L’initiative de La Chimère Citoyenne démarre en 2005 à Voiron, avec l’association ENTR’ACTIFS. Cette association est composée de chômeurs, de personnes allocataires des minima sociaux, de personnes en situation de handicap, mais aussi de professionnels de l’accompagnement, de salariés, chefs d’entreprises, libraires, médecins, retraités.

Notre objectif ? Se connaître, s’entraider, comprendre notre société dans toute sa complexité et, bien sûr, imaginer des solutions.

Écoutons la voix de Claude, ami allocataire du RMI et ancien cadre, C’était il y a dix ans, et c’est, hélas, plus vrai encore aujourd’hui :

Lorsque règne le désarroi, il n’y a plus ni désir, ni envie, ni projet, ni but. (…) L’emploi ne peut être un but puisque nous sommes tout simplement devenus incapables d’avoir un but. Relégués à tous points de vue aux marges d’une société, c’est l’indignité et la honte qui nous hantent. Petit à petit , nous nous retrouvons déchus de notre citoyenneté, (…) dans l’incapacité de redevenir des individus autonomes.

« Des rendez-vous administratifs dans lesquels nous ne sommes plus définis que par la distance qui nous sépare de ce but qui n’est déjà plus le nôtre depuis longtemps. »
(…) Il est juste question d’inventer les conditions qui pourraient nous permettre d’avoir de nouveau des perspectives, quelles qu’elles soient, aussi modestes soient-elles. »

Depuis plus de dix ans, c’est ce à quoi nous nous attelons : faire vivre des lieux de rencontre qui ne sont ni du cadre domestique, ni du cadre professionnel. S’y rencontrent des gens que rien ni personne ne mettrait jamais en contact dans le cadre ordinaire de leurs activités socialement organisées… ou désorganisées.
Qu’on nous comprenne bien : il se s’agit pas, pour ceux qui ont, de donner à ceux qui n’ont pas. Il s’agit de donner à tous, à ceux qui ont comme à ceux qui n’ont pas, quelque chose qui manque aux uns comme aux autres.

C’est en cela que l’association contribue à l’évolution de tous les individus qui la composent. Les lieux que nous créons sont des oasis de CONFIANCE dans un monde qu’elle a déserté. Nous voilà donc au cœur de notre sujet : LA CONFIANCE. Ce mot s’inscrit en creux dans notre réalité quotidienne, bien loin du discours dominant qui prétend mettre l’humain au centre de tout.
Car si nous voulons comprendre l’impasse dans laquelle nous sommes aujourd’hui, que voyons nous ? Nous voyons la méfiance à tous les niveaux. Nous avons dévalorisé cette possibilité de compter sur les autres, qui est au fondement de la vie sociale. Possibilité mais aussi nécessité de compter sur les autres, qui est au fondement de la vie économique.

Voilà la grande tâche, à laquelle la Chimère Citoyenne apporte sa contribution modeste et déterminée : donner confiance, restaurer LA CONFIANCE. Non par des décrets tombés d’en haut, mais en allumant, comme le dit Patrick Chamoiseau, des lucioles qui servent de repères dans la nuit et démentent que la nuit puisse jamais être complète.

La Chimère Citoyenne, c’est maintenant plus de dix ans d’expérience, d’agitation, de tâtonnements pour faire ensemble, pour lutter contre cette grande pauvreté qu’est le manque de liens. Lutter contre cette incapacité que nous avons tous à penser du point de vue de l’autre, toujours persuadés que nous savons.

Peut-on imaginer des élus qui accepteraient de faire confiance à la confiance, en acceptant la création d’un lieu d’autant plus fécond qu’il est incapable de dire ce qu’il va engendrer ?

Peut-on imaginer des entreprises qui verraient dans un tel lieu une source d’inspiration, un creuset pour réinventer le lien, un laboratoire du désir de vivre et de vivre ensemble, d’entreprendre et de s’engager, de créer des valeurs ?

Contact : Elisabeth Sénégas <senegas.elisabeth@gmail.com> – https://lachimerecitoyenne.org/