Parmi les réseaux d’éducation populaire, Culture et Liberté se définit à l’origine comme « association pour le développement culturel du monde du travail »…
…et présente en effet la spécificité d’être historiquement issue du milieu ouvrier et de ses luttes. Encore actuellement, au niveau de l’association nationale, l’activité garde un lien « organique » avec les syndicats, puisque, depuis une vingtaine d’années, nous formons des militants et représentants du personnel, à l’expression écrite et orale, aux méthodes d’animation, d’intervention et de négociation, ainsi qu’aux aspects techniques de leurs fonctions électives.
Mais voilà : dans la durée, ce qui apparaissait initialement comme un apport de compétence bienvenu étayé par une visée de transformation sociale glisse vers la prestation et subit « l’étreinte mortelle » de la pression économique...
… et perd relativement de son sens et de sa dimension d’engagement, se routinise voire se durcit dans les tensions budgétaires et/ou organisationnelles..
Au niveau institutionnel, la relation entre Culture et Liberté et ses partenaires syndicaux tend par conséquent à perdre de vue la perspective commune de transformation sociale, même si les formations dispensées sont toujours l’occasion, pour les participants, d’échanger, de réfléchir et d’acquérir de nouvelles connaissances et savoir-faire.
L’enjeu : réactiver cette perspective commune…
…en évitant la nostalgie d’une époque révolue et prétendument plus militante (?), engagée (?), politiquement consciente (?).
Face au contexte social, économique et culturel d’aujourd’hui, comment les acteurs de Culture et Liberté et leurs interlocuteurs syndicalistes peuvent-ils réfléchir, chercher et inventer ensemble de nouveaux espaces de réflexion partagée et de questionnement réciproque, et expérimenter des formes d’action conçues ensemble qui questionnent et déconstruisent les nouveaux vecteurs d’aliénation et de domination au travail ?
L’objectif, en deux temps
Se reconnaître dans ce que nous partageons…
- des fragments d’histoire, des valeurs, la référence à l’auto-organisation individuelle et collective, l’émancipation et l’autonomie
- la finalité de transformation sociale portée par une partie du syndicalisme et une partie de l’éducation populaire
S’apprendre en se décalant
Le pari est de s’appuyer à la fois sur nos différences de perception et de point de vue, nos interrogations et nos savoir-faire, et de les confronter.
Nous avons des sensibilités communes, au-delà de terrains d’intervention différents. Comment cela peut-il donner lieu à une construction dialectique de nouveaux possibles ?
Le support : le Centre de Ressources Interinstitutionnel (CRI), un mode de « co-production » spécifique
- par l’organisation de rencontres, réunissant plusieurs acteurs de l’EP et du syndicalisme, afin de les mettre en dialogue ;
- par le recueil de leur parole plurielle et dialectique, de leurs concordances et divergences, et de leurs perspectives ;
- surtout par des expérimentations co-construites :formations-actions, enquêtes participatives étayées par l’expertise croisée de salariés et de chercheurs / praticiens du milieu du travail.
Contact : Anne MEYER <Anne.Meyer@cultureetliberte.org> – Culture et Liberté