Écriture réflexive

Nous avons créé depuis 2002 une plate-forme ressources www.recherche–action.fr incitant à une mise en écriture de ces récits individuels et collectifs. Bien que l’écriture ne soit pas le seul support, elle reste le moyen privilégié pour nourrir ce processus qui se concrétise par des ateliers de recherche-action sur les lieux d’engagement.

Ainsi, l’écriture a été un élément structurant pour les auteurs dans le développement du réseau recherche-action. Il n’est pas simple d’établir une interaction entre pensée et action « médiée » par le langage. Ce travail réflexif est-il ponctuel ou continuel ? Sa fonction dépasse-t-elle une formation pour s’inscrire dans une transformation sociale ?

L’acte d’écrire peut-être une jonction entre un travail sur soi et un travail professionnel comme nous le remarquions dans un précédent travail[1]. L’écriture n’apparaît pas simplement comme une description de l’action, mais constitue en elle-même une action.

Nous parlons d’écriture réflexive pour la distinguer du récit d’expériences où elle puise ses matériaux. C’est dans ce reflet, cette prise de recul, que s’élabore un travail d’analyse qui ne contribue pas simplement à une réflexion, mais aussi à un changement. La réflexivité proprement dite est la prise de conscience de ce changement dans nos cadres de pensée et d’action. Ce n’est donc pas simplement une connaissance du processus, il s’ensuit une évaluation et une décision. C’est en cela qu’elle se conjugue parfaitement avec une démarche de recherche-action qui articule une production de savoirs avec une transformation individuelle et sociale.

L’écriture en recherche-action n’est pas formatée selon des critères académiques. Il n’en demeure pas moins qu’elle peut autant produire un savoir de recherche généralisable, qu’une validation d’expertise et d’acquis d’expérience ou encore une auto-analyse dans l’intimité d’un voyage intérieur. Nous pourrions dire autrement que c’est une écriture « transfrontalière » par son aptitude à réunir plusieurs modes d’analyse : analyse critique des rapports sociaux, analyse clinique des modes d’implication personnelle en situation, analyse stratégique des logiques de changement

Ce sont des écritures plurielles avec des vocabulaires et des grammaires différents comme autant d’univers personnels et situationnels, mais dont la mise en synergie contribue à la formation d’un imaginaire commun, d’une géographie sociale et mentale originale. Cette réflexivité contribue à définir la position d’acteur-chercheur ou de chercheur-acteur.

Le LISRA a notamment produirt deux ouvrages collectifs dans la collection des Cahiers de l’Action de l’INJEP :

Pour l’année 2020, le LISRA dégagera plusieurs axes thématiques d’écriture collaborative sous la forme atelier de recherche-action régionaux. Des passerelles peuvent ainsi s’instaurer dans la validation d’acquis et de formations-actions.


[1] BAZIN H., BOUHOUIA T., 2015, « Écriture de soi et travail social », Cahiers pédagogiques, no 518, p. 52-53.