Recherche-formation
le LISRA peut aider à un accompagnement à l’auto-formation par la recherche-action, voici quelques dispositifs possibles :
Les ateliers coopératifs
Les ateliers coopératifs sont une déclinaison du caractère instituant de la formation en recherche-action. Ils s’inscrivent directement dans la filiation des Collèges Coopératifs et prennent différents énoncés à l’instar des ateliers coopératifs de recherche-action (ACORA) impulsés par Chritian Hermelin[1] . Le principe est de s’appuyer sur les dynamiques en atelier pour favoriser l’émergence d’un « chercheur collectif ».
L’atelier offre une unité de temps, de lieu et d’action avec un rythme de rencontres et se donne un objet limité, défini à partir des pratiques communes aux membres. Ces contraintes contribuent à structurer la conduite de recherche. Les réunions d’acteurs autour de problématiques communes amènent dans un temps donné à une production collective qui se finalise par un écrit de recherche.
Transdisciplinarité
Le chercheur collectif est un groupe-sujet de recherche dépassant l’addition des postures socioprofessionnelles pour construire une position collective négociée tout en permettant à chacun de se réapproprier le fruit de ce travail collectif. « Il existe un rapport étroit entre la production de connaissances et la capacité d’un groupe, d’une classe sociale, d’un ensemble professionnel, de se produire comme collectif, c’est-à-dire de se poser à la fois comme sujet, mais aussi comme réalité sociale à reconnaître »[2].
C’est favoriser une qualité de relation entre des individus basée sur une libre association, un sens de l’intérêt général, une présence, une capacité d’aborder et comprendre en situation les relations humaines, une disposition à l’écoute et à l’échange. Chacun est considéré comme sujet autonome, auteur de sa pratique et de son discours. Il n’est pas en représentation ou en délégation.
Redéfinir une manière de travailler ensemble en créant des espaces coopératifs misant sur la créativité, provoquer des interfaces de transaction et de négociation de façon à ce que cette diversité participe à une intelligence collective. Même si ce « chercheur collectif » est un idéal type difficile à atteindre, équilibre entre une implication individuelle forte (clarté de positionnement en tant qu’acteur chercheur) et une dynamique de groupe (jeu d’interactions), il est possible d’atteindre des formes d’expérimentation qui dépassent la simple addition des compétences et des projets. C’est l’idée de « laboratoire social » qui innove des dispositifs et les nouveaux critères d’évaluation qui les accompagnent ;
Problématisation publique et work in progress
Regrouper le questionnement propre à chaque acteur dans des problématiques transversales autour desquelles peuvent s’organiser des séminaires de travail et être fait l’état des lieux des connaissances sur une question. C’est l’exercice de l’ « agir communicationnel », c’est-à-dire l’espace d’une confrontation rationnelle d’idées dans l’espace public. En permettant ainsi de poser des enjeux communs, les acteurs construisent une parole légitime et vérifient la pertinence politique de leur démarche comme option crédible d’une alternative démocratique, sociale, économique et scientifique au cœur de la réalité
Les ateliers coopératifs peuvent s’insérer dans des configurations plus vastes permettant de partager leurs travaux : des « chantiers » liés à d’autres dispositifs ou des « forums » ouverts à un public.
La formation-action
La « formation-action » ou « action learning » est une manière d’amener la recherche-action dans les milieux sociaux-professionnels, généralement à la demande des sites de travail pour répondre à un besoin spécifique. La formation-action s’apparente à des techniques de management lorsqu’elle est tributaire des contingences socio-économiques et organisationnelles. Mais elle peut devenir une recherche-action lorsque devient centrale la nécessité de lier la connaissance à une transformation. Inversement une recherche-action peut intégrer un moment de son processus un module de formation-action pour développer une expérimentation (voir « laboratoire social »).
L’« apprentissage expérientiel » est l’une de ces passerelles entre recherche-action et formation-action. Son principe « agir pour comprendre, comprendre pour agir » s’appuie sur des cycles alternant action et réflexion initiés par David Kolb[3] à la croisée des travaux antérieurs de John Dewey et Kurt Levin : partir de l’expérience concrète, puis l’observation réfléchie, puis la conceptualisation abstraite, puis l’expérimentation active pour revenir à l’expérience concrète.
Travail autobiographique
Nous constatons que les expériences passent moins par des formes instituées assises sur un territoire, des lieux, une histoire, bref une culture patrimoniale que par des zones temporaires d’expérimentation interdisciplinaire Les parcours d’expérience sont souvent complexes, d’autant plus complexes qu’aujourd’hui il n’y a pas de carrière finie, il n’y a pas de secteur cloisonné, les individus sont de plus en plus amenés à développer leur propre parcours d’expérience souvent dans des logiques d’auto formation où ils vont piocher à travers une mobilité sur le territoire dans différents champs d’activités.
Les acteurs concernés sont les mieux informés pour décrire leur réalité de vie et les enjeux dans la société actuelle. À partir d’entretiens individuels approfondis, les acteurs sont sollicités à réagir sur les matériaux qu’ils produisent, construire une parole sur leurs expériences, décrire leurs situations et les restituer dans un ensemble, pouvoir décrire son cheminement biographique, mettre en visibilité des situations fondatrices, des points d’articulation : l’important n’est pas de dégager la « vérité », mais une cohérence dans la description de son parcours. Il ne s’agit pas d’épuiser la description des faits, mais au contraire de la renouveler.
Il s’agit d’inciter les individus à entrer dans cette démarche autobiographique, puisque cette connaissance issue de l’intérieur même des situations vécues est porteuse d’enjeux profonds pour l’individu. L’analyse de contenu des entretiens dégage des unités de sens dans le matériau de l’entretien, partant du principe que la personne, dans le cours de l’entretien, en déroulant son parcours, le reconstruit naturellement et logiquement suivant les moments, les croisements, les expériences qui font sens pour elle-même.
Généralement ces unités de sens s’articulent autour de notions clefs. Ces notions clefs sont travaillées collectivement afin de s’entendre sur une définition commune.
Le travail autobiographique est un support nécessaire à la constitution d’un atelier régional de recherche-action (voir section suivante). Effectivement, la tenue d’une série d’entretiens sur une région contribue bien mieux qu’un simple « état des lieux » à mettre en valeur les ressources humaines territoriales. Nous pouvons décrire les mobilités qui construisent une échelle régionale pertinente d’action et de décision, avec ses lieux de rencontres et d’expérimentation. La recherche-action n’ajoute rien à la situation, elle crée à partir d’une situation avec ce que chacun apporte, elle n’invente pas le processus, elle l’accompagne. Sur un plan investissement/coût, la recherche-action apporte une plus value très intéressante en termes de développement.
Pratiques d’écritures
Permettre à travers des supports (journal de recherche, plate-forme collaborative, travail autobiographique) le croisement entre différentes écritures (recherche, journal, etc.). C’est un processus de production de connaissance « open source » en temps réel. C’est également à travers la démarche d’ « acteur-chercheur » une manière de dépasser l’opposition habituelle entre le savant et le profane, l’expert et le praticien. C’est enfin la possibilité pour les personnes qui le souhaitent d’établir des passerelles en termes de validation d’un cursus à travers la réalisation d’un mémoire.
Chacun peut ainsi se considérer et s’affirmer comme sujet autonome, auteur de sa pratique et de son discours, se donner la liberté de se positionner autrement que par une appartenance identitaire ou une posture catégorielle sectorielle. Le LISRA invite les acteurs-chercheurs à ouvrir un blog de recherche sur notre plate-forme de façon à développer et partager leur posture réflexive. Voir ici quelques exemples.
Travail collaboratif à distance
Portail recherche-action (www.recherche-action.fr)
Le domaine recherche-action.fr offre un support de travail collaboratif à distance d’une très grande modularité et richesse fonctionnelle. Il est conçu comme un support de travail coopératif à distance. Cette plate-forme a donc pour objectif de faciliter la mise en relation des personnes qui entament ou développent une démarche en recherche-action.
Elle offre à la fois des ressources pour approfondir cette démarche et des outils pour expérimenter des projets. Elle mise sur la créativité dont chacun est porteur. Chacun peut prendre une place dans ce processus de travail individuel et collectif en développant son propre parcours et devenir lui-même un élément de cette plate-forme en gérant son propre support internet.
Cela est rendu possible grâce aux évolutions technologiques apportées par Internet ces dernières années et au caractère des programmes informatiques qui supportent la plate-forme : ils appartiennent au domaine libre (licence publique) et sont donc totalement modulables, adaptables, évolutifs.
En effet, chaque site est géré par un programme autonome. La plate-forme peut alors se développer souplement et correspondre au plus près des situations contemporaines. Cette extrême modularité n’empêche pas une rigueur d’ensemble. La plate-forme propose cette cohérence en réunissant ces éléments afin de favoriser une synergie entre eux.
Écriture collaborative ou Wiki (http://glossaire.recherche-action.fr)
C’est un site d’écriture collaborative utilisant le principe wiki. Son utilisation est très simple et très souple. Dans la logique « open-source », le wiki est une forme d’écriture collaborative où toutes les personnes autorisées à modifier le contenu ont les mêmes droits de modification.
Il est destiné avant tout à permettre le travail en commun sur des textes, en particulier sur les « mots clefs », l’outillage conceptuel de la recherche-action.
Les sites wiki favorisent la création d’hyperliens en simplifiant l’écriture et en n’imposant aucune contrainte organisationnelle. Ainsi, chaque page web contient de nombreux liens qui la relient à d’autres pages, sans structure hiérarchique apparente. Il existe des fonctionnalités pour classer (catégorie) ou plus précisément retrouver les pages, mais elles ne sont pas indispensables. Le wiki devient donc un foisonnement de pages mises au même niveau et reliées les unes aux autres selon la logique propre au contenu de chacune.
Édition électronique (http://biblio.recherche-action.fr)
Le site permet une édition de qualité dédiée aux sciences humaines et sociales selon une étendue éditoriale qui ne demande qu’à s’enrichir en fonction des ajouts libres des coopérateurs à la plate- forme (il est très simple de proposer un texte à publier).
Géré par le logiciel Lodel dédié aux revues scientifiques en Sciences humaines, le site respecte les principes d’édition électronique : accessibilité, citabilité, structuration des contenus, formats et standards ouverts et libres.
[1] Christian Hermelin, L’acora (atelier coopératif de recherche-action), construction collective de savoirs d’acteurs en société, Paris, L’Harmattan, (Coll Recherche-action en pratiques sociales), 2009.
[2] Pierre-Marie Mesnier, Philippe Missotte, La recherche-action, une autre manière de chercher, se former, transformer, Paris, L’Harmattan, (Coll Recherche-action en pratiques sociales), 2004, p14.
[3] David Kolb, Experiential learning: Experience as the source of learning and development, Englewood Cliffs New.Jersev, Prentice Hall, 1984.
0 commentaire