Clé de Contacts

Présentation

Cette partie présentation est la synthèse d’un entretien réalisé entre l’équipe associative et le laboratoire de recherche (LISRA) le second semestre 2018.

Nous sommes un centre d’animation de la vie locale. Notre public c’est tout le monde, nous ne nous attachons pas au revenu, à l’origine sociale, culturelle ou géographique. Nous ouvrons au maximum les portes pour que le volume du public soit important. Ce sont les rencontres avec de nouveaux publics qui amènent de nouvelles idées et c’est cela qui nous font avancer. Si nous étions restés sur notre public historique, nous n’aurions pas autant de nouveaux projets, ce ne serait pas suffisant.

Nous accueillons les permanences de la CAF, CARSAT, Que Choisir, un conciliateur de justice, un défenseur des droits et la maison des adolescents qui font des rendez-vous psy avec des ados d’Aubusson. Nous gérons aussi l’accueil de loisir extra-scolaire. Nous n’avons pas une Délégation de Service Public générale, mais une délégation de service sur l’accueil de loisir

Nous travaillons beaucoup avec les associations locales, le club de canoë-kayak et le club de pêche, la ressourcerie à Felletin, nous faisons des interventions dans le cadre du Réseau REAAP , des événements, des accompagnements… On a créé un emploi mutualisé avec le club de rugby et financé par la région Limousin.

Des jeunes passent par l’accueil de loisir et on les revoit ensuite, ils finissent parfois animateurs Bafa, ou sont employés directement sur l’accueil de loisirs. Donc nos collègues de travail sont des jeunes qui ont choisi ce territoire, d’y vivre et d’y travailler. Ils sont attachés à l’association et à leur boulot. Puis ils sont impliqués sur le territoire, au-delà de notre propre association.

Nous faisons partie du réseau ALISO (réseau creusois des acteurs du lien social) c’est une association départementale qui regroupe les EVS, les centres sociaux et d’autres adhérents.

Problématisation

Cette partie propose de faire émerger des problématiques transversales à partie de l’analyse de l’entretien par l’équipe de recherche en dialogue avec la démarche réflexive engagée par les acteurs associatifs.

Souvent les réseaux territoriaux inter-structures comme lieux ressources sont plus actifs que les réseaux sectoriels verticaux. Alors que les collectivités territoriales ont du mal à se prononcer sur un projet de territoire, cela peut être le rôle d’un centre social de favoriser un conseil de développement local et populaire (ou « citoyen »). À quoi correspond la territorialité ? Selon quelle vision globale ? Alors que le territoire est déchiré par les problèmes socio-économiques, problèmes qui traversent également les associations, qu’est-ce qui construit socialement le territoire en terme de pratiques, d’activités, d’expériences, de liens ? Dans ces conditions comment peut se recomposer une cohérence territoriale ? Cela renvoie également à la question des compétences collectives, comment elle se forment, comment elles sont reconnues et validées dans le cadre des politiques publiques. Autrement dit, les animateurs et les éducateurs ainsi que les militants et bénévoles ne sont pas de simples techniciens dégageant une prestation ou une mission, mais également des producteurs de savoir à partir d’une pratique.

Si tout le monde reconnaît le caractère normatif, répétitif, épuisant des appels à projets, comment articuler les financements dans une autre logique de développement territorial ? Le paradoxe est d’être pris par ces logiques de demande de financement propre aux conditions associatives actuelles tout en étant considéré par les habitants et les bénéficiaires comme un service public du territoire. Cette contradiction est aussi liée à l’exigence paradoxale des personnes qui s’installent sur le territoire, dans une petite ville, tout en attendant les services d’une grande agglomération. Cela pose la question de l’implication des personnes dans un lieu d’activité, du rapport de celui-ci avec le territoire et d’une organisation à trouver autour du « commun » entre des services publics et des services privés.

Une telle organisation commune passe par l’ouverture d’espaces où il est possible de penser, de définir et d’expérimenter ensemble ce commun. Les « modes de gouvernances » ou, pour le dire de manière plus proche des pratiques, les modalités de prise de décisions, les rapports au pouvoir, l’organisation et la définition des rôles autour du bien commun, pourraient découler de ces espaces réflexifs.

Ces espaces territoriaux et communs peuvent également se décliner plus à l’intérieur des structures, notamment au sein de Clé de Contacts où se pose la question du rapport à l’activité, au temps de travail, à l’organisation et la coordination des différents métiers. L’expression d’une forme de débordement de l’activité, de « tout-azimuts », de manque de temps et de dispersion au sein de l’association, pourrait se mettre au travail, dans un rapport au temps plus long et au tempo moins intense, dans de tels espaces réflexifs « internes ». Tout en avançant sur des solutions économiques, partenariales et territoriales, à ce qui pressurise de l’extérieur, dans des espaces de réflexions communs sur le territoire, plus « externes » à l’association.

Contact

10 avenue de la République – 23200 Aubusson