Sommaire
CINE FLASH
- Guy JOUANNET
MUTATION ET TRAVAIL SOCIAL
- LA CATEGORISATION DES PAUVRES, Vincente de Paula
FALEIROS - LE BRICOLAGE DU SOCIAL Précarité et pratiques informelles, Jean Luc DUMONT Genevièvre GIBERT
INSERTION PROFESSIONNELLE DES HANDICAPES
- LE SENS DE LA VIE Accompagenement des grands handicapés, Michel TALEGHANI
- LE MIROIR AUX ALOUETTES
Reflet d’un décalage, Laurence CUETTE - UN SOUTIEN NECESSAIRE De l’handicap à l’insertion, Eric AUGER
- L’AVEUGLE ET LE MONDE DU TRAVAIL
Histoire d’une exclusion, Laurence CUETTE - UNE EXPERIENCE EN MILIEU ORDINAIRE, Interview de Gérard ZRIBI par Eric Auger
- REALITE ET PARADOXE Insertion Professionnelle des déficients auditifs, Francesco SCUDERY
D’ICI ET d’AILLEURS
- ESPERANCE ET DEFI Travail social au pays basques, Conception COREA
- CHRONIQUES INDIENNES Aspects du Tamil Nadou, Hugues BAZIN
Edito
La génération de « l’ingénierie sociale » s’ingénie à adresser aux pauvres travailleurs sociaux qui désespèrent un message de lumière. Bien mal éclairé devons-nous être qui cherchions entre formations et politiques sociales la source de notre identité et les raisons de notre « pratique professionnelle ». Recherche si peu fructueuse que nous doutions même de la pertinence de ce mot « pratique ».
Ainsi le travail social ne peut plus se tenir à l’écart de l’économie moderne. Il doit prouver sa rentabilité, compétitivité, performance ; concevoir les projets de développement comme autant de challenges. D’aucuns doutent de cette nouvelle référence à la productivité ; ceux-là même qui remettaient en cause le discours de la « technicité » emprunt au domaine médico-psychologique et garant d’une « neutralité » professionnelle. Ils se réfèrent à la dimension politique de la lutte contre l’exclusion.
Prendre cette dernière position aujourd’hui équivaut au rangement systématique dans le camp des post-« babas », allergiques à la modernité, idéologues d’une ère révolue ; derniers représentants d’une espèce de travailleurs paléolithiques vouée à l’extinction prochaine.
Cette stigmatisation démontre – s’il fallait encore le prouver – l’aspect dictatorial d’une idéologie qui ne dit pas son nom. Cette idéologie du consensus qui tue les alternatives avant de les nommées, de la « génération Mitterrand »(1) à « l’intégration des immigrés » (2) en passant par le discours sur le « capitalisme modéré » (3) et le « développement des villes » (4).
Justement parce que des mutations profondes bouleversent la société, repenser le travail social conduit à comprendre intimement quels sont les supports des solidarités, liens communautaires ou de proximité qui émergent et formeront les bases à venir d’une recomposition des pratiques sociales, culturelles et politiques. Les mouvements sociaux actuels définissent, même s’ils sont inorganisés ou éparpillés, une volonté collective d’accéder à la citoyenneté et, en premier lieu, à la dignité. Cette volonté s’exprime aujourd’hui sous sa forme conflictuelle. Le manque cruel de mode de régulation (représentation politique, sclérose institutionnelle, délégation des pouvoirs, expression publique et médiatique), conduit les rapports sociaux à des frictions multiples et les exclus à la violence.
Au moment où sont écrites ces lignes, les derniers événements internationaux qui assombrissent l’avenir appuient ces propos: le développement de la communication sociale entre les individus et les communautés contribue à renforcer les fondement d’une paix sociale durable.
Face à cette situation, le travailleur social est appelé à jouer un rôle de médiateur. L’observation-participante, l’action-recherche, contribuent au renouvellement de sa pratique et garantissent l’éthique de sa démarche. Ce rapport aux situations sociales, ce cadre relationnel, composent le creuset où se définit une identité professionnelle et se dégagent des perspectives porteuses d’espérances.
Dans ces conditions le travail social peut se considérer comme un métier d’avenir parce que porteur de ce que sera la société de demain. Afin que son témoignage enrichisse la connaissance et que son action se pérennise, il se doit de contribuer à l’élaboration d’une science sociale: un travail de recherche auquel nous espérons contribuer.
Hugues BAZIN
(1) La « génération Mitterrand » est morte aujourd’hui après de bons et loyaux services. Harlem Désir a compris un peu tardivement le rôle tampon d’un « SOS racisme » trop proche du pouvoir.
(2) Le discours politique, en cherchant à établir absolument un front consensuel sur une conception classique de l’anti-racisme n’a pas apporté de réponses significatives à la précarité administrative, sociale et économique caractérisant une frange importante de la population immigrée.
(3) discours rocadien qui a réussi merveilleusement à faire passer auprès de l’opinion publique le développement d’un secteur favorisé de l’économie sans qu’il puisse bénéficier à réduire le chômage.
(4) après 10 ans d’auto-félicitation sur le « développement social à la française » les ghettos sociaux existent toujours et nos « agents développeur »s essaient de comprendre « Vaulx en Velin