Mikail – Cabane de l’enfance ou la fabrique des souvenirs

Retour aux sources.

Ou du moins, à la source d’une rivière malemortoise fraîchement vaseuse de joies commerciales, construites depuis peu, sur le terrain de l’enfance, de l’espoir et des projections oniriques.
Aujourd’hui, Mikail se retrouve face à des murs de tôles ondulées, plaquardants des « -650% de réduction » aguicheurs sur la dernière pelleteuse de Merlin l’enchanteur.

L’image d’un « monde qui bouge ».

Le Roy triomphe : « Oui à l’avenir fleurissant d’emplois, de médailles d’argent et de blouses séduisantes et ensemble, créons l’ordre nouveau, faisons de la France une entreprise qui tourne et qui donne (un souffle, au cœur) de nos sociétés. ». Sous cette lumière blanchâtre, le destin semble si simple. Il suffit de faire un pas en avant et les portes électriques s’ouvrent d’elles-mêmes.

De l’eau a coulé sous le pont rouillé.

Aujourd’hui,
Mikail est jeune adulte et se confronte à l’emploi.

Comme beaucoup d’entre nous, il est satisfait des bienfaits de l’économie et des coupes éclaires établies par l’exécutif pour tenir son objectif de 3% de déficit public en 2018. L’histoire est en marche et semble patiner sur une glace lisse et sereine, parfum vanille-chocolat, tout au fond d’un bac décongelé.

Derrière
les magasins neufs et saillants
de la nouvelle ZAC du Moulin
de la municipalité de Malemort-sur-Corrèze,
nous sommes partis retrouver nos traces d’enfance,
nos soupçons de légèreté
et de désirs
d’un monde à construire,
un univers à nous,
auquel nous pouvons nous accrocher,
tenir bon,
où rien nous rattrape.

Nous parlons de souvenirs de construction de cabane, nous parlons de l’envie de quitter le territoire pour d’autres possibilités outre-manche, de fantasmes d’un ailleurs meilleur. Nous parlons du travail, de nous, dans notre crédulité, dans nos aspirations, dans nos fictions que nous tentons de rendre possible. Nous donnons à voir et entendre des paroles politiques en gestation, pour rendre compte que sous le vernie rose des écrans télévisuels, sous la délirante hypnose du spectacle médiatique quotidien, « demain nous appartient ».

« Contre-fictionnons » les débilités qui nous gouvernent de leur implacable réalité. Désintoxiquons-nous. Ça urge.

L’ère est cendre. Le vent se lève.