Dans cette nouvelle feuille de chou, Maëlle Cappello nous livre ses impressions sur le deuxième Atelier Biffin de la Porte Montmartre et propose une réflexion sur la forme du prochain atelier.
Le 21 Avril a eu lieu le deuxième atelier biffin. Radhia, Marie, Hugues, Mélanie, Martine, Chantal, Madame Dharmassena, et Monsieur Dembele étaient présents.
Hugues a disposé sur le mur les papiers avec certains mots et thématiques qui étaient ressortis lors du précédent atelier de façon a constituer une carte mentale. Il s’agissait de voir comment s’articulait chaque thématique en partant des discours de l’atelier précédent.
De là, nous avons discuté, et Martine nous a fait remarquer que l’entrée sur la question de l’objet n’était pas forcément pertinente pour faire venir de nouveaux biffins à l’atelier.
« Ça ne les intéresse pas de parler des objets, ils sont surtout intéressés pour les vendre plutôt que de venir en parler ».
L’idée de partir des objets nous avait paru pertinente pour aborder toutes les questions qui sont liées à la biffe. On se focalise au début sur l’objet puis un grand nombre de thématiques ressortent, comme la question de la répression, des vols, de la récupération dans les poubelles et dans la rue, le rapport entre marché autorisé et marché à la sauvette, la connaissance des clients, de ce qui se vend, de ce qui ne se vend pas, des temps et espaces pour vendre les différents objets, des relations qui se tissent entre biffins et clients, ou qui ne se tissent pas, ou plus difficilement qu’avant, entre biffins entre eux. Lors du précédent atelier il était aussi ressorti que le marché était un espace multiculturel, qui constituait une communauté à part entière, comme nous l’expliquait Mme Fatna, cliente habituée des marchés biffins.
Mais présenter l’atelier comme un lieu de discussion autour de l’objet n’est peut être pas très pertinent en effet. Il faut trouver de nouveaux point d’accroche. A ce propos, nous avons décidé de ne plus parler d’atelier d’écriture dont l’intitulé pourrait faire peur à certains et qui ne reflète pas l’activité réelle que nous menons lors de ces ateliers. Ces ateliers sont avant tout des espaces de discussion.
Au fil des discussions, une nouvelle thématique est apparue, portée par Martine : celle de la difficulté de s’unir dans la lutte. Le marché autorisé porte de Montmartre ne répondait pas aux attentes de ceux qui ont lutté pour l’obtenir. Beaucoup sont donc partis. Il y a désormais beaucoup de nouveaux, qui ont une place. Il y a des conflits entre eux et ceux qui vendent à la sauvette. Martine déplore un manque d’engagement de ceux qui disposent d’une place pour lutter pour avoir davantage de places pour tout ceux qui n’en n’ont pas. Or, il faut que tout le monde s’unisse. Selon elle, ils doivent se rendre compte que lutter avec ceux qui n’ont pas de place (plutôt que contre eux) est nécessaire pour eux aussi. S’ils déplorent le fait d’avoir plus de difficulté à vendre puisque ceux qui n’ont pas de place pratique des prix plus faibles, il y aura un impact bénéfique pour eux si tout le monde obtient une place.
Le problème c’est comment mobiliser ces personnes ?
Mr. Dembele explique aussi qu’il lui est difficile de faire venir les biffins aux ateliers. Ils souhaitent vendre plutôt que de passer du temps à discuter de tout ça. Mais il pense qu’il est utile de discuter et de faire ressortir les problèmes, notamment ceux de la misère.
Radhia nous a aussi fait remonté une information importante : l’organisation des ateliers le vendredi pose problème car c’est le jour où les biffins se rendent à la Mosquée.
Pour le prochain atelier, Mme Dharmassena a proposé que l’on parte de son livre pour ouvrir la discussion.
En regardant les papiers au mur, Mélanie se demandaient si les mots comme « écosystème de l’objet » ou encore « psychologie sociale des transactions » étaient des termes pertinents car ce ne sont pas des termes que les biffins utilisent pour parler de leur activité. Pour Hugues, il s’agit justement de s’approprier les mots et d’y donner un sens collectivement.
Préparation de l’atelier du 5 mai 2017
Avec Mélanie, nous nous sommes rendues chez Madame Dharmassena pour préparer l’atelier du 5 Mai.
Nous avons été superbement accueillies par elle, sa fille et son petit fils.
Après avoir mangé, nous avons travaillé sur la préparation de l’atelier.
Madame Dharmassena parlait en Sri Lankais et en Anglais, son petit fils faisait la traduction.
Elle nous a proposé de présenter son livre puis de demander aux biffins de dresser les portraits des biffins qu’ils connaissaient. Il lui paraît important de donner cette description des gens, qui permet de mieux les connaître, de se rendre compte de la diversité des profils des biffins qui se retrouvent autour de la même activité.
Suite a cette discussion, il a été convenu que Madame Dharmassena animerait elle même l’atelier. Son petit fils a accepté d’être présent pour faire la traduction entre le Sri Lankais et le Français.