No 36 – Sommaire / Edito

Sommaire

En bouclant ce dossier nous nous sommes aperçus que nombreux thèmes abordés ici mériteraient un prolongement. Cependant l’ampleur du sujet rend l’exhaustivité difficile.
Fruit de plusieurs mois de rencontres, de travail entre jeunes du « Mouvement », travailleurs sociaux, universitaires et chercheurs, le numéro 36 de PEPS est conçu comme un outil de réflexion.
Le premier chapitre donne quelques clefs de compréhension en retraçant les sources de la culture urbaine et propose une définition des principaux termes employés dans ce dossier.
Le second chapitre pose un regard sur les mouvements et mutations sous la forme d’une critique sociale.
Le troisième chapitre envisage comment ce phénomène conduit à une évolution des institutions d’éducation et d’insertion.
L’équipe du dossier,
Ali ABDERRAHMANE, Hugues BAZIN, Raymond CURIE, Mehdi FARZAD, Damien MABIALA

Chapitre 1 : Mémoires

A partir du moment où on a commencé par falsifier notre histoire, il faut qu’on réagisse en reprenant notre histoire et notre culture.

  • P.6 : Le rock est mort vive le rock par Jorge de la Barre
  • P.10 : Reggae et hip-hop par Hugues Bazin
  • P.11 : Aux sources du raggamuffin par Super John
  • P.12 Nation Zulu par Damien Mabiala
  • P.14: Dix ans d’histoire dans les banlieues par Adil Jazouli
  • P.18 : Brève histoire du hip-hop français par Georges Lapassade
  • P.21 : Tag, Graff, danse et rap par Damien Mabiala

Chapitre 2 : Regards

C’est la perception de ce qui est visible : les bandes l’État, la retranscription des faits par les médias. En fait, peu de gens savent ce qui se passe…

  • P.26 : Le hip-hop dans la société médiatique par Georges Lapassade
  • P.32 : Les bandes, mythes et réalités par Adil Jazouli
  • P.34 : Histoire des bandes, reflet de la société par Maryse Esterle
  • P.38 : Identité, violence et critique sociale par Raymond Curie
  • P.41 : Histoire d’Antonio pas Pascal Obolo
  • P.42 : Vent de couleur sur la ville par Nathalie Begot
  • P.43 : Femme de Toulouse par Karima Ouabache

Chapitre 3 : Mouvement

Des jeunes disent appartenir un mouvement mais dans quel mouvement sincère les traverses sociaux entre parenthèses et autres professeurs, éducateurs, universitaires, intervenants), de quelle appartenance revendique-t-il ?

  • P.46 : Hip-hop, un défi pour les traverses sociaux par Guy Magin
  • P.48 : Pour une véritable action sociale par Anne Lyse Viel
  • P.50 : Lutte contre l’échec scolaire par Mehdi Farzad
  • P.56: Un espace culturel à l’université par Georges Lapassade

Édito

PEPS se mettrait-elle à «rapper» ? Il est de bon ton aujourd’hui pour paraître «branché» de suivre ce mouvement. Certains médias, producteurs ou décideurs peu scrupuleux cherchent à récolter quelques bénéfices en le parant des habits de la mode. Nous ne désirons pas jouer à ce «top 50» dont la superficialité transforme une aspiration légitime à la dignité d’une frange importante de la population en un simple produit de supermarché.
Il ne se déroule pas une semaine sans que paraisse un article extasie sur ce «nouveau phénomène» ou qu’un politique découvre éberlué une banlieue avec des gens qui y vivent et s’expriment, parfois avec violence.
Le nombre de paroles déversées sur le «phénomène» social et culturel urbain est inverse-ment proportionnel à la connaissance effective de ce qui se passe aujourd’hui dans la rue. Les médias, en premières lignes des accusations, représentent fidèlement un système basé sur l’immédiateté et l’événementiel. L’événement existe, il est d’un autre ordre. Sans être spectaculaire il révèle une mutation profonde.
Ce dossier – fruit du travail d’un collectif (jeunes, travailleurs sociax, universitaires,…) – s’inscrit dans une démarche d’ensemble:
Le numéro spécial de PEPS «Banlieue Cent Visages» (mars 89) suivi en mars 90 par la rencontre nationale du même nom, partait d’une intuition qui nous est apparue à tous comme une évidence:
– il existe une fracture profonde de la société, nous parlions de «société à deux vitesses»
– dans des zones urbaines – appelées «banlieues» -, étaient en train de se forger les outils qui transformeront la société de demain
– que l’un de ces outils puissants était représenté par l’expression culturelle et artistique; moyen de reconnaissance et d’affirmation d’une dignité.
– enfin qu’il était urgent et vital de tisser des réseaux, de renouer les fils d’un dialogue entre les principaux acteurs (la population des 15/30 ans principalement) et les différents partenaires et intervenants dans les quartiers (travailleurs sociaux, élus, représentants institutionnels et ministériels)
– que ces liens devaient être directs et marquer la fin de l’aristocratie de ceux qui «parlent pour..» ou «font pour…» Il fallait restituer aux jeunes leur titre «d’auteur».
Les événements qui se sont précipités depuis ont confirmé cette première perception; et quand M Delebarre rencontre directement des jeunes de Sartrouville (2), il ne fait pas preuve d’une «politique éclairée» mais d’un simple bon sens.
Nous pouvons regretter qu’il eut fallu autant d’années et de sang versé pour reconnaître l’évidence. Mais l’heure n’est plus au constat. Il est temps pour tous, non pas de mettre en place un nouveau développement, mais réinventer la notion de développement qui rangera enfin dans les rayons de la caricature les murs des cités transformés en murs d’escalade au même titre que le concept révolu «d’intégration».
Ceci exige de comprendre de façon intime les bouleversements et les mutations qui s’opèrent actuellement en commençant par ce qui en constitue la fibre même: le sentiment d’appartenance et de dignité.
Ce dossier pose une première pierre. Il sera suivi d’autres actions significatives tout au long de cette année qui reprennent les principes et la méthodologie de «Banlieue Cent Visages»: se doter de moyens de réflexion et de formation, ouvrir un espace de rencontre et d’expression…. Nos lecteurs en seront bien sûr les premiers informés.
Hugues BAZIN

(1) Le mardi 26 mars Djamel Chettouh (18 ans) habitant la cité «des Indes» à Sartrouville (banlieue nord-ouest de Paris) est tué par un vigile du centre commercial «Euromarché». Ce meurtre déclenche chez les jeunes de la cité une révolte attisée par les propos du maire de la ville qui les traite de «voyous»… Après plusieurs jours de flottement politique (aucun responsable gouvernemental n’ose se déplacer), Michel Delebarre, Ministre de la ville, rencontre une délégation des jeunes de Sartrouville le 4 avril à Versailles.

No 29 – Sommaire / Edito

Sommaire

DOSSIER

  • Introduction
  • La formation des instituteurs
  • Les pratiques quotidiennes _
  • L’historique de l’enseignement primaire en France
  • Conclusion par Mehdi FARZAD
  • Et si nous changions de lunettes par E. CARLIER et M. MARMIER
  • Il était une fois à Ivry-sur-Seine par Joël PHILIPPEAU
  • C’est l’affaire de tous par Nelly GAUGAIN

L’EUROPE ET LE TRAVAIL SOCIAL

  • Le travail social et la formation des travailleurs sociaux en Grèce par Pierre BECHLER

ACTION SOCIALE

  • Réveillons-nous ! par B. LEBOUILLE
  • Le secret professionnel ça existe ! . _ par Catherine VERDENAUD

RELATION EDUCATIVE

  • Beit’ham ; ou quand la maison est chaleureuse p.23 par Nelly GAUGAIN.
  • Groupe d’accompagnement social p,24 par l’Équipe de I’IRCAS

ECHO DES LUTTES

Édito

II y a un rapport au Conseil Économique et Social sur la toxicomanie parlant de soins forcés et du brave Patriarche. Il y un débat parlementaire sur l’abrogation de la loi Pasqua mariant le cher couple insécurité-immigration. Si le réflexe est un mouvement échappant à l’intelligence, les bons vieux réflexes sont toujours présents. Les cadavres que l’on croyait enterrés sous leur poids de bêtises vampirisent encore la vie sociale et politique.
Ignorance, incommunicabilité, mépris, idéologie grossièrement droitière, face à l’archaïsme d’autres réflexes vous poussent parfois à taper du poing.
Au-delà de la simple condamnation PEPS s’inscrit dans une démarche autre. Elle veut instaurer la prise de parole — les paroles sociales — comme outil de formation et transformation. Plus largement, ouvrir cette espace à la créativité.
Émanation des pratiques, la revue se veut être un outil de communication sociale où le lecteur n’est pas simple récepteur d’informations. Elle cherche à provoquer une relation réciproque.
Nous pensons que les travailleurs sociaux sont « co-producteur » du social. C’est déjà en s’autorisant à parler et écrire différemment qu’ils offrent la possibilité aux personnes qu’ils touchent quotidiennement d’être différent.
Hugues BAZIN

No 27 – Sommaire / Edito

Sommaire

FORUM SUR LE R.M.I.

  • Le SMIC, seul revenu minimum acceptable par Raymond Curie
  • Pour un Revenu Minimum Garanti par des associations de solidarité aux chômeurs et des syndicats CFDT
  • Les disposition pour les étrangers, texte de la Ligue des Droits de l’Homme et les association de solidarité avec les travailleurs immigrés
  • Réserves sur le projets de loi par Nelly Gaugain, assistante sociale
  • Revenu Minimum d’Insertion, Pouvoir Politique et Travail Social par Yvonnick PINSON
  • Position de la Fédération des Centres Sociaux

RELATION EDUCATIVE

  • Réussite Scolaire par Mehdi FARZARD, chargé de cours à l’université Paris VIII

ENFANCE EN DANGER OU ENFANT SANS DANGER

  • Mouvance sociale et enfance en danger, par Jean Marie Gallet
  • L’enfance en danger ne date pas d’aujourd’hui par Catherine Boulenger, éducatrice spécialisée
  • Travailleurs Sociaux en danger par Eric Auger, assistant social
  • Les Travailleurs sociaux à la une des Journaux britanniques par John Ward, Assistant Social

TRAVAIL SOCIAL A L’ETRANGER

  • Service Social en Tunisie par Marie NAVRE et Anne DAUVERGNE, Assistantes sociales

ACTION SOCIALE

  • Sciences Fiction autour d’un secret, par Armelle Mabon, assistante sociale

ECHO DES LUTTES

Edito

VITE LE CONSENSUS, QU’ON SE LAVE LES MAINS

Voici l’avènement d’une nouvelle ère internationale, le règne du consensus.
Se plaindre de l’incompréhension de certains membres de la classe dirigeante, du mépris de certains patrons, de l’inadéqua¬tion des relais institutionnels, de l’ambiguité de certaines poli¬tiques sociales, c’est évidemment se positionner en victime maso-parano bornée à des préoccupations catégorielles. Aujourd’hui nous devons travailler la main dans la main. L’ouvrier participe à la vie de l’entreprise, le travailleur social aux directives sociales. Il suffit de se retrouver autour d’une même table.
Ainsi nous apprend-t-on que les idéologies sont mortes, leur extinction sonne la fin des conflits. Il faut transformer la logique de la confrontation en celle de la négociation. Si nous sommes pas encore tous frères, nous sommes tous partenaires même si certains le sont plus que d’autres.
PEPS applique depuis longtemps l’interpartenariat. Elle en connait les richesses mais aussi les limites. Elle n’oublie pas que le premier partenaire des travailleurs sociaux est la population qu’ils côtoient quotidiennement. C’est dans ce cadre que le travail interpartenaire à un sens. C’est dans ce sens que la revue se positionne.
Etre partenaire à égalité exige d’être une force de proposition et de développer des stratégies. Cela implique la création d’une pensée autonome du travail social sur son travail et le social avec lequel il travail. Il s’agit donc de se donner des outils et un espace de réflexion. Pour ouvrir cet espace il faut que l’institution accorde du temps et de l’argent. Pour forger cet outil il faut que la formation ne soit pas axée seulement sur l’acquisition d’une technique professionnelle. Sinon le travailleur social res¬tera la simple courroie de transmission du pouvoir.
L’affichage d’une telle dialectique n’est-il pas le fruit d’un esprit nostalgique d’une époque révolue alors que nous allons fêter le bi-centenaire de la révolution dans la joie et la paix enfin retrouvées ?
Le travailleur social ne doit-il pas tendre toute sa vie à une neutralité bien veillante ?
Évidemment pour être neutre il vaut mieux être puissant ou avoir une autorité reconnue, sinon on reste un exécutant de ceux qui vous imposent d’être « neutre ». Mais enfin, de quoi se préoccupe-t-il puisque nous semblons tous d’accord dans le fond.
Si des lézardes rassurantes balafrent le mur du consensus, il existe cependant un accord tacite sur la défense, l’économie, le social, l’immigration… Ne vivons-nous pas dans une époque merveilleuse ? La rigueur économique est de rigueur mais nous allons sortir du tunnel; les chômeurs attendrons. La frange de la société marginalisée qui déborde sera mieux traitée grâce au formidable remède du R.M.I. Les immigrés peuvent toujours supporter la loi Pasqua, ne dit-on pas que Le PEN pose les vrais questions même s’il ne donne pas les bonnes réponses ? Quant aux contestataires, ils peuvent toujours crier! Il faut d’abord qu’ils percent la lourde chape des relais politiques, syndicaux et institutionnels. L’énergie déployée pour soulever la chape conduit inévitablement à des conflits durs. Présenter ces .conflits – sous la forme d’une pseudo-analyse – uniquement en terme de stratégie communiste (grèves du secteur publique) ou de manipulation trotskiste (coordination infirmières), c’est une nouvelle fois, à la limite de la désinformation, étouffer l’ex-pression d’un mouvement de fond qui dépasse la simple contestation catégorielle.
Qui d’autres, sinon les travailleurs sociaux, ont un rôle à jouer pour révéler ce qui se passe dans les cités, les banlieues, les entreprises, les institutions sociales, là où les indicateurs sociaux sont les plus criants ? PEPS ne se lavera pas les mains au lavabo du consensus.

Hugues BAZIN

No 26 – Sommaire/Edito

Sommaire

MYTHE ET RÉALITÉ

  • De la prison au contrôle social par Jacques LESAGE DE LA HAYE, Psychologue, chargé de cours à Paris VIII
  • Démocratie carcérale : Point de repère Par Pierre TOURNIER, Ingénieur de
    recherche au CNRS
  • Logique étrange Par Dominique LEMAIRE, Revue OTAGES

PRATIQUES PRISONNIÈRES

  • Le parloir familial et conjugal par Jacques LESAGE DE LA HAYE,
    Psychologue, chargé de cours à Paris VIII
  • Exploitation d’un canal de télévision interne à la prison de Fresnes par Raymond CURIE, Éducateur en Prévention spécialisée
  • L’expérience de Turin par Raymond CURIE, Éducateur en Prévention spécialisée

EFFETS A DÉFAIRE

  • Quels remèdes ? par Dominique LEMAIRE, Revue OTAGES
  • Être détenu aujourd’hui par OUNA, Médecin, Arthérapeute en milieu carcéral
  • La récidive et sa mesure par Pierre TOURNIER, Ingénieur de recherches au CNRS
  • Interview de Mme JARNOT-SALEM, Juge des enfants au Tribunal de Nanterre (92), par Patrick FREHAUT, Educateur de l’Education surveillée

SORTIE DE SECOURS

  • Vivre ou survivre , interview de Oudina WESTPAL, Assistante Sociale au Comité de probation de Paris, par Marceline BARAHONA, Assistant Social
  • Le D 49.1: Mise sous écrou par Danièle PETIT, Assistante Sociale au Comité de probation de Poitiers

REVENDICATION

ECHO DES LUTTES

BIBLIOGRAPHIE

Édito

La gégène est passée de mode. Cette forme barbare de production électrique est laissée aux sociétés peu démocratiques, mal dégrossies. Une société développée devait se donner des moyens de torture raffinés.
Imaginons. Une nuit sans lune, un tunnel plongé dans le brouillard, oui rien de plus noir… La non-communication dans sa plus pure et implacable réalité où nuit et brouillard font se rejoindre les deux extrêmes de la logique d’une société de consommation libérale poussée à son paroxysme.
Cela peut être les caissons d’isolement sensoriel, le dernier luxe arrivé sur le marché après le walk man et les lunettes noires, comble du nihilisme où la liberté proclamée s’emprisonne elle-même.
De l’autre côté de l’ombre, cela peut être les Q.H.S. bien connus dans nos prisons, rebaptisés (Q.I., Quartiers d’Isolement) afin d’étouffer une publicité un peu gênante.
« Il faut sortir du tunnel ». Mr Arpaillange croyait que les phrases politiques devaient être appliquées à la lettre. Il a simplement dit que maintenir les Q.I., prison dans la prison, était un fâcheux dérapage puisque légalement il n’y a pas de différenciation dans le statut des détenus.
M. Rocard qui n’aime pas du tout l’isolement politique lui a rappelé les exigences de l’ouverture. Ainsi la non-communication peut elle être partagée jusqu’aux plus hautes structures de l’état. Fermez la parenthèse.
La première réaction saine face à l’obscurantisme est de se scandaliser face à l’énorme gâchis principalement humain mais aussi social et économique que représente la détention de dizaines de milliers de personnes ; auquel il faut ajouter le coût du traitement social à la sortie de prison afin de soigner sans jamais y arriver totalement les blessures causées par ladite détention.
Ce numéro spécial de PEPS réalisé en collaboration avec la

revue OTAGES ne manque pas de battre en brèche les idées reçues et les lieux communs.
Cependant, s’attaquer à la logique de l’enfermement, versant de l’ombre de la logique sécuritaire est un travail de longue haleine. Le cercle infernal est bien implanté dans les mentalités, les discours et les actes où prime la démagogie plutôt qu’une politique courageuse.
Tous les indicateurs sont aux rouges. Les prisons surchauffées s’enflamment régulièrement. Mais rien ne pourra évoluer tant que l’univers carcéral sera compris comme un purgatoire sans retour possible à la vie terrestre, « A world apart », un monde ségrégué sans emprise sur la réalité sociale et économique, sur la vie simplement. C’est le principe de l’enfermement : évacuer les problèmes en les bétonnant. On va construire de nouvelles prisons comme on creuse un dépôt de déchets nucléaires : quand ça ne se voit pas, ça n’existe pas.
Aussi ce numéro spécial est conçu comme une interpellation qui prend la forme d’un cri à travers le témoignage de détenus.
Isolement sensoriel, non-communication, humiliation, les qualificatifs de la non-existence du détenu sont aussi les formes d’une déshumanisation de la société « évoluée ». Les murs s’étendent bien au delà du périmètre de la prison.
Les différents aspects de l’isolement touche aussi le travail social. Briser ses murs et dresser des ponts entre le travailleur social et le social avec lequel il travaille, c’est aussi le but des revues PEPS et OTAGES, de ce numéro. Prendre la parole et la donner, trouver un langage, construire une pensée constituent les meilleurs moyens de n’être pas les simples exécutants d’une politique ou d’une directive, d’influencer les mesures préventives, curatives et répressives dont la prison représente l’échec flagrant.
Hugues BAZIN

No 22 – Sommaire / Edito

Le développement local en milieu rural

Sommaire

ACTUEL

  • ASSISTANTES SOCIALES DE PARIS: LA CHASSE AUX SORCIERES, par Cather
    ine Verdenaud et Jean Marie Gallet. Trois assistantes sociales sont sanctionnées pour avoir signé une pétition
  • POLITIQUE ET TOXICOMANIE OU UN CAMP PEUT EN CACHER UN AUTRE, par Sylvie Catona et Philippe Bourglan. Le placement autoriatire pour les toxicomanes est toujours d’actualité

ACTION SOCIALE

  • SERVICE SOCIAL ET PROJET DE REHABILITATION. Une expérience à Clichy La Garenne, par Nombaba Hassani. L’implication d’un service social de Secteur dans un projet de réhabilitation d’immeubles vétustes

DOSSIER

  • DEVELOPPEMENT LOCAL EN MILIEU RURAL. L’insertion sociale et professionnelle de jeunes en milieu rural : expérience et réflexion
  • UNE EXPERIENCE DE DEVELOPPEMENT LOCAL DANS LA SARTHE
    L’action du centre social rural du canton de Montfort Le Gésnois
  • REFLEXION SUR L’ACTION DE DEVELOPPEMENT LOCAL EN MILIEU RURAL,par A Caillot et et J Y Besson

RELATION ÉDUCATIVE

  • VIE ET SURVIE D’UN B.A.P.U. DE POITIERS, par Danielle Petit et Philippe Bourglan. L’existence du Bureau d ‘aide psychologique universitaire de Poitiers est remise en cause
  • DE LA SUPERVISION, par Simone Chatelard. La supervision en travail social offre un espace d’analyse et d’évaluation

LE JEU DE L’INTERVIEW

  • RESEAU: PRATIQUE DEMOCRATIQUE? Interview de Marc Hoffmann (Mouvance et réseaux village) par Gérard Chabaud. Les réseaux permettent une réappropriation des individus et des communautés de la parole et identité

LIBRE EXPRESSION

  • CHRONIQUE ANACHRONIQUE, par Gisèle Gueller

Edito

LIBERTÉ SURVEILLÉE

Le vide tiraille comme un creux au milieu de l’estomac: ça donne faim et oblige de bouger même si au fond on sait qu’on ne sera jamais rassasié. C’est un besoin vital: aligner des mots dans sa tête, parler et être entendu, faire des choix et poser des actes; bref: communiquer et être reconnu. Le vide appelle le mouve¬ment et des milliers de lycéens et d’étudiants occupèrent la rue fin 86 partout en France. Cela devenait une nécessité, une évidence: se réapproprier un espace social où s’étendait le vide.
Mais parler et marcher sont des choses simples telle-ment difficiles : il faut savoir utiliser son corps et surtout les mots… Trop pénible de lâcher quelques paroles quand il y a ce fameux nœud dans l’estomac, ça empêche de respirer. Alors s’installe souvent l’incompréhension puis la violence. Abrupte d’un côté, institutionnalisée de l’autre.
Naturellement, le travail social devrait contribuer à offrir les moyens d’une mise en mouvement, d’une réappropriation de l’espace social,où la société travaille sur elle-même.Mais d’autres considèrent ce projet inadmissible, tellement dangereux: peu contrôlable et ne produisant pas de richesse sous la forme d’une plus value grossissant les capitaux.
Par contre, il existe un vide artificiel (il ne provoque pas de mouvement) qui apporte des richesses sonnantes et trébuchantes: celui créant le besoin jamais satisfait de con-sommer.
Et pour la pensée, nous avons le vide- plein, celui de la télé : quand elle est éteinte, on la croit encore allumée, ou celui des idées-suppositoires: plus c’est lisse mieux ça passe.
Le travail social doit participer à ce verrouillage, M. Chalandon nous le rappelle assez souvent. Son problème n’est pas vraiment la communication. Lui qui a le nez fin, presque « renifleur », ne peut sentir le personnel de l’éducation surveillée qui a l’audace de revendiquer des moyens décents pour travailler auprès de ces petits jeunes un peu trop turbulents appelés délinquants; il est hors de question d’offrir la possibilité aux éducateurs d’exprimer de façon intelligible un cri trop longtemps coincé dans les gorges juvéniles. Là où les corps se cognent et les vies se déchirent, la parole devient un privilège de riche.
Europe 1, le 10 octobre. M. Chalandon, lui, parle:
« Il y a plus d’éducateurs que de jeunes dans certains foyers…L’encadrement est trop souple… Entre l’emprisonnement et la liberté, il n’y a pas d’alternative…Les juges hésitent à envoyer un jeune dans un foyer, ils choisissent la prison. »
Conclusion non dite mais évidente: »si les éducateurs étaient remplacés par des matons, nous pourrions désencombrer les prisons en remplissant les foyers. »
Conclusion bien réelle: 60 postes dont 30 éducatifs non reconduits en 1988, 7 personnes convoquées en conseil de discipline, le délégué régional d’Ile de France et le directeur départemental de Paris relevés de leur fonction( motif: « n’appliquaient pas les directives de l’administration centrale »), etc.
Dans la série « Les grands bâtisseurs », après les chalandonnettes, voici les maisons Bouygues: le directeur de « Y’en a qu’une, c’est la Une » est en effet unique( ne pas confondre avec »cinq you la cinq »). Il n’aime pas un petit jeune trop turbulent appelé Polac qui donnait la parole aux gens sans voix. Il jugea cet espace de liberté vraiment trop flagrant. Heureusement il a restauré le « Droit de se taire ».
Mais on prend vite des habitudes et un raz de marée de protestation se leva.
Décidément, la liberté d’expression est passée de mode. M. Beneton, honorable directeur de la DASS départementale de Paris (DASES), n’aime pas, mais vraiment pas du tout, despetites jeunes turbulentes appelées assistantes sociales. Trois d’entre elles ont eu l’indécence de signer à titre privé une pétition pour le relogement de familles sinistrées du vingtième arrondi-semnt, simple expression pour le droit au logement et à la dignité. Expression de M. Beneton: » Ceci est inadmissible »( la pétition, bien sûr), « des mesures s ‘imposent » (au sujet des trois assistantes sociales évidemment). Suivirent les sanctions administratives: avertissements et mutations.
Mais parfois des gouttes d’eau bien innocentes font sortir les rivières de leur lit et les travailleurs sociaux de leur sommeil : 400 à la Bourse du travailde Paris, un millier dans les rues de la capitale entre Ménilmontant et l’Hôtel de Ville, presqu’une grève ou une mobilisation par semaine en sep-tembre et octobre.
Des décideurs prennent des mesures; plus précisément, ils prennent peur: les travailleurs sociaux ne risquent-ils pas de jouer un rôle politique? Comment ne pas comprendre leurs angoisses?Naturellement, ils obtiennent le résultat contraire car ils renforcent chez ces derniers la conscience de leur force collective. Merci, MM. Chalandon, Beneton et les autres qui ne manqueront pas de poursuivre l’œuvre ébauchée par ces illustres personnages. Vous soutenez notre conviction sur l’importance du travail social et notre détermination pour la reconnaissance des profes¬sions sociales dans leur statut et leur pratique.
Un voeu: au moment où l’éthique même du travail social est remis en cause dans son respect de la dignité humaine et de la liberté d’expression, la revue PEPS représente une fissure: soyez nombreux pour qu’elle devi¬enne une brêche.
HUGUES BAZIN

No 21 – Sommaire / Edito

Formation initiale des travailleurs sociaux

Sommaire

Économie Sociale

  • LES RÉGIES DE QUARTIER par Claudine DUSSOLIER. Des lieux d’expressions et d’échanges pour améliorer les relations sociales et le cadre de vie.

Travail social à l’étranger

  • LA FORMATION AU TRAVAIL SOCIAL AU CANADA FRANCOPHONE
  • par Michel TALEGHANI. Elle réussit à allier haut niveau théorique et implication dans les pratiques professionnelles

Relation Éducative

  • APPROCHE SYSTÉMIQUE EN TOXICOMANIE par Odette TOULET
    CASTERA et Phillippe BOURGLAN
    La famille érigée en système.
  • LES PROFESSIONNELS DE LA RELATION : RÉPONSE A TOUT ?
    par Simone Chatelard.
    La relation thérapeutique pour une AS d’entreprise.

Dossier

FORMATION INITIALE DES TRAVAILLEURS SOCL4UX Sur le
parcours, de la sélection au diplôme, de nombreuses questions se posent.

  • LA SÉLECTION : UN PARCOURS SEMÉ D’EMBUCHES, par Yvonne SARRAT
  • LA FORMATION OU MIETTES DE SAVOIR ? par Augusta EPANYA
  • LA VALEUR MARCHANDE DES DIPLOMES par Éric AUGER
  • MENACES SUR LE TRAVAIL SOCIAL… ESPRIT ES-TU LA ? par Philippe MOUGEL

Le jeu de l’interview

  • COMMENT EN PARLER ? Interview de Gérard CHABAUD (Association Drogue & Société) par Daniel TARTIER

Actuel

  • PEPS ÉTAIT PRÉSENT AU 8ème CONGRES DE L’ASSOCIATION NATIONALE DES INTERVENANTS EN TOXICOMANIE par Sylvie CATONA et Philippe BOURGLAN

Libre expression

  • UNE HISTOIRE ORDINAIRE par Odette-Anna TOULET

Edito

OBJECTION DE CONSCIENCE
Dans les pays pauvres appelés pudiquement « en voie de développement », l’arme la plus acérée pour tailler dans le lard des énormes inégalités, de la corruption, des petits et grands pouvoirs, se nomme… SAVOIR. Le savoir est subversif parce que libérateur ; confronté à la pratique du quotidien il apporte la conscience. Ainsi là-bas, les travailleurs sociaux ont appelé leur action, « conscientisation ».
Il s’agit de créer l’École pour ceux qui en ont été exclus en partant d’une autre : celle de la vie. Des faits, des paroles, des gestes de tous les jours sont restitués dans un contexte social, économique, politique. Les visages de l’oppression apparaissent, avec eux la volonté de les combattre en entrant dans un rapport de forces.
Dans les pays riches appelés étrangement « développés », le savoir est une question de spécialité, l’école une affaire de marché, l’universalité de la conscience n’est pas rentable donc tout aussi dangereuse.
Les travailleurs sociaux en formation légitimement s’interrogent. Ils se posent la question si à l’école, on ne les mène pas en bateau : justement là où le savoir pourrait atteindre sa pleine signification, il semblerait que tout le monde esquive les questions et ‘quitte le navire.
Difficile pour l’étudiant devenu professionnel, de provoquer à son tour chez les usagers du travail social une prise de conscience. Mais après tout, il ne lui est pas demandé de jouer au Che Guevara des banlieues, simplement d’être un bon technicien de la relation d’aide.
Conclusion : il faut que les élèves conscientisent leurs forma-teurs sur la situation d’oppression qu’ils reproduisent !
Hugues BAZIN