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Pour des Lieux Ouverts Utopistes et Formateurs

Comment des lieux peuvent-ils être pensés et vécus comme des espaces d’émancipation et de transformation sociale

11 et 12 décembre – Le 4bis – Information Jeunesse
4 bis Cours des Alliés, 35000 Rennes

Comment des lieux peuvent-ils être pensés et vécus comme des espaces d’émancipation et de transformation sociale ? Les lieux et les espaces sont mis au travail et interrogent les pratiques des professionnels des 3 territoires de la recherche-action Jeunes en TTTrans, c’est pourquoi nous y consacrons la 4ème édition de nos Journées d’étude les 11 et 12 décembre 2019. Le pré-programme, ci-joint, est en cours de construction, mais d’ores et déjà interviendront : Thomas Aguilera, maître de conférences en science politique, responsable du master Gouverner les mutations territoriales de Sciences Po Rennes ; Christine Balaï, de Tiers Lieux Nomades ; Eleonora Banovitch, sociologue de La Trame ; Hugues Bazin, sociologue du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche Action ; Olivier Desmesure, chargé des politiques publiques de jeunesse, Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations de la Dordogne ; Guy Di Méo, géographe social de l’Université de Bordeaux ; Caroline Goreth, chargée de mission jeunesse, à Rennes Métropole ; Clément Marinos, économiste, Laboratoire Marsouin, Université de Brest ; Céline Martin, ingénieure de recherche, Partibridge, EHESP ; Anne Milvoy, écologue urbaniste, à l’Agence d’Urbanisme et de Développement Intercommunal de l’Agglomération Rennaise ; Laurent Ott, philosophe, Intermèdes Robinson ; Jordan Parisse, chargé d’étude et de recherche à l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire ; Jean-Claude Richez, membre du conseil scientifique de JeTTT. Mais aussi, des élus de collectivités, associatifs, des jeunes des territoires, des porteurs d’actions… A travers cette pluralité de regards, nous souhaitons mettre en dialogue à la fois la question du pouvoir et du pouvoir d’agir, celle des tensions entre enjeux individuels et collectifs ou encore celle de l’appropriation de ces espaces. Nous articulerons ces temps de réflexion avec des causeries, une conférence dialoguée sur la Ville et une scène ouverte aux talents des territoires impliqués.

Programme

Mercredi 11 décembre

10h00 : Accueil café.

10h30 / 11 h 30 : Présentation des expérimentations des 3 territoires à partir du questionnement des jeunes.

11 h 30 / 12h00 : Propos introductifs (pouvoir d’agir et lieux) et présentation des ateliers.

13h30 / 15h30 : Espaces de pouvoir ? (Le pourquoi?) . Ateliers animés par les jeunes et professionnels des 3 territoires « jeunes en TTTrans ».

16h00 / 18h00 : Conférence gesticulée « La ville est à qui ? La Ville est à nous ».

18h00 / 19h30 : Apéro / Causerie : jeunes / élus (en partenariat avec le 4Bis).

Jeudi 12 décembre

09h00 : Accueil café.

09h30 / 12h45 : 2 conférences dialoguées (mise en dialogue de points de vue) / débat avec salle. Espaces lieux de tensions ? Tension entre individuel et collectif (les complexités).

14h00 / 15h30 : 1 conférence dialoguée (mise en dialogue de points de vue) / débat avec salle. Quelle appropriation des lieux pour quelle utilité ? (Le comment faire sens).

15h30 / 16h00 :

Conclusion

Quelles mises en perspective avec les politiques jeunesses intégrées ?

16h30 / 17h30 :

Présentation des cahiers de l’action  n° 54  « Politiques intégrées de jeunesse : une action publique renouvelée ? », INJEP.

18h00 / 20h30 :

Apéro / Concerts (Scène ouverte aux jeunes des territoires JeTTT, au jeunes engagés du 4 Bis…).

Présentation

Tiers-lieux apprenants : conditions d’émergence, de développement et de pérennisation

RENCONTRE THÉMATIQUE EPALE FRANCE N°10
TIERS-LIEUX APPRENANTS

Mercredi 30 octobre 2019 – 9h30-17h
Les Grands Voisins, 74 Avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris

3 thématiques structureront cette journée :

  • L’émergence des tiers lieux : quelles sont les conditions de leur mise en œuvre ? en quoi répondent-ils aux besoins des territoires et des individus ?
  • Développement : quels dynamiques d’apprenance apparaissent dans ces nouveaux lieux de formation ? comment se concrétise l’innovation sociale ?
  • Pérennité : quels sont les ingrédients pour qu’un lieu alternatif soit durable ? quels dialogues institutionnels, partenariats sont nécessaires ?

Cette rencontre thématique sera participative, au fil des interventions et lors d’un temps de réflexion et de création collective. De nombreux témoignages français et européens, et des exemples de projets Erasmus+ émailleront la rencontre thématique.

9h30 : Accueil-café

10h00 : Présentation du tiers-lieu Les Grands Voisins

Mathilde BELHOMME, chargée de coordination commerciale, Les Grands Voisins

10h10 : EPALE et la thématique des nouveaux espaces d’apprenance

Camille POIRAUD et Hélène PAUMIER, chargées d’animation et de promotion d’EPALE à l’Agence Erasmus+ France / Education Formation

10h30 : Etats des lieux des tiers-lieux en Europe

Denis STOKKINK, président du Think tank européen « Pour La Solidarité »

10h45 : Pecha Kucha autour de l’émergence des tiers lieux apprenants

Animé par André CHAUVET, consultant et directeur dAndré Chauvet Conseil Stratégie Formation et

Coordinateur thématique « Transitions professionnelles » EPALE France

  • Le Fab Lab « KONK AR LAB » par Olivier AUDET, directeur du Fab lab « KONK AR LAB »
  • Le tiers-lieu « ED2C » par Véronique ALIBERT, GRETA du Puy en Velay

11h15 : Pause

11h30 : Apprenance et coopération dans les tiers-lieux

Hugues BAZIN, chercheur associé en sciences sociales et Animateur du Laboratoire d’innovation Sociale par la Recherche-Action (LISRA)

11h45 : Pecha Kucha autour du développement et des dynamiques d’apprenance Animé par David LOPEZ, coordinateur thématique « Education Populaire » EPALE France

  • Le tiers-lieu « KEUR ESKEMM » par Maxime LECOQ, coordinateur de KEUR ESKEMM
  • La « tool box » du projet Erasmus+ « The origins of spaces » par Christiann WEILER, fondateur de Cab42 Architecture

12h30 : Déjeuner convivial

14h00 : Récit d’accompagnements à l’appel à manifestation d’intérêt « Tiers-Lieux » du gouvernement

Alexis DURAND-JEANSON, chercheur et directeur/cofondateur de Prima Terra

14h10 : Pecha Kucha autour de la pérennisation des tiers-lieux

Animé par Roseline LE SQUERE, administratrice de l’Institut de Recherche Dupuy de Lôme de lUniversité Bretagne Sud et coordinatrice thématique « Politique de formation et démarche projet » EPALE France

  • Former les acteurs des tiers-lieux par Lucile AIGRON, co-fondatrice de la coopérative des tiers-lieux de Nouvelle-Aquitaine
  • L’animation du tiers lieu LaVallée de Molenbeek (Belgique), par Pierre PEVEE

14h40 : Discussion – Exploration des liens entre territoires, formations et tiers-lieux

Animée par André CHAUVET, consultant et directeur dAndré Chauvet Conseil Stratégie Formation et

Coordinateur thématique « Transitions professionnelles » EPALE France

  • Alexis DURAND-JEANSON, chercheur et directeur cofondateur de Prima Terra
  • Hugues BAZIN, chercheur associé en sciences sociales et animateur du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action (LISRA)
  • Carlos RIBEIRO, fondateur et animateur de la Caixa de Mitos, agence pour l’innovation sociale (Portugal)
  • Denis CRISTOL, directeur de l’ingénierie et des dispositifs de formation du CNFPT (à confirmer)

15h25 : Pause

15h40 : Composons notre tiers-lieu apprenant

Par équipe de 6 personnes, les participants réfléchiront et proposeront le tiers-lieu apprenant idéal. Un moment d’échange et de production collective, qui fera l’objet de publications sur la plateforme européenne EPALE.

16h40 : Comment ouvrir les activités des tiers-lieux à l’échelle européenne ?

  • Lionel CLEMENCON, responsable du pôle Scolaire / Enseignement et formation professionnels/
  • Education des adultes à l’Agence Erasmus+ France / Education Formation

17h00 : Fin de la journée

Pour vous inscrire à cet événement (places limitées) : http://www.agence-erasmus.fr/evenement/530/tiers-lieux-apprenants-conditions-d-emergence-de-developpement-et-de-perennisation-10e-rencontre-thematique-epale

Pour interagir autour de cette rencontre thématique : https://epale.ec.europa.eu/fr/user/register

Extension du domaine du travail (La Courneuve-93)

La proposition d’un revenu contributif prévoit l’extension du domaine du travail à des activités non reconnues ou invisibilisées et susceptibles d’être validées démocratiquement comme relevant de la contribution. Cette invisibilisation ne concerne pas aujourd’hui seulement le soi-disant travail informel mais également le travail salarié, ou encore le travail des indépendants (travail des services, travail artistique ou artisanal) lors de la fixation d’un prix.

L’enjeu de la journée sera de passer en revue divers types d’activités rencontrant sur le territoire Nord de la couronne parisienne des problèmes de reconnaissance et de qualification, voire étant complètement invisibilisées ou discréditées du fait de l’absence d’encadrement juridique.

La journée commence avec un panel d’acteurs du territoire présentant leurs activités et les problèmes rencontrés vis-à-vis de la reconnaissance et de la qualification de ces activités.

A partir de là nous essaierons durant le reste de la journée de réfléchir aux réformes (juridiques, politiques et sociales) et aux transformations des pratiques et des outils que cette journée idéale impliquerait ainsi que les voies possibles pour les mettre en œuvre. Nous essaierons de montrer que des solutions partielles existent déjà, mais que le revenu contributif sur lequel nous travaillons pourrait constituer un complément utile afin de développer de nouveaux types de solutions.

Cet atelier s’inscrit dans le cadre du projet « Plaine Commune, Territoire Apprenant Contributif » dont l’enjeu central est la définition et l’expérimentation d’une « économie de la contribution » et fera suite à la séance introductive qui avait été organisée au 6B le 13 juin 2017 (compte-rendu disponible ici : https://recherchecontributiveorg.files.wordpress.com/2017/06/cr-atelier-13-juin.pdf).

5 décembre 2017 de 09h30 à 17h00
dans les locaux de la pépinière de la MIEL
1 centre commercial la Tour, 93120 La Courneuve
RER B  La Courneuve-Aubervilliers

Merci de vous inscrire en remplissant ce formulaire avant le 01/12/17.

 

09h30 : Accueil des participants et introduction de l’atelier

10h00 : Table ronde : présentation par une série d’acteurs d’expériences concrètes de travail invisibilisé ou non-reconnu

11h20 : Discussion générale

12h00 : Pause déjeuner

13h30 : Présentation de solutions existantes aux problématiques présentées le matin

  • Emmanuel Antoire (association MINGA) autour de l’accompagnement à la reconnaissance d’activités

14h00 : Répartition des participants en groupes de travail

15h00 : Pause Café

15h15 : Compte-rendu de chaque groupe de travail en plénière

16h15 : Propositions pour envisager la suite de l’atelier et discussion générale

17h00 : Fin de l’atelier

La créativité des territoires, enjeu des formations durables ? (Sétif)

Colloque International interdisciplinaire : «La créativité des territoires, enjeu des formations durables ? »

Colloque international interdisciplinaire, organisé par l’Université Ferhat Abbas Sétif 1, en partenariat avec le CHCSC (UVSQ Paris-Saclay) et l’Institut Charles Cros, France.

C’est dans la diversité des territoires que les innovations sont qualifiées dans une logique d’usage prospective, au-delà du court terme des inventions. Les combinaisons les plus réussies de la coopération sont celles où différents acteurs du terrain peuvent susciter et stimuler un « vivre ensemble » de leurs savoirs, leurs savoirs faire et leur créativité. Au-delà des compétences sectorielles liées à l’innovation, dont l’enseignement supérieur est traditionnellement dépositaire, les universités technologiques ont donc besoin de comprendre et d’enseigner des savoirs culturels et sociaux et reconsidérer les apports des disciplines connexes (géographie, histoire, sociologie, anthropologie, mais aussi littérature et arts) dans leurs multiples expressions de lien (oralités, écritures, images & sons).

Les axes privilégiés de ce colloque sont :

  • Axe 1 : l’université et les territoires, expériences et enseignements croisés.
  • Axe 2 : place et enjeux des sciences humaines dans les formations professionnelles.
  • Axe 3 : outils innovants et potentialités créatives du développement universitaire.
  • Axe 4 : aménagement du territoire, environnement et recherche collaborative.

Programme du colloque

DIMANCHE 5 NOVEMBRE 2017

09h30 – 10h20 Ouverture officielle du Colloque Allocution d’ouverture par : DJENANE. A, Recteur de l’UFAS Sétif 1 SAKLOULI A. Représentant local du FCE KEROUANI F. Elu local Sénateur

1 ère séance plénière

Président : M. H. LATRECHE Président CRUEST

  • 10h20 – 10h40 Abdelmadjid DJENANE, Éléments pour une démarche de territorialisation de l’activité universitaire : le cas de l’Université Ferhat Abbas Sétif 1
  • 10h40 – 11h00 Sylvie DALLET, Savoirs de frontières, éthique et interdisciplinarité : l’expérience de l’Institut Charles Cros
  • 11h20 – 11h40 Pascal PLOUCHARD L’AECIUT : Une communauté de pratiques pour la promotion d’une formation exigeante à la culture et la communication)
  • 11h40 – 12h00 GOBSCH, KRISCHOK, BOUAFIA, (Innovation en photovoltaïque grâce à la collaboration avec l’industrie et la coopération internationale)
  • 12h00 – 12h20   Mounir CHERRAD (Université et territoire : une relation embryonnaire)

2ème séance plénière

Présidente : Sylvie DALLET

  • 14h00 – 14h15   Yannick LEBTAHI, (Pour une approche interculturelle de la communication)
  • 14h15 – 14h30     Sylvie BRODZIAK   (La place de la culture dans une université de la région parisienne entre beau temps et tempête)
  • 14h30 – 14h45     Messaoud BENSALEM   (Perspectives de l’animation universitaire … vers la fondation d’un concept d’interaction dynamique continue entre les pôles de la communauté universitaire)
  • 14h45 – 15h00    Souad ROUACHED HASNI, (Formation professionnelle en Tunisie nouveaux besoins nouveaux Axes stratégiques)
  • 15h00 – 15h-15       Rahma SAHALI, (Les formations professionnelles et les sciences humaines et sociales en Algérie)
  • 15h15–15h45          DEBAT

3ème séance plénière

Président : Sylvie BRODZIAK

  • 16h00 – 16h15   Rachid BENAMIROUCHE   L’alignement stratégique du système d’information territorial pour l’évaluation de l’enseignement supérieur dans un contexte de développement durable
  • 16h15 – 16h30     Didier MULNET       (Créativité et numérique : du MOOC connexionniste aux innovations de rupture enformation)
  • 16h30 – 16h45  TONISCH, KRISCHOK, GOBSCH, (Basic engineering school
  • 16h45 – 17h00   Hadjer TROUDI      Les technologies de l’information et de la communication au cadre de l’enseignement supérieur
  • 17h00 – 17h15   Amira ABDELBAKI, Les moyens technologiques, un mécanisme de développement de la pensée créatrice des étudiants de la faculté des sciences
  • 17h15–17h45       Débat

LUNDI 06 NOVEMBRE 2017

4ème séance plénière

Président : Oussama KHARCHI

  • 09h00 – 09h15    Gérard-François DUMONT, les échelles variées des expériences territoriales
  • 09h15 – 09h30    Younes FERDJ, La créativité des territoires en Algérie, vers un Modèle d’Innovation Territoriale
  • 09h30 – 09h45    Abdelhakim KEBICHE, Sétif, de la ville à la Métropole : acteurs et enjeux de l’aménagement du territoire
  • 09h45 – 10h00       OUASSILA ou HADEF
  • 10h00 – 10h15      S. DALLET (Laurent GONTIER), Ouessant, une île et son cadastre
  • 10h15–10h45       DEBAT

5ème séance plénière

Présidente : Yannick LEBTAHI

  • 11h00 – 11h15  Aoued BOUKELIF, Éduquer au développement durable interculturel : vers une ville durable intelligente apprenante
  • 11h15 – 11h30 Hugues BAZIN, Un exemple inventif de recherche-action : les récupérateurs-vendeurs de rues en partenariat avec la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord
  • 11h30 – 11h45 Arezki AKERKAR et Josiane STOESSEL-RITZ, Formations et apprentissages au développement territorial durable. Retour sur une expérience de partenariat décentralisé franco-algérien
  • 11h45 – 12h00 Kamel TCHAM, Le géomarketing, approche stratégique pour la promotion territoriale et le développement économique local
  • Nadjet KOURTEL (Le rôle des grappes technologiques pour impulser la capacité technologique de l’économie)
  • 12h15–12h45        DEBAT

6ème séance plénière

Président : G.F. DUMONT

  • 13h45 – 14h00        KRISCHOK, MÜLLER, GOBSCH, (L’Institut Inter facultative des Micro- et Nanotechnologies (IMN) à TechnischeUniversitatIlmenau– Un exemple d’éducation et de recherche interdisciplinaire efficaces
  • 14h00 – 14h15  Leila RAHMANI-KELKOUL, Des exemples d’enseignement du savoir-faire local dans le LMD ‘’en Architecture et en Urbanisme”
  • 14h15 – 14h30     Rachid HADEF, (La formation des architectes en LMD, répond-elle aux attentes du marché du travail en Algérie ?
  • 14h30 – 14h45    Rachid BENALI et F. ATOUI, La responsabilité sociale des facultés de médecine
  • 14h45 – 15h00    Wassila BOURAS, Le rôle de l’université dans la promotion de la créativité des territoires
  • 15h00 – 15h30    Débat
  • 16h00 – 16h30      Rapporteur général : Mohamed BELOUNAS
Fiche Colloque
Fiche Colloque
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Détails

Forum débat sur les Espaces d’émancipation collective et de transformation sociale (St Denis)

Lundi 16 octobre de 9h à 13h
à l’auditorium de la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord

20 av George Sand 93210 St-Denis la Plaine
RER B La Plaine – Stade de France – M° 12 Front populaire

Les acteurs-chercheurs en réseau avec le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action sont heureux de vous inviter à un forum public pour partager leurs expériences. Ce forum sera organisé en partenariat avec la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord et l’Institut National de la Jeunesse et l’Éducation Populaire.

Le but de cette rencontre est de permettre aux différents acteurs d’une recherche-action de documenter et de légitimer la posture d’’acteur-chercheur, de valider leur expérience, de dégager leurs propres référentiels en tant qu’outils d’expertise et d’évaluation répondants aux besoins sociétaux.

Le croisement de ces expériences et de ces réflexions alimentera un numéro de la revue « Cahiers de l’Action » de l’INJEP (à paraître au deuxième semestre 2018). Il visera également à ouvrir une réflexion future sur livre blanc des sciences participatives (Prendre au sérieux la société de la connaissance », Alliss, Sciences Sociétés) à la MSH Paris Nord.

 

9h Accueil

9h30 introduction sur la démarche en recherche-action à travers les espaces d’émancipation et de transformation

Quelles sont les conditions d’une autonomie de pensée et d’action? Quelles méthodes validation et valorisation adopter pour que les recherches-actions et les sciences dites « participatives » contribuent effectivement aux processus d’émancipation et de transformation ?
Avec Alain Bertho, MSH – Emmanuel Porte, INJEP – Hugues Bazin, LISRA

10h-13h forum

Les expériences relatées émergent en décalage par rapport aux structures instituées, dans des zones plus ou moins délaissées ou sans emprise, où les acteurs-chercheurs construisent leurs propres référentiels d’analyse et dispositifs d’action, à travers une pratique des espaces. Que nous disent ces expériences ? De quelles mutations, transitions, métamorphoses sont-elles le signe ? Légitimer ces espaces comme autant de laboratoires citoyens d’un processus d’émancipation collective et de transformation sociale est un enjeu que pose ce forum, qui se conçoit alors lui-même comme l’expérimentation d’un espace de partage en recherche-action.

Un autre rapport au travail qui nous travaille

Comment une pratique en « tiers espaces » permet d’interroger notre rapport au travail, les modèles entrepreneuriaux et économiques ?

  • Éducation populaire et action syndicale : S’apprendre, se reconnaître, se décaler (Anne MEYER)
  • Faire des trucs d’Atelier : beaucoup avec pas grand-chose (Anton)
  • Dénouer le travail. L’expérience du Cycle Travail comme autoformation collective (Nicolas Guerrier)
  • Les économies populaires au croisement des savoirs Les ateliers biffins : le programme de recherche-action « Rues Marchandes » (Jeanne Guien, Maëlle Cappello)
  • Passer de l’environnement au milieu, la question de la transformation du rapport à l’espace en Pédagogie sociale (Laurent Ott).

Un autre rapport au territoire qui transforme

Comment le territoire peut-il se transformer en termes d’aménagement et d’écodéveloppement à partir de ses propres ressources d’une pratique au rez-de-chaussée des villes et des campagnes ?

  • De l’imaginaire au réel, lien entre tiers-espace, collectifs et territoire (Christine Balaï)
  • Habiter autrement : des squats comme leçon d’architecture (Arthur Bel)
  • Lieux numériques : entre pratiques populaires et réappropriation locale des technologies, (julien Bellanger)
  • Du bidonville au lieu de vie. La requalification de l’espace à travers les arts politiques et l’éducation populaire (Victoria Zorraquin).
  • Un centre socioculturel embarqué sur une péniche, singularités de l’espace fluvial (Éric Sapin)

Un autre rapport à l’espace qui émancipe

En quoi la pratique de ces espaces sans lieu et sans projet, basés sur l’accueil inconditionnel et la prise en compte de l’environnement, fabrique une culture commune et un cadre autonome de pensée et d’action ?

  • Debout Education Populaire : la fabrique sur la place publique d’un tiers espace dédié au partage des savoirs, au développement de l’esprit critique et la culture du commun – (Camille Arnodin)
  • La chimère citoyenne, Espace ouvert à tous, qui ne propose rien et où tout est possible (Élisabeth Sénégas, Marie Françoise Gondol)
  • Des Tiers-Espaces d’émancipation par l’action (Christophe Giroguy et le collectif des UtopienNEs )
  • « La nuit nous appartient », médiation nomade dans les quartiers populaires (Lakdar Kherfi)
  • Système Bulle. Architecture gonflable et pratiques urbaines expérimentales et engagées. (Simon Cobigo)

 

14h30-18h Atelier de recherche-action

Le forum sera suivi l’après-midi d’un atelier interne au réseau recherche-action qui portera sur les perspectives de cette mise en dialogue d’expériences en termes méthodologiques et stratégiques. Si vous êtes vous-même inscrit dans une démarche recherche-action, il est possible d’y participer sur demande motivée dans la limite des places disponibles, inscription sur le site

télécharger l‘invitation au format PDF.

Contre-espaces d’une économie créative et populaire

Sans organisation de base, il n’y a pas de justice sociale. Il s’agit de prendre tous les aspects de la réalité auxquelles sont confrontés les plus démunis. Ces lieux ne sont pas en dehors de la ville, mais au centre des questions urbaines et par leur activité confirment qu’on ne peut les reléguer à la marge selon les représentations sécuritaires du moment. Ce sont les plus petites unités de l’échelle du commun à partir de laquelle s’élabore une commune politique.

 

Ce texte est issu d’une rencontre qui s’est déroulée en janvier 2017 dans un squat du 18e arrondissement de Paris entre différents acteurs portant d’une démarche collective : la Fédèr’Actions des Rêves Evolutionnaires (FARE ouvrant des squats d’hébergement et de création) ; l’Association des Marchés Économiques Locaux Individuels et Organisés de la Récupération (AMELIOR) ; le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action (LISRA) animant le collectif Rues Marchandes (plate-forme de ressources et d’action sur l’économie populaire) ; le squat le Clos Sauvage à Aubervilliers à travers une démarche pluridisciplinaire inter-squats.

L’association FARE regroupe des particuliers, des collectifs, des associations, des fondations. Cela a donné lieu à des partenariats commerce avec l’Armée du Salut ou Médecins du Monde. Ce fut le cas pour le lieu « GPS » à Clichy. Il est proposé des hébergements pour des SDF, des réfugiés, et des projets comme la ressourcerie, la recyclerie, le café citoyen, cantine solidaire, fablab, garage solidaire. On y développe des concepts comme la paysannerie urbaine qui s’expérimente sur les toits avec des bibliothèques de graines anciennes. Il y a aussi une dimension artistique, il y a beaucoup d’artistes dans l’équipe.

Amelior travaille à l’ouverture de marché aux puces et vise une coopérative ouvrière de la récup, de la revente, du recyclage, la rémunération et l’inclusion des travailleurs du recyclage dans la revalorisation sociale des déchets, mais qui ne sont pas reconnus en tant que tel. Elle organise pour l’instant deux marchés à Montreuil et aux Grands voisins dans le 14e et vient d’ouvrir un espace de stockage, d’atelier et de rencontre. Elle peut se charger de la gestion des déchets des squats. Elle peut venir débarrasser et nettoyer lors de l’ouverture d’un lieu. Elle peut assurer une organisation cohérente des déchets et des espaces. Par exemple mettre à disposition des poubelles créer des zones de dépôt emmener des rebuts à la déchetterie, tout ça dans une économie sociale et solidaire viable et de proximité.

Il existe aussi une logique de collectif pluridisciplinaire qui essaie de faire converger les projets dans des logiques écologiques et citoyenne dans des milieux différents comme celui du squat et d’autres milieux plus académiques ou intellectuels et essayer de voir comment se fait rencontrer différent public. Il existe par exemple le réseau d’architectes coopératifs Archicoop qui fédère plusieurs projets d’habitat et pose la question du rapport entre habitat et activités (ou encore le squat du Clos Sauvage à Aubervilliers qui croise un collectif théâtre et un projet d’AMAP. Peut-être faut-il s’intéresser à l’existence d’un réseau inter squats qui a ses réunions, ses objectifs, ses événements (le Festival des Ouvertures Utiles notamment)…

Le collectif Rue marchande cherche à poser la question du développement endogène des territoires à travers une économie populaire. Il développe pour cela plusieurs chantiers avec les acteurs concerné notamment les biffins : ateliers d’écriture et guide culturel, étude d’impact, recherche de lieux, ateliers de recherche-action et plate-forme ressource, etc.

L’enjeu d’une économie populaire de la récup

Cela renvoie la question de l’économie du commun, quelles sont les ressources vitales à partager. L’économie biffine a été exclue par la logique technicienne, il n’y a pas de case pour l’intégrer cette économie. L’occupation d’un lieu pourrait réintroduire ce principe d’économie populaire sur le territoire obligeant le politique de prendre en compte. On pourrait y réfléchir à plusieurs collectifs en ouvrant un lieu avec un tel projet entre des personnes qui ont besoin d’un logement, celles qui font de la récupération vente et qui sont parfois les mêmes, bref tous les gens qui ont besoin d’une économie populaire pourraient s’unir dans une logique qui n’est pas uniquement de survie, mais d’aménagement du territoire. Sans organisation de base, il n’y a pas de justice sociale. Il s’agit de prendre tous les aspects de la réalité auxquelles sont confrontés les plus démunis. Il y a des pôles de ressources de connaissance on peut s’allier aux classes moyennes qui pourraient le jouer le rôle d’intermédiaire et en même temps susciter des interlocuteurs auprès de l’État à travers une expertise sur le droit au logement, au travail, aux soins, etc. Donner de l’argent n’est pas suffisant si l’on reconnait pas les droits.

Partout dans le monde les recycleurs obtiennent des locaux comme des travailleurs. Dans certains pays comme le Brésil, les recycleurs gèrent les matériaux « secs » de la ville entière, ils obtiennent le droit de collecter. La majorité des déchets sont ainsi recyclés par les travailleurs formels ou informels. La base c’est reconnaître le droit au travail pour tous, c’est ensuite développer des contacts avec les mairies sur des services, ensuite obtenir du matériel pour la collecte, des camions avec une balance. Ils reçoivent un SMIC et grâce aux coopératives obtiennent la scolarisation. Ils gagnent en plus l’argent de la valorisation et en plus de la paye de la collecte. La coopérative permet d’obtenir le même numéro de SIRET pour tous les travailleurs et paye les charges.

A Paris il y a l’exemple de la Petite Rockette qui est issue d’une lutte squat pendant 3 ans, il aidait les gens en grande précarité et ils ont trouvé quelques moyens grâce à la ressourcerie. Remarquons cependant que dans le modèle économique des ressourceries 50% de la collecte est donnée à l’industrie sur le réseau du Refair ou d’Emmaüs Défit qui va au recyclage industriel. Alors qu’une économie populaire permet de mieux valoriser les objets et profiter directement aux personnes. Les politiques veulent l’employabilité des biffins dans les ressourceries. Il y a 250 embauches dans les structures de remploi en île de France en contrat d’insertion, alors qu’il n’y a plus de 3000 biffins. Le but ce n’est pas d’insérer les pauvres, mais de reconnaître des capacités, des compétences, des qualités autonomes des biffins qui sont bien plus professionnels qu’une personne employée en ressourcerie. Le boulot n’est pas le même. Il est plus restreint en ressourcerie. Dans la communauté des biffins, il y a tout ce que fait une ressourcerie : les récupérateurs, les collecteurs, les revendeurs suivant les profils.

Au lieu de parler d’employabilité dans un système économique qui les exclut, l’intérêt est de concevoir une économie populaire qui inclut tout le monde, notamment ceux qui n’auraient de toute façon pas accès à l’emploi, ce qui représente un biffin sur deux, comme les retraités, les sans-papiers, les extrêmement précaires, les handicapés. Cela renvoie à la question des droits comme pour les sans-papiers qui peuvent représenter 20 %. L’Économie populaire est à prendre aussi dans le sens que les biffins sont aussi des acheteurs, cela participe dans les deux sens. Les marchés aux puces actuelles ne répondent plus à cette économie, alors qu’avant les chiffonniers étaient intégrés à l’économie, ils revendaient les boues, les matériaux putrescibles pour l’agriculture et les matériaux utiles pour les artisans et les industries, il y avait des intermédiaires, tout était payé à la pièce, au poids, il y avait zéro déchet.

Les acteurs concernés doivent pouvoir développer leurs propres réflexions et expérimentations relatives à une économie profitable à tous. C’est une manière de déjouer les formes de récupération d’initiatives qui partent du terrain, mais sont ensuite récupérées dans des logiques qui dépossédés acteurs de terrain sous le couvert d’un discours techniciens et innovateurs. Il y a par exemple des séries de conférences sur l’occupation temporaire des lieux vacants, mais on n’y voit jamais les réseaux de militants en solidarité des plus démunis. Ceux qui parlent au nom des lieux sont souvent dans une logique de conventionnement et pas du tout de désobéissance. Il manque des gens plus militants plus engagés alors que ceux qui prennent la parole sont des gens plutôt déconnectés du terrain avec un discours plein de bonnes intentions. On peut s’interroger alors si ces « nouveaux lieux créatifs » ont une efficacité raccordée vraiment aux préoccupations de la population environnante tout en reprenant les symboles des anciens bastions des luttes ouvrières comme les friches culturelles.

Le squat lui-même est devenu une sorte de marché avec des appels à projets qui mettent en compétition des collectifs. Cela devient une forme d’anti squat. La dynamique squat a été ainsi récupérée par les classes sociales plus riches sous le couvert de la terminologie de l’innovation sociale. Il y a une libéralisation des biens communs, mais uniquement dans une logique marchande dans le sens par exemple d’une ubérisation des services de proximité. C’est le dernier accaparement du néolibéralisme rien n’y échappe.

On a essayé de défendre en décembre dernier un projet collectif sur un site d’Aubervilliers animé par le collectif Gargantua. On espérait être conventionné et monter un projet élaboré pouvant intégrer un marché d la récup. Finalement il n’y a pas eu de dialogue possible avec le propriétaire qui s’était pourtant engagé dans le cadre d’un protocole à reloger un squat précédent. Cependant la mairie d’Aubervilliers à une politique favorable en essayant de bloquer les projets de rénovation urbaine. Certaines mairies des quartiers populaires peuvent empêcher la police d’expulser les familles. Le problème c’est que pour récupérer des terrains il faut de l’argent, des financements.

Autoformation et expertise citoyenne à travers la problématique des squats

Les squats peuvent devenir des lieux d’autoformation où on invite d’autres catégories professionnelles apporter leurs compétences au service d’un processus commun. Des étudiants pourraient aussi trouver la possibilité de sortir de leurs murs d’expérimenter un processus d’engagement collectif. Rien n’empêche que ces lieux deviennent en cela aussi des formes d’université populaire animées par les principaux intéressés et invitant les universitaires où les techniciens à se mettre ainsi à l’école de la rue et de l’expérimentation sociale. Peut-être se rapprocher des écoles d’architecture et voir si une telle expérience peut être validée comme un « stage chantier » qui est obligatoire en licence (durée d’un mois).

L’invisibilité sociale rend difficile l’émergence de problématiques politiques. L’intérêt d’un lieu est aussi de faciliter un accompagnement et d’identifier les besoins, mais aussi dans une logique de formation-action de renforcer les compétences individuelles et collectives pour y répondre. L’expérience du lieu est en elle-même une formation, s’approprier un espace, pouvoir le gérer collectivement, se défendre dans les procédures de justice, etc. Cette expérience manque notamment aux habitants, maitre d’ouvrage et maitre d’œuvre qui s’engagent dans la conception d’habitats coopératifs.

Vivre 15 ans dans la rue ou vivre 15 ans de la biffe, c’est une expertise de la ville.

En cela les logiques d’innovation sociale et d’économie du commun sont des processus que peuvent s’approprier des acteurs qui en ont le plus besoin à travers des outils méthodologiques et les dispositifs. Roberto Bianco-Levrin (médecins du monde) parle ainsi de favoriser des « politiques ascendantes », qui partent du bas des situations d’expertise, de maîtrise d’usage, « l’expérience de survie collective construit des politiques de l’habitat, de la santé, de l’activité économique, de la culture, etc. ». Les politiques ascendantes interpellent les politiques d’État qui ne se pensent pas à partir des plus pauvres, mais à partir d’une culture technicienne qui pense ce qui est bien pour les pauvres. L’idée est alors de faire entrer dans le droit commun des dispositifs qui sont pensés et maîtrisés par les acteurs eux-mêmes.

Les collectifs de squatters sont généralement dans des approches transdisciplinaires. Ils peuvent mêler hébergement d’urgence et activités culturelles et artistiques. C’est une manière de dire qu’on ne peut pas dissocier la création d’un imaginaire d’une transformation sociale. Quelles que soient les formes de luttes, il reste nécessaire qu’elles s’appuient sur la revendication des droits fondamentaux comme le droit au travail et le droit au logement, elle ne peut se faire non plus sans l’appui de « contres espaces » où se recompose une autre manière de faire ensemble. C’est dans ces interstices que des espaces de vie naissent. Les milieux se mélangent.

Par rapport aux gens en situation de pauvreté qui vivent ou travaillent dans la rue comme les biffins dont certains sont aussi sans logement, la problématique « squat » s’inscrit dans une dynamique collective renvoyant à des questions citoyennes et non pas à une logique de contrôle social par l’insertion. Effectivement les biffins comme d’autres sont considérés soit comme sous-prolétaires, ne soit comme personnes à insérer. Dans les deux cas ne sont pas remis en cause ni le système économique ni le système d’insertion sociale.

Cela n’élude pas la réalité parfois difficile de ces formes collectives qui regroupent des intérêts et des approches avec des temporalités différentes, mais aussi des profils contrastés. Les personnes en situation de vulnérabilité accumulent les traumatismes parfois difficiles à gérer collectivement. Il est nécessaire de compartimenter les différentes activités. Il est difficile par exemple de faire coexister hébergement d’urgence avec les autres activités.

Il n’est pas simple effectivement d’organiser des collectifs occupants des espaces autonomes à une époque qui privilégie la criminalisation de la pauvreté et la marchandisation de tous les domaines de l’existence. On peut imaginer autrement que ces tiers lieux ou ces interstices urbains soient les seuls moments de respiration et de reconstruction d’une forme collective et citoyenne.

Ces lieux peuvent constituer en quelque sorte des zones d’apaisement, de constructions et de création, où s’exerce une bienveillance réciproque sans jugement a priori (« aller vers… », « être avec », « partir de… »), et essayer ainsi, même si ce n’est pas toujours facile, de ne pas reproduire les conflits, hiérarchisations, subordinations, discriminations vécues à l’extérieur. En prendre conscience, c’est se mettre non simplement en tant qu’occupant d’un lieu, mais aussi acteur d’une démarche collective, dans une logique d’autoformation, d’auto encadrement, d’autos missionnèrent, etc. Ou comment permettre aux personnes de se réinscrire dans sa propre trajectoire, défendre une cohérence, être respecté dans son intégrité. Le lieu induit par définition une relation de proximité et par conséquent un autre rapport entre l’espace et le temps. On peut prendre le temps de la rencontre est aussi le temps de se projeter dans le temps, bref s’inscrire dans une temporalité qui permet d’envisager l’action et l’aller-retour entre l’action et la pensée de cette action.

Les lieux de type squat sont donc des lieux de cohabitation où se croisent des populations différentes confrontées à la précarité et qui cherche un mode de vie alternatif à travers un mode d’habitat collectif. Certains squats sont plus ou moins socialement homogènes. La démarche dans laquelle nous pouvons tous nous retrouver et de partir des situations auxquelles sont confrontés les acteurs et de travailler à partir de ces parcours d’expérience pour dégager des problématiques et des actions communes. Nous sommes bien dans une recherche-action. Il s’agit donc de respecter les dynamiques internes de chaque collectif ou groupe et en même temps d’arriver à construire une parole et des enjeux dans l’espace public pour amener ses lieux à s’inscrire dans un schéma d’aménagement de développement du territoire et une économie de proximité.

Pour une autre approche du territoire et de son aménagement

Ces lieux ne sont pas en dehors de la ville, mais au centre des questions urbaines et par leur activité confirment qu’on ne peut les reléguer à la marge selon les représentations sécuritaires du moment. Il ne s’agit pas simplement en tant que « collectivisme libertaire » ou disons de manière moins orientée « démarche autonome » de dénoncer un pouvoir, mais aussi prendre le pouvoir de diffuser des expérimentations qui peuvent rentrer dans les logiques de développement territorial. Le lieu est la plus petite unité de l’échelle du commun à partir de laquelle s’élabore une commune ou une collectivité territoriale. L’architecture fluide du lieu peut donc se concevoir comme une modélisation de tiers lieux extensible à d’autres espaces de vie, en termes notamment d’économie du commun, de circuits courts, d’innovation sociale, etc.

Le squat, comme habitat, renverse complètement l’approche actuelle de l’architecture écologique. Le discours technocratique dominant se focalise sur la technologie et la matière, la performance des équipements et de l’isolation… tout en construisant des logements nécessitant toujours plus de surface par individus, incarnant des modes de vies individualistes qui multiplient les dépenses matérielles, énergétiques, etc… des résidents.

Le squat est un habitat écologique non pas par les performances de ses qualités physiques (isolation…) mais par la qualité écologique des modes de vie qu’il incarne. Dans un monde dominé par le chiffre et la pensée rationnelle, il serait intéressant d’organiser la mesure de cette qualité écologique de l’habiter coopérativement. Cela revient à mettre la science, ou plus précisément une forme de démonstration scientifique, au service d’un projet politique. Celui de tordre le cou au discours technocratique qui règne encore dans le monde dans le bâtiment et empêche l’émergence de réponses crédibles à la hauteur des enjeux sociaux et écologiques contemporains. Si les limites de l’agriculture conventionnelle sont connues du grand public et que s’organise des formes de soutien citoyen à l’agriculture paysanne, raisonnée, écologique… la prise de conscience citoyenne des limites de l’architecture conventionnelle reste à générer. L’agriculture intelligente fait sourire, la ville intelligente continue de faire rêver.

Il est important de faire connaître le squat comme forme d’habitat écologique et de le mobiliser dans le cadre des débats actuels entourant l’architecture écologique.

Annexe : Économie populaire et/ou économie sociale et solidaire ?

Cette note de travail reprend des éléments discutés à la table ronde « Redistribuer » du colloque du Groupement d’Intérêt Scientifique « Démocratie et Participation » sur les « Expérimentations démocratiques aujourd’hui : convergences, fragmentations, portées politiques » le 27 janvier 2017 à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord[1].

Quelles sont les conditions pour que la problématique de l’économie populaire soit prise en compte dans le domaine politique ? Depuis une dizaine d’années, des récupérateurs-vendeurs franciliens qui se nomment eux-mêmes « biffins » se sont mobilisés en réseau et en associations pour faire reconnaitre l’utilité directe de leur activité et faciliter l’ouverture de marchés dans l’espace public (voir le rapport d’étude auquel nous avons contribué en 2012 pour la région Île-de-France)[2].

  • Soit on place la récupération vente des biffins dans une économie de survie, c’est-à-dire à un sous-prolétariat qui rentre en concurrence avec le prolétariat classique et la forme salariale. Nous parlons effectivement d’économie informelle c’est-à-dire de personnes sans statut à qui on peut toujours reprocher de développer une économie concurrentielle (pas d’agrément, pas d’inscription au registre professionnel, as de cotisation sociale, pas de diplôme ni de licence)
  • Soit on place la récupération vente dans le couple « infernal » insertion / répression qui conditionne la mise en place de certains espaces marchands à une obligation de réintégration dans l’économie classique et au développement la répression partout ailleurs. Ce qui aboutit à la situation actuelle de quelque centaine de places accessibles en région parisienne alors que l’ensemble du territoire est soumis à une répression sans vision globale de cette économie.

Mais quand on interroge des structures de réemploi sur quel modèle économique ils veulent insérer les plus pauvres on s’aperçoit qu’il n’y a pas véritablement de réflexion quant à une forme alternative économique. Autrement dit on demande aux biffins qui ont trouvé une réponse par l’économie populaire de les réinsérer dans le système qui les a exclus.

Une autre approche est de dire que la récupération vente s’insère dans une forme écosystémique interrogeant les possibilités d’un développement économique sur un territoire. Il manque cette interface aujourd’hui entre une économie de survie et ce que serait cette économie populaire. On parle à la fois d’une économie au rez-de-chaussée des villes, d’un travail d’autoformation, d’une économie menée par les plus pauvres qui bénéficient aux plus pauvres.

Par leur propre force de travail, leur capacité à s’auto-organiser, les ressources recyclables disponibles sur les territoires, les biffins développent une activité économique de proximité. Tout en satisfaisant leurs besoins de base, ils participent en outre à un système socioéconomique d’échange. Ils contribuent à travers des circuits-courts à réintroduire des logiques endogènes de développement territorial.

Elle peut prendre différentes formes : ateliers autogérés, groupe d’achat, échoppes fixes ou ambulantes, petites réparations, systèmes d’échange local, cuisines collectives, récolte des déchets et revente dans la rue ou au bénéfice de dispositif de récupération…

C’est sur ce dernier aspect du circuit de la récupération-vente que s’appuie particulièrement notre programme de recherche-action, car il est exemplaire d’une économie d’auto-réalisation basée sur des compétences collectives contribuant à un développement durable dans la tradition des puciers aux portes de Paris.

La question qui se pose alors sur l’articulation entre forme d’expérimentation et forme d’écodéveloppement. À quoi sert-il d’expérimenter un nouveau modèle économique si les travailleurs qu’ils soient employés ou entrepreneurs sont confrontés à un modèle économique subordonné selon des règles financières à court terme peu propices à la créativité ? C’est en cela que les logiques normatives de l’économie sociale et solidaire classique ne sont pas non plus les réponses adéquates. Il est important que les formes de modélisation qui permette la généralisation de l’expérimentation puissent être aussi en adéquation avec une économie populaire. Sinon, on tombe dans une injonction paradoxale où l’on nous le demande d’expérimenter sans possibilité de proposer un modèle alternatif.

Nous rejoignons en cela la position de Jean Louis Laville sur la difficulté de la problématique de l’économie populaire soit prise en compte dans le domaine politique : « Il y a une segmentation et une hiérarchisation entre les sphères économiques et politiques. Au XIXe siècle la gauche s’est affirmée comme relevant du déterminisme économique avec la croyance très forte du développement des forces productives qui rejoint une pensée du libéralisme et participe à l’invalidation symbolique des économies populaires. Ce fétichisme politique pense finalement qu’à partir de la prise de pouvoir d’État de la possibilité par quelques réformes structurelles d’aller vers un changement démocratique. En cela la pensée sur le changement social a été orientée par le déterminisme économique.

Du côté de la pensée d’une entreprise non capitaliste, il n’y a pas de théorisation qui est tenue la durée. L’une des seules est la théorisation de l’économie sociale, mais qui s’est également enfermé dans une pensée limitée à l’entreprise comme organisation. Elle a cru qu’il suffisait de changer la propriété collective pour avoir un fonctionnement démocratique et qui a pensé que le changement social se réduisait à un certain nombre d’entreprises coopératives qui allaient essaimer par leur valeur d’exemple. La question est donc de penser un pont, construire des médiations entre la sphère politique et la sphère économique. Ce déficit théorique est devenu de plus en plus sensible alors que les pratiques aujourd’hui nous indiquent ces ponts existent dans la réalité où l’économie populaire sort de l’économie de survie pour légitimer un certain nombre de pratiques populaires en accentuant les formes de solidarité qui réinterroge les modèles de gouvernance à partir d’actions concrètes. C’est bien ici que se situe notre recherche-action avec les récupérateurs vendeurs l’expérimentation « Rues marchandes ».

Nous dégageons ici quatre points principaux qui pourraient représenter autant de soutiens à des expérimentations dans la perspective d’une généralisation :

  1. La capacité d’auto développement à partir des ressources endogènes du territoire qui à la capacité de miser sur son identité propre territoriale affirmer à partir de ses ressources humaines naturelles culturelles patrimoniales qui sont liées à l’histoire Savoir-faire et des coutumes. Il y a lien entre développement économique et préservation du capital patrimoniale. On pourrait concevoir des ateliers populaires du territoire incluant des équipes pluridisciplinaires pour révéler les ressources inexploitées.
  2. La capacité de créer un écosystème à travers une diversité des acteurs socio-économiques mise en relation. Où pourrait en envisager un cluster pour prendre un terme à la mode consacrée à l’économie populaire entre entreprises sociales, culturelles et économiques qui mettrait en relation fabrication de l’habitat, rues marchandes, accueil d’urgence, jardins partagés, auto réparation et autres ateliers.
  3. La capacité de mettre en place une nouvelle forme de gouvernance qui dépasse les élus et la démocratie élective ou même participative en inventant de nouveaux dispositifs de gestion des biens communs mettant en lien des acteurs autour d’une dynamique de développement territorial. Cela renvoie à la possibilité à de nouveaux acteurs de se déclarer sur le territoire qu’ils passent ou non par le tissu associatif ou coopératif de l’économie sociale et solidaire classique.
  4. La capacité à créer une économie d’échelle en mettant en relation différents territoires dans une dimension régionale et en créant ainsi une interface entre une économie de proximité et filières économiques s’appuyant sur une ingénierie dans une logique de mutualisation des moyens, afin de répondre aux besoins des différents acteurs qui maîtrisent sans sa production du territoire. Cette économie au « rez-de-chaussée » des villes d’auto construction, de transformation répondant à la nécessité des situations, induit également un autre rapport à la mobilité et la proximité.

Hugues Bazin, Contre-espaces d’une économie créative et populaire, www.recherche-action.fr, 2017


[1] Participant à la table ronde : Hugues Bazin (Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action), Pierre Crétois (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Maria Inés Fernandez Alvarez (Universidad de Buenos Aires), Jean-Louis Laville (Lise, Cnam), Sébastien Thiéry et Charlotte Cauwer (PEROU, sous réserve), Stéphane Vincent (27ème Région)

[2] http://recherche-action.fr/ruesmarchandes/download/etude_sur_les_biffins_en_ile_de_france/Les-biffins-etude-qualitative.pdf

Contre-espaces Et économie Populaire
Contre-espaces Et économie Populaire
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« Tiers-Espaces » comme support d’innovation sociale et citoyenne en quartiers populaires à travers l’expérience du quartier de l’Ariane à Nice

Rencontres recherche-action les 11 et 12 mai 2017 avec les acteurs du quartier de l’Ariane
sur l’invitation de la ManuFabrik,
notamment les activités de l’AmorçÂge et l’ouverture de l’espace de l’Utopie

« Tiers-Espaces »  comme support d’’innovation sociale et citoyenne en quartiers populaires
à travers l’’expérience du quartier de l’Ariane à Nice.

Les habitants acteurs du quartier (conseil citoyen, jury FPH, porteur de projets, acteurs/trice de théâtre forum ou d’improvisation…) sont invités à réfléchir et à écrire collectivement sur ce qu’ils sont en train de vivre à travers les nouveaux espaces qui s’ouvrent sur le quartier depuis plusieurs mois : contre-espace les jours de marché, tiers-paysage au jardin partagé, L’UTOPIE sorte de Tiers-lieu … mais aussi les espaces d’art social avec la colorisation de certaines entrées d’école, le mur Léon Jouhault …

Il nous paraît intéressant de nous attacher à un processus de transformation entre les personnes et les espaces selon un mode non institué, mais instituant construisant de nouveaux référentiels en matière d’éducation populaire, de développement économique et de modèle de gouvernance.

Hugues Bazin, ancien professionnel du champ social en prévention spécialisée et directeur de la revue Paroles Et Pratiques Sociales dans les années 1980, puis diplômé de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en anthropologie et sociologie, en devenant chercheur indépendant il synthétise dans son parcours ces deux dimensions, sociale et scientifique. Cette articulation s’illustre le mieux dans une démarche de recherche-action auprès de populations et d’espaces sociaux dont les problématiques restent bien souvent dans l’angle mort de la connaissance, viendra sur le quartier de l’Ariane :

Jeudi 11 mai 2017 de 10h à 17h  à L’UTOPIE pour construire un débat avec les habitants-acteurs + partenaires associatifs pour commencer l’écrit collectif : confirmer ou infirmer un processus et quel processus ?, développer une démarche…mettre en débat notre rapport au territoire, au travail…
sous forme d’un plateau radio ?

Vendredi 12 mai 2017 à partir de 10 h : visite du quartier depuis l’espace du marché vers le jardin partagé de La Panpa, les écoles et où vous aurez envie de l’accompagner.

Vendredi 12 mai 2017 de 14h00 à 16h00 à L’UTOPIE : débat avec les technicien(ne)s des institutions et les travailleurs sociaux du quartier. Quel regard ? Quel positionnement dans une démarche de transformation sociale ?

Contact

Christophe Giroguy – 06 64 30 23 74 – lamorcage@lamanufabrik.net

L’Utopie, rue des Eglantines, l’Ariane, Nice, 06300

Facebook : L’AmorçÂge Nice

 

Travail artistique pour quelle écologie des mobilités ? (Charleroi)

Séminaire Watch This Space 9 « ICI OÙ LÀ ? Ressources, usages et espaces de l’auteur

mardi 25 avril 2017, Plate-forme culturelle « Le Vecteur », Rue de Marcinelle 30, 6000 Charleroi, Belgique

Aujourd’hui, la mobilité permanente semble s’imposer. Entre local et global, comment l’artiste se positionne-t-il? Quel sont ses territoires d’investigations et d’opérations ?

Dans le cadre de la 9e édition du programme Watch This Space, 50° nord – Réseau transfrontalier d’art contemporain et ses membres invitent théoriciens des sciences humaines et sociales (philosophes, sociologues, historiens, etc.), artistes, étudiants en art, critiques et commissaires, à s’interroger sur les formes actuelles de pratiques et de développement du secteur des arts visuels. Car si la situation spatiale de l’artiste est bien sûr une donnée d’ordre géographique, elle a également un impact à la fois économique, sociologique et politique.  Entre mobilité et proximité, dans un monde aux réalités mixtes, l’artiste opère entre territoires tangibles et matières poétiques.

Inscriptions 50° nord : + 33(0)6.89.27.38.44 – contact@50degresnord.net

Programme

9H30 – 10H > accueil

10H – 10H15 > temps d’introduction et présentation du déroulé de la journée

Romain Voisin, coordinateur – Le Vecteur, Charleroi
Nathalie Poisson-Cogez, professeur d’enseignement artistique et coordinatrice recherche et professionnalisation à l’ESA du Nord-Pas de Calais Dunkerque-Tourcoing / membre du bureau de 50° nord

10H15 – 12H30 > débat d’idées / barcamp

modération
Anaïs Perrin, chargée de développement – CRP/
Centre Régional de Photographie, Douchy-les-Mines

Le laboratoire des hypothèses
performance/projection, en présence de Fabrice Gallis

Hugues Bazin, Travail artistique pour quelle écologie des mobilités ?

Les artistes sont de plus en plus convoqués (instrumentalisés ?) dans les programmes d’aménagement du territoire. La mobilité est un marqueur dans la façon d’envisager, pratiquer et transformer la ville.
Entre la marchabilité de proximité et les hubs de l’hypermobilité, cette conception néolibérale de la ville n’est pas obligatoirement celle des populations des territoires délaissés ou relégués qui s’inscrivent dans la mobilité des contre-espaces moins « douce », rapide et linéaire.
En ouvrant un imaginaire et en légitimant certaines pratiques d’espaces le travail artistique participe de cette géoconstruction de la réalité qui n’est pas sans impacte dans l’institutionnalisation de la société.

Pratique et stratégie ninjas
par Ann Guillaume, artiste-auteur

Frontières, mobilité et production technologique de l’espace
par Jean Cristofol, philosophe, ESA Aix, PRISM (AMU-CNRS), antiAtlas des frontières

12H30 – 13H45 > déjeuner et inscription aux ateliers

14H – 16H > ateliers répartis dans 3 salles

1- Quels dispositifs et outils pour la mobilité ?
invités : Marie Le Sourd, secrétaire générale – On The Move | Cultural
Mobility Information Network et
Tiny Domingos, artiste / directeur de rosalux.com / cofondateur du
Netzwerk Projektraueme Berlin
modération : Lissa Kinnaer, chargée des relations internationales pour les arts visuels au
Kunstenpunt / Flanders Arts Institute

2- La figure du sédentaire nomade : impacts du numérique dans nos usages aujourd’hui
invitée : Marie Lelouche, artiste-auteur
modération : Philippe Franck, directeur de Transcultures, Charleroi

3- Circulation : comment la mobilité génère-t-elle d’autres modes de pensée ?
invité : Armin Zoghi, artiste-auteur
modération : Nathalie Poisson-Cogez, professeur d’enseignement artistique et coordinatrice recherche et professionnalisation à l’ESA du Nord-Pas de Calais Dunkerque-Tourcoing / membre du bureau de 50° nord

16H – 16H30 > Temps de restitution – grande salle

16H30 – 16H45 > Conclusion et ouverture par Virginie Gautier, auteure et doctorante en recherche & création en littérature contemporaine

Soirée
Vernissage de l’exposition curatée par Richard Neyroud

Nightwood
avec
Gareth Cadwallader, Doris Lasch, Emma van der Put, Robin Vote.

L’exposition Nightwood expérimente une coexistence des œuvres des artistes avec un personnage du roman Le bois de la nuit de Djuna Barnes, auteure américaine mythique (1892-1982). Une histoire d’amour passionnelle rencontre le travail des artistes sur le terrain de la fiction et, ensemble, ils opèrent inexorablement un glissement du jour vers la nuit.

« – Avez-vous jamais pensé à la nuit ? demanda le docteur avec une pointe d’ironie.
Il était extrêmement désappointé, ayant attendu quelqu’un d’autre, bien que son thème favori et sur lequel il discourait chaque fois qu’il en avait l’occasion fût la nuit.
– Oui, dit Nora en s’asseyant sur l’unique chaise. J’y ai pensé, mais ça ne sert à rien de penser à une chose dont on ne sait rien. »
Extrait du roman de Djuna Barnes, Le bois de la nuit (1936).

Exposition visible du mercredi 26 avril au samedi 13 mai 2017
Ouverture le mercredi, vendredi et samedi de 13h à 17h – Entrée libre
Galerie V2 – Vecteur – 31 rue de Marcinelle à Charleroi

 

Le corps politique de la danse hip-hop

©Thomas-Bohl, Danse des guerriers de la ville

Le corps est l’endroit où s’enchevêtrent l’intime et le politique entre l’expression des sentiments et l’incorporation des oppressions. Le « dedans » est une opération du « dehors ». Dans ces plis se logent les conditions sociales de production de la personne. S’il y a bien un espace où cette confrontation peut avoir lieu entre art et pouvoir, c’est l’espace public.

 

Entre ceux qui pratiquent l’espace et ceux qui veulent contrôler son caractère sauvage, inorganisé, improbable, ingouverné, non fonctionnalisé. Il n’y a pas de définition préétablie de l’espace public, sinon dans la manière de jouer sur le curseur entre liberté et contrôle.

Soumis au formatage de la convocation et de l’événementiel, plus les cultures urbaines, le street art  et autre art de la rue sont encensés dans le discours officiel, plus ils sont inféodés à l’idéologie consensuelle de l’« attractivité » et de la « reconquête » des territoires interstitiels ou délaissés, c’est-à-dire à la fermeture des derniers espaces de respirations de la ville, « à la grande entreprise d’uniformisation urbaine, de cadrage des usages dans l’espace public et de gentrification de quartiers populaires »[1].

Comprendre les enjeux actuels, c’est comprendre comment le corps réagit dans l’espace public. Est-il régi par lui ou au contraire ouvre-t-il un espace en se déployant à travers lui ? Cette immersion dans l’espace provoque une poussée politique d’une force esthétique dirigée de bas en haut égale au poids du volume déplacé. Ce théorème d’Archimède appliqué à tous arts publics, appelons-le poussée de « l’art à l’état vif »[2].

Une technologie du pouvoir s’est instaurée pour évacuer les indésirables, les gueux, les marginaux, les migrants, les révoltés, pour les rendre invisibles, pour les mettre hors de portée, hors société, pour exclure savamment et méthodiquement le corps de l’espace et infliger aux corps les contraintes de la servitude. L’exploitation économique commence par une coercition des corps. C’est une manipulation calculée de ses éléments, de ses gestes, de ses comportements. La discipline fabrique des corps soumis et exercés, des corps « dociles » ; elle majore les forces du corps en termes économiques d’utilité et diminue ces mêmes forces en termes politiques d’obéissance[3].

Un jeune noir ou arabe dans les rues françaises apprend très tôt à ne pas courir devant les forces de l’ordre sous peine d’injures et de poursuites, car si l’on court c’est que l’on fuit et si l’on fuit c’est que l’on est coupable. Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois sont morts d’avoir couru[4].

« Ne jamais courir, surtout la nuit, pas de mouvements brusques, pas de capuchon sur la tête, pas d’objet à la main, surtout brillant, ne jamais attendre des amis à un coin de rue, au risque d’être pris pour un dealeur, garder ses distances avec ceux qui pourraient vous juger dangereux sous peine de se mettre soi-même en danger[5] ». Ce sont des règles universelles de résistance dans tous les territoires ségrégationnistes de la planète[6].

La marche comme proto mouvement d’un état du monde traduit directement ce rapport politique. Une pensée du corps dans l’espace ouvre cette voie réflexive d’interroger son expérience en constituant le contre espace d’un labo in vivo des repliements et dépliements d’une forme corporelle et sociale.

« Pendant l’entre-deux-guerres des artistes afro-américains propose de nouvelles formes de danse cherchant à s’éloigner des claquettes des danses de revue, il commence à penser la danse comme un lieu de revendications sociales et raciales, de métissage, de mémoire culturelle et de représentation de la diaspora »[7] qui fit écho quelques années plus tard à la lutte pour les droits civiques, le mouvement Black Power et les luttes des minorités.

Tout processus d’oppression génère sa culture de résistance. Les luttes sociales se réinventent à l’aune du changement radical des rapports de production. Un acte libre et gratuit ne peut qu’interroger de par sa simple existence les conditions politiques d’émergence d’un espace public. C’est une manière de réaffirmer le caractère non-propriétaire comme espace du commun partageable. Un système à prétention totalitaire possède ses propres failles. La rue avec ses espaces insoumis et ses murs révoltés est une de ces failles spatio-temporelles. Par le fait même d’être à la fois le début et la fin d’un processus de marchandisation, elle provoque des tensions où se logent des pratiques spontanées et brutes d’hacking urbain selon les méthodes créatives de détournement et de la récupération à l’instar du graffiti[8] et du parkour[9].

La danse devient elle-même politique en dépassant l’emprise de la peur, en retournant ce par quoi la ville se refuse à la rencontre et à l’expression. Et tout d’un coup, ce corps invisible, refoulé, replié, relégué aux périphéries rythme le cœur des places. Cet acte fondamental d’appropriation de son espace vital recompose l’unicité de son parcours de vie.

La danse hip-hop est politique parce qu’elle restaure cette fonction critique dans la tension entre le proto mouvement du corps contraint et le méta mouvement des luttes d’émancipation. Elle se distingue en cela de la danse contemporaine dans sa forme instituée labellisée par le monde de l’art qui a perdu sa promesse émancipatrice, « un projet dont la faillite accompagne la fin des avant-gardes historiques et l’échec du projet révolutionnaire »[10]. Seul peut se dire contemporain celui qui ne se laisse pas aveugler par les lumières du spectacle. « Contemporain est celui qui reçoit en plein visage le faisceau de ténèbres qui provient de son temps »[11].

Au rez-de-chaussée des villes, au plus bas des dalles et des halls, en tâtant la dureté des textures le mouvement tire sa force des matériaux disponibles, le béton prenant ici le rôle de la terre mère africaine. « En Afrique, la danse n’est pas séparée, elle fait partie intégrante du complexe vivant »[12].

Cette capacité à relier la terre battue et le bitume participe d’une médiation de la forme (l’expérience esthétique) avant une médiation de l’œuvre (l’expérience artistique). C’est ce qui a facilité la traversée des océans entre Afrique et Amérique, Amérique et Europe, Europe et Afrique. C’est ce qui a permis de transcender les cultures en dépassant la séparation entre un art de vivre et vivre l’art entre culture populaire et culture savante.

Ce n’est pas un objet d’art statufié qui prend sens dans le regard du public averti de « La » culture, mais des situations en mouvement d’un imaginaire instituant entre les hommes et le monde. Autrement dit, il ne peut avoir transformation sans relation entre forme et sens, matériaux et symboles. Sans l’irruption créatrice de cet imaginaire, la société n’existe plus dans ce qui fonde notre manière de vivre ensemble.

« En matière de création artistique, il importe essentiellement que l’imagination échappe à toute contrainte, ne se laisse sous aucun prétexte imposer de filière. Loin de notre pensée de vouloir ressusciter un soi-disant art « pur » qui d’ordinaire sert les buts plus qu’impurs de la réaction. Nous estimons que la· tâche suprême de l’art à notre époque est de participer consciemment et activement à la préparation de la révolution. L’artiste ne peut servir la lutte émancipatrice que s’il s’est pénétré subjectivement de son contenu social et individuel, que s’il en a fait passer le sens et le drame dans ses nerfs et que s’il cherche librement à donner une incarnation artistique à son monde intérieur »[13].

Mais une fois décrétée objet d’art, l’œuvre perd cette force médiatrice. Retrouver l’énergie salvatrice s’opère dans la confrontation aux matériaux. Se cogner au ciment cimente. C’est dans cette force structurante que naissent une conscience et des collectifs, un mouvement indiscipliné, sauvage qui s’invente lui-même ; c’est dans ce mouvement que s’exprime un désir irrépressible et spontané surgi de l’expérience innommable, intolérable des rapports de domination. Si les cultures urbaines sont nées du croisement entre l’art et le peuple alors elles ne peuvent exister que comme formes autonomes et subversives.

Elles perdent leur autonomie là où commence la définition de l’art et du peuple comme objet économique et sociologique. Existent-ils vraiment ? Certains disent les avoir rencontrés. Ne les croyez pas ou plutôt croyez en l’illusion de la réalité du peuple que procure l’art. « L’art est un mensonge qui dit la vérité en nous délivrant de l’illusion du réel »[14].

La folie de Charlie Chaplin disparaît lorsque le cinéma parlant devenu une industrie s’est mis à prétendre décrire le réel alors que le cinéma muet finissait en objet de curiosité et d’analyse. Sa force était ces zones d’ombre, le caractère irréel de ses personnages. Comme le déplorait Chaplin, « de nos jours on n’en sait trop sur les gens, il n’y a plus de place pour l’imagination, pour la poésie inhérente aux figures mythiques »[15]. Ces personnages n’existaient pas dans la vraie vie et pour cela pouvait dénoncer férocement les conditions de vie, jouer le facteur de chaos à l’intérieur de l’ordre établi, réussissant à créer leurs propres dynamiques auxquelles pouvaient s’associer les gens.

Alors, doutons lorsqu’on prétend décrire un peuple et un art hip-hop. Attachons-nous à une recherche qui se déjoue des représentations chosifiant le vivant pour mieux toucher la vérité d’un mouvement d’émancipation et de création, là où la danse de rue retourne l’enveloppe de la ville permettant à chaque passant pauvre ou non de projeter dans le clochard céleste l’âme révolutionnaire.

Que nous dit le danseur hip-hop ? « Puisque tu n’as rien, tu vas faire quelque chose de magnifique. L’art est au coin de la rue, il suffit d’avoir des yeux de poète »[16]. Ne croyez pas les commentaires paternalistes qui disent d’un ton condescendant qu’un chorégraphe est « issu du » hip-hop ou « issu de » la rue lorsqu’il accède au Saint Graal des scènes contemporaines. Le hip-hop serait digne d’intérêt non dans sa force éruptive, mais comme volcan éteint, esthétiquement domestiqué, policé une fois éliminé tout danger subversif.

« La danse est la danse. Un chorégraphe noir qui chorégraphie des ballets classiques sur des thèmes empruntés à l’Antiquité grecque n’est pas moi artiste qu’un chorégraphe noir dont le travail s’inspire du ghetto »[17]. « Issu de » rappelle constamment l’injonction faite aux arts considérés comme mineurs et a-historiques – puisqu’enfermés dans un passé dénué d’avenir – de s’ouvrir à l’art, le vrai, celui qui s’inscrit dans l’histoire et le récit national. Comme il est toujours rappelé aux jeunes « issus de » l’immigration trois générations après qu’ils ne seront jamais totalement français, qu’ils n’appartiendront jamais au récit collectif et doivent toujours faire la preuve de leur intégration comme manifestation de leur docilité.

Michel De Certeau appelait cela la « beauté du mort » où les arts et les cultures populaires deviennent attractifs qu’une fois éteints[18]. Chris Marker le confirme notamment à propos du pillage de l’art africain : « quand les hommes sont morts, ils entrent dans l’histoire. Quand les statues sont mortes, elles entrent dans l’art. Cette botanique de la mort, c’est ce que nous appelons la culture »[19].

Mais l’émergence de formes brutes et singulières nous indique qu’« il se peut que, sur les ruines de la culture, une création d’art renaisse, orpheline, populaire, étrangère à tout circuit institué et à toute définition sociale, foncièrement anarchiste, intense, éphémère, dégrevée de toute idée de génie personnel, de prestige, de spécialisation, d’appartenance ou d’exclusion, de clivage entre la production et la consommation. Ce serait l’avènement d’un homme sans modèles, radicalement irrespectueux et par conséquent créateur »[20].

De l’art et du peuple lequel finalement manque le plus à l’autre ? Il est de bon ton, et plus confortable moralement, de prétendre que l’art manque au peuple. C’est ainsi que s’érige l’idéologie néo coloniale envoyant les artistes comme missionnaires civilisateurs au nom de la reconquête des territoires populaires. « On peut penser aussi que c’est le peuple qui manque à l’art, et c’est aux artistes alors de nous le rappeler, eux qui ont recours à son énergie, à sa créativité et à ses ressources, pour renouveler leur inspiration »[21].

La danse hip-hop reçoit l’injonction de s’ouvrir. « En distinguant art majeur et art mineur, la politique culturelle de l’État a contribué à maintenir les ségrégations culturelles. Elle a établi des échelles normatives de valeur fondées sur la notion vague d’« excellence », dont on peut se demander si elle relève du goût, nécessairement subjectif, ou d’un critère construit par l’esthétique et/ou l’histoire de l’art »[22].

Pourtant, loin d’enfermer l’art, le hip-hop et autre art populaire le libèrent du carcan qui le sépare de la vie. Ainsi la danse ne devient pas « art » une fois qu’elle monte sur la scène des théâtres contemporains, l’art existait dès les premières secondes de sueur jetée sur l’asphalte. Elle sera vivante tant qu’elle continuera d’introduire le corps pensant dans l’espace public.

Ce corps acrobate tel un Buster Keaton prend des risques. Parfois maltraité, parfois briser, « il est projeté avec fulgurance au travers des structures sociales, des mécaniques et des machinations de la société. C’est un corps jeté au monde, et dans le mouvement de sa projection il va précipiter, emballer le monde à l’échelle des grands espaces, de la ville entière »[23].

Dans le cercle hip-hop, dans ce jeu continuel d’appel réponse propre à toute forme populaire, le corps du spectateur est mobilisé, il est transporté, il devient lui aussi acteur de ces liaisons et déliaison sensorimotrice, il est projeté dans cette danse avec le monde.

En créant un nouveau cadre de réception, la danse hip-hop crée un environnement qui ouvre un champ de possibilités sans pouvoir présager de la forme d’apparition et de production des événements, rarement répertoriés dans les lieux dédiés à la culture qui qualifient l’œuvre en fonction des critères d’excellence artistique.

Mais comme le rappelle Jean Dubuffet « L’art ne vient pas coucher dans les lits qu’on a faits pour lui ; il se sauve aussitôt qu’on prononce son nom : ce qu’il aime c’est l’incognito. Ses meilleurs moments sont quand il oublie comment il s’appelle ».

Échapper à la catégorisation de la forme esthétique c’est d’une autre manière revendiquer l’expérience esthétique comme faisant partie du processus artistique et l’art lui-même comme bricolage assumé. C’est comprendre avant tout l’œuvre comme un principe d’accomplissement de ce mouvement. Ce n’est pas refuser une professionnalisation, mais indiquer que les modes de création, de transmission et de diffusion peuvent emprunter des chemins braconniers et, par conséquent, sa propre façon d’organiser, de classer, de hiérarchiser ses modes de validation et de jugement, distincts de ceux du monde de l’art.

Après tout on veut bien accepter de l’art contemporain qu’il développe des œuvres comme processus d’emprunts collages, réappropriation, transformation, rupture, renversement… Alors, la prise en compte de l’aléatoire dans l’œuvre, le dialogue ou la confrontation avec les matériaux bruts, la préférence du processus intuitif à l’ingénierie de projets, l’absence d’appartenance à une école, la revalorisation par le détournement des situations déclassées ou reléguées devraient être des critères tout aussi acceptables d’une mise en œuvre artistique que celle du milieu académique ou institutionnel.

Et si l’on refuse à cet art indiscipliné une autonomie, ce n’est pas pour des critères artistiques, mais politiques couvrant d’autres raisons économiques. Le refus de considérer l’art catégorisé comme mineur, minoritaire, voire communautaire, c’est lui refuser de se constituer comme forme sociale et culturelle totale, un « Tout-Monde »[24] dans sa diversité et son universalité.

À la brutalité du monde et des hommes ­répond l’art porté à mains nues comme une arme. Le collectif de femmes du New Dance Group affirmait dans les années 30 « dance is a weapon », la danse est une arme contre les puissants, une arme pour les dominés, une ­arme pour l’émancipation des masses. « Alors on va dans les usines, dans les bureaux, dans les rues, on enseigne l’art du mouvement ­libre, de l’improvisation aux danseurs professionnels comme aux amateurs, ­enfants, ouvriers ou secrétaires »[25].

Le corps politique de la danse et autre art dans l’espace public sont une guérilla en faveur d’un libre accès à l’espace et la culture. « Il est grand temps pour nous, dans la grande tradition de la désobéissance civile, de manifester haut et fort notre opposition à la confiscation de la culture publique par les organismes privés »[26]. Il nous faut nous emparer du savoir et tous autres matériaux utiles là où ils sont, les diffuser et les partager avec le reste du monde.


Hugues Bazin, Intervention à la conférence dansée, « Danse contemporaine, questions d’Afrique », 18 mars 2017, Morsang-sur-Orge (91) sous les auspices des Rencontres Essonne Danse et du centre de développement chorégraphique La Briqueterie (Val-de-Marne)


[1] Anne Gonon, « La ville a-t-elle définitivement dompté ses artistes urbains ? », in revue Nectart No 1, 2015.

[2] Richard Shusterman, L’art à l’état vif, La pensée pragmatiste et l’esthétique populaire, Ed de Minuit, 1992, Col Le sens commun.

[3] Michel Foucault, Surveiller et punir, Gallimard, 1975

[4] À l’origine des émeutes de 2005

[5] Garnette Cadogan, « Être Noir dans la ville », Le Monde du 19/01/2017

[6] Sur l’humiliation et l’incorporation du pouvoir par le corps : Hugues Bazin, « Police des banlieues, contremaître du néo capitalisme », recherche-action.fr, 2017

[7] Claire Rousier, « Avant-propos » in Danses noires, blanche Amérique, Centre National de la Danse, 2008, p.5.

[8] Hugues Bazin,  « L’art d’intervenir dans l’espace public » in Territoires No 457, Adels, 2005, p.10-12

[9] Hugues Bazin, « Les arpenteurs ouvreurs d’espaces », revue Arpentages, 2013

[10] Thierry de Duve, « Fonction critique de l’art ? Examen d’une question », in C. Bouchindhomme et R. Rochlitz (dir.), L’Art sans compas. Redéfinitions de l’esthétique, Paris, Le Cerf, 1992

[11] Giorgio Agamben, Qu’est-ce que le contemporain ?, Paris, Rivages, 2008

[12] Ric Estrada, « Three leading negro artists and how they feel about dance in the community » in Dance Magazine, vol 42, no11, 1968, p.60.

[13] André Breton, Diego Rivera, Manifeste pour un art révolutionnaire indépendant, Mexico 25 juillet 1938

[14] Pablo Picasso, Cité par Florent Fels dans « Propos d’artistes », Bulletin de la vie artistique, juin 1923.

[15] Simon Backès, Chaplin/Keaton, le clochard milliardaire et le funambule déchu, 52’, MK2 TV, 2015

[16]  Bodan Litnianski, cité in Olivier Olivier Thiebaut, Bonjour aux promeneurs ! Sur les chemins de l’art brut, Editions Alternatives, Paris, 1996.

[17] Julinda Lewis William, « Black dance : adiverse unité », Dance Scope, vol14, no2, 1980, p.58

[18] Michel de Certeau, « La beauté du mort » in La culture au pluriel, Paris, Christian Bourgeois, 1974, (Points Essais), 1993.

[19] Chris Makher , Commentaires, Paris, Seuil, 1961

[20] Michel Thévoz, L’Art Brut [1975], Genève, Albert Skira, 1995.

[21] Jean Olivier Majastre, L’art, le corps, le désir. Cheminement anthropologique, Paris l’Harmattan 2008

[22] Jean Caune, « Culture administrée ? Art instrumentalisé ! », Revue Nectart No 4, 2017

[23]  Simon Backès, Chaplin/Keaton, le clochard milliardaire et le funambule déchu, 52’, MK2 TV, 2015

[24] Hugues Bazin « Art du bricolage, bricoleurs d’art » in Les cahiers d’Artes « L’art à l’épreuve du social », Presses Universitaires de Bordeaux, 2013, pp 95-113.

[25] Victoria Phillips Geduld, Dance is a weapon : le New Dance Group, 1932-1955, Centre National de la Danse, 2008.

[26] Aaron Swartz, Manifeste pour une guérilla en faveur du libre accès, Juillet 2008, Eremo, Italie

Police des banlieues, contremaître du néocapitalisme

Les derniers faits de cruautés[1] sous le couvert de contrôles policiers sont présentés par les commentateurs médiatico-politiques comme des actes individuels. Au pire, il suffirait d’extirper les brebis galeuses du troupeau pour que tout rentre dans l’ordre républicain.

Les « bavures » ne sont pas des dérapages individuels, l’humiliation est un système de domination. La police représente pour les jeunes de banlieue de la cité des 3000 à Aulnay (Seine-Saint-Denis) ce que furent les contremaîtres de leurs parents travailleurs à l’usine automobile d’Aulnay.

Les choix industriels de l’époque d’embaucher massivement une main-d’œuvre immigrée sans possibilité de formation et de promotion condamnent ces ouvriers à des bas salaires et des conditions de travail pénible. « On n’en pouvait plus, les ouvriers travaillaient plus et perdaient en salaire, ils étaient insultés » raconte Christian Bonin dans le film « Haya » (« en avant », en arabe) [2]. Jusqu’à 3000 ouvriers, sur un site qui compte alors 6000 employés, cessent le travail. Cette grève restera atypique : grève d’OS (ouvriers spécialisés), grève d’immigrés, grève pour la dignité avant toute autre revendication (grève de Citroën-Aulnay de 1982).

Les années 80 sonnèrent entre Ronald Reagan, Margaret Thatcher et François Mitterrand la fin dans les pays occidentaux d’un type de capitalisme industriel, l’installation d’un chômage de masse, l’avènement d’un capitalisme financier, la marchandisation de l’existence et le recyclage des idéologies soixante-huitardes dans l’économie néo-libérale. Ce sont les banlieues qui constituent alors les lieux de résistance.

Entre 1982 et 84, « les grèves menées par les ouvriers immigrés de l’automobile de la région parisienne posent la question du devenir d’un salariat particulièrement dominé et exploité, dans une industrie en constante restructuration »[3]. Les luttes sociales portaient autant sur le travail que sur le logement, les lois discriminatoires d’expulsion, les actes racistes. Les grèves sont l’occasion de libérer une parole muselée. Au-delà des revendications syndicales, la question de la dignité est omniprésente dans les paroles des OS, qui renvoie tant à la dignité en tant que salariés vis-à-vis de l’entreprise, qu’en tant qu’immigrés vis-à-vis de la France. Les quartiers populaires trouvent une certaine autonomie dans cette articulation entre luttes professionnelles et luttes des minorités. Une de ces expressions fut en 1983 la « marche pour l’égalité » qui s’achève par un défilé de 100 000 personnes à Paris et l’engagement du président de la république sur certains droits.

Le discrédit participe de l’arsenal répressif. Les rapports des renseignements généraux dans les luttes au sein des entreprises sont invoqués pour appuyer la thèse relayée pas les plus hautes sphères de l’État d’un « islam ouvrier sous influence extérieure » . Le traitement politique du conflit sous l’angle religieux inaugurait il y a 35 ans le discours islamophobe postcolonial et le clivage national/racial s’imposant aujourd’hui dans l’argumentaire de l’islamisation des ex-banlieues ouvrières. En même temps que le Front National engrange ses premiers succès électoraux en 83, le Premier ministre socialiste de l’époque, Pierre Mauroy et son ministre du travail Jean Auroux développent la thématique des « grévistes noyautés par l’intégrisme » : « les immigrés sont les hôtes de la France et à ce titre ont un double devoir : jouer le jeu de l’entreprise et celui de la nation »[4].

Si l’entreprise a disparu, le quartier la remplace dans l’injonction de docilité. Le contrôle qui s’opérait dans le rapport au travail s’étend dorénavant dans toutes les séquences de vie par la militarisation de l’espace. De l’exploitation ouvrière à l’asservissement des banlieues, les procédés sont les mêmes : c’est l’incorporation de la domination par les corps où le policier joue dorénavant le rôle du contremaître. Le quadrillage par les mouchards, la hiérarchisation parallèle, les assignations sans motif, les insultes racistes qui étaient le lot quotidien de « l’usine de la terreur » dénoncée par les ouvriers de l’époque sont les mêmes mécanismes qui opèrent maintenant dans les « quartiers de la peur ». Il est logique que les revendications résonnent de la même façon aujourd’hui. Les travailleurs immigrés demandaient le respect de la dignité, la liberté de parler, de s’engager dans l’organisation de son choix, d’être reconnu dans le droit de penser et de religions différentes, de cesser d’être traités comme des esclaves…

L’humiliation reste le support privilégié pour effacer le sujet dans sa qualité même d’être humain. « Elle est une forme intense, de souffrance psychique : elle dévalorise, méprise et met en cause le droit de l’individu »[5].  Chaque personne doit intégrer cette peur comme modèle comportemental de soumission indépassable de sa situation personnelle. En entreprise comme dans le quartier, l’humilié doit comprendre son inadaptation aux exigences du système. Le sentiment d’inutilité est la base même du totalitarisme économique, ce que Patrick Vasseur appelle « superfluité »[6], c’est-à-dire un système où les hommes sont superflus, atomisés dans une masse sans possibilité de se rattacher à une forme collective : un individu sans qualité, sans originalité, sans singularité, sans personnalité, un individu inférieur. À cette forme totalitaire correspond une humiliation radicale. Le manque de respect, de considération, le déni de reconnaissance viennent rappeler cette condition. La soumission des groupes passe toujours par la dimension individuelle. On isole pour cela l’individu, on cherche à l’atteindre par l’intime, là où s’abritent les sentiments les plus profonds d’existence de soi et des autres. On le réduit à un corps, on disqualifie sa vie par le vécu sensible de la douleur, de la dégradation.

Résister à cette domination, c’est analyser l’humiliation avant tout comme une question politique décisive. À cette dégradation individuelle correspond la détérioration constante ces dernières années des conditions socio-économiques dans les quartiers classés « prioritaires ». Alors que la situation de l’emploi semble se stabiliser sur le plan national, la hausse du chômage deux à trois fois supérieur dans les quartiers (indépendamment du niveau de diplôme) n’est pas une conséquence de la crise, c’est un choix politique. Plus les banlieues populaires apparaissent inutiles au développement du pays depuis la déstructuration du tissu industriel, plus le système répressif s’accentue, le contrôle s’opérant par transfert de la violence de la sphère de production à la sphère publique.

Cette domination basée sur une ségrégation territoriale et une discrimination ethno-sociale n’est pourtant pas audible dans le débat public. Elle est même devenue progressivement « acceptable » en se parant d’un alibi idéologique. La critique de classe laisse place à une approche culturaliste où le travailleur immigré devient le musulman et le jeune issus de l’immigration une racaille naturellement encline à la délinquance. Ce sont les thèses fumeuses de l’« insécurité culturelle » (peur du multiculturalisme, du « grand remplacement »), la thématique de la « reconquête des territoires de non-droit », la reformulation d’un récit national excluant l’apport des immigrés, l’instrumentalisation de la laïcité dans une racialisation des rapports sociaux, etc.

Les travailleurs de terrain ont pu constater ce pourrissement progressif caché par la logique technicienne de la « politique de la ville » qui finit d’étouffer toute velléité d’auto organisation du milieu associatif. Détruire les tours d’immeubles et rénover les façades n’ont jamais permis aux populations de mieux s’organiser en autonomie. Les modes de structuration anciennement liée aux luttes dans le travail ayant disparu, il n’est pas accordé aux révoltes le statut de luttes légitimes comme en 2005 (suite à la mort de Zyed et Bouna à Clichy-sous-Bois), systématiquement renvoyées à la case délinquance des « casseurs » et autres « réseaux mafieux ».

La perpétuation d’un état d’urgence débridant la violence policière et son détournement dans la répression du mouvement du printemps 2016 contre la Loi Travail ont eu pour effet inattendu de faciliter un rapprochement entre les différentes formes de luttes. Les primo-manifestants découvrent en « live » la technologie du pouvoir militaro-policier maintenant sous le joug les banlieues depuis des décennies et réciproquement les acteurs de banlieues découvrent à travers les réseaux sociaux les stratégies d’organisation et de rébellions mises en place par les mouvements autonomes.

La convergence des luttes souhaitée à l’époque ne s’est pas vraiment faite, car restant accolée au modèle de rapport au travail et de militance propre à certaines couches socioprofessionnelles. Les « Sans » se sont retrouvés cependant dans les cortèges de tête des manifestations et les AG d’occupation des places sans permettre vraiment aux quartiers populaires de trouver leur propre forme d’organisation. Le rassemblement le 11 février 2017 devant le tribunal de Bobigny et dans plusieurs autres villes de France en soutien à Théo L. a constitué peut-être l’un de ces points de convergence.

Alors que les flammèches d’une guérilla urbaine peuvent à tout moment provoquer un embrasement, l’émancipation des populations dominées passe par la possibilité de prendre le statut d’acteurs politiques comme à l’époque des luttes ouvrières dans l’industrie automobile. En s’affirmant comme référent à l’ensemble des mouvements, la périphérie devient centrale, condition nécessaire à une transformation radicale des modèles économiques et politiques. Les banlieues ne sont plus alors les « lieux du ban » assigné identitairement, mais les centres d’une intelligence sociale dans le partage des savoir-faire, l’autoformation réciproque, l’appropriation des lieux et des outils, l’émulation et la fierté collective… L’histoire des luttes montre que d’autres trajectoires collectives sont toujours possibles.

 

[1] Le 2 février, dans la cité des 3000, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Théo L., 22 ans, est gravement blessé, violé par une matraque télescopique d’un policier.  Le 29 octobre 2015,  Alexandre T. a également l’anus  perforé par la matraque d’un policier municipal de Drancy (Seine-Saint-Denis) qui est jugé pour violences volontaires avec arme, le jeune homme a perdu son emploi et reste traumatisé, – Le 19 juillet 2016  à la suite de son interpellation, Adama Traoré, 24 ans, meurt dans la gendarmerie de Persan (Oise) dans des conditions non inexpliquées par les autorités… Sans être aussi dramatiques, les contrôles qui tournent mal sont monnaie courante. Trois points de suture au cuir chevelu, une dent cassée et un hématome sur le visage. C’est le bilan médical de l’interpellation d’Hicham, dans la nuit du 3 au 4 février dernier à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). Une plainte est déposée, etc.

[2]  « Haya », Réalisé par Edouard Bobrowski et Claude Blanchet, France, 1982, 60 mn

[3] Vincent Gay, « Des grèves de la dignité aux luttes contre les licenciements : les travailleurs immigrés de Citroën et Talbot, 1982-1984 », www.contretemps.eu

[4]  Frantz Durupt, « L’usine PSA d’Aulnay sous influence islamiste ? Un argument qui remonte à 1983 », Libération du 3 janvier 2017

[5] Claudine Haroche , « Le caractère menaçant de l’humiliation », Le Journal des psychologues, 6/2007 (n° 249), p. 39-44.

[6] Patrick Vassort, Contre le capitalisme. Banalité du mal, superfluité et masse, Le Bord de l’eau, coll. « Altérité critique », 2014

Sociologie des pratiques urbaines (Reims)

Cette rencontre le jeudi 25 Janvier 2017de 13h à 19h, Quartier LibreEspace collectif et créatif, 12 rue Filles Dieu, 5100 Reims, a pour but de présenter les données récoltées lors de cette étude/recensement, nous permettra également d’avoir un regard et une analyse historique et sociologique autour des pratiques urbaines par la présence de Hugues Bazin (chercheur et fondateur du laboratoire d’expérimentations sociale et culturelle recherche-action.fr) et Thomas Blondeau (journaliste aux Inrocks et spécialiste de la culture Hip Hop) et vous permettra de rencontrer des profils pépites oeuvrant dans les cultures urbaines à l’échelle de la région.:

  • Julien Colinet, MJC Calonne, Sedan
  • Ismael Taggae, danseur, Reims
  • RESFE, graphiste et arts visuels, Paris
  • Raphael Chiquet, champion du monde de BMX flat 2009, Epernay
  • Guillaume Brière, The Shoes, producteur, Reims
  • IEMZA, street artist, Reims

Cet après midi se déroulera en plusieurs temps :

  • Accueil
  • Présentation de Quartier Libre – espace collectif et créatif
  • Présentation des données issues de l’étude/recensement et les limites constatées ;
  • Intervention croisées de Hugues Bazin et de Thomas Blondeau
  • Speed meeting, rencontre des profils pépites régionales oeuvrant dans les cultures urbaines
  • Conclusion et prises de paroles officielles
  • Temps de convivialité

L’association Velours et ses partenaires, la Direction Régionale de la Jeunesse, des Sports et de Cohésion Sociale ainsi que la Direction Régionale de Affaire Culturelles, vous invitent à la rencontre autour de l’étude/recensement des pratiques urbaines en région Champagne Ardenne qui a débuté en 2015 et s’est finalisée au printemps 2016..

 

 

Pour toutes questions contactez le : 06.31.76.57.75

Rencontres du tiers lieu nomade (Clichy – 92)

Les tiers lieux, en facilitant la rencontre, le partage, l’innovation, en mutualisant des ressources, et en prenant davantage en compte l’humain et la nature offrent des espaces pertinents de solidarité, de création de valeur et de développement local.

Le temps d’une demi-journée et d’une soirée, le projet TIERS LIEUX NOMADE permet de faire découvrir et de s’approprier le concept des Tiers Lieux et de tiers espace en le pratiquant, dans des lieux à chaque fois différents.

 

Samedi 10 décembre de 14h30 à 00h00

Kamu, Café associatif, 12 rue Léon Blum, 92110 Clichy la Garenne, Métro Mairie de Clichy

Inscription  – Contact : tierslieunomade(at)gmail.com – http://tierslieunomade.fr/

Programme :

Une après-midi axée sur des partages de réflexion et d’initiatives autour de l’économie sociale et solidaire avec différents intervenants. Ces interventions seront ponctuées d’animations artistiques et culturelles. Cette journée se clôturera par un pot convivial suivi d’un dîner concert.

14h30 – Accueil

15h – Comment favoriser un développement solidaire des territoires urbains ?

  • Démarche de Tiers lieu, projet Tiers Lieu nomade, par Christine Balaï
  • Intervention de Hugues Bazin, démarche de recherche-action, l’exemple du projet Rues Marchandes, Récupérateurs-vendeurs
  • « La ville inclusive », Christine Balaï

Mise en perspective par Taleb Nacera, Formateurs solidaires, des nouveaux paradigmes à l’œuvre autour des initiatives solidaires et dans le domaine du développement personnel, avec la présence de porteurs d’initiatives ou d’autres intervenants, notamment :

  • Nestor GOMA, ONG Horizon
  • Tony Capora, Abulai Danso, associations FARE et Un pas de plus, avec notamment un projet communautaire à Saint-Denis
  • Mathieu Morange du groupe La poste
  • D’autres participants à confirmer …

Débat participatif animée par Tatiana ou Armelle, architectes sociales et bioclimatiques Animation jeux pour les enfants avec l’association AirDeJeu

17h : présentation du défi autour de la mobilité de Koom sur Clichy, en présence de Julien boucher, élu ESS de la Mairie de Clichy et l’association SOLICYLE.

17 h30 : présentation de la plate-forme pour les artistes Eventiparis, par Hubert Locco-Rocca

18h : pot convivial Repas à partir de 19h

20h : soirée musicale et artistique, avec comme clou de la soirée : le Profess’Or Strange, qui lancera son nouvel album.

 

Ciné Débat « Cultures populaires ou espaces populaires pour la culture ? » (Paris)

Mercredi 12 octobre à l’atelier Varan 6 impasse MontLouis – 75011 Paris

quartiers-en-cultures

  • 19h15, projection en avant-première du film Quartiers en Cultures, réalisé par Wilfried Jude (www.quartiersencultures.com)
  • 20h00, d’un débat sur  Cultures populaires ou espaces populaires pour la culture ? Les centres sociaux comme tiers-lieux culturels en présence d’Hugues Bazin, sociologue
  • 21h00 Cocktail

Inscription Obligatoire

Contact : David BILZIC – 01 44 64 74 69/01 44 64 81 57 – Fédération des centres sociaux et socioculturels de Paris

 

Forum public « Autre visage de l’écodéveloppement et de l’économie solidaire »

Les biffins récupérateurs-vendeurs, acteurs de la ville et du réemploi

Le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action, la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord et les acteurs du collectif Rues Marchandes : Amelior, Aurore, Intermèdes, Makesense, Le réseau de recherche Sociétés Urbaines et Déchets, Sauve qui Peut, WOS-agence des Hypothèses

… sont heureux de vous inviter au forum public

Le 2 novembre 2016 de 9h à 17h30
à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord
20 avenue George Sand – 93210 La Plaine Saint-Denis – M° 12 Front populaire

marche-biffin-amelior

Animé par le LISRA en partenariat avec la MSH PN, le collectif de recherche-action Rues Marchandes rassemble et met en relation des personnes et des structures concernées par la question des biffins récupérateurs-vendeurs et de l’économie solidaire. Son objectif est de produire et de diffuser, avec les biffins, des connaissances à même de répondre aux manques, d’une part de considération de l’activité économique, sociale et écologique de la biffe, et d’autre part d’espaces marchands dédiés à cet effet.

 9h-9H30 Accueil des participants (Amphithéâtre – 2ème Étage)

9H30-10H  « Raconte-moi Ta Rue Marchande »
Film réalisé par Claire Dehove et Julie Boillot Savarin (Wos Agence des Hypothèses)

10H-10H30 Introduction
Alain Bertho (Directeur de la MSH PN) et le collectif Rues Marchandes

10H30-12H30 Travaux de la recherche-action en cours
Présentation des travaux avec les biffins récupérateurs-vendeurs : le guide culturel et juridique, l’étude d’impact, la plateforme-ressource. Cette présentation sera étayée par divers récits d’expériences : histoires de vie, circuits de biffe, ateliers dans les camps de Rroms, la biffe à l’international, etc.

12H30-14H Pause déjeuner / Expositions (Salle panoramique – 4ème Étage)

  • Étals marchands : rencontre avec les biffins qui exposent leurs objets de récupération
  • Expo-Photo : “La mise en image du rebut. Matières, corp(u)s et pratiques autour des déchets”, le travail de la récupération et du recyclage des déchets dans diverses métropoles pour une reconnaissance du métier et une requalification de l’image des récupérateurs, en présence de trois chercheurs et photographes du réseau Sociétés urbaines et déchets. : Claudia Cirelli, Bénédicte Florin et Pascal Garret.

14H-17H Forum-Débat (Amphithéâtre – 2ème Étage)
Quelles problématiques, stratégies et prospectives pour les « Rues Marchandes » ? Des récupérateurs-vendeurs, acteurs associatifs et solidaires, chercheurs, agents et élus de collectivités territoriales interviendront sur les travaux présentés le matin et réfléchiront avec les participants sur des pistes de réponse. Trois axes principaux orienteront la discussion : Espace public, droits et droit à la ville ; Statut(s) économique(s) des biffins ; Recyclage et acteurs du réemploi.

17H : Clôture de la journée
Alain Bertho et Rues Marchandes

Entrée libre sur inscription ici :

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Biffins, glaneurs, collecteurs … quelle place pour le secteur informel dans la gestion des déchets

Dans la cadre de la première édition du festival zerowaste France

Biffins, glaneurs, collecteurs … quelle place pour le secteur informel dans la gestion des déchets

Vendredi 1er Juillet 2016 de 10h30 à 11h45 zerowastefrance

Péniche – Salle de projection Amarrée à l’extérieur du Cabaret Sauvage, Parc de la Villette, Paris 19e

Regards croisés de différents acteurs (glâneurs, biffins, chercheurs, collectivités) sur la place du secteur informel dans la gestion des déchets. Comment intégrer ou non ces acteurs au système et pour quels bénéfices ?

Intervenants :

Parmi les thématiques abordées :

  • De la sécurité (contamination, danger de fouiller dans les poubelles, lieux de collecte à risque, risque de blessures, insécurités liées à la précarité etc.
  • Insertion par le travail, insertion par le nettoyage, insertion à la fois en termes culturels (migrants) mais aussi en termes de travail (reconnu ou non)
  • Quel travail avec la ville ? (marché des biffins ? quelles fins de marché ? quelles relations sur la fouille des poubelles ? (Biffe); que faire des déchets collectés ? Quelles relations sur la récupération d’invendus ?
  • Quels sont les freins observés ? les revendications ?

 

Projection-débat : les biffins d’ici et d’ailleurs

Samedi 2 juillet 2016 de 14h à 15h30

Péniche – Salle de projection Amarrée à l’extérieur du Cabaret Sauvage, Parc de la Villette, Paris 19e

Projection de court-métrages de présentation du travail et des combats de biffins à Paris et à Bogota suivie d’un débat en présence d’une géographe, de représentants d’associations de biffins et de biffins eux-mêmes.
Intervenants :
  • Samuel Le Coeur, Président et Co-fondateur, AMELIOR (Association des Marchés Economiques Locaux Individuels et Organisés du Recyclage)
  • Bénédicte Florin, Maître de conférences en géographie humaine, urbaine, régionale et en géographie du monde arabe à l’Université de Tours
vilette

Réunion d’ouverture programme recherche-action « La biffe comme écodéveloppement en milieu urbain »

Invitation à la mise en place du programme de recherche-action

« La biffe comme écodéveloppement en milieu urbain »

Le 7 avril 2016 de 14h à 17h – salle 414

MSH Paris Nord – 20 avenue George Sand – 93210 La Plaine Saint-Denis – M° 12 Front populaire

Ce séminaire atelier ouvre le programme de recherche-action en partenariat avec la Maison des 2016-635936624963200459-320Sciences de l’Homme Paris-Nord. Il a pour but principal de confirmer les modalités de structuration et de développement sur 2016-2017. Si l’atelier est ouvert à tous acteurs – chercheurs motivés par la démarche et les problématiques[1], il nous faudra trouver la forme collaborative la plus adéquate pour la constitution d’un collectif où chacun puisse trouver une place et un mode d’implication.

Nous essaierons notamment d’articuler trois points d’organisation du programme en précisant une définition, une organisation, une production :

  • La gouvernance : mise en place à différentes échelles d’une démarche sur un territoire : recherche collaborative, problématique de travail, implication de tous les acteurs concernés de manière égalitaire selon une maîtrise d’usage
  • La formation-action : condition d’une intelligence collective et validation de compétences collectives (dans l’articulation avec des enquêtes de terrain et des ateliers transdisciplinaires)
  • L’expérimentation : accompagnement, production de connaissance et modélisation d’un espace marchand sur le territoire francilien

Nous nous projetterons donc sur deux ans pour envisager comment peut s’articuler ce processus. Le but est de partir de la réunion avec un outil opératoire et une répartition des tâches.

 

[1] Il est fortement conseillé avant de venir à la rencontre de se documenter sur la démarche à l’origine de la mise en place de ce programme, le collectif Rues Marchandes (http://recherche-action.fr/ruesmarchandes/) et la démarche de recherche-action portée par le Laboratoire Social (www.recherche-action.fr).

La biffe, perspectives d’un écosystème ? (Paris)

RUES MARCHANDES vous invite à une soirée projection-débat

« La biffe, perspectives d’un écosystème ? »rues-marchandes-amelior
Mardi 1er mars, de 19h à 22h
A l’Archipel, 26 bis rue de Saint Pétersbourg
75008 Paris
Entrée libre

Projection

des films de WOS/agence des Hypothèses/Claire Dehove et Julie Boillot-Savarin

  • « Raconte-moi Ta Rue Marchande » : reportage-portrait de l’activité biffine en région parisienne/
  • « Kit de Libre Ambulantage »  :   étals ambulants pour le commerce informel dans l’espace public

Débat

animé par Sophie ALARY d’Aurore et Christian WEISS, géographe, membre du collectif Rues Marchandes,  en présence de :

  • Hugues BAZIN, sociologue, chercheur au LISRA, co-fondateur de Rues Marchandes
  • Patrick  SPISAK et Lucien SAVU, biffins
  • Martine HUSER, biffine bijoutière, collaboratrice du film KIT de Libre Ambulantage
  • Samuel LECOEUR, co-fondateur et président de l’association AMELIOR
  • Ninon OVERHOFF, présidente du SIGA SIGA/ la Boutique Sans Argent (Paris 12ème)
  • WOS/agence des Hypothèses/Claire DEHOVE et Julie BOILLOT-SAVARIN

 

No 28 – Sommaire / Edito

Sommaire

I. MÉMOIRE

  • Les chemins du politique. Saïd Bouamama. P.5-6
  • -L’émigration portugaise, Joachim Soarez. P.6-7
  • Histoire du mouvement beur, Mogniss H. Abdallah, Hugues Bazin. P.8-9

II. DISCOURS ET RÉALITÉ SUR LES QUARTIERS

  • Paradoxes, J.P. Descamps. P.11
  • Ça bouge à Bondy, Raymond Curie. P.12-14 / Rock Ardennes. Solidarité P.14
  • Des flocons bleus à Grigny, Martine Gerson. P.15
  • Gennevilliers, histoire d’une Mobilisation, Hafida Charef, Hugues Bazin. P.16
  • Témoignages, Karine Veducheau, Hafida, Charef, Rodolphe Soligny, P.17
  • Texture : Penser, parler, écrire, agir et change pour la citoyenneté. Saï t Bouamama. P.18-19

III. OUVERTURE D’UN ESPACE CULTUREL

  • La seconde conquête de l’espace, Hugues Bazin. P.21-22
  • Aubervilliers Bande Comédie, Catherine. Boskowitz. P.22-23
  • Traction Avant Cie, Marcel Notargiacomo. P.24
  • Festival « Y’a de banlieue dans l’air » P.26

IV. UNE PENSÉE GLOBALE POUR DES ACTIONS LOCALES

  • Travail social et décentralisation, Raymond Curie. P.28-29
  • Démythifier le social, Hugues Bazin. P.30-31
  • Naissance d’une mutuelle. P.31
  • Délégation interministérielle pour la ville, Liliane Guigni, Nicole Martin, Hugues Bazin. P.32-33
  • Jeunesse et nouvelle citoyenneté, Saïd Bouamama. P.32-33
  • Rencontre nationale « Banlieue cent visages ». P.33-34
  • Le séjour des jeunes étrangers en France, Patrick Mony. P.35-36.

V. VERS UNE NOUVELLE CITOYENNETÉ

  • Saïd Bouamama. P.38-39
  • Bibliographie. P.39

Édito

Jeunes des banlieues et banlieue des cultures, ce numéro spécial inter-associatif (LPS -Mémoire Fertile – PEPS – STAJ) ouvre le débat. La diversité des articles est à l’image des cent visages d’une banlieue regardée habituellement sans visage.
Il y a des logiques contradictoires et des contradictions entre discours et réalité. La richesse des interventions dévoilent aussi ces contradictions. Nous avons pris ce risque. Au ventre mou d’un consensus hâtif nous préférons l’âpreté des débats préliminaires à toute construction.
Conçu comme une étape, ce numéro de PEPS conduira le groupe initiateur à l’organisation d’une Rencontre Nationale le 24-25 novembre 1989 à Nanterre. Ce sera l’occasion d’ouvrir, nous l’espérons, un espace d’expressions et de propositions.
Le droit des cités et des jeunes à s’exprimer et à être entendu soulève des vagues. Parfois surgit le vieux syndrome de « mai » dans la peur collective d’un raz-de-marée.
Sous les paradoxes pointés par le dossier se cache un malaise :
Présentés comme « fer de lance » des politiques, les jeunes sont « partenaires », « avenir du pays », « force vive ». Cependant lorsqu’ils prennent une place non attribuée, ils ne leur restent que le droit de se taire.
Ils sont alors « en difficultés », « délinquants », au pire « inadaptés », au mieux « à réinsérer ». Si ces qualificatifs justifient le mandat de l’intervenant, ils appauvrissent la lecture de la réalité sociale. Cernés dans un problème ou une maladie, on s’autorise à parler d’eux et traiter de leur sort derrière le langage éducatif de « l’autonomie des populations ».
Aussi est-il important de préserver une mémoire en suivant la trace des différentes mobilisations des jeunes de cette décennie. Il est nécessaire de partir des formes de participation et d’expression, action d’aujourd’hui, pour démystifier le discours sur « jeunes des quartiers » et « jeunes immigrés ».
Concevoir une pensée globale pour une action locale exige ce cheminement. Sans quoi l’idée de « nouvelle citoyenneté » sera comme le ravalement des mots « Liberté-Egalité-Fraternité » sur le frontons des mairies en cette année « révolutionnaire ». Elle risque d’appeler la dérision au lieu de la considération de ceux qui savent quotidiennement ce que « Droit de l’Homme » veut dire.

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