No 27 – Sommaire / Edito

Sommaire

FORUM SUR LE R.M.I.

  • Le SMIC, seul revenu minimum acceptable par Raymond Curie
  • Pour un Revenu Minimum Garanti par des associations de solidarité aux chômeurs et des syndicats CFDT
  • Les disposition pour les étrangers, texte de la Ligue des Droits de l’Homme et les association de solidarité avec les travailleurs immigrés
  • Réserves sur le projets de loi par Nelly Gaugain, assistante sociale
  • Revenu Minimum d’Insertion, Pouvoir Politique et Travail Social par Yvonnick PINSON
  • Position de la Fédération des Centres Sociaux

RELATION EDUCATIVE

  • Réussite Scolaire par Mehdi FARZARD, chargé de cours à l’université Paris VIII

ENFANCE EN DANGER OU ENFANT SANS DANGER

  • Mouvance sociale et enfance en danger, par Jean Marie Gallet
  • L’enfance en danger ne date pas d’aujourd’hui par Catherine Boulenger, éducatrice spécialisée
  • Travailleurs Sociaux en danger par Eric Auger, assistant social
  • Les Travailleurs sociaux à la une des Journaux britanniques par John Ward, Assistant Social

TRAVAIL SOCIAL A L’ETRANGER

  • Service Social en Tunisie par Marie NAVRE et Anne DAUVERGNE, Assistantes sociales

ACTION SOCIALE

  • Sciences Fiction autour d’un secret, par Armelle Mabon, assistante sociale

ECHO DES LUTTES

Edito

VITE LE CONSENSUS, QU’ON SE LAVE LES MAINS

Voici l’avènement d’une nouvelle ère internationale, le règne du consensus.
Se plaindre de l’incompréhension de certains membres de la classe dirigeante, du mépris de certains patrons, de l’inadéqua¬tion des relais institutionnels, de l’ambiguité de certaines poli¬tiques sociales, c’est évidemment se positionner en victime maso-parano bornée à des préoccupations catégorielles. Aujourd’hui nous devons travailler la main dans la main. L’ouvrier participe à la vie de l’entreprise, le travailleur social aux directives sociales. Il suffit de se retrouver autour d’une même table.
Ainsi nous apprend-t-on que les idéologies sont mortes, leur extinction sonne la fin des conflits. Il faut transformer la logique de la confrontation en celle de la négociation. Si nous sommes pas encore tous frères, nous sommes tous partenaires même si certains le sont plus que d’autres.
PEPS applique depuis longtemps l’interpartenariat. Elle en connait les richesses mais aussi les limites. Elle n’oublie pas que le premier partenaire des travailleurs sociaux est la population qu’ils côtoient quotidiennement. C’est dans ce cadre que le travail interpartenaire à un sens. C’est dans ce sens que la revue se positionne.
Etre partenaire à égalité exige d’être une force de proposition et de développer des stratégies. Cela implique la création d’une pensée autonome du travail social sur son travail et le social avec lequel il travail. Il s’agit donc de se donner des outils et un espace de réflexion. Pour ouvrir cet espace il faut que l’institution accorde du temps et de l’argent. Pour forger cet outil il faut que la formation ne soit pas axée seulement sur l’acquisition d’une technique professionnelle. Sinon le travailleur social res¬tera la simple courroie de transmission du pouvoir.
L’affichage d’une telle dialectique n’est-il pas le fruit d’un esprit nostalgique d’une époque révolue alors que nous allons fêter le bi-centenaire de la révolution dans la joie et la paix enfin retrouvées ?
Le travailleur social ne doit-il pas tendre toute sa vie à une neutralité bien veillante ?
Évidemment pour être neutre il vaut mieux être puissant ou avoir une autorité reconnue, sinon on reste un exécutant de ceux qui vous imposent d’être “neutre”. Mais enfin, de quoi se préoccupe-t-il puisque nous semblons tous d’accord dans le fond.
Si des lézardes rassurantes balafrent le mur du consensus, il existe cependant un accord tacite sur la défense, l’économie, le social, l’immigration… Ne vivons-nous pas dans une époque merveilleuse ? La rigueur économique est de rigueur mais nous allons sortir du tunnel; les chômeurs attendrons. La frange de la société marginalisée qui déborde sera mieux traitée grâce au formidable remède du R.M.I. Les immigrés peuvent toujours supporter la loi Pasqua, ne dit-on pas que Le PEN pose les vrais questions même s’il ne donne pas les bonnes réponses ? Quant aux contestataires, ils peuvent toujours crier! Il faut d’abord qu’ils percent la lourde chape des relais politiques, syndicaux et institutionnels. L’énergie déployée pour soulever la chape conduit inévitablement à des conflits durs. Présenter ces .conflits – sous la forme d’une pseudo-analyse – uniquement en terme de stratégie communiste (grèves du secteur publique) ou de manipulation trotskiste (coordination infirmières), c’est une nouvelle fois, à la limite de la désinformation, étouffer l’ex-pression d’un mouvement de fond qui dépasse la simple contestation catégorielle.
Qui d’autres, sinon les travailleurs sociaux, ont un rôle à jouer pour révéler ce qui se passe dans les cités, les banlieues, les entreprises, les institutions sociales, là où les indicateurs sociaux sont les plus criants ? PEPS ne se lavera pas les mains au lavabo du consensus.

Hugues BAZIN