Dénouer le travail : L’expérience du Cycle Travail comme recherche et autoformation collective

Le Cycle Travail est né d’une insatisfaction, d’une souffrance, voir d’une incapacité à travailler tel qu’on nous le demandait, dans le cadre des entreprises et de l’économie actuelles, et selon les critères dominants de la « réussite professionnelle » qui résonne pour nous aussi durement que l’esclavage. Le Cycle Travail s’est donc constitué autour d’une contre-proposition, celle de se donner les moyens de vivre de la manière la plus libérée possible des contraintes productivistes, concurrentielles, carriéristes et managériales qui assujetissent nos activités. Et ceci allait passer par la recherche, l’autoformation, l’échange d’expérience, l’écriture et des plans communs.

A notre inadaptation au monde du travail d’aujourd’hui se sont ajoutées plusieurs couches de réformes séparant davantage l’activité humaine de l’humain (CICE, Loi Travail, Loi sur le Renseignement, Ordonnances actuelles…). De là, des mouvements sociaux ont pris corps, qui sans pour autant faire plier les gouvernements en place, nous on permis de nous rencontrer, de discuter, et surtout, de nous organiser. Armés d’une police dangereuse et d’un levier économique qui nous écrasent, les gouvernants n’ont que faire de nos Nuits Debout et de nos marches diurnes. Il nous revenait de ne rien attendre d’eux en retour. Nous avons donc profité de leurs lois esclavagistes et liberticides pour nous rassembler autour d’un plan. Voilà tout l’intérêt de l’époque.

Depuis le printemps 2017, chez nous à Tulle, des groupes issus des mouvements sociaux se sont constitué pour cheminer ensemble autour d’une idée ; nous ne comptons pas vivre comme ça (en consommateurs, en travailleurs, en citoyens… c’est à dire dans tous les rôles passifs et contre-révolutionnaires qui nous sont données d’incarner) une seconde de plus.

Cette histoire là a rencontré la trajectoire d’autographie.org, un collectif d’auteurs qui ont pris le parti d’écrire ensemble leur « contre-histoire contemporaine », pour ne pas laisser les représentations, les médias et les discours dominants dirent à leur place (et détourner) ce qu’ils étaient en train d’expérimenter comme forme de désertion du monde tel qu’il est. Ce collectif là est aussi proche du LISRA, qui facilite les croisements entre les expériences par delà leurs identités, leurs disciplines et leur secteurs, sur la base d’une démarche de recherche-action commune.

De telles rencontres s’opèrent dans un contexte local où des initiatives locales émergent depuis une dizaine d’années (le Battement d’Ailes, Medication Time, Tarnac…) en organisant leurs activités autrement, dans un rapport à l’argent, au travail et à son organisation, qui tente de prendre la tangente de notre société exploiteuse.

Puis Peuple et Culture en tant qu’association d’éducation populaire et par connivence avec ces démarches, met ses moyens en œuvre pour rendre l’espace de recherche-action possible.

Ces histoires qui se croisent (et la présente énumération est loin d’être exhaustive), ont accouché du Cycle Travail, comme groupe de recherche-action autour du vécu au travail et des manières de le transformer. Nous nous retrouvons une fois par mois, entre 15 et 60 personnes. Le groupe est composé de travailleurs, de retraités, de chômeurs, de bénéficiaires du RSA, de syndicalistes, d’élus locaux… Mais chacun se positionne autrement que par ces casquettes et catégories sociales là, car notre liant, nos raisons d’être ensemble, tiennent à l’envie de comprendre ce qui nous arrive au travail, au désir de s’autoformer par la recherche, au besoin de se dire que c’est possible par le récit d’expériences concrètes de « travail autrement », à la nécessité d’écrire et d’analyser le processus qui nous traverse en tant qu’individu et en tant que groupe, et à l’urgence de poser les plans d’une construction commune.

Le Cycle est donc rythmé par ces 4 temps (recherche, récit, écriture, construction commune), et nous lui confions la tâche de dénouer ce qui se contracte de manière insupportable dans notre travail ou dans notre activité. Le but n’est pas de sauver le travail ou l’emploi, mais plutôt de nous sauver des contraintes qui enserrent nos activités et productions.

Contact : Nicolas Guerrier <nicolas.guerrier.ra@gmail.com> – autographie.orgParcours Bruts

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