Atelier du 13 juin sur les statuts du travail

Nous sommes retrouvés le 13 juin 2017 dans les locaux d’Amelior près du marché biffin de la Croix de Chavaux de Montreuil pour échanger à propos du statut du travail. Nous avons profité de la présence d’Isabelle qui a partagé avec nous son expérience des Coopératives d’Activité et d’Emploi. Nous avons posé sous formes de tableaux comparatifs les besoins des biffins et le statut de travailleur qui conviendrait le mieux.

Un statut pour les biffin-e-s ?

Les membres de l’atelier Rues Marchandes se demandent quel statut pourrait le mieux convenir aux biffin-e-s pour pouvoir vivre de leur activité. L’idée même d’un statut biffin pose problème étant donné les avantages qu’ils trouvent à l’informalité, qui entrent en conflit avec les avantages potentiels d’un statut.

Quels avantages ?

  • protection sociale
  • N° de sécurité sociale : accès aux soins, à des demandes de logement ou de papiers d’identité
  • Tranquillité, stabilité, reconnaissance sociale
  • Protection contre la répression policière
  • Lieu de vie et/ou de travail
  • Légalité et visibilité de l’activité
  • Avantages économiques : facturation, défraiement de TVA, mutualisation des ressources, développement de l’activité par sa mise en visibilité et l’inter-formation.

Quels inconvénients ?

Administratifs

  • travail administratif à effectuer
  • nécessité d’une maîtrise de la langue
  • nécessité d’une maîtrise d’outils de bureautique

Économiques

  • en entreprise : charges, obligations horaires, nécessité d’un fonds pour investir
  • en association : bénévolat, interdépendance
  • en auto-entrepreneur : charges, obligations croissantes

Sociaux

  • maîtrise de la langue
  • indisponibilité pour raisons personnelles diverses (obligations familiales, maladie…)
  • avantages sociaux pouvant entrer en conflit avec la pratique reconnue d’une activité (retraite, COTOREP…)

De cette réflexion, ainsi que des informations apportées par Isabelle, il ressort que la CAE serait la forme la plus adaptée à répondre aux besoins des biffin-e-s. Pour limiter les inconvénients listés ci-dessus, les membres de l’atelier se demandent que mettre dans une CAE (doc 2).

QUE METTRE DANS NOTRE (EVENTUELLE) CAE ?

 OBJETS

  • solidarité
  • recyclage et réemploi
  • économie populaire
  • artisanat à base de matière première secondaire
  • services au territoire et aux personnes : réparation, collecte, réduction des déchets, animation de l’espace public, échanges interculturels

RESSOURCES MATÉRIELLES

  • outils de bureautique
  • outils de travail artisanal mutualisés
  • outils de traduction et d’apprentissage des langues
  • structures pour vente ambulante
  • pôle de ressources culturelles (biblio et médiathèque thématique, mutualisation des supports de connaissance et de recherche sur la biffe)
  • lieu de réunion et de centralisation de ces outils

RESSOURCES HUMAINES

  • personnel administratif
  • interprètes et formateurs en langue
  • référent social / éducateur
  • permanence d’accueil et d’entretien du lieu
  • animateurs d’ateliers
  • référent d’accès aux droits

Bienvenue sur le blog des Ateliers Biffins !

Elaboration collective d’un guide culturel de la biffe

Vous pourrez suivre sur ce blog l’écriture, atelier après atelier, d’un guide culturel consacré à la biffe et aux biffins, élaboré par différents membres du collectif Rues Marchandes. Biffins, chercheurs, acteurs du monde associatif et tout citoyen intéressé par la question de la biffe seront invités à réfléchir à la meilleure forme à donner à ce petit livre qui se veut tout autant outil de diffusion qu’arme de reconnaissance.

Collectif Rues Marchandes

Depuis près de deux ans, le collectif de recherche-action Rues Marchandes, rattaché au LISRA (Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action) et en partenariat avec la MSH (Maison des Sciences de l’Homme) Paris Nord, met en relation différents acteurs et structures concernés par la question des biffins, récupérateurs-vendeurs d’objets trouvés dans les poubelles, et de l’économie solidaire.

Partant du constat d’un manque de considération de l’activité de la biffe d’une part, et d’autre part d’espaces marchands dédiés à cet effet, l’objectif du collectif est double :

  • Oeuvrer à la revalorisation du travail des biffins en particulier et des acteurs des rues marchandes en général – ces économies populaires de rue, bien souvent informelles, qu’on voit se développer toujours davantage dans les villes dites du Nord
  • Concevoir et réaliser des formes concrètes et reconnues d’expérimentation de ces rues marchandes.

« Les biffins récupérateurs-vendeurs – Guide indigène de la ville »

Parmi les différents outils développés dans ce but, le collectif propose de rendre compte de la situation des biffins de l’ïle-de-France tout en pointant quelques-unes des grandes questions que celle-ci soulève : questions de culture, d’espace, d’économie, de statut…

L’objectif du guide culturel est triple :

  • Visibiliser la biffe et l’économie populaire contre l’invisibilisation dont elle fait l’objet
  • Donner une autre vision des biffins (contre les visions misérabilistes, délinquantes et criminalistes dominantes) : montrer notamment comment les biffins font vivre la ville
  • Participer à l’autonomisation des biffins : auto-organisation, auto-politisation, auto-formation (via notamment des éléments de droits, de pratiques pour auto-gérer des marchés, etc.)