qui peuvent, certes, garder et recycler les matériaux. Ceux·lles qui n’ont pas été intégrés au système ont vu leurs conditions de travail se détériorer.

À Mexico, à la différence d’autres situations latino-américaines où les récupérateur·e·s ont pu faire entendre leur voix et davantage faire valoir leurs droits dans les dernières décennies, le système reste encore aujourd’hui peu transparent et inféodé à des logiques politiques clientélistes. L’organisation de la récupération y est entièrement sous l’emprise de leader·e·s locaux·les qui maîtrisent tout le cycle de la prise en charge des déchets : leur contrôle sur les déchets et, par-là même, sur les récupérateur·e·s est ainsi presque absolu. Les récents conflits autour de la fermeture de la plus grande décharge de Mexico et les reconfigurations qui en ont découlé, montrent les fortes imbrications – politiques mais aussi sociales et économiques – de ce dispositif avec le système conventionnel. Mais elles révèlent surtout comment ces mobilisations, loin de représenter un processus de développement d’un pouvoir d’agir ou d’empowerment des récupérateur·e·s ainsi qu’un affranchissement de conditions de travail très dures, peuvent aussi reproduire des relations de pouvoir fortement inégales et faire perdurer des situations de soumission et de précarité.

Les prises de parole publiques émanant du secteur dit informel, les débats qui en découlent, les mobilisations, aux résultats certes inégaux, participent à l’émergence d’un discours de plus en plus collectif sur la défense des droits de populations marginales. Ils témoignent tout autant d’une organisation de la part des récupérateur·e·s autour d’intérêts corporatifs à défendre que d’une forme de professionnalisation, toutes deux construites sur un discours de justification de leur rôle dans la société et dans le monde, qu’ils contribuent à préserver par le recyclage. Loin d’être passif·ve·s et s’appropriant les discours dominants sur le « développement durable », ces récupérateur·e·s plaident pour la reconnaissance de leur travail avec des arguments écologistes, hygiénistes, économiques et humanitaires – leur activité fait vivre de nombreuses familles. La reconnaissance de « leurs droits sur les déchets » engage plus largement celle d’un droit au travail et d’un droit à vivre de la ville, car celle-ci constitue pour eux une ressource au sens propre, en fonction de l’accès, ou non, au déchet, matière première de leur activité.

Dans certains cas, les revendications ont débouché sur une vraie amélioration des conditions de travail et de santé, conduisant à la constitution de groupes professionnels, ayant accès aux arènes politiques et s’éloignant de la figure du·e la « chasseur·e·-cueilleur·e· » évoquée en introduction. Dans d’autres, notamment ceux où la gestion des déchets est défaillante et où les administrations urbaines continuent de maintenir des sites d’enfouissement à ciel ouvert, non sécurisés et représentant de vraies bombes à retardement sanitaires et environnementales, les populations qui y travaillent demeurent dans la marginalité et la précarité.

Finalement, les cas exposés ici montrent que, malgré les réformes des services des déchets et les enjeux économiques liés aux intérêts d’acteur·e·s privé·e·s au niveau local ou global, des innovations sociales et des ajustements vis-à-vis des modèles dominants sont possibles. Cela ne passe pas seulement par l’intégration de récupérateur·e·s aux systèmes formels de gestion : celle-ci doit être accompagnée par une inclusion sociale de ces groupes, ce qui implique un changement radical du rapport que les sociétés entretiennent avec leurs rebuts – en termes de représentations et de gestion – afin de renverser l’image et le statut de ceux·lles qui ont à faire avec ces rebuts.

Pour aller plus loin

Bertolini, Le marché des ordures. Économie de gestion des déchets ménagers, Paris, L’Harmattan, 1990.
–– Économie des déchets, Paris, Technip, 2005.
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Cirelli, « “Lorsque la ville avait besoin de nous”. Fortune et déclin des paysans-recycleurs des eaux usées urbaines au Mexique », in D. Corteel, S. Le Lay (dir.), Les travailleurs des déchets, Toulouse, Erès, 2011, p. 121-143.

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[1] S. Barles, L’invention des déchets urbains. France : 1790-1970, Seyssel, Champ Vallon, 2005.

[2] L. Lomnitz, Cómo sobreviven los marginados, México, Siglo XXI, 1975.

[3] H. Castillo, El basurero: antropología de la miseria. Siete « historias de la vida » de los trabajadores de la basura en la ciudad de México, Mexico, EDAMEX, 1984.

[4] B. Raoulx, J. Gutberlet, C. Tremblay, « Dans les poubelles de Vancouver. Le recyclage comme support de socialisation », Le Sociographe, 29, 2009, p. 69-81.

[5] D. Lhuilier, « Le sale boulot », Travailler, 14, 2005, p. 73-98 ; Z. Bauman, Vies perdues. La modernité et ses exclus, Paris, Rivages & Payot, 2009. Voir aussi les travaux récents de Delphine Corteel.

[6] http://wiego.org/ ; http://globalrec.org/fr/ ; http://www.asmae.fr/

[7] C. Cirelli, B. Florin (dir.), Sociétés urbaines et déchets. Éclairages internationaux, Tours, Presses universitaires François Rabelais, 2015. Les références à des auteurs sans indication bibliographique renvoient aux chapitres de cet ouvrage, dont le détail est précisé en fin d’article.

[8] J. Cavé, La ruée vers l’ordure. Conflits dans les mines urbaines de déchets, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2015 ; E. Guitard, « “C’est pas le déchet, c’est le diamant !” Pratiques de récupération et gestion publique des déchets à Garoua et Maroua (Cameroun) », in C. Cirelli, B. Florin (dir.), Sociétés urbaines et déchets…, op. cit., p. 74.

[9] S. Jaglin, M.-H. Zerah, « Eau des villes. Repenser des services en mutations. Introduction », Revue Tiers Monde, 203, 2010, p. 7-22.

[10] C. Yerochewski (dir.), Sociologie et sociétés, « Travail et informalité : nouvelles figures de l’exploitation et des mobilisations au Nord et au Sud », 47/1, 2015.

[11] M. Medina, The world’s scavengers. Salvaging for sustainable consumption and production, globalization and the environment, Lanham, Altamira Press, 2007.

[12] S. Jaglin, M.-H. Zerah, art. cit.

[13] P. J. Schamber, F. Suàrez (eds), Recicloscopio, Miradas sobre recuperadores urbanos de residuos en América Latina, UNLA, Universidad Nacional de General Sarmiento, Prometeo libros, 2007, p. 9 (traduction de Claudia Cirelli).

[14] B. Lautier, « Les limites de l’économie informelle comme alternative à la mondialisation libérale », Revue du Mauss, 21, 2003, p. 206.

[15] L. Debout, B. Florin, « Les contradictions du nouveau système de déchets au Caire. Conflits, négociations et stratégies d’acteurs », Égypte-Monde arabe, 8, 2011, p. 31-57.

[16] http://globalrec.org/2016/01/12/inclusion-of-waste-pickers-in-proposed-solid-waste-management-rules/

[17] M. Medina, op.cit.