Présentation

Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action (LISRA) est une association 1901 issue d’un réseau « acteurs-chercheurs » qui s’est développé depuis une dizaine d’années. Ce sont des personnes ayant différents parcours socioprofessionnels et qui adoptent dans leur cadre d’activités une démarche recherche-action tout en se reconnaissant dans manifeste.

Présentation du LISRA

Objectifs

  • Favoriser la reconnaissance de recherches issues de l’expérimentation sociale très souvent née en dehors du champ scientifique institutionnel,
  • Légitimer la posture réflexive des acteurs qui développent ce type de processus et favoriser une validation et une évaluation des dispositifs collectifs qu’ils mettent en place.

Le LISRA anime également une plate-forme ressources Web (www.recherche-action.fr) qui est devenue un support de référence en matière de recherche-action. Ce support est aussi un serveur mutualisé qui permet d’accueillir des sites d’individus ou des structures désirant valoriser et partager leur démarche.

Méthodologie

Le LISRA a contribué dans plusieurs régions à la mise en place :

  • D’ateliers d’autoformation par la recherche-actionet d’accompagnement à l’écriture ;
  • De sessions publiques de croisements interdisciplinaires où se partagent sous différents supports les travaux des participants ;
  • D‘expérimentations et programmes qui se sont intégrés dans des logiques d’interpartenariat et de développement territorial ;
  • De recherches collaboratives avec des institutions universitaires.

Programmes

À titre d’exemple le LISRA :

  • A initié entre 2005 et 2009 un programme de recherche-action appelée » espaces populaires de création culturelle »[2] en partenariat avec l’Institut National de la Jeunesse de l’Éducation Populaire ;
  • A animé entre 2010 et 2011 un séminaire à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord en correspondance avec un programme intitulé « pratiques des espaces et innovation sociale»[3] ;
  • Est partenaire depuis 2013 d’un collectif de « cultures urbaines » organisant des assises et un réseau national[4];
  • Participe depuis 2013 et anime des sessions de rencontres dans la région de Grenoble avec des acteurs culturels sur le massif de Belledonne en partenariat avec l’association Scènes Obliques[5].
  • Anime depuis 2014 en région parisienne un programme inter partenaires appelé « rues marchandes » autour des problématiques des récupérateurs vendeurs, de l’écologie urbaine, économie informelle et espaces publics [6];
  • A initié depuis 2015 un programme « Parcours bruts »[7] dans le Limousin qui à pour but de valoriser et de produire des connaissances autour de trajectoires et des expériences de vie touchant au rapport à l’économie, à l’habitat et aux institutions.

Partenariat

Le LISRA développe les échanges en réseau et intervient à ce titre dans différentes rencontres. Ainsi, il est-il en relation avec :

  • Le programme « Participation et Croisement des savoirs » du mouvement ATD Quart Monde[8];
  • Le réseau des Collèges Coopératifs notamment celui de Rennes[9];
  • Le Laboratoire de la Transition Démocratique[10];
  • La Fondation des Sciences Citoyennes[11];
  • Le réseau de recherche-action participative GDR PARCS[12];

Les trois mode d’implication en recherche-action du labo social

Le laboratoire social décrit les dispositifs d’accompagnement qui combinent plusieurs champs d’application entre la production de recherches, la formation-action et l’expérimentation sociale.

Le laboratoire social essaie de favoriser l’implication en situation qui concerne à la fois une dimension individuelle (acteur-chercheur), collective (chercheur collectif), sociale (labo social).

L’acteur-chercheur

Sur le plan individuel, il s’agit de favoriser une démarche réflexive notamment par les outils méthodologiques des récits de vie, de l’écriture collaborative.

L’acteur-chercheur n’est pas défini par un statut, une mission, une appartenance professionnelle ou sectorielle. Il peut jouer sur ces rôles, mais ne peut se cantonner à une posture entre agent, acteur et auteur. Qu’il vienne du milieu de la recherche ou d’autres environnements socioprofessionnels, sa posture est de nature hybride et se définit par la capacité de construire une démarche réflexive vers laquelle il ira puiser les éléments méthodologiques utiles. Autrement dit, l’acteur-chercheur se définit par l’espace circulaire qu’il crée entre implication et distanciation.

C’est un espace aussi bien social, mental que géographique qui le caractérise comme sujet autonome, auteur de sa pratique et de son discours. C’est dans cet espace que l’on peut s’impliquer tout en impliquant l’autre.

La réflexivité est induite par son propre mouvement et son expérience comme matériaux de recherche comme mesures de retour quant à l’influence de cette connaissance dans le changement de sa pratique. La réflexivité appartient à l’outillage de l’analyse sociologique en situation (ethnométhodes) et participe à clarifier la posture de l’acteur-chercheur en situation. La démarche réflexive s’incarne donc dans la posture hybride de l’acteur-chercheur qui ne se situe ni comme acteur, ni comme chercheur mais dans cette boucle qui amène à sortir et retourner à l’action.

Nous parlons également de recherche-action « intégrale » ou « existentielle » pour indiquer que la recherche-action ne peut pas se limiter à un champ. C’est une approche transversale prenante en compte la complexité croissante du potentiel humain. La totalité et l’intégrité des dimensions humaines d’une démarche en situation ne seraient être prises en compte tant que la recherche-action est limitée ou réduite à un simple avatar méthodologique de la sociologie classique.

Elle prend alors le contre-pied en indiquant que la posture de recherche est avant tout existentielle. Cette distinction entre « méthode » et « démarche » permet de libérer la recherche-action des multiples courants qui tenteraient de la segmenter pour la recomposer dans une pensée complexe muttiréférentielle et transdisciplinaire.

Le chercheur collectif

Le chercheur collectif est un groupe-sujet de recherche dépassant l’addition des postures socioprofessionnelles pour construire une position collective négociée tout en permettant à chacun de se réapproprier le fruit de ce travail collectif.

Il s’agit – à travers des dispositifs de type atelier de recherche-action, atelier coopératif, autoformation par la recherche-action – de favoriser le croisement des parcours d’expérience et l’émergence d’un processus collaboratif.

L’atelier offre une unité de temps, de lieu et d’action avec un rythme de rencontres et se donne un objet limité, défini à partir des pratiques communes aux membres. Ces contraintes contribuent à structurer la conduite de recherche. Les réunions d’acteurs autour de problématiques communes amènent dans un temps donné à une production collective qui peut se finaliser par un écrit de recherche.

Le chercheur collectif est une manière de répondre au triple constat posé par le laboratoire social :

  • L’addition des intelligences individuelles ne suffit pas pour résoudre les problèmes sociaux, il est nécessaire de favoriser le développement d’une intelligence sociale.
  • Les dispositifs classiques sont absents ou inadéquats pour prendre en compte la complexité des situations contemporaines, il est nécessaire de concevoir de nouveaux modèles et outils de recherche et d’action selon une forme collaborative transdisciplinaire.
  • Créer des espaces autonomes de croisement et de regroupements créant leur propre référentiel d’évaluation pour sortir de l’injonction du résultat induit par l’ingénierie projet dans la commande institutionnelle dans une logique de marché concurrentiel

Dans cette forme collaborative il n’y a pas de chercheur professionnel prenant un point de vue surplombant. Il s’agit bien de travailler sur le même plan à partir de la situation créée par le collectif. L’intervenant professionnel se borne à provoquer et faciliter l’émergence de ce type de situation d’implication collective. C’est alors dans la relation circulaire de ce chercheur collectif avec un contexte social que se forme le laboratoire qui devient une entité sociale nouvelle et autonome se prenant elle-même comme matériaux de recherche.

Le laboratoire social

Le laboratoire social se caractérise par l’accompagnement d’expérimentations et par la nécessité de les valider à travers des critères endogènes du processus d’implication en recherche-action. Effectivement, nous comprenons que le laboratoire social se situe plus dans le champ instituant qu’institué et pour cette raison, il est mal reconnu par l’institution comme unité de recherche.

Le laboratoire social doit donc déterminer ses propres critères scientifiques d’évaluation qui peuvent constituer des passerelles avec des formes de reconnaissance institutionnelle ou académique. À ce titre, le laboratoire social peut négocier suivant les contextes un partenariat collaboratif pouvant valoriser la connaissance issue de l’expérimentation sociale et encourager l’innovation.

La vocation du laboratoire social est de favoriser des processus émergeant ou des acteurs-chercheurs s’auto-missionnent d’une recherche action pour répondre directement aux problématiques soulevées dans leurs cadres socioprofessionnels.

Une acception large considère comme « laboratoire social » toute situation sociale singulière ou originale dont on peut extraire une connaissance qui nous éclaire sur des questions de société. L’approche scientifique pour dégager des enseignements généraux d’une situation par définition particulière doit réunir plusieurs conditions :

  • La situation doit être suffisamment délimitée dans un continuum espace-temps pour en cerner toutes les relations internes (un quartier ou même le coin d’une rue peut offrir le cadre d’un laboratoire social, difficilement toute l’agglomération).
  • Le groupe concerné doit atteindre une masse critique pour que le jeu d’interactions provoque une forme systémique, cela ne dépend pas uniquement du nombre de personnes, mais aussi du type de rapports sociaux (un groupe restreint en conflit interne avec son institution peut transformer celle-ci en laboratoire social, c’est le principe de l’analyse institutionnelle).

La fabrication d’un laboratoire social comporte ainsi plusieurs dimensions :

  • Mise en place d’atelier coopératif et élaboration d’un chercheur collectif qui participent d’une communauté de pratiques et d’expertises nourrissant un corpus de connaissances.
  • Cycle de formation-action facilitant la mobilisation et le réinvestissement des compétences en situation dans les cadres socioprofessionnels.
  • Expérimentation sociale pour valider de nouvelles configurations collectives et poser un référentiel dans le champ d’activité concerné. L’expérimentation emprunte ses outils à la méthodologie positiviste comme processus itératif de correction constante d’hypothèses confrontées aux résultats d’actions[13].

Ces étapes sont données à titre indicatif et de nombreuses combinaisons sont possibles pour correspondre le mieux aux situations.

Nous pouvons considérer en définitive le laboratoire social comme un « tiers espace scientifique » entre la recherche universitaire et la convocation d’acteurs-chercheurs par des situations d’expérimentations sociales.

[2] Hugues BAZIN, Espaces populaires de création culturelle : enjeux d’une recherche- action situationnelle, Paris, Éditions de l’INJEP, Revue Cahiers de l’action, 2006.

[3] Les actes des rencontres du LISRA sont en téléchargement sur http://recherche-action.fr/ressources/docs-en-telechargement

[4] http://metissage94.fr/publications/

[5] http://recherche-action.fr/rob/

[6] http://recherche-action.fr/ruesmarchandes/

[7] http://recherche-action.fr/parcours-bruts/2015/09/16/parcours-bruts/

[8] Claude Ferrand s/dir, Le croisement des pouvoirs : Croiser les savoirs en formation, recherche, action, Éditions de l’Atelier, 2009.

[9] Nadine Souchard, Yves Bonny, Alain Penven, Jorge Munoz, La Fabrique Du Social, Expérimentation et innovation sociale, Programme de recherche ASOSc (2010-2012), Rapport final, Collège Coopératif en Bretagne, Université Rennes 2, Université de Bretagne Occidentale, 2013.

[10] http://www.transitiondemocratique.net/

[11] http://sciencescitoyennes.org/

[12] http://www.tela-botanica.org/wikini/gdr-parcs/wakka.php?wiki=PagePrincipale

[13] Il s’agit de définir une situation idéal-type qui permet de se projeter et faire évoluer la situation initiale (A), celle que l’on vit actuellement vers une situation intermédiaire (B), celle que l’on va expérimenter. Passer à la situation B, la mesure de l’écart entre A et B en fonction de l’ideal-type permet d’affiner l’outillage d’évaluation et de problématiser les enjeux modifiant l’idéal-type. Un nouveau cycle A’ vers B’ peut alors s’engager et l’idéal-type devient un référentiel permettant de diffuser publiquement les acquis de l’expérimentation. Nous avons procédé de cette manière avec un groupe d’intervenants artistiques à partir de la situation de l’atelier-résidence. Cela a permis de problématiser les conditions d’entrées (commande) et de sortie (production) de l’atelier résidence ainsi que de comprendre comme il pourrait constituer un écosystème basé sur un art du bricolage (idéal-type).