Recherches collaboratives
Les savoirs techniciens sectoriels propres aux champs professionnels, académiques ou universitaires ont, par leur approche disciplinaire, du mal à aborder la complexité des situations que nous évoquons, par le fait même de leur division verticale et des enjeux catégoriels internes aux institutions qui les portent.
Nous n’opposons pas ces savoirs, mais cherchons plutôt à les croiser avec le savoir issu des pratiques sociales en indiquant à travers la dimension de laboratoire social que les praticiens de la recherche-action sont eux aussi en mesure de produire un savoir de type scientifique même s’ils n’empruntent pas la voie académique. Peuvent ainsi se croiser de manière fructueuse différentes logiques comme la logique hypothético-déductive (construire son objet pour vérifier ces « hypothèses » sur un terrain) et inductive partant des situations d’implication pour ensuite faciliter une montée en généralité par une problématisation.
Nous cherchons donc à ce que les espaces de nature précaire et éphémère des laboratoires sociaux s’inscrivent dans une certaine pérennité avec quelques soutiens en provoquant des interfaces avec le milieu institutionnel, notamment à travers les recherches collaboratives (lieu de croisement entre différents acteurs et partenaires de la recherche). L’espace interstitiel n’a donc pas pour vocation de rester en marge, mais de s’inscrire au centre d’une analyse des structures elles-mêmes qu’il s’agisse d’opérateurs comme les structures socioculturelles et d’éducation populaire, de laboratoire universitaire ou des pouvoirs publics. Ce rôle d’interface vise à instaurer un lieu de croisement des savoirs, de rencontres humaines et de légitimation des processus de recherche-action en invitant tous les acteurs concernés à développer une analyse critique des rapports sociaux dans lesquels ils s’inscrivent.
Nous avons été amenés à développer dans ce sens des partenariats de recherche avec le groupe « Croisement des savoirs avec les personnes en situation de pauvreté » animé par le mouvement ATD Quart-Monde en partenariat avec le CNAM, le CNRS, le GIS « Démocratie et Participation ». Nous essayons également de créer une plate-forme pour une recherche citoyenne avec les équipes de la MSH Paris Nord, l’INJEP et l’Alliance Sciences Société (ALLISS). Cependant, bien que les notions de recherche participative, d’empowerment et de community organizing soient reprises aujourd’hui dans le lexique de l’action, parfois comme synonymes de la recherche-action, il existe toujours un fossé abyssal dans la prise en compte des pratiques sociales, notamment dans les territoires délaissés ou « sans emprise ». La mobilisation des ressources de ces acteurs comme production de savoirs si elle n’est pas reconnue, réduit la possibilité de se constituer comme minorités actives, contre-pouvoirs et contre-expertises