Chroniques Obliques
Initié le : septembre 2015
Initié par : Hugues Bazin
Proposition :
Chaque visite est une rencontre déambulatoire avec des acteurs/habitants du territoire qui s’ouvre sur un paysage intérieur et extérieur. Chaque déambulation donne lieu à un article publié sur le blog. Cette chronique constitue la trame d’un récit collectif qui enrichit une cartographie et un outillage conceptuel et méthodologique entre forme écrite et physique, matérielle et immatérielle pour les Rencontres de Belledonne.
Principe :
Les Rencontres de Belledonne sont un reflet du territoire : fermé ou ouvert, accueillant ou distant, … C’est décrire notre rapport au territoire et réciproquement. On peut aborder le territoire par ses limites (périmètre), ses frontières (administratives, géographiques, culturelles, historiques). Nous sommes là dans l’ordre d’une « identité appartenance », entre le « in » (ce que nous sommes dans le cadre) et le « out » (ce que sont les autres hors du cadre). Sans ignorer ou s’opposer à cette conception du territoire qui participe à façonner notre réalité, on peut aussi envisager le territoire comme un espace du commun, mosaïque de lieux d’accueil d’une diversité, de l’Autre, de l’étranger, de l’autre village, de l’autre communauté, de l’autre région, de l’autre pays. C’est une capacité de créer des liens inédits et d’ouvrir des espaces où une diversité peut s’exprimer. Nous sommes alors dans une « identité relation », elle se construit chaque jour un peu plus et nous enseigne sur ce qui fait paysage, patrimoine, bien du commun, tiers espace. C’est par cette entrée relationnelle que nous proposons d’introduire l’échange : quelles relations vécues participent au paysage, patrimoine, bien du commun, tiers espace, etc.
Ça serait une manière de parcourir le territoire à travers ce processus de co-construction et de collaboration sensible et intelligible. Cette déambulation n’est pas qu’une traversée, c’est une action. Il y a un lien entre mobilité spatiale, mentale et sociale. Cette relation entre les mobilités nous transforme et transforme ce nous entoure. Qu’est-ce qui se passe dans notre tête quand on bouge sur le territoire et qu’est qui se passe dans notre vie quand on bouge dans notre tête. Cette question est autant individuelle que collective, elle amène chacun à être acteur et co-auteur d’une histoire.
La visite de ces lieux d’expérience dévoile une géographie humaine, sociale et culturelle insoupçonnée qui se déplie comme la vieille carte fripée de trésors enfouis. Au fur et à mesure de notre pérégrination, nous visualiserons sur la carte ces points nodaux d’un maillage existentiel où chaque interlocuteur devient le guide d’un « contre-tourisme culturel ». Ces paroles récoltées participent d’un récit collectif non officiel. Chaque page écrite raconte une histoire émergente. Écrire transforme. Le vocabulaire légende notre vie autant que les légendes des cartes qui nous indiquant comment comprendre la réalité.
Or, ceux qui tiennent la plume et écrivent notre histoire sont les mêmes qui dessinent les cartes de manière fonctionnelle, plate et linéaire. Il existe d’autres histoires et d’autres cartes éruptives et discontinues, obéissant plus aux contingences désordonnées qu’à une rationalité calculatrice. Parce non écrites et non légendées, elles sont non légitimes et leurs auteurs invisibles. Cette histoire des « invisibles » témoigne le mieux de la relation entre pratiques et environnement, patrimoine et paysage, lieux et espaces. C’est en exposant cette trame créatrice et innovatrice que les Chroniques Obliques pourraient contribuer à éclairer l’« esprit Belledonne ».