No 39 – Sommaire / Edito

Sommaire

Dossier

  • Avant propos

MEMOIRE

  • Les apports successifs de l’immigration, de l’ethnie à la nation par Raymond CURIE
  • De la savane à la ville, les migrations en Afrique, par Jorge de la BARRE
  • Rapports de domination, des anciennes galères aux nouveaux galériens, par Hugues BAZIN

REGARD

  • Lettre Persane par Mchdi FARZAD
  • Arrêt sur image, immigration et racisme dans le cinéma par Guy JOUANNET
  • La communauté Zaïroise, une particularité par Damien MABIALA

PRATIQUE

  • Travail social en interface, projets des associations villageoises africaines en France par Daniel CURBELO
  • Rencontre avec des enfants Kurdes, Culture de résistance et action collective par Sylvie FEVRIER
  • Les couleurs de l’Ecole, accompagnement social et scolaire d’un groupe d’enfants par Cheikh Oumar BA et Jean,Marc OISEL

Rubrique

ACTUALITE SOCIALE

  • Los Angeles, la rue rend la justice par Damien MABIALA
  • Un toit, un droit !, expulsion de familles africaines par Jorge de la BARRE

TRAVAIL SOCIAL A L’ETRANGER

  • Récit de voyage au Brésil par Michel TALEGHAN

DEVELOPPEMENT URBAIN

  • Prenons en acte, Forum Les Cultures de la Rue
  • Intelligences de banlieues, un collectif associatif par Mustapha BOUDJEMAÏ

RELATION EDUCATIVE

  • Espoirs et limites des Etats Généraux des Educateurs par Jean Pierre VIVIER

ACTION SOCIALE

  • De la crise, dans le travail social par Jean Jacques DELUCHEY

Edito

« Immigration », dans quel sens ?

Encore un dossier sur l’immigration st-il question de se livrer à un exercice
intellectuel, d’élaborer un discours, après tant d’autres, sur un «sujet intéressant» souvent exploité par les médias, ou bien s’agit-il de produire des outils. susciter des actions afin de transformer une situation impossible?
A quoi sert, en effet, de parler des gens si, en même temps, on leur refuse le droit de cité à Paris, Vincennes, et en d’autres lieux où les étrangers originaires d’Afrique, en particulier, n’ont pas leur place ? Il en est d’ailleurs du logement comme de l’école, de l’emploi, de la citoyenneté…
Et comment aussi ressaisir l’immigration dans ses différentes figures ? Ce terme a tous les sens que le pouvoir trouve avantageux de lui donner (étrangers, résidents en foyers, sans papiers…). là où des enjeux économiques ou politiques sont présents. «L’immigré» n’est alors qu’un mot et un prétexte. Mais un peuple n’est-il pas le produit de mouvements successifs de populations venant d’ailleurs ? Sa culture ne représente-t-elle pas. pour l’essentiel, une mémoire qu’il a construite. façonnée peu à peu ? En parlant d’immigrés, nous prenons nos distances par rapport à un groupe d’hommes et de femmes qui nous ressemblent, comme si nous avions un peu honte d’une part de nous-mêmes. Il faut pourtant en convenir : nous sommes tous des immigrés…
On associe souvent immigration à une nécessaire intégration, mais là encore la question du sens se pose. Si l’on entend par intégrer, rendre conforme à un modèle assimilateur, c’est une imposition idéologique, une violence faite à des personnes. Si, à l’inverse, intégration signifie que des étrangers ont des projets sur une terre d’accueil comme ils en ont également chez eux et que ces projets peuvent être reconnus comme porteurs de valeurs novatrices, alors l’intégration est synonyme d’alternative, échange et changement en ce qu’elle relève d’une logique d’action créatrice.
La présence des «immigrés» fait peur. Cependant, car elle nous renvoie à nous-mêmes, à notre mémoire de colonisateurs, voire d’esclavagistes. Elle, ébranle nos certitudes. Un débat s’impose sur cette question et sur d’autres interrogations. notamment celle relative au travail social dans le champ de l’immigration : quelles sont les attitudes et les pratiques des T.S. ? Nous espérons que ce débat ait lieu à PEPS pour définir le contenu du dernier dossier sur ce thème, en octobre 1992.
Il faut penser les immigrés autrement et, pour cela en parler, mieux : leur donner la parole.
Alors ils seront peut-être perçus et nommés autrement ou. tout simplement. on ne les nommera plus. Parler de l’immigration pour ne plus avoir à en parler, voilà l’idéal !

Jean Luc Dumont