Tour de table
Le tour de table s’est montré très utile pour établir une meilleure connaissance entre les personnes.
- Laurence Fontaine, chercheure en histoire, travaille sur les questions des marchés et des colporteurs
- Mohammed Zouari, président de l’association « Sauve qui peut » qui est à l’origine de la structuration du marché biffin à la porte Montmartre
- Yvan Grimaldi, ancien responsable du département insertion de l’association Aurore et un des initiateurs du carré des biffins de la porte Montmartre, auteur du livre « de seconde main »
- Christine Coutris, association « Comme vous emoi », développe des projets citoyens sur Montreuil, accueil des artistes en résidence, développe également des actions autour de la récupération
- Claire Dehove et Julie Julie Boillot-Savarin, Wos agence des hypothèses, est un collectif d’artistes de scénographe qui travaille beaucoup sur les questions de la ville et du développement, a aussi développé un projet en Afrique à Dakar sur un dispositif d’étals ambulants, document électronique et dernièrement une expérimentation au Canada
- Bruno Laine, professeur de mathématiques habitants, administrateur de l’association Amélior, « placiers collecteurs » les jours de marché Biffin à Montreuil
- Samuel Lecoeur président fondateur de l’association Amelior qui est née de la volonté d’ouvrir des places pour les biffins sur les marchés alimentaires classiques, les vides greniers puis en créant ses propres marchés à Montreuil avec son organisation autonome.
- Jeanne Guien , association Amelior et chercheure en philosophie, travaille sur l’obsolescence des objets
- Jean François Marchat, enseignant chercheur à la retraite, travaille avec ATD quart-monde
- Jean Luc Dumont, chercheur à la retraite, Consultant à l’ONG « GRDR Migration – Citoyenneté – Développement » intervenant sur les questions d’insertion, a développé des projets en Afrique
- Hugues Bazin, chercheur indépendant en sciences sociales, a contribué à l’étude 2011 sur les biffins en Île-de-France, animateur et acteur chercheur du laboratoire d’innovation sociale par la recherche-action (LISRA)
- Nicolas guerrier, animateur et acteur chercheur du laboratoire d’innovation sociale, développe des espaces collaboratifs et ateliers d’auto fabrication dans le Limousin
- Christian Weiss, géographe, développant des programmes écologiques autour de l’eau, a contribué à l’étude sur les biffins de France
- Guillaume Dufosse, responsable de la Maison des Acteurs Paris Durable qui accueille cette réunion (voir section « partenariat »)
Nature du collectif
Les personnes présentes à cette réunion viennent de différents horizons qui sont ceux du travail social, de la solidarité aux biffins, de la recherche en sciences sociales, de l’économie sociale et solidaire, de la culture et de l’art, bref une diversité de compétences susceptibles de se mettre au service d’une intelligence collective.
Accueillir une diversité n’est pas une chose simple et nous avons pu l’expérimenter encore une fois à l’occasion de cette réunion où la prise de parole n’a sûrement pas été facile pour tout le monde certaines personnes étant naturellement plus impliquées que d’autres sur la question des biffins, maîtrisant plus les aspects historiques et techniques. Il est donc important d’être vigilant pour que toutes les personnes puissent s’impliquer et apporter à leur manière des compétences, une intelligence, une énergie à ce processus collectif.
D’autre part, si nous restons chacun arc-bouté sur nos postures respectives, nous serons dans une addition d’implication, où chacun « attend » du collectif, mais ne contribue pas à une forme collective susceptible d’alimenter une dynamique transversale. Il s’agit donc pour chacun de s’interroger en quoi il est à la fois acteur et chercheur au sein de ce groupe. Autrement dit, la seuel façon de dépasser la tension entre acteur et chercheur, pensée et action est d’adopter une autre posture, celle de « l’acteur-chercheur ».
Effectivement, si nous voulons nous atteler à une complexité et trouver des réponses durables, la nature de ce collectif est nécessairement hybride et multifonctions sachant que c’est la réalité sociale et économique qui nous réunit, celle des récupérateurs vendeurs. C’est cette réalité sociale qui nous conduit à imaginer des alternatives, une autre manière de concevoir nos relations, notre rapport à la ville, à l’économie, etc.
Autrement dit, cette réalité nous impose de travailler dans une logique transdisciplinaire qui touche à la fois les dimensions humaines et sociales de parcours de vie atypique et d’autoformation dans la relation aux parcours de l’objet ; sociétale dans le rapport à l’espace public et dans ce qui fait la ville ; économique dans une logique de circuits courts, du recyclage et du développement durable ; culturelle dans ce qui constitue une communauté de destin à fort potentiel intégratif et renouvelle l’attrait et vivacité des territoires à travers ses espaces marchands.
Si c’est la réalité sociale est « urgente » et exige des réponses concrètes (voir plus bas « États des lieux et stratégies), la démarche de recherche-action doit également s’inscrire dans une durée afin de développer une intelligence sociale qui est la seule à même de résoudre les questions de fond.
Ainsi, le collectif se construit autour et en solidarité avec la problématique des biffins, cette question de pouvoir « s’auto fabriquer » en récupérant ou en fabriquant des objets, nous renvoie à l’idée que ce n’est pas simplement une forme subie liée à des conditions défavorisées d’existence, mais que cela peut être aussi une forme choisie de vie où certaines conditions précaires ne sont pas incompatibles avec un esprit d’indépendance et des logiques innovatrices. Autrement dit, les récupérateurs vendeurs peuvent être considérés aussi comme des précurseurs.
C’est ce que nous rappelle l’expérience de Nicolas Guerrier à travers son expérience d’atelier d’autofabrication dans le Limousin, notamment d’atelier mécanique. Cet « art du bricolage » assumé est certes lié à des conditions de ressources, mais aussi à une façon de vivre autrement. C’est donc aussi une manière de dire qu’à travers la problématique des récupérateurs vendeurs et de leur espace marchand le collectif s’ouvre aussi à la question de « comment faire société autrement » ou comment créer de nouveaux espaces du commun, autant de problématiques qui peuvent fédérer des énergies et des compétences provenant d’univers différents nous amenant à poser des alternatives sociales et sociétales.
Nature du processus
Chaque secteur d’activité, sociale, économique, culturelle en implication professionnelle ou militante possède indéniablement des compétences, mais nous faisons le constat que nous ne pouvons rester simplement dans l’addition de ces compétences pour aborder la dimension des rues marchandes. La nécessité de produire une intelligence collective est en correspondance avec la nature écosystémique du processus. Les formes disciplinaires, notamment en sciences humaines, conduisent à un corporatisme de la pensée au même type que les formes sectorielles conduisent à un corporatisme professionnel. Le travail sur une complexité nous invite autrement à entrer dans une logique transdisciplinaire qui par définition cherche à construire une connaissance qui dépasse les appartenances.
Ceux qui sont en relation ou travaillent avec les biffins savent que la situation qu’ils décrivent, c’est-à-dire la rencontre entre un parcours de vie et le parcours des objets ne peut être réductible à aucune catégorisation et surtout pas celle de « miséreux » ou pour reprendre une appellation historique celle de « sous-prolétariat ».
Un moment de la discussion à confirmer l’importance de cette culture du geste dans la récupération, la rénovation ou la transformation de l’objet. Se construire à travers la confrontation à des matériaux peut s’apparenter à un « bricolage », mais c’est justement une manière d’organiser des relations sociales en termes de transactions, d’échanges, de transmission.
Nous pourrions parler d’une « écologie politique », mais nous ne cherchons pas à construire un discours totalisant et surplombant sur ce processus, nous préférons l’accompagner dans une logique de recherche-action menée par les principaux intéressés, partant du principe que toute forme d’innovation doit corresponde d’abord aux besoins vitaux, un partage des biens du commun. La recherche-action nous indique qu’il faut agir pour penser et penser pour agir, en cela la penser est aussi un instrument de lutte. Le travail réflexif, c’est-à-dire un travail sur ses propres matériaux d’expérience, permet de se définir comme acteurs historiques. C’est donc le processus qui nous indiquera quelles formes prendront à la fois l’expérimentation sociale des rues marchandes et la production de connaissance qui en est issue.
À ce titre nous pouvons imaginer des expérimentations qui ne résument pas les rues marchandes à la transaction de l’achat vente, mais s’étend à tout l’écosystème environnemental qui en résulte, on pensera notamment aux monnaies locales et un système économique favorisant le développement social et culturel sur le territoire.
Énoncés des rues marchandes et charte éthique
L’énoncé « rues marchandes » permet d’articuler plusieurs problématiques et poser des enjeux dans l’espace public. La proposition a été faite et validée de conjuguer l’énoncé au pluriel en « rues marchandes » décrivant la diversité des espaces et des publics concernés sans être confondues avec l’espace piéton du centre-ville.
L’avantage de cet énoncé est d’introduire une dimension situationnelle d’un rapport social sans naturaliser une catégorie de la population sous le terme « biffins » qui ne constitue pas une communauté uniforme et mono culturelle, mais plutôt la conséquence comme nous le disions d’un rapport entre un parcours de vie et un parcours de l’objet.
Sans être agressives dans son évocation, les rues marchandes n’en demeurent pas moins une interpellation politique, dans tous les cas une invitation aux acteurs de la cité de réfléchir sur cette question et d’accompagner un processus de travail.
Effectivement, la dimension de « rue » renvoie à la question de la maîtrise d’usage de l’espace public et la problématique spatiale et urbaine du marché.
Quant à la dimension « marchande », tout en rappelant la structuration transactionnelle et écosystémique de cet espace, elle indique qu’une économie n’est pas réductible à sa version ultralibérale et capitaliste. En d’autres termes, à la marchandisation de l’espace public qui exclut l’humain peut s’opposer des « rues marchandes » replaçant l’humain au centre comme moteur de ce processus.
L’activité économique qu’englobent les rues marchandes concerne ainsi principalement la récupération-vente, mais peut très bien s’étendre aussi au marché alimentaire de transformation de produits.
L’intérêt d’écrire une charte autour de cet énoncé est de faciliter son appropriation pour légitimer une posture individuelle à l’instar d’un entrepreneuriat social et défendre une démarche collective comme le fut à une autre époque le mouvement des chiffonniers. Autrement dit, toute personne se reconnaissant dans cette charte peut se réapproprier le label « rues marchandes » pour par exemple provoquer un débat public, développer des actions collectives ou négocier un espace marchand auprès des autorités compétentes (voir document charte).
Nous sommes dits aussi qu’il serait bien de créer un logo de façon à faciliter la visibilité des projets qui se revendiquent de cette démarche.
État des lieux et stratégies
Mohamed Zouari, président de l’association « sauve-qui-peut » et initiateur historique de la mobilisation des biffins dans le Nord parisien nous fait part de la difficile situation sur le « carré des biffins » de la porte de Montmartre géré par l’association Aurore depuis octobre 2009. Il constate l’afflux de nouvelles personnes en lien avec la fermeture des autres espaces marchands, notamment sur la porte de Montreuil. D’autre part les relations avec la municipalité du 18e ne sont pas très faciles et témoignent toujours des difficultés de compréhension des problématiques posées par les biffins. De plus, le plan Vigipirate lié aux derniers événements a conduit à la fermeture temporaire du marché et la chasse des vendeurs à la sauvette.
Jeanne et Samuel de l’association Amelior confirment la fermeture de l’espace marchand porte Montreuil (rue et passerelle) avec intervention des forces de l’ordre de la DPP (Prévention et de la Protection de la Ville de Paris) et installation d’une benne à déchets.
La territorialisation du traitement des marchés biffins entre par exemple la Porte Montmartre, la Porte Montreuil, voire le Porte de Vanves, monte les limites justement de ce découpage municipal qui renvoie à chaque association, ici « Sauve-qui-peut » et « Amélior » chacune dans des logiques locales alors que la problématique est transversale, ne serait-ce déjà que par le déplacement des biffins d’un territoire à l’autre. Ce constat rend d’autant plus nécessaire une démarche collective où les associations arriveraient à sortir d’un enfermement territorial local pour concevoir une logique processuelle d’un développement régional, autrement dit « Sauve-qui-peut » pourrait tout à fait, même si historiquement elle est attachée aux luttes autour de la Porte Montmartre se donner une compétence régionale ce qui permettrait peut-être de resituer les enjeux et sortir de l’épuisement lié à des tensions historiquement localisées.
Yvan Grimaldi rappel l’histoire compliquée de la naissance du carré des biffins et de sa gestion, d’où la nécessité de trouver dans nouveaux espaces de régulation tout en faisant avancer la pensée politique qui est restée sur l’image des « marchés de la misère » ou d’un « capitalisme sauvage à pieds nus », c’est-à-dire une situation à traiter comme problème plutôt que de chercher des solutions. Comment des collectifs peuvent se remobiliser et réinterpeller le politique ? Ce sera dans tous les cas en sortant de cette opposition binaire entre traitement social et répression policière.
Samuel Lecoeur rappelle également la naissance des collectifs de soutien apparus au début de la mobilisation dans les années 2007 – 2008 jusqu’à 2011, mais qui se sont heurtés à la possibilité d’ouvrir de nouveaux espaces aux portes de Paris. Il s’agit peut-être aujourd’hui de trouver nouvelle forme d’intelligence collective qui correspond également à de nouveaux paradigmes de pensée d’action comme le souligne Yvan. Cependant, des perspectives s’ouvrent sur plusieurs villes, notamment Bagnolet. Nous espérons que notre collectif pourra aider à prospecter et contacté aussi des nouvelles collectivités territoriales, l’idée est de pouvoir faire avancer plusieurs municipalités en même temps puisque chacune a tendance à renvoyer la balle à l’autre et ne pas bouger isolément.
Yvan rappelle aussi le caractère expérimental du carré des biffins qui par moment a pu servir d’exemple pour une initiative à Toulouse. C’est aussi dans ce champ expérimental que peut se concevoir les rues marchandes, bien sûr comme une réponse immédiate à une demande, mais aussi comme l’ouverture d’un champ du possible ailleurs à travers la diffusion de l’expérience et de la connaissance. C’est peut-être cela qu’il est aussi important d’approfondir aujourd’hui et qui renvoie également aux modes de gestion de ses espaces marchands qui sont souvent réduits à une logique de contrôle de l’espace de la transaction.
Définir la qualité de ces espaces marchands et donner la possibilité pour les principaux intéressés, les récupérateurs vendeurs de s’écrire eux-mêmes et à travers eux leur propre histoire, bref produire de nouvelles connaissances est un enjeu aussi en soi socio-politique et socio-économique. Effectivement, l’histoire collective nous rappelle comment les formes de mobilisation des biffins ont pu être récupérées ou instrumentalisées à l’instar de l’histoire de l’éducation populaire ou des personnes décident au nom du peuple ce qui est bien pour le peuple comme le souligne Yvan.
L’enjeu est à la fois de faire comprendre dans l’initiation d’une forme complexe de type écosystémique est à la fois le fait que cette activité socio-économique se déroule dans son aspect le plus interstitielle hors cadre institutionnel et juridique. Les deux dimensions conjuguées de cette « culture outsider » rendent difficile, voire impossible, la compréhension du processus par les collectivités ou les institutions.
Jeanne Guien revient sur l’intérêt d’établir des modèles techniques quant à la mise en place des espaces marchands, créer un inventaire des compétences aux catégories professionnelles (artisan, encadrant de marché, médiateur culturel), des outils administratifs concernant par exemple l’accès au droit et d’autres questions.
Laurence Fontaine nous fait partager sa connaissance de l’international en indiquant que dans d’autres pays comme le Brésil ou le Botswana, ce type de marchés est reconnu et organisé, comme une activité utile. En Inde aussi les vendeurs de rue s’organisent, ils font des colloques.
Christian Weiss, rappelle en tant que géographe comment les différents espaces de la rue ont été progressivement restreints entre les façades où il y a l’habitat et les commerces, le trottoir, déambulation et la rue de circulation des voitures. Il est donc important de définir les espaces pour pouvoir les repérer géographiquement sur le territoire et les négocier.
Partenariats
Notre démarche n’est pas lié à un commanditaire extérieurs et n’est pas rattaché à une structure institutionnelle hormis les associations des membres du collectif. Il appartient donc au collectif de s’automissionner en fonction des chantiers qui voudra développer (voir plus bas « chantiers en cours ») et de développer des partenariats pouvant répondre à ses besoins puisque nous touchons à différents domaines : écodéveloppement, exclusion sociale, développement culturel, économie sociale et solidaire, urbanisme politique de la ville, etc.
Nous avons dans ce sens évoqué des programmes comme le PICRI (Partenariats institutions-citoyens pour la recherche et l’innovation) piloté par la région Île-de-France. Mais les conditions de remise du dossier en mars étaient trop justes pour envisager une réponse en 2015.
Cependant, rien n’empêche d’envisager des partenariats à géométrie variable où des supports associatifs peuvent relayer nos propositions. Par exemple le cycle de formation-action pourrait intéresser des structures d’insertion sociale et des fondations.
Un premier partenariat a été engagé en 2014 entre le LISRA (laboratoire social) avec le porteur de projet Via Paysage qui gère un soutien obtenu de la Fondation de France dans le cadre d’appels à projets.
En nous accueillant dans les locaux de la mairie de Paris pour nos rencontres, la Maison des Acteurs du Paris durable apporte déjà un soutien direct en nature même si comme le rappelle Guillaume Duffosé cela n’engage pas la politique municipale. Cette structure qui a pour but de développer un partenariat comme son nom l’indique avec des questions environnementales. Elle possède son propre site Internet indépendant (http://www.acteursduparisdurable.fr/) où il est possible de s’inscrire et présenter son activité. Il serait donc intéressant que le collectif rues marchandes y figure également. Cette structure offre la possibilité aux acteurs du territoire de se rencontrer, d’avoir une certaine visibilité. Sachant que cette agence de l’écologie urbaine soutient les initiatives qui permettent de réduire « l’empreinte écologique de Paris », en accueillant notamment des débats ouverts à tous. En 2015 sera organisé un événement grand public appelé « pique-nique de solutions » touchant aux thématiques de jardinage urbain, recyclage, d’alimentation.
Chantiers en cours
Il serait important une fois que le présent compte rendu sera validé que les membres du collectif indiquent quels chantiers ils aimeraient développer et quelles sont les conditions de leur implication. Voici une liste à compléter ou préciser de chantier :
Pôle ressource Web
Son adresse est : http://recherche-action.fr/ruesmarchandes
Ce support pourrait se donner comme objectif à la fois d’être un espace de visibilité et de consultation de différents documents et aussi offrir un support de travail collaboratif :
- Réseau: veille sur l’actualité des récupérateurs vendeurs, notamment l’actualité des marchés, directement consultable par les principaux intéressés les informant sur les opportunités, événements et manifestations en région parisienne
- Documentation technique et pédagogique: peut-être à concevoir sous la forme de fiches des outils directement appropriables sur des questions techniques concernant les statuts ou la mise en place des espaces marchands
- Documentation de recherche: documents de fond sur les problématiques autour des rues marchandes permettant de poser des enjeux dans l’espace public et partager une connaissance
- Écritures: Ouvrir un espace d’écriture individuelle ou collaborative permettant de mettre en récit collectif l’histoire de la biffe des biffins, c’est un enjeu en soi.
Formation-action
Employabilité et pouvoir d’agir : Elle toucherait à la fois les principaux intéressés, les récupérateurs vendeurs, mais également toutes les personnes qui pourraient être médiatrices dans ce processus comme les agents des collectivités territoriales. Il s’agirait de valider à la fois le circuit de l’objet comme une alternative viable du recyclage et en même temps la compétence des biffins comme un des agents travaillant sur ce recyclage, notamment cette culture du geste propre à l’esprit artisanal. L’idée d’une carte régionale attribuée aux biffins pourrait être l’incarnation de cette validation en termes d’employabilité et de statut de médiateur. Il serait donc important que ce cycle de formation-action soit reconnu par les autorités régionales et permette ainsi aux biffins de négocier en tant qu’« animateur de communauté » des espaces marchands. Ce n’est donc pas uniquement la qualité de récupérateurs vendeurs qui seraient reconnus, mais des compétences transversales avec cette capacité d’animer des espaces collectifs, de développer un travail en réseau.
Statut d’acteur chercheur : La remarque est faite que les biffins sont difficilement mobilisables et joignables en dehors de l’espace-temps du marché. Leur présence est de fait minoritaire dans ce collectif tel qu’il est constitué actuellement. Ce sont des personnes qui ne viendront pas obligatoirement se déplacer pour se réunir autour d’une table. Or justement la recherche-action ne peut exister sans que les principaux intéressés non seulement soient partie prenante, mais s’approprient le processus et maîtrise le sens de sa production. La formation-action est un des supports possibles pour former des acteurs-chercheurs parmi les biffins qui certes représentent peut-être une minorité, mais qui peuvent être justement animateur de communauté et siéger au même titre que Mohamed aujourd’hui et son association « sauve-qui-peut » comme coproducteur et coauteur de ce programme.
Minorités actives : Comprenons qu’il ne s’agit pas simplement d’une formation individuelle, mais aussi de pouvoir travailler sur des formes collectives, cela peut être compris sous l’appellation « animateurs de communauté ». En justement peu d’intervenants savent travailler sur les formes communautaires permettant de déboucher sur des minorités actives. Effectivement il s’agit de permettre aux biffins et plus généralement ceux à qui l’on accorde rarement une légitimité de parler et de construire une parole dans l’espace public, être reconnu dans leurs capacités d’auto expertise et ainsi alimenter le mouvement d’un rapport social dans un sens dynamique, capable d’aborder et de dépasser les aspects contradictoires et conflictuels.
La mise en place ce cycle nécessitera la réactualisation de l’étude réalisée il y a plusieurs années avec une reprise de contact auprès d’un certain nombre d’acteurs biffins qui seraient susceptibles de s’investir dans cette formation collective.
Étude mise à jour avec nouvelle cartographie sociale
Le travail d’étude entamée il y a 3-4 ans dans le cadre de la commande la région Île-de-France pourrait être actualisé de à contribuer au développement de ce travail en collectif.
- Conscientisation: Effectivement, la rencontre des biffins sous la forme d’entretiens ou de déambulation réflexive permettrait de les replacer au cœur du processus de recherche-action, dans tous les cas pourrait se formuler comme une invitation à nous rejoindre ce processus.
- Innovation sociale: les matériaux récoltés permettront d’alimenter les problématiques, pas simplement de manière théorique, mais aussi technique en fournissant des outils qui permettraient de répondre directement aux besoins des intéressés par exemple sur les questions des statuts juridiques et professionnels, les conditions de mise en place des espaces marchands, etc. .
- Cartographie sociale: nous pourrions en même temps imaginer une nouvelle carte graphique qui n’est pas simplement le recensement des lieux de biffe, mais aussi le croisement entre le parcours des objets et le parcours des biffins permettant de resituer l’économie du site du recyclage et des circuits courts à la fois dans une représentation humaine et géographique, ce qui permettrait de dresser de nouvelles cartes originales permettant de comprendre et de visualiser cette dimension écosystémique de nature complexe.
- Expérimentation: Enfin ce travail de formalisation à partir des matériaux permettrait de provoquer de nouvelles expérimentations ou de valoriser les initiatives existantes en prenant en compte l’ensemble de la dimension écosystémique des rues marchandes. Cette connaissance offrirait des outils et des supports à l’ouverture de nouveaux espaces en région parisienne ou ailleurs tout en dégageant les enseignements en termes scientifiques et politiques.
Restitutions et débat public
- Forum atelier: Même si ce n’est pas pour l’instant le chantier prioritaire puisqu’il est important dans un premier temps de nous organiser sur la structuration même de ce collectif et de ses problématiques, on peut imaginer que les matériaux et l’initiative s’accumulant le long des prochains mois, il serait intéressant un moment donné de les partager de manière publique de façon aussi avoir un retour et un débat dans l’espace public. On peut donc imaginer pour la fin de l’année 2015 une rencontre de ce type élargie à tous les sympathisants et les acteurs intéressés par notre démarche et que nous pourrions inviter dans une logique de work in progress La forme reste à préciser.
- Séminaires thématiques : entre le forum public et des réunions internes peuvent aussi se concevoir des ateliers en groupes restreints autour d’une problématique spécifique en invitant une ou plusieurs personnes extérieures à notre collectif ayant une compétence particulière sur cette question à venir nous l’exposer et ainsi de profiter de son ouverture pour enrichir notre outillage conceptuel et méthodologique
- Mois thématique: la Maison des Acteurs du Paris Durable organisera un mois thématique autour des questions du recyclage et serait intéressée par notre contribution qui pourrait donc se faire également sous la forme d’un débat public