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Le syndrome de la planète des singes

Le syndrome de la planète des singes est une manière de comprendre le modèle de gouvernance qui s’instaure où le président dit « je veux que la France soit une Start-Up Nation. Une nation qui pense et évolue comme une Start-Up ». Selon ce principe l’État devient une « plateforme » ; la nation un simple « fichier-client » ; la démocratie un « algorithme », le citoyen un « utilisateur ».

Or un citoyen est quelqu’un qui jouit de droits pleins et entiers alors que l’utilisateur est quelqu’un à qui l’on attribue, temporairement, un certain nombre de permissions, « d’autorisations » comme le souligne Olivier Ertzscheid, chercheur en sciences de l’information et de la communication (L’appétit des géants : Pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes, C & F Édition, 2017)

Ce modèle des plateformes numériques avec des airs de suppression des intermédiaires, de rapport direct avec l’usager, de rationalité et d’économie, crée d’autres systèmes de rente, d’autres soumissions.

Le juriste Alain Supiot montre que l’idée de « gouvernance par les nombres » (Fayard, 2015) , ce rêve de « l’humain « machinisé » n’est pas du tout moderne, cet imaginaire normatif teinté aujourd’hui de nouvelle technologie « se représente le gouvernement des hommes sur le modèle de la machine ».

Ce modèle de gouvernance peut s’appuyer sur ce que Bruno Amable et Stefano Palombarini appellent « l’illusion du bloc bourgeois » (Ed Raisons d’agir, 2017), effaçant les classes populaires et l’opposition droite/gauche au profit d’une alliance entre les classes moyennes et supérieures qualifiées, favorables aux réformes économiques structurelles visant la « compétitivité » et la « modernisation » du pays.

Le pourcentage d’abstention aux dernières élections confirme que les populations les plus jeunes et les plus exploitées n’ont pas voté, ne croyant plus en une forme de gouvernance plus technicienne que politique au risque de fabriquer leur propre servitude…

Ces prochaines années verront si ce mouvement de déprise générera un mouvement de reprise à partir des territoires délaissés selon une gouvernance du commun.

Sinon pourrait se confirmer le « syndrome de la Planète des singes » nous dit le paléoanthropologue Pascal Picq (Qui va prendre le pouvoir ? Les grands singes, les hommes politiques ou les robots, Odile Jacob, 2017).

Ce processus en référence à la fameuse nouvelle d’anticipation (1963) de Pierre Boulle décrit la prise de pouvoir des singes à force d’observer les humains qui se dissocièrent de la nature et délaissent leur activité critique au profit des logiques techniciennes et leur appareillage technologique… Les singes sont peut-être déjà au pouvoir.

Fablab’in Pays de la Loire, « Artisanat et travail : ce qui s’invente »

img_2086-620x350Fablabs, ateliers partagés, hackerspaces, tiers-lieux ouverts ou en construction, l’association Ping et le centre social du Chemillois organisent une journée de rencontre et d’échanges le vendredi 18 novembre prochain, autour de ces nouveaux lieux de fabrication en Région ! Inscriptions ouvertes jusqu’au 10 novembre.

Au programme de cette deuxième rencontre Fablab’in Pays de la Loire :

9h30 – Accueil, café

10h – Pleinière
> Retours sur la création du Réseau des fablabs français et présentation de FAB14, le congrès mondial des fablabs qui se tiendra en France en 2018.

11h30 – Visite des locaux du Boc@l, le tout jeune lieu de bricolage du Centre Social du Chemillois, et atelier cartographie des labs en Région.

12h30 – Déjeuner offert sur place aux participants

14h30 – Barcamp : 4 ateliers participatifs pour échanger vos questions, conseils et retours d’expérience sur la création et la vie d’un fablab
> La  structuration d’un fablab : quel modèle économique mettre en place?
>
Le fablab au quotidien : échange de bonnes pratiques
> Comment faire naître, vivre et grandir une communauté autour du fablab ?
> Pourquoi et comment faire de la documentation un réflexe au sein du fablab ?

17h – Restitution

18hConférence-débat autour du thème « Artisanat et travail : ce qui s’invente dans les fablabs »
Hugues Bazin

En pratique
Places limitées – Inscription obligatoire avant le 10 novembre
Le 18 novembre, retrouvez :

Tanneguy de Villemagne, fabmanager du FabMake (Bouguenais, 44)
Dominique Petit, médiateur info et porteur d’un projet de fablab dans la Sarthe
Thibaut Métivier, designer indépendant et créateur d’un outil de documentation pour les fablabs (Nantes)
Yoran Fourel, développeur-maker et porteur d’un projet de fablab dans le Maine-et-Loire
Thierry Celdran, éducateur et membre d’un fablab dans le Maine-et-Loire
Benoit Furet, enseignant chercheur impliqué dans le projet de création du fablab de l’Université de Nantes
Mehdi Lhommeau, maître de conférences (Angers)
Henri Goimard, volontaire en service civique et porteur d’un projet de fablab en Loire-Atlantique
Laurent Martin, ingénieur R&D et amateur passionné (Angers)
Emmanuel Fort, développeur et porteur d’un projet de fablab en Vendée
Luc Georgelin, chef d’entreprise et membre d’un fablab en Vendée
Vincent Nicolas, gérant d’un espace de coworking et porteur d’un projet de fablab en Vendée
Julien Paris, développeur de l’outil Libviz et membre du fablab Plateforme C de PiNG (Nantes)
Michel Akkaoui, fondateur de l’atelier partagé L’Établi et porteur d’un projet de tiers-lieux à Angers
Matthieu Brient, chargé de mission numérique au LabFab (Rennes)
Pascal Delanoë & Jean-Claude Bellier, chargés de mission à la fondation Orange, qui porte notamment le programme « Fablabs Solidaires«
Edouard Pointel, membre de l’association l’Établi (Angers)
Thibaud Menanteau & Matthieu Chatry, facilitateurs au fablab Zbis de l’association SC21 (Saint-Georges de Montaigu, 85)
Benoit Besse, Conseiller d’éducation populaire et de la jeunesse à la Direction départementale de la cohésion sociale du Maine-et-Loire
Pascal Pinault, ingénieur et membre du fablab Lannion (22)
Tatiana Smadja, décoratrice et porteuse d’un projet de création d’un fablab sur l’Île d’Yeu (85)
Karim Beddiar, responsable recherche et innovation au CESI de Nantes, et porteur d’un projet de fablab.
Lorraine Bertrand, chargée de mission numérique à l’agglomération de Saint-Nazaire, et qui souhaiterait y voir se créer un fablab
Agnes Tabellout, porteuse d’un projet de création de fablab au Mans (72)
Laurent Malys, développeur et membre du fablab Plateforme C de PiNG (Nantes)
Alexandre Lalanne, designer et « fablab lover »
Alexandra Panserrieu, bibliothécaire à Avrillé (49) et à l’initiative d’une « malle fablab »‘ à destination des bibliothèques
Didier Roudaut, informaticien et président du FunLab de Tours (Indre-et-Loire)
Sébastien Chauveau, stagiaire fabmanager à Plateforme C (Nantes)

 

No 49 – Sommaire / Edito

Sommaire

Regard sur l’actualité

  • L’ISLAM, LES JEUNES ET LE TRAVAIL SOCIAL, Georges LAPASSADE – P.4

Mémoire du travail social

  • UNE NOUVELLE PROFESSIONNALITÉ, Hervé HAUDIQUET,  Dominique BRUNET P.7
  • UNE AMBITION POUR L’EXCLUSION, Charles SEGALEN – P.8

Dossier; LES NOUVELLES TECHNOLOGIES DE LA COMMUNICATION  DANS LE TRAVAIL SOCIAL

  • TOUTES LES VOIES SE CROISENT , Esfandiar ATTARAN – P.10
  • LES AUTOROUTES DE L’INFORMATION, Sylvain MATHIEU P.11
  • LE SOCIAL MÉDIATISÉ OU PAS, Christian HERMELIN, P.14
  • TRAVAIL SOCIAL ET T.C.I., Hélène PAPADOUDI – P.17
  • INFORMATIQUE ET TRAVAIL SOCIAL, CONCASS – P.21
  • TECHNIQUE DE L’ENTRETIEN, Jean-Paul DESGOUTTE – P.26
  • ALLO, J’ECOUTE…., Éric AUGER – P.28
  • TV Locale et Changement Social , Patrick FERRENQ – P.29

Pratiques sociales

  • RENDEZ-VOUS MANQUE, Jean-Jacques DELUCHEY – P.33
  • ACTION-RECHERCHE EN RÉSEAUX, A. BAHUAUD, M.C. JABOEUF, M. BEFFARA, M.C. LEMASSON, B. DESMARS, B. LE MAY, M.C. DUBOIS, T. PENNETIER, R. GARNIER, B. PRIN, T. GROUSSIN, M. SAINT-BLANQUET, F. HERVO, B. YVON – P.36

Regard sur les professions

  • EDUCATEUR SPECIALISE, Bertrand POETE – P.38
  • LA RELATION D’AIDE EN SERVICE SOCIAL, Joëlle GARBARINI – P.41

Ici et maintenant

  • AGIR – P.43

Arts et Cultures

  • UNE EXPERIENCE D’INSERTION  PAR LA DANSE ET LE DESSIN, Patricia VALLET – P.45

Rubriques

  • Revue des livre – P.47
  • Annonces – P.49

Edito

Le travail social officiel aurait-il du mal à se positionner par rapport aux actions sociales auto-organisées et non étatiques ?
Depuis la création de l’association Droit Devant et son université populaire, les réactions des citoyens ont été tout autant différentes que mitigées :
Sur le plan politique, Droit Devant n’a pas eu le soutien effectif des hommes politiques, même lorsque ceux-ci se disent préoccupés par la question du logement et de l’exclusion sociale.
Les journalistes et les médias n’ont pas choisi Droit Devant comme sujet de société médiatisables ; ils ont préféré s’intéresser aux «côtes de popularité des présidentiables plutôt qu’approfondir les démarches instituantes de cette association. Peut-être comme le souligne The Guardian du 10 mai 1993, «En France, les journalistes sont souvent beaucoup trop proches de ceux sur qui ils écrivent (1)».
Les universitaires quant à eux, n’ont pas pris comme objet scientifique l’auto-production des connaissances lorsque celles-ci s’organisent dans la rue. Y compris les universitaires de «gauche» et ceux qui furent les acteurs de la mise en scène de 68. Ils ont préféré la pratique d’apprentissage par excellence qui trouve sa légitimité dans les normes instituées.
Quant aux travailleurs sociaux, ils n’ont pas échappé à ce choix de désertification. Excepté l’association GRAL (Groupe de Réflexion et d’Action Logement), créee récemment par certains intervenants socio-sanitaires (2), la puissante corporation des praticiens de l’action sociale, n’a pas vraiment voulu se mettre du côté des volontaires du Droit Devant. On aurait pu imaginer qu’une cohabitation de ce genre, ne serait ce que par rapport à la question de l’insertion sociale des personnes exclues, aurait pu les intéresser.
Alors que les problèmes sociaux se transforment en catastrophe sociale, on serait en mesure de se demander si «l’erreur» viendrait des sans logis qui démunis de toute réponse valable, tentent de s’organiser, ou bien si le manquement vient des autres acteurs, peu habitués à accepter des pratiques sociales non instituées ?
Mehdi FARZAD
(1) Cf. Serge HALIMI, «Misère des médias en France : Un journalisme de révérence», in Le Monde diplomatique, février 1995.
(2) Voir, PEPS n° 48, p.4.

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