La mobilisation des récupérateurs-vendeurs de rue en Île-de-France ou « biffins » a convoqué la mise en place de dispositifs de recherche-action qui ont notamment pris la forme d’un collectif appelé « Rues Marchandes » et d’ateliers.
Les biffins sont des personnes dont l’activité principale consiste à revendre de la marchandise de seconde main, de façon régulière et fréquente pour en tirer un revenu de subsistance. Les biffins sont confrontés à de nombreuses difficultés : le manque de marchés susceptibles de leur laisser une place pour vendre leurs biens ; la répression violente et fréquente dans le cas des ventes en dehors de ces espaces définis, amenant souvent à la confiscation, voire à la destruction des biens ; la non reconnaissance de leur activité de réemploi ; leur statut informel qui les place systématiquement dans une situation d’illégalité face à la vente ; enfin la pauvreté et la précarité d’un métier qui n’ouvre aucun droit et qui ne permet pas une visibilité sur le long terme à celui qui l’exerce.
Le Collectif des Rues Marchandes est alors pensé comme un espace de ressources afin que tous les acteurs qui le composent puissent bénéficier des apports des autres membres : organisation de marchés, enquête permettant une meilleure connaissance de la situation, mobilisation de connaissances et de bagage empirique pour faire valoir le droit à la biffe auprès des élus locaux et instances publiques, etc.
Les ateliers biffins sont nés de cette volonté de créer de véritables ressources accessibles aux récupérateurs vendeurs de rues, à ceux qui souhaiteraient davantage connaître leur activité, à ceux qui souhaiteraient aussi faire valoir le droit à la biffe.
L’atelier en lui-même est une économie populaire car une forme de travail et de production, mais dans une forme non instituée. S’il n’y a pas d’argent au départ, il y a bel et bien production de plus-value : des connaissances et une certaine auto-formation méthodologique. Avec production de quelque chose – mais on ne sait jamais à l’avance ce qui va en sortir. On part cependant de l’objectif initial: la rédaction d’un Guide des biffins, support qui permet de valider culture, compétences, des biffins, de casser les stéréotypes à leur sujet. C’est aussi un support pour la lutte et la communication, un outil qui favorise l’auto-gestion de leur travail et de leurs démarches.
Sur le même modèle, l’économie de l’atelier voudrait résonner avec l’économie du territoire, il entre dans un dialogue avec une économie populaire qui peut prendre différentes formes : ateliers autogérés, groupe d’achat, échoppes fixes ou ambulantes, petites réparations, systèmes d’échange local, cuisines collectives, récolte des déchets et revente dans la rue ou au bénéfice de dispositifs de récupération…
À quel modèle entrepreneurial de développement et de coconstruction de la cohésion sociale cela correspond-il ? Peut-être la réponse est à trouver du côté des expérimentations sociales et du savoir pragmatique des acteurs populaires…
Contacts : Maëlle Cappello <maellecappello@gmail.com>, Guien Jeanne <jeanne.guien@gmail.com> – Rues Marchandes – Ateliers biffins
Christian WEISS
octobre 10, 2017 at 12:00pmD’autres modèles, notamment dans le domaine artistique éclosent également dans les milieux ruraux dont les Bistrots Culture où le public participe selon ses moyens et échange avec les artistes de passage, qu’ils soient danseurs et poètes d’Outre Mer, comme l’Arbre voyageur, chanteuse populaire comme Clara Sanchez, issus des gens du voyage comme Kocka Neba ou passeurs des cultures du monde comme Duo Vertogo… Ces lieux de partage permettent de faire de belles rencontres, d’échanger par le troc des compétences, de participer à des relais d’hospitalité des nomades voyageurs … en confluences humaines