No 56/57 – Sommaire / Edito

Sommaire

A PROPOS DE « JUNIOR S’ENTRAÎNE TRÈS FORT » P.6
En hommage à C. Bachmann, présentation du texte écrit avec L. Basier «Junior s’entraîne très fort» qui présente pour la première fois en France le hip-hop dans sa vérité historique et sociale. Par Georges LAPASSADE

JUNIOR S’ENTRAÎNE TRES FORT P.10
L’analyse ethnographique et linguistique en 1984 d’un phénomène culturel en émergence, le hip-hop, à partir d’une observation des interactions sociales et un travail sur les corpus langagiers. Par Christian BACHMANN et Luc BASIER

LE SENS D’UNE RENCONTRE P.23
Hip-hop et action culturelle à Bruxelles… Les recherches orientent l’action et le terrain alimente la recherche, mais ces démarches sont-elles conciliables ? Par Alain LAPIOWER

LES RAVES : DES FÊTES « BONNES À PENSER » P.32
Au-delà de sa dimension cathartique et de la sociabilité qu’elle permet, la participation aux fêtes-raves constitue, bien plus qu’une «contre-culture» ou une «consommation passive», un mode de socialisation. Par Étienne RACINE

PROFESSIONNALISATION DE JEUNES ARTISTES P.45
A partir d’une analyse ethnographique de la procédure de carrièrisation d’activités artis¬tiques venant de la rue, comment de la logique dite déviante des pratiques culturelles, s’installe une certaine normalisation. Par Damien MABIALA

L’ESPACE DE L’ETHNICITE DU RAP EN FRANCE P.58
La « racialisation » des rapports sociaux est largement chroniquée dans le milieu hip-hop. La question est de savoir si l’éthnicité favorise l’émergence d’acteurs-sujets et à quelles conditions. Par Manuel BOUCHER

LE RAP, UN DÉFI À LA MUSICOLOGIE ? P.69
Les dimensions musicales du rap doivent être analysées au même titre que les autres dimensions de la culture hip-hop. Par Jean-Marie JACONO

LA SOCIALISATION DE L’ART P.74
Le décalage provoqué par l’art crée les conditions d’une rencontre sociale inédite orga¬nisée autour de pratiques sociales complètes mais également il interroge les processus artistiques légitimés par les lieux culturels. Par Hugues BAZIN

DES ACTIONS, DES RÉFLEXIONS P.84
Le mot hip-hop joue le rôle de tiers entre cultures d’origines, et culture scolaire française, en même temps qu’elle remet radicalement en cause, le système traditionnel de production et consommation culturelle. Par Jean HURSTEL

UNE PRISE DE POSITION P.88
Nous proposons une interprétation de l’époque contemporaine à partir d’une analyse des réseaux. Par Béatrice SBERNA

A LA CROISÉE DES RECHERCHES P.91
Retranscription d’un débat sur les formes d’émergence culturelle autour des recherches de H. BAZIN, M. BOUCHER, J.-M. JACONO, A. LAPIOWER et E. RACINE

BIBLIOGRAPHIE DES AUTEURS P.121

(hors dossier) LES DÉBUTS DE L’ANNEE SCOLAIRE P. 123
A partir d’une approche ethnographique interactionniste de l’école les analyses de la déviance scolaire, des luttes de pouvoir, de la négociation permanente dans les classes. Par Abdellatif ELAZAMI

Edito

Le collectif qui vous présente ce dossier dans la cadre de la revue Paroles Et pratiques Sociales, comme la formation de tout groupe, s’est constitué autour d’une histoire de rencontres, du croisement de parcours qui finissent par tisser les mailles d’un travail en réseau. Le dossier met en lumière ce premier travail de connexion autour d’un constat commun.
Sans renier l’apport fondamental des grands penseurs en sciences humaines et sociales, nous remarquons l’éclatement des systè¬mes théoriques. De même les acteurs sociaux, inquiets devant le constat d’une situation sociale dégradée et atomisée, cherchent des cadres de réflexion en même temps que des pistes d’action. Les autorités politico-institutionnelles quant à elles cherchent également de nouveaux axes théoriques et pratiques capables de faire contrepoids à la « désocialisation ».
Cette situation peut contribuer à laisser le champ libre aussi bien à une redéfinition épistémologique et méthodologique fructueuse, qu’à la mainmise d’une pensée totalisante et conformiste derrière des énoncés admis.
4 Nous connaissons les effets de la pensée unique et les discours
sur le travail, les jeunes, la banlieue, l’intégration, l’exclusion… autant de portes qui se ferment à notre compréhension de la vie sociale. La manière dont nous décrivons le monde est dépendante de nos schèmes de pensée, de nos représentations, des énoncés qui constituent notre organisation mentale et, à travers eux, ceux d’une époque.
D’un autre coté, des analyses commencent à provoquer un re-nouvellement des regards et des pratiques, bien qu’elles restent encore peu visibles.
La notion d’émergence traduit pour nous les processus qui condui¬sent à cette visibilité. Visibilité ne veut pas dire obligatoirement « nouveauté ». Dans cette perspective, nous avons à prendre en compte aussi bien la reconnaissance des processus dans l’espace public que la partie immergée qui supporte l’ensemble. La com¬préhension de ce continuum nous amène à une vision différente émergences
de la réalité sociale et du rapport qu’entretient le chercheur avec cette réalité.
La reconnaissance n’est pas dénuée d’ambiguïté. En témoigne le débat actuel sur les « cultures urbaines », tandis que les processus et les enjeux sont rarement explicités.
Si nous nous intéressons plus particulièrement, comme objet d’étude, aux formes d’émergence culturelle telle que la forme hip-hop ou la forme techno, ce n’est donc pas pour la visibilité de leur forme qui n’est pas en soi « nouvelle » mais pour les proces¬sus sous-jacents modifiant, d’une part notre vision du rapport au travail, aux pratiques sociales et culturelles… (enjeux politiques fondamentaux), d’autre part, la façon même dont nous concevons notre travail de recherche (enjeux scientifiques).
En cela l’émergence se meut dans un espace interstitiel. Entre l’espace institué et l’espace informel peuvent être explorées de nouvelles perpectives. C’est un espace de reformulation et d’ex-périmentation où s’exerce un jeu de tensions et de contradictions, où peuvent être posés des enjeux.
Autrement dit, à l’étude des formes d’émergence comme objet de recherche, nous aimerions faire correspondre une recherche comme émergence d’une pensée en mouvement. De même, à l’espace interstitiel comme lieu culturel et symbolique nous dési-rerions faire correspondre un espace interstitiel de la pensée.
Aussi, notre démarche désire accueillir, dans la pluralité des dis-ciplines en sciences humaines et sociales, les auteurs, confirmés ou débutants, qui éprouvent la nécessité de redéfinir leur grille de lecture au-delà de leur objet précis de travail, qu’il s’agisse de travaux empiriques ou théoriques. Ouverts à ceux qui veulent travailler dans cet esprit, nous nous définissons par notre volonté d’indépendance vis-à-vis des institutions qu’elles soient politiques ou universitaires.
Sous la diversité des approches, le présent dossier présente l’ébau-che d’un travail qui ne peut se concevoir que dans une perspective à long terme. Nous espérons qu’il pourra s’engager sur un travail en réseau autour d’échanges approfondis.

Le collectif du dossier

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No 36 – Sommaire / Edito

Sommaire

En bouclant ce dossier nous nous sommes aperçus que nombreux thèmes abordés ici mériteraient un prolongement. Cependant l’ampleur du sujet rend l’exhaustivité difficile.
Fruit de plusieurs mois de rencontres, de travail entre jeunes du « Mouvement », travailleurs sociaux, universitaires et chercheurs, le numéro 36 de PEPS est conçu comme un outil de réflexion.
Le premier chapitre donne quelques clefs de compréhension en retraçant les sources de la culture urbaine et propose une définition des principaux termes employés dans ce dossier.
Le second chapitre pose un regard sur les mouvements et mutations sous la forme d’une critique sociale.
Le troisième chapitre envisage comment ce phénomène conduit à une évolution des institutions d’éducation et d’insertion.
L’équipe du dossier,
Ali ABDERRAHMANE, Hugues BAZIN, Raymond CURIE, Mehdi FARZAD, Damien MABIALA

Chapitre 1 : Mémoires

A partir du moment où on a commencé par falsifier notre histoire, il faut qu’on réagisse en reprenant notre histoire et notre culture.

  • P.6 : Le rock est mort vive le rock par Jorge de la Barre
  • P.10 : Reggae et hip-hop par Hugues Bazin
  • P.11 : Aux sources du raggamuffin par Super John
  • P.12 Nation Zulu par Damien Mabiala
  • P.14: Dix ans d’histoire dans les banlieues par Adil Jazouli
  • P.18 : Brève histoire du hip-hop français par Georges Lapassade
  • P.21 : Tag, Graff, danse et rap par Damien Mabiala

Chapitre 2 : Regards

C’est la perception de ce qui est visible : les bandes l’État, la retranscription des faits par les médias. En fait, peu de gens savent ce qui se passe…

  • P.26 : Le hip-hop dans la société médiatique par Georges Lapassade
  • P.32 : Les bandes, mythes et réalités par Adil Jazouli
  • P.34 : Histoire des bandes, reflet de la société par Maryse Esterle
  • P.38 : Identité, violence et critique sociale par Raymond Curie
  • P.41 : Histoire d’Antonio pas Pascal Obolo
  • P.42 : Vent de couleur sur la ville par Nathalie Begot
  • P.43 : Femme de Toulouse par Karima Ouabache

Chapitre 3 : Mouvement

Des jeunes disent appartenir un mouvement mais dans quel mouvement sincère les traverses sociaux entre parenthèses et autres professeurs, éducateurs, universitaires, intervenants), de quelle appartenance revendique-t-il ?

  • P.46 : Hip-hop, un défi pour les traverses sociaux par Guy Magin
  • P.48 : Pour une véritable action sociale par Anne Lyse Viel
  • P.50 : Lutte contre l’échec scolaire par Mehdi Farzad
  • P.56: Un espace culturel à l’université par Georges Lapassade

Édito

PEPS se mettrait-elle à «rapper» ? Il est de bon ton aujourd’hui pour paraître «branché» de suivre ce mouvement. Certains médias, producteurs ou décideurs peu scrupuleux cherchent à récolter quelques bénéfices en le parant des habits de la mode. Nous ne désirons pas jouer à ce «top 50» dont la superficialité transforme une aspiration légitime à la dignité d’une frange importante de la population en un simple produit de supermarché.
Il ne se déroule pas une semaine sans que paraisse un article extasie sur ce «nouveau phénomène» ou qu’un politique découvre éberlué une banlieue avec des gens qui y vivent et s’expriment, parfois avec violence.
Le nombre de paroles déversées sur le «phénomène» social et culturel urbain est inverse-ment proportionnel à la connaissance effective de ce qui se passe aujourd’hui dans la rue. Les médias, en premières lignes des accusations, représentent fidèlement un système basé sur l’immédiateté et l’événementiel. L’événement existe, il est d’un autre ordre. Sans être spectaculaire il révèle une mutation profonde.
Ce dossier – fruit du travail d’un collectif (jeunes, travailleurs sociax, universitaires,…) – s’inscrit dans une démarche d’ensemble:
Le numéro spécial de PEPS «Banlieue Cent Visages» (mars 89) suivi en mars 90 par la rencontre nationale du même nom, partait d’une intuition qui nous est apparue à tous comme une évidence:
– il existe une fracture profonde de la société, nous parlions de «société à deux vitesses»
– dans des zones urbaines – appelées «banlieues» -, étaient en train de se forger les outils qui transformeront la société de demain
– que l’un de ces outils puissants était représenté par l’expression culturelle et artistique; moyen de reconnaissance et d’affirmation d’une dignité.
– enfin qu’il était urgent et vital de tisser des réseaux, de renouer les fils d’un dialogue entre les principaux acteurs (la population des 15/30 ans principalement) et les différents partenaires et intervenants dans les quartiers (travailleurs sociaux, élus, représentants institutionnels et ministériels)
– que ces liens devaient être directs et marquer la fin de l’aristocratie de ceux qui «parlent pour..» ou «font pour…» Il fallait restituer aux jeunes leur titre «d’auteur».
Les événements qui se sont précipités depuis ont confirmé cette première perception; et quand M Delebarre rencontre directement des jeunes de Sartrouville (2), il ne fait pas preuve d’une «politique éclairée» mais d’un simple bon sens.
Nous pouvons regretter qu’il eut fallu autant d’années et de sang versé pour reconnaître l’évidence. Mais l’heure n’est plus au constat. Il est temps pour tous, non pas de mettre en place un nouveau développement, mais réinventer la notion de développement qui rangera enfin dans les rayons de la caricature les murs des cités transformés en murs d’escalade au même titre que le concept révolu «d’intégration».
Ceci exige de comprendre de façon intime les bouleversements et les mutations qui s’opèrent actuellement en commençant par ce qui en constitue la fibre même: le sentiment d’appartenance et de dignité.
Ce dossier pose une première pierre. Il sera suivi d’autres actions significatives tout au long de cette année qui reprennent les principes et la méthodologie de «Banlieue Cent Visages»: se doter de moyens de réflexion et de formation, ouvrir un espace de rencontre et d’expression…. Nos lecteurs en seront bien sûr les premiers informés.
Hugues BAZIN

(1) Le mardi 26 mars Djamel Chettouh (18 ans) habitant la cité «des Indes» à Sartrouville (banlieue nord-ouest de Paris) est tué par un vigile du centre commercial «Euromarché». Ce meurtre déclenche chez les jeunes de la cité une révolte attisée par les propos du maire de la ville qui les traite de «voyous»… Après plusieurs jours de flottement politique (aucun responsable gouvernemental n’ose se déplacer), Michel Delebarre, Ministre de la ville, rencontre une délégation des jeunes de Sartrouville le 4 avril à Versailles.

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No 28 – Sommaire / Edito

Sommaire

I. MÉMOIRE

  • Les chemins du politique. Saïd Bouamama. P.5-6
  • -L’émigration portugaise, Joachim Soarez. P.6-7
  • Histoire du mouvement beur, Mogniss H. Abdallah, Hugues Bazin. P.8-9

II. DISCOURS ET RÉALITÉ SUR LES QUARTIERS

  • Paradoxes, J.P. Descamps. P.11
  • Ça bouge à Bondy, Raymond Curie. P.12-14 / Rock Ardennes. Solidarité P.14
  • Des flocons bleus à Grigny, Martine Gerson. P.15
  • Gennevilliers, histoire d’une Mobilisation, Hafida Charef, Hugues Bazin. P.16
  • Témoignages, Karine Veducheau, Hafida, Charef, Rodolphe Soligny, P.17
  • Texture : Penser, parler, écrire, agir et change pour la citoyenneté. Saï t Bouamama. P.18-19

III. OUVERTURE D’UN ESPACE CULTUREL

  • La seconde conquête de l’espace, Hugues Bazin. P.21-22
  • Aubervilliers Bande Comédie, Catherine. Boskowitz. P.22-23
  • Traction Avant Cie, Marcel Notargiacomo. P.24
  • Festival « Y’a de banlieue dans l’air » P.26

IV. UNE PENSÉE GLOBALE POUR DES ACTIONS LOCALES

  • Travail social et décentralisation, Raymond Curie. P.28-29
  • Démythifier le social, Hugues Bazin. P.30-31
  • Naissance d’une mutuelle. P.31
  • Délégation interministérielle pour la ville, Liliane Guigni, Nicole Martin, Hugues Bazin. P.32-33
  • Jeunesse et nouvelle citoyenneté, Saïd Bouamama. P.32-33
  • Rencontre nationale « Banlieue cent visages ». P.33-34
  • Le séjour des jeunes étrangers en France, Patrick Mony. P.35-36.

V. VERS UNE NOUVELLE CITOYENNETÉ

  • Saïd Bouamama. P.38-39
  • Bibliographie. P.39

Édito

Jeunes des banlieues et banlieue des cultures, ce numéro spécial inter-associatif (LPS -Mémoire Fertile – PEPS – STAJ) ouvre le débat. La diversité des articles est à l’image des cent visages d’une banlieue regardée habituellement sans visage.
Il y a des logiques contradictoires et des contradictions entre discours et réalité. La richesse des interventions dévoilent aussi ces contradictions. Nous avons pris ce risque. Au ventre mou d’un consensus hâtif nous préférons l’âpreté des débats préliminaires à toute construction.
Conçu comme une étape, ce numéro de PEPS conduira le groupe initiateur à l’organisation d’une Rencontre Nationale le 24-25 novembre 1989 à Nanterre. Ce sera l’occasion d’ouvrir, nous l’espérons, un espace d’expressions et de propositions.
Le droit des cités et des jeunes à s’exprimer et à être entendu soulève des vagues. Parfois surgit le vieux syndrome de « mai » dans la peur collective d’un raz-de-marée.
Sous les paradoxes pointés par le dossier se cache un malaise :
Présentés comme « fer de lance » des politiques, les jeunes sont « partenaires », « avenir du pays », « force vive ». Cependant lorsqu’ils prennent une place non attribuée, ils ne leur restent que le droit de se taire.
Ils sont alors « en difficultés », « délinquants », au pire « inadaptés », au mieux « à réinsérer ». Si ces qualificatifs justifient le mandat de l’intervenant, ils appauvrissent la lecture de la réalité sociale. Cernés dans un problème ou une maladie, on s’autorise à parler d’eux et traiter de leur sort derrière le langage éducatif de « l’autonomie des populations ».
Aussi est-il important de préserver une mémoire en suivant la trace des différentes mobilisations des jeunes de cette décennie. Il est nécessaire de partir des formes de participation et d’expression, action d’aujourd’hui, pour démystifier le discours sur « jeunes des quartiers » et « jeunes immigrés ».
Concevoir une pensée globale pour une action locale exige ce cheminement. Sans quoi l’idée de « nouvelle citoyenneté » sera comme le ravalement des mots « Liberté-Egalité-Fraternité » sur le frontons des mairies en cette année « révolutionnaire ». Elle risque d’appeler la dérision au lieu de la considération de ceux qui savent quotidiennement ce que « Droit de l’Homme » veut dire.

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