Il n’y a plus de raisons sérieuses

Il n’y a plus de
raisons sérieuses

De payer les factures, le loyer et les pots cassés.

D’aller au travail le matin, quand il nous assombrit.

De continuer de ramper alors que tout s’est déjà effondré.

Il n’y a plus de
raisons sérieuses

D’acheter quoi que ce soit, surtout ce
dont on a besoin.

De penser que ça se mérite.

De parler la langue des managers, des
journalistes et de faire nôtres leurs logiques.

Il n’y a plus de
raisons sérieuses

De respecter les frontières, les plans
d’urbanisme et les feux rouges.

De s’identifier à quelconque nation,
patrie ou région.

De fermer les yeux (ou celui qu’il nous
reste) quand c’est la République qui écrase les peuples.

Il n’y a plus de
raisons sérieuses

De s’abandonner aux simulacres
électoraux et d’avoir espoir en la représentation.

D’attendre de l’Etat autre chose que la
foudre économiste et policière.

De se croire protégé.e.s par la
justice et la loi.

De s’obstiner à se réclamer de
valeurs universelles qui font couler sang et larmes.

Il n’y a plus de
raisons sérieuses

De raisonner la colère plutôt que de
la laisser nous éclairer.

De revendiquer plutôt que de
s’organiser.

De faire tomber des arbres plutôt que
des vitrines.

De frapper à la porte plutôt que de
mettre le pied dedans.