Sommaire
P4 Michel TALEGHANI
L’EPUISEMENT PROFESSIONNEL : UN ETAT DES LIEUX
Compréhension des conditions et des phases du syndrome
p 6 Joelle PHILIPPE – Monique BOUEL HARRAG
HISTOIRE D’UNE ENQUETE :
Compte rendu d’une enquête sur l’épuisement professionnel dans un service de protection de l’enfance
P 9 Karine FERNANDES
AU DELA DES APPARENCES…
Une enquête sur l’épuisement menée auprès d’assistants sociaux de polyvalence de secteur
P10 Jean Jacques DELUCHEY
URE DANS L’UNIVERS BUREAUCRATIQUE :
Les avatars d’une décision dans les labyrinthes administratifs
p 12 Hugues BAZIN
LA DICTATURE DU PARTENARIAT
Une critique acide du partenariat, comme forme d’appropriation d’un pouvoir.
P16 Raymond CURIE
TRAVAIL SOCIAL FACE A LA DECENTRALISATION:
Analyse des politiques sociales dans le cadre de la décentralisation
P18 Martine COMELERAN – M. GAVILAN
UN METIER SUR LES PLANCHES
Une troupe de travailleurs sociaux mettent en scène le quotidien de leur métier
P 20 Jean Claude BARDOUT
L’ECHANGE UNILATERAL
Figures d’épuisement et ruptures de communication
P22 Jean Luc DUMONT
PRATIQUE A LA THEORIE :
Pour une réappropriation par les travailleurs sociaux du sens de leur expérience professionnelle
P25 Frédéric BLONDEL
DATION COMME OUTIL DE CHANGEMENT
Vers une collaboration dynamique des travailleurs sociaux à l’évaluation de leur institution
P28 Nelly GAUGAIN – Eric AUGER
ASSISTANT SOCIAL, UN METIER QU’ON CASSE
La mobilisation chez les assistants sociaux en grève
P31 Joël BARTHELEMY
LA POLICE, PARTENAIRE DES POLITIQUES DE PRÉVENTION
Dépasser les contradictions entre la prévention et la répression
P34 Guy JOUANNET
BONHEURS MULTIPLES D’UNE RENTREE CINÉMATOGRAPHIQUE
Edito
L’ANTI-DOTE
L’épuisement professionnel est un sujet qui a suscité tin grand intérêt parmi les travailleurs sociaux. Les raisons en sont nombreuses. On pourrait citer, l’écart qui se creuse entre la représentation de la profession chez :es jeunes professionnels et celle que décrivent les « anciens », le manque de perspectives dans l’évolution des carrières, ou les dégradations des conditions de travail.
Les raisons de cet épuisement interrogent le sens môme du travail social et dans une certaine mesure, sa légitimité. Les réaménagements identitaires qui en découlent sont parfois douloureux, obligeant pour chacun à redonner un contenu significatif à sa pratique professionnelle.
Poser la question de l’épuisement professionnel, c’est d’abord prendre en compte une réalité que chacun se cache plus ou moins, car elle remet en cause ses propres motivations, car elle interroge sa trajectoire professionnelle et parfois même ses compétences.
Pour les responsables des institutions, la tentation est grande de réduire ce syndrome à une difficulté personnelle du travailleur social ; cela permet d’éluder la dimension du sujet à l’organisation, évidant ainsi de placer le questionnement dans sa dimension institutions/ lie.
Le travailleur social est souvent confronté aux lourdeurs des démarches administratives à mettre en œuvre pour solutionner une demande. Quand il perçoit les moyens potentiels pour y remédier, les propositions qu’il peut faire se perdent souvent dans l’inertie bureaucratique ; elles se heurtent à la peur du changement, aux conflits de pouvoir et à bien d’autres facteurs. Le constat de dépenser beaucoup d’énergie avec peu de résultats significatifs épuise ‘I Quand on est dessaisi de ses « productions » (écrits, analyses, expériences novatrices) on s’épuise ! Quand on acquière des diplômes supplémentaires et qu’il n’y a pas de perspectives d’exercer ses nouvelles compétences, on s’épuise…Chacun pourrait se retrouver dans ce mini inventaire des situations.
Est-ce à dire que nous sommes marqués par le syndrome de l’épuisement professionnel ‘ En fait, chaque individu réaménage continuellement des solutions : adapte ses stratégies personnelles (moins coûteuse psychologiquement) et trouve ainsi des compromis qui redonnent un sens à sa pratique professionnelle. C’est dans cet espace de « compromis », que des perspectives de changement s’avèrent possibles. Cela nécessite une certaine rigueur dans notre pratique et une révision de notre méthodologie d’intervention… sous peine de procéder à un ‘bricolage du social’.
C’est dans cette visée que nous avons élaborer ce dossier. Après avoir dressé un état des lieux et exposer différentes figures de l’épuisement professionnel, nous avons voulu explorer des pistes d’un changement possible.
Éric AUGER