Pour des Lieux Ouverts Utopistes et Formateurs

Comment des lieux peuvent-ils être pensés et vécus comme des espaces d’émancipation et de transformation sociale

11 et 12 décembre – Le 4bis – Information Jeunesse
4 bis Cours des Alliés, 35000 Rennes

Comment des lieux peuvent-ils être pensés et vécus comme des espaces d’émancipation et de transformation sociale ? Les lieux et les espaces sont mis au travail et interrogent les pratiques des professionnels des 3 territoires de la recherche-action Jeunes en TTTrans, c’est pourquoi nous y consacrons la 4ème édition de nos Journées d’étude les 11 et 12 décembre 2019. Le pré-programme, ci-joint, est en cours de construction, mais d’ores et déjà interviendront : Thomas Aguilera, maître de conférences en science politique, responsable du master Gouverner les mutations territoriales de Sciences Po Rennes ; Christine Balaï, de Tiers Lieux Nomades ; Eleonora Banovitch, sociologue de La Trame ; Hugues Bazin, sociologue du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche Action ; Olivier Desmesure, chargé des politiques publiques de jeunesse, Direction Départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations de la Dordogne ; Guy Di Méo, géographe social de l’Université de Bordeaux ; Caroline Goreth, chargée de mission jeunesse, à Rennes Métropole ; Clément Marinos, économiste, Laboratoire Marsouin, Université de Brest ; Céline Martin, ingénieure de recherche, Partibridge, EHESP ; Anne Milvoy, écologue urbaniste, à l’Agence d’Urbanisme et de Développement Intercommunal de l’Agglomération Rennaise ; Laurent Ott, philosophe, Intermèdes Robinson ; Jordan Parisse, chargé d’étude et de recherche à l’Institut National de la Jeunesse et de l’Education Populaire ; Jean-Claude Richez, membre du conseil scientifique de JeTTT. Mais aussi, des élus de collectivités, associatifs, des jeunes des territoires, des porteurs d’actions… A travers cette pluralité de regards, nous souhaitons mettre en dialogue à la fois la question du pouvoir et du pouvoir d’agir, celle des tensions entre enjeux individuels et collectifs ou encore celle de l’appropriation de ces espaces. Nous articulerons ces temps de réflexion avec des causeries, une conférence dialoguée sur la Ville et une scène ouverte aux talents des territoires impliqués.

Programme

Mercredi 11 décembre

10h00 : Accueil café.

10h30 / 11 h 30 : Présentation
des expérimentations des 3 territoires à partir du questionnement des jeunes.

11 h 30 / 12h00 : Propos introductifs
(pouvoir d’agir et lieux) et présentation des ateliers.

13h30 / 15h30 : Espaces de pouvoir ? (Le pourquoi?) . Ateliers animés par les jeunes et
professionnels des 3 territoires « jeunes en TTTrans ».

16h00 / 18h00 : Conférence gesticulée « La ville est à qui ? La Ville est à nous ».

18h00 / 19h30 : Apéro / Causerie : jeunes / élus (en partenariat avec
le 4Bis).

Jeudi 12 décembre

09h00 : Accueil
café.

09h30 / 12h45 : 2 conférences dialoguées (mise en dialogue de points de vue) / débat avec
salle. Espaces lieux de
tensions ? Tension entre individuel et collectif (les complexités).

14h00 / 15h30 : 1 conférence dialoguée (mise en dialogue de points de vue) / débat avec
salle. Quelle appropriation
des lieux pour quelle utilité ? (Le comment faire sens).

15h30 / 16h00 :

Conclusion

Quelles mises en perspective avec les politiques jeunesses intégrées ?

16h30 / 17h30 :

Présentation des cahiers de l’action  n° 54  « Politiques intégrées de jeunesse : une action publique renouvelée ? », INJEP.

18h00 / 20h30 :

Apéro / Concerts (Scène ouverte aux jeunes des territoires JeTTT, au jeunes engagés du 4 Bis…).

Présentation

Tiers-lieux : entre ville alternative et business ?

10 avril 2019 – 14h-18h
ENSA Paris Val de Seine – 3 quai Panhard et Levassor – Paris 13
Salle 718

Les tiers-lieux fascinent. Répondant à une demande forte de faire et vivre la ville autrement, ils façonnent un imaginaire de convivialité, de créativité, d’économie du partage, de responsabilité écologique. Mais la réalité est plus complexe. Comment ces lieux sont-ils conçus, produits, financés, mis à disposition ? Selon quels modèles économiques ? Avec quelles interactions sur le territoire ? En donnant la parole à divers acteurs, chercheurs et associatifs et en s’appuyant sur plusieurs exemples, cette séance permettra de s’interroger sur la généalogie de ce concept, sur les pratiques et processus à l’oeuvre et sur leurs effets. Le séminaire interrogera également les processus à l’oeuvre d’institutionnalisation et de marchandisation et ses effets sur les pratiques alternatives dans les tiers-lieux.

Organisateurs : Organisé par Sabrina Bresson, Hélène Hatzfeld, Aurélie Landon

14h00 Ouverture du
séminaire
14h15 Introduction
d’Hélène Hatzfeld
  (chercheure en
science politique, CRH-LAVUE)
14h30 Intervention
d’Hugues Bazin
  (LISRA-Laboratoire
d’Innovation Sociale par la Recherche-Action)
14h50 Discussion avec la
salle
15h00 Table ronde animée
par Sabrina Bresson
  (maîtresse de
conférences en sociologie, CRH-LAVUE)
Clémence Dumanoir –
Aurore
Dickel Bokum – Yes
We Camp
Marianne Monfort –
Agence Phare
Hélène Lust – 6B
X – Plateau Urbain
16h00 Pause
16h15 Table ronde suite
16h45 Discussions avec la
salle
17h15 Conclusion
d’Aurélie Landon
  (doctorante en
études urbaines, CRH-LAVUE)

Séminaires Recherches-actions

La
MSH Paris Nord, le Gis Démocratie et Participation, le Lisra, le Lavue (UMR
7218) mettent en place, à partir du mois d’avril 2019, un séminaire mensuel sur
les recherches-actions. Son objectif est de faire un descriptif raisonné des
expériences dans ce champ, dans le département du 93, avec l’enjeu de faire
ressortir, à travers la diversité des pratiques, ce qui différencie, mais
surtout ce qui relie. L’exposé des expériences a également pour ambition
d’avancer sur deux questions épistémologiques :

  • Quels critères de validation de ce que l’on
    produit ?
  • Comment le valider comme connaissance ?

Les
séminaires croiseront la présentation d’une expérience de recherche-action dans
le 93 avec l’intervention d’un chercheur ayant une expertise sur les recherches-actions.

16 avril de 17h00 à
20h00 MSH Paris Nord – salle 413

  • Hugues Bazin avec le collectif « Rues Marchandes » Les récupérateur-vendeurs de rue, recherche-action sur une économie populaire et les conditions d’organisation du collectif d’acteurs-chercheurs
  • Yves Bonny Les formes sociales de la recherche-action : une perspective d’épistémologie politique et de sociologie impliquée

14 mai de 17h00 à
20h00 MSH Paris Nord – salle 413

  • Catherine Robert La recherche-action Anthropologie pour tous
  • Marc Jolivet Généalogie des recherches-actions (à confirmer)

25 juin de 17h00 à
20h00 MSH Paris Nord – salle 408

  • Louise Roux Processus de création participatif et collaboratif sur la friche de l’espace Imaginaire à Saint-Denis
  • Maité Juan Quelles finalités des recherches participatives ?

24 septembre de 17h00
à 20h00 MSH Paris Nord  – salle  409

  • Abou N’Diaye Recherche-action sur la mécanique de rue
  • Stéphane Tonnelat Les communs urbains (à confirmer)

15 Octobre de 17h00 à
20h00 MSH Paris Nord – salle 409

  • Pascal Nicolas le Strat  Recherche-action à Saint  DenisET Romain Leclerc, Sylvain Adam  et Nicolas Fonty Carte-son : documenter, relier et développer des initiatives d’urbanisme critique à Saint-Denis.
  • Catherine Neveu La question de l’engagement dans les recherches-actions

15 novembre MSH Paris
Nord – auditorium

Présentation des travaux des équipes lauréates du Prix de la recherche
participative
de la Fondation de France organisé par le GIS Démocratie et
Participation. (Les horaires de cette session du colloque du Gis seront définis
ultérieurement).

19 novembre de 17h00 à 20h00 MSH
Paris Nord – salle 407

  • Hugues Bazin et des acteurs chercheurs : Recherche-action sur des territoires en déprise et les conditions d’une recherche collaborative entre recherche instituante et instituée
  • Mehdi Farzad, directeur du Collège Coopératif de Paris Réflexion sur la posture d’acteurchercheur et la formation par la recherche-action

10 décembre de 17h00 à
20h00 MSH Paris Nord – salle  409

  • Marion Carrel et al (CNAM, ATD quart Monde) A propos de l’espace collaboratif sur les recherches en croisement des savoirs avec des personnes en situation de pauvreté
  • Benoit Hazard Recherche action sur les gilets Jaunes à Saint-Denis (à confirmer)      

Informations :

  • Adresse : 20 avenue George Sand 93210 La Plaine Saint-Denis
  • Accès : Métro 12 Front Populaire- sortie n°3 MSH Paris Nord
  • Contact : Marianne Herard –marianne.herard@mshparisnord.fr – 01 55 93 93 36

Créativité des territoires

Spiritualités, le monde des idées…

Vendredi 18 janvier – 14h30

Espace Mendès France
1 place de la Cathédrale, 86000 POITIERS
Accès libre et gratuit

Comme les hommes, les plantes sont mobiles… quand elles s’établissent quelque part, elles développent des relations avec leur nouveau milieu, elles le fertilisent et ajoutent à sa variété…

Dans les territoires, des courants d’opinions divers existent sous différentes formes (lieux intellectuels, groupes de pensées, écoles de formation, centre de diffusion, équipements culturels, intellectuels …), de telle sorte que de véritables confrontations intellectuelles peuvent permettre de développer l’esprit critique du citoyen et de favoriser son émancipation au bénéfice de la Créativité des Territoires. C’est précisément le but d’une telle table ronde que de donner une visibilité à ces formes de circulation des idées, en les invitant à confronter leurs points de vue.

Table ronde avec la participation de :

  • Christian Globensky, artiste, auteur, pédagogue et fondateur de la Keep Talking Agency
    (KTA), un laboratoire d’art et d’idées, docteur en Arts et Sciences de
    l’Art, enseigne la pratique et la théorie de l’art contemporain à l’ÉSAL Metz, “Redonner ce qui a été donné” ;
  • Christophe Marion, délégué général du Comité des travaux historiques et scientifiques et Agnès MacGillivray,
    responsable du mécénat (Fondation des travaux historiques et
    scientifiques, Académie sciences morales et politiques), interviendront
    sur « Les sociétés savantes, actrices historiques du développement des
    territoires » ;
  • Pascale Mottura, historienne de l’art-archéologue de formation, ingénieur culturel, fondatrice de Parallaxe conseil, se tourne actuellement vers la création littéraire ;
  • Aude Baranger, animatrice à la Maison du Protestantisme Poitevin, et un représentant de l’association, qui gère le Musée du Poitou Protestant et Le Centre Jean Rivierre à La Couarde (79), interviendront sur “La transmission des savoirs d’une thématique singulière” ;
  • Michel Marc, agrégé de l’université, enseignant en géographie et en aménagement du territoire à l’université d’Orléans, co-fondateurs de l’AUPF (Association des universités populaires de France),
    ancien président-fondateur de l’Université populaire du Berry à
    Bourges, membre du bureau national de l’AUPF, interviendra sur les
    universités populaires et développement des territoires ;
  • Hugues Bazinchercheur en sciences sociales,
    animateur du Laboratoire d’innovation Sociale par la recherche-Action,
    interviendra sur : “Tiers espaces et pratiques d’innovation sociale sur
    les territoires”.

Pour aller plus loin :
Enregistrement de la table-ronde

“Recherche-action et écriture réflexive : la pratique innovante des
espaces comme levier de transformation sociale (Cahiers de l’action
n°51, injep, 2018) : https://recherche-action.fr/labo-social/download/LISRA/Cahiers-action_51-52.pdf

Pour tous renseignements :
Jacky Denieul, conseiller Créativité et territoires
Espace Mendès France – Poitiers, CCSTI Nouvelle-Aquitaine – 1 pl. de la Cathédrale – CS80964 – 86038 Poitiers
http://creativite-et-territoires.org
https://www.facebook.com/creativiteterritoires/
https://twitter.com/EMFterritoireshttps://vimeo.com/channels/1327074
Tel : 05 49 11 96 81 – Port : 06 81 54 62 24 – jacky.denieul@emf.ccsti.eu

Recherche-action en laboratoire social

Qu’est-ce que la Recherche-action ?

La recherche-action est une démarche qui peut s’inscrire ou non dans un cadre professionnel, mais est toujours une recherche impliquée qui nécessite un engagement de l’individu dans son entièreté et pas seulement dans sa « surcouche » technicienne. C’est en cela aussi une démarche existentielle.

La recherche-action n’est pas une recherche « déductive » qui va poser une hypothèse à partir d’une problématique pour aller la vérifier sur un « terrain ». C’est une recherche « inductive » qui construit une réponse à partir d’une expérience vécue en situation. Les personnes ne sont pas « objet » mais « sujet » de la recherche. On ne peut pas faire « de » la recherche-action sans être « en » recherche-action.

C’est ici que l’acteur rejoint le chercheur et réciproquement : l’expérience devient une recherche pour l’acteur et la recherche une expérience pour le chercheur. L’acteur comme le chercheur se retrouve sur cette position spécifique de l’acteur-chercheur qui n’est ni un statut ni une profession, mais une démarche où l’on tire une connaissance de son expérience pour ensuite réintroduire ces acquis dans l’expérience.

En mesurant ce qui se produit, on comprend l’intérêt du processus. Cet aller-retour dans un cheminement en spirale entre mode d’implication et mode d’analyse est appelé « réflexivité ». C’est une « science de la pratique ».

Qu’est-ce que n’est pas la recherche-action ?

Ce n’est pas de l’ingénierie de projets ou de la recherche fondamentale. La recherche-action ne peut non plus se résumer à une méthodologie au service de la recherche ou de l’action bien qu’elle se fasse souvent instrumentaliser dans ce sens. C’est une forme autonome et hybride entre l’action et la recherche créant ses propres référentiels d’opérationnalité et de scientificité, d’engagement et de production de connaissance.

C’est en cela que la recherche-action dépasse les champs disciplinaires universitaires et sectoriels professionnels pour être trans-disciplinaire et trans-sectorielle tout en allant puiser les éléments qui l’intéressent là où ils se trouvent aussi bien dans le champ académique que pragmatique.

Cependant demeurent des ambiguïtés. Différentes approches se présentent comme recherche-action, à la faveur des injonctions de « participation » et d’« expérimentation » des politiques publiques sans remplir véritablement les critères posés dans la précédente question. Que veut dire « participation » à un dispositif sans pouvoir d’orientation du processus qui l’anime ou « expérimentation » sans capacité de créer ses propres référentiels ?

Pour notre association Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action, sortir de l’ambiguïté, c’est poser la recherche-action comme « science radicale, intégrale, situationnelle ». Maintenant, c’est à chaque acteur-chercheur de construire son cheminement.

À quoi sert-elle ?

Elle permet de lier un mouvement d’émancipation et de transformation sociale avec une production de connaissance. En introduisant un récit au cœur de ces mouvements individuels ou collectifs, elle contribue à concevoir des outils et des cadres susceptibles de penser la réalité contemporaine et donc agir sur elle. En posant des mots sur leurs conditions et situations, les personnes se réapproprient un sens historique en tant qu’acteurs et auteurs de leur propre vie, voire une conscience en tant que minorité active.

Marche en mémoire d’Adama Traoré le 23 juillet 2017

La recherche-action est particulièrement adaptée dans les situations humaines par définition complexes nécessitant de mobiliser une intelligence sociale. Elle contribue ainsi à l’élaboration, la légitimation et la validation d’une contre-expertise ou de labos citoyens : expérimentation et modélisation, expertise territoriale et mobilisations locales, analyse institutionnelle, mis en place de collectifs et laboratoires sociaux, structuration de réseau, plate-forme et écriture collaborative, cycle de formation-action, valorisation des parcours d’expérience, évaluation de projet et analyse prospective, conception de modèles de gouvernance et du partage du commun…

Combien de temps ça dure ?

Une recherche-action peut s’instaurer dans un cadre informel ou institué, s’auto-saisir ou être commandée, sa durée est donc très variable, mais une recherche-action peut difficilement s’inscrire dans une courte durée puisqu’elle s’appuie sur l’expérience humaine par nature incompressible. Il y a donc une tension entre logique de productivité qui impose un résultat à court thème selon le modèle entrepreneurial ambiant et logique expérientielle s’inscrivant dans un temps long car elle ne se résume pas à mobiliser des compétences.

Sur un plan existentiel, la recherche-action n’est donc pas un projet limité dans la durée. Elle peut se comprendre comme une formation-action tout le long de la vie avec des séquences temporelles plus ou moins engagées. C’est ce rapport à l’espace et au temps qui crée des situations particulières d’implication de l’acteur-chercheur que nous appelons « tiers espace » ou « espace intermédiaire de l’existence ».

Sur un plan professionnel et institutionnel, elle dépend essentiellement de la manière dont est négociée la commande initiale. S’agit-il des acteurs qui se mobilisent pour répondre à un besoin ou d’une institution qui cherche à répondre à une question ? Dans les logiques interpartenariales se confrontent aussi le temps électoral et le temps du projet.

Avec quels moyens ?

Les moyens renvoient à la question de l’autonomie de la recherche-action. Il est effectivement difficile sans autonomie de favoriser une intelligence collective, contribuer à une créativité populaire, établir de nouveaux référentiels, provoquer des contres espaces d’expertise.

Cela dépend évidemment du type de recherche-action et son rapport au temps décrit dans la précédente question. Soit les acteurs comme les chercheurs puisent leurs propres ressources et celle de l’environnement pour répondre à ces conditions d’autonomie, soit ils dépendent de dispositifs extérieurs de type « appel à projets » qui sont rarement conçus pour accueillir une démarche en recherche-action.

La réalité se situe comme toujours en tension entre ces deux pôles autonomie et instrumentalisation, subversion et subventions. Le meilleur équilibre est trouvé quand la recherche-action s’articule avec une recherche collaborative impliquant des partenaires institutionnels soucieux de préserver cette autonomie et intégrant la démarche dans leur propre structure.

Des exemples ?

Écriture collaborative et formation action

La plate-forme ressources « www.recherche-action.fr » est devenue depuis 2002 un élément de référence en ce domaine et participe à la valorisation d’espaces d’innovation validés par la connaissance issue de l’expérimentation sociale (voir actes du LISRA).

La rencontre avec une génération de jeunes acteurs sociaux et culturels contribua à l’ouvrage « Espaces populaires de création culturelle : enjeux d’une recherche-action situationnelle » (INJEP, 2006). Cette mise en visibilité d’un réseau d’acteurs-chercheurs interrogeant le rôle des sciences sociales provoqua en 2009 la création du « Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action ».

Un nouveau numéro des « Cahiers de l’action » de l’INJEP est en cours de préparation sur les « processus d’émancipation et de transformation » et donnera lieu à un forum le 16 octobre 2017 à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord.

Constitution de labos sociaux in situ et de pôles d’intelligence collective

Un exemple récent, le collectif « Rues Marchandes » est né fin 2014 de la nécessité de provoquer une intelligence collective autour de la question des récupérateurs-vendeurs appelés aussi « biffins » convoquant autour d’eux militants, citoyens, chercheurs, créateurs, formateurs, travailleurs sociaux, entrepreneurs et innovateurs de l’économie sociale, etc.

Cortège des biffins à fête du travail du 1er mai 2017

À travers ces ateliers Les Rues Marchandes se conçoivent comme un dispositif méthodologique et opérationnel inventant de nouvelles formes de collaboration avec tous les partenaires concernés en les invitant à partir d’un processus du bas vers le haut, de la maîtrise d’usage à la maîtrise d’ouvrage.

Cette démarche de recherche-action reflète en creux l’absence de connaissances et de reconnaissance pour cette activité et la nécessité de concevoir une autre économie au « rez-de-chaussée » des villes.

L’autre chantier de ce collectif est donc de créer un pôle de ressources dont les sites https://recherche-action.fr/ruesmarchandes et https://recherche-action.fr/ateliersbiffins. Ces ressources partagées permettent de mettre à disposition des outils pour susciter des réflexions et des rencontres autour des problématiques soulevées par les biffins en matière de culture, d’espace public, d’économie populaire, de statut du travail, etc.

Les Rues Marchandes décrivent ainsi la possibilité de provoquer, négocier et accompagner des expérimentations dans l’espace public susceptibles de prendre en compte l’ensemble du travail des récupérateurs vendeurs et du cycle économique de l’objet : récupération, tri, stockage, valorisation, vente…

Recherche-action en Labo social
Recherche-action en Labo social

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Espaces d’émancipation et de transformation

L’éducation populaire réinterrogée par la recherche-action dans un travail de la culture

Où et comment s’incarne le projet émancipateur et transformateur ? Qui sont les acteurs populaires de ces mouvements ? Quels sont les dispositifs et les outils de ce processus ? Pourquoi ces acteurs ne se revendiquent pas nécessairement de l’héritage de l’éducation populaire, voire contestent cette notion ?

Une praxis sociale

Une transformation de la société ne peut se concevoir sans une émancipation individuelle et collective et réciproquement, des personnes autonomes ne peuvent s’affirmer comme minorité active sans un mouvement de transformation sociale qui les qualifie comme acteurs historiques.

Le projet de l’éducation populaire s’est renouvelé dans les luttes sociales du Front Populaire de 1936, puis la culture du maquis, de la désobéissance, de l’utopie combattante des années quarante d’où sont provenus les cadres émancipateurs de la France d’après-guerre à l’instar de Joffre Dumazedier[1] l’un des fondateurs de Peuple et Culture. Sur ce terreau s’expérimenta la pratique de « l’entraînement mental[2] » comme formation intellectuelle pratique des cadres militants de la vie associative, coopérative et syndicale s’inscrivant dans la tradition de Condorcet d’une éducation tout au long de la vie ou « l’art de s’instruire soi-même ».

Cette dynamique relève d’une « praxis sociale », selon laquelle la conscience de sa pratique d’acteur est inséparable d’une analyse critique des rapports sociaux. Il n’y aurait pas d’articulation entre émancipation et transformation si ne s’exerçait pas cette conscientisation qui est une autre manière de nommer un « travail de la culture ».

Quelle est l’importance de ce travail de la culture[3] ? Il se décrit déjà par la capacité de rassembler les éléments de la culture au quotidien[4] comme premières ressources mobilisables et structuration de résistance, notamment pour les personnes sans capital économique. La seconde dimension est une transmission en situation par autoformation réciproque et intergénérationnelle permettant de se réapproprier collectivement un savoir pragmatique en croisement avec d’autres savoirs (professionnels, scientifiques). Il se poursuit enfin par une symbolisation susceptible, notamment à travers l’art et la science, de permettre à ce processus d’être diffusé et assimilable par tous comme point de référence au-delà des langues et des cultures particulières.

Mais, dès les années soixante-dix ce processus commence à se dissoudre avec la notion même de culture vidant de sa substance le projet de l’éducation populaire qui se maintient plus que par ses institutions et ses activités professionnelles sectorielles suppléant à la crise de l’État social.

Pour réarticuler aujourd’hui émancipation et transformation par un travail de la culture, il nous faudrait dégager une nouvelle pensée politique de la culture à travers une analyse critique. C’est là où la démarche de recherche-action prend toute sa place.

Symptomatique de cette désarticulation, l’apologie de l’émancipation individuelle sans transformation de la société consacre la prédominance de l’idéologie néolibérale entrepreneuriale renvoyant l’individu à sa seule responsabilité, le précaire à sa solitude et les sciences sociales aux oubliettes. L’ubérisation de la société et la dérégulation sauvage n’en sont que les derniers avatars économiques.

Et inversement, la transformation sans l’émancipation sous l’argument de dépasser les blocages sociétaux confirme la prise de pouvoir technicienne d’opérateurs agissant du haut vers le bas et s’érigeant en nouvelle oligarchie derrière un vernis démocratique. Il est d’autant plus compliqué de cerner ce rapport de classe/castes qu’il se pare du discours de la « créativité » délégitimant celle émanant des couches populaires, enfumant les esprits d’une nova langue gorgée d’accents progressistes, chantre des nouvelles technologies et de la mondialisation, raflant les symboles révolutionnaires[5] pour mieux les dépouiller de leurs forces subversives.

Autre indicateur, le discours de la « participation » et du « pouvoir d’agir » (ou « empowerment ») convoqué dans toutes les strates de décision sous des inflexions « éducation populaire » cache mal une injonction paradoxale. De fait, la participation comprise comme modalité de gouvernance n’est pas là pour restaurer le lien entre émancipation et transformation, mais au contraire vérifier qu’il ne puisse pas s’établir en contre-pouvoir. Les promoteurs de la participation, surtout s’ils sont de bonne volonté, deviennent les meilleurs supports d’une aliénation vérifiant l’axiome que toute domination ne peut s’établir sans le consentement des dominés. On peut tout autant se poser la question si la thématique au goût du jour d’une « science participative » peut infléchir cette logique[6].

C’est bien au cœur de ce jeu que se situe l’enjeu à la fois humain et politique dans la possibilité d’émettre une analyse critique des mutations et produire de nouvelles connaissances ; de se constituer comme acteur et minorités actives orientant les choix de société, notamment par la reprise d’un récit collectif comme ressource ; d’apporter des éléments éthiques et méthodologiques d’une contre-expertise quant aux mécanismes de transition.

Désarticulation des années quatre-vingt

Le développement exponentiel de la société de consommation consacre la marchandisation généralisée du mode de vie, dépassant la sphère du travail pour occuper le champ du temps « libre ». C’est justement dans cet espace que l’éducation populaire des années soixante pensait porter son projet émancipatoire, espace dorénavant saturé par un capitalisme cognitif exploitant la matière existentielle au-delà de la simple force de travail. Ou plus précisément, c’est l’ensemble de la société civile qui est converti aux normes de l’entreprise s’imposant comme seul horizon acceptable et pensable.

Quelles sont les raisons pour lesquelles la culture n’a pas pu jouer ici son rôle politique ? Relevons trois facteurs principaux.

Constatons la perte d’autonomie des quartiers populaires qui s’inscrivaient dans un rapport de luttes sociales ne séparant le cadre de vie de celui du travail à l’instar des « banlieues rouges », des régies de quartier, des mouvements pour les droits des minorités revendiquant une citoyenneté culturelle, des fêtes populaires autogérées comme les concerts « Rock Against Police ». C’était il y a 35 ans, l’organisation autonome des quartiers… A partir de ces concerts gratuits et auto-organisés, l’idée est « de brancher des gens qui vivent dans la même merde, qui partagent les mêmes besoins, les mêmes envies », de créer des occasions de rencontres et de circulations à l’intérieur des cités, mais aussi entre différentes banlieues. Dans une conjoncture particulièrement tendue, face aux meurtres, au racisme et à l’occupation policière, l’enjeu est de se réapproprier « le territoire social » de la cité. Et donc, pour les « jeunes immigrés et prolétaires de banlieue », cible et bouc-émissaire principaux de l’idéologie sécuritaire, de s’affirmer et de prendre la parole de façon autonome, en dehors des cadres et des discours établis. A travers la recherche d’un imaginaire et d’une identité collective propres, il s’agit très concrètement d’arracher une possibilité d’existence, d’affirmer ses besoins et ses aspirations à une autre vie. Ces organisations solidaires dessinaient une géographie territoriale de leurs propres ressources susceptibles de constituer autant de pôles de résistance, notamment à travers un tissu associatif fort et autonome.

L’ « affaire Théo » à la cité des 3000 à Aulnay-sous-Bois le 2 février 2017[7], au-delà du grave préjudice physique et moral a soulevé autant l’indignation parce qu’elle synthétisait la désagrégation sociale et culturelle renforcée par une ségrégation territoriale et raciale de ces dernières décennies. Une quarantaine d’années plus tôt c’était une cité ouvrière dont les luttes dans l’industrie automobile servaient d’exemple [8]. Les quartiers populaires ont toujours été en lutte. Ce qui rend aujourd’hui le caractère répressif intolérable, c’est la déconstruction des organisations autonomes de résistance sans accorder aux révoltes émeutières le statut de luttes sociales[9].

La déperdition d’un travail de la culture s’est également opérée sous le double mouvement d’une mondialisation et d’une localisation de la culture lui enlevant son caractère processuel (ressources, transmission, symbolisation) pour la naturaliser comme objet : objet marchand standardisé d’une industrie culturelle et objet identitaire assigné à une forme ethnique ou territoriale. La montée des fondamentalistes est un marqueur politique de cette double emprise qui n’offre plus de prise autrement que dans une construction de la réalité de l’ordre de la croyance. Les nouvelles technologies n’offrent pas plus la raison d’une défense démocratique. En nous servant de béquille intellectuelle, elles atrophient l’exercice critique de vérification des faits dans la profusion du mensonge (Hoax, troll, fake news, canulars) au profit de groupes affinitaires confortant les obscurantismes et les conspirationnismes.

Enfin, à partir des années soixante-dix et surtout à partir de l’extension de l’industrie culturelle dans les années quatre-vingt, la professionnalisation de ce travail de la culture conduit à la production d’une surcouche appelée « le culturel » constituer par ceux qui vivent de la médiation et de la diffusion culturelle. L’éducation populaire n’échappe à pas à cette professionnalisation et sectorisation des processus de solidarité, d’émancipation et de transformation. Tandis que les métiers traditionnels d’accompagnement du travail social sont en crise et s’inscrivent de plus en plus dans une logique de contrôle, de nouvelles professions apparaissent telle que l’animateur socioculturel, l’agent développement local ou le médiateur social et culturel. La marchandisation du secteur de la formation permanente change les cadres de l’éducation populaire en prestataires de services en direction des couches intermédiaires du secteur socioculturel sans toucher les populations qui souffrent le plus.

Cette couche technicienne et son idéologie techniciste, de l’ingénierie de projet au « design social », censée améliorer les conditions de vie à tendance à fétichiser l’outil d’intervention qui devient une finalité en soi plutôt que de s’appuyer sur les processus d’émancipation et de transformation.

Se réapproprier les espaces d’un travail de la culture

Si les décennies 1980-2000 conduisent à une forte désagrégation des formes de résistance dans et en dehors de la sphère du travail, où peut s’exercer de nouveau un travail de la culture ? Les acteurs de chaque époque sont pris dans les contradictions des relations de pouvoir où chacun s’affaire à la reproduction des structures et à leur subversion. Il est donc toujours possible de recréer ou investir des espaces pour que la société soit pensable autrement. C’est ainsi que l’occupation d’espaces délaissés se propage à partir des années 2000.

Le système hégémonique de l’économie néolibérale crée les conditions de sa propre faiblesse. La société postindustrielle de la mondialisation, du productivisme, de l’interconnexion et de l’hyper vitesse a laissé des pans entiers de la société en friche, notamment les anciennes zones industrielles, les quartiers populaires, les territoires ruraux et les villes de moyenne importance en dehors des grands pôles régionaux qui se présentent comme « créatifs, fluides et flexibles » à l’image du profil des employés subordonnés à cette économie.

Si le phénomène de zones d’abandon n’est pas nouveau dans les périodes de mutation, celui-ci est d’ampleur inégalée. Nous pourrions alors concevoir que dans les zones reléguées, voire dévastées, s’opèrent des reconfigurations à l’instar des tiers paysages[10] » dont la déprise de l’activité humaine favorise un nouvel équilibre écosystémique. Si le monde policé tenter à comparer les zones en friche à des contrées sauvages délabrées nous pourrions répondre que le côté sauvage est plutôt du côté du monde financier dérégulé et qu’au contraire peut-être que dans c’est tiers espace pourrait s’instaurer une créativité non marchandisée ? Il n’en demeure pas moins que ces indicateurs d’une transition ravivent les tensions politiques et que cette géographie sociale des territoires délaissés et des populations invisibilisées alimente des idéologies réactionnaires, néolibérales ou transformatrices suivant justement le rôle attribué à la culture.

Dans sa forme réactionnaire est évoquée une « France périphérique » en opposition aux centres urbains mondialisés. C’est une essentialisation culturelle des territoires délaissés selon des critères identitaires. Ce serait la France d’en bas qui voterait Front National et serait confrontée à l’insécurité culturelle. Le géographe Christophe Guilluy[11] a rendu célèbre cette thèse qui alimente un néoconservatisme xénophobe et nationaliste.

Dans sa forme néolibérale, ces espaces font l’objet de convoitise. Sous le couvert d’une « reconquête des territoires » ou de « l’attractivité des territoires », des bataillons d’artistes, d’architectes et autres consultants sont convoqués pour justifier cette conception de l’aménagement. Ici la notion de créativité est détournée non pour soutenir une autonomisation des plus défavorisés, mais pour servir les intérêts de catégories socioprofessionnelles intermédiaires qui maîtrisent les clés de langage et apparaissent comme légitimes en matière de développement.

Idéologies réactionnaires et néolibérales se recoupent dans une vision culturaliste rigidifiant toute articulation entre émancipation et transformation. Peut-on imaginer une troisième configuration où puisse se loger dans ces tiers espaces un véritable travail de la culture réinterrogeant le projet d’une éducation populaire ?

Face au resserrement d’une politique économique contrainte par des logiques gestionnaires et techniciennes où l’humain n’est qu’une variable d’ajustement, où l’ensemble de la société civile est converti aux normes de l’entreprise et que toutes les dimensions existentielles sont marchandisées, est-ce que d’autres formes d’entreprise peuvent se déployer dans des « contre-espaces » comme les soutiennent les ZAD et autres zones autonomes ?

Une respatialisation qui mise sur une créativité non productiviste, une créativité populaire revient à revendiquer et assumer un « art du bricolage » comme culture de résistance et d’autoformation réciproque[12]. Elle se caractérise par la capacité de prendre en compte des situations aléatoires contribuant à une culture de l’incertitude facilitant la revalorisation par le détournement des situations déclassées ou reléguées.

Cette architecture fluide selon une maîtrise d’usage des espaces se construit dans la confrontation avec les matériaux bruts à disposition ou à proximité. Elle contribue à une économie populaire[13] basée sur les ressources endogènes du territoire et une économie du commun[14] impliquant une autre manière de faire collectif. Le principe de processus est préféré à celui de « projet » dans une approche intuitive et réflexive. Sans exclure toute forme de professionnalisation, celle-ci emprunte des chemins braconniers où est valorisée sa propre façon d’organiser, de classer, de hiérarchiser ses modes de validation et de jugement, distincts de ceux de l’institution, de l’entreprise ou de l’école académique.

Ainsi les tiers espaces favorisent des formes hybrides d’une autre créativité. Relevons quelques exemples :

  • En Limousin s’organise un cycle sur le travail animé par l’association Medication Time et le concourt de Peuple et Culture, espace d’autoformation où l’on met en résonance, en débat, ses vécus du travail et ses recherches.
  • En région parisienne, le collectif Rues Marchandes travaille dans les espaces informels d’une économie populaire et organise des ateliers pour l’écriture d’un guide culturel des droits des récupérateurs vendeurs.
  • Le réseau tiers Lieu Nomade organise avec le labo social des lieux temporaires de croisement sur la question des tiers espaces et du territoire.
  • La ManuFabrik, notamment les activités de l’AmorçÂge ouvrent avec les acteurs du quartier populaire de l’Ariane à Nice l’espace de l’Utopie qui se décline sur le quartier en contre-espace les jours de marché, tiers-paysage de jardins partagés, locaux d’un tiers-lieu permanent, etc.
  • À Grenoble la Chimère Citoyenne a ouvert un espace de partage inédit, justement parce que c’est « un lieu qui ne propose rien, pour que tout soit possible », une des caractéristiques communes à toutes ces expériences.
  • Les squats comme celui du Clos Sauvage en banlieue de Paris sont des architectures écologiques qui questionnent le mode d’habitat et d’aménagement du territoire renvoyant à des modes de vies individualistes qui multiplient les dépenses matérielles selon un monde dominé par le chiffre et la pensée rationnelle.
  • Une démarche en pédagogie sociale portée par l’association Intermèdes expérimente dans les bidonvilles Rroms de nouvelles façons de vivre et travailler et éduquer ensemble hors institution, développant les potentiels de création et d’expression des enfants selon les principes d’inconditionnalité de l’accueil et de recherche de l’autonomie.
  • Les Parcours Numériques dans les Pays de la Loire proposent des croisements recherche-action autour de la culture numérique et l’éducation populaire, rejoignant l’expérience de fablabs quand ils prennent le sens d’autofabrication collective.
  • Des bricoleurs artistes se rebellent contrent les circuits de diffusion et de classification, retrouvent leurs « publics » dans une expérience en ateliers pour « faire des trucs ».
  • Le « mouvement des places » et le maillage en réseau de Nuit Debout en résonance avec les mouvements sociaux de mai 2016 sur la loi travail se perpétuent et s’infiltrent sous des espaces multiformes qui interrogent les modes d’organisation et de gouvernance entre horizontalité et verticalité.

À la vue de cette présentation, la question se pose si la notion de tiers espaces couvre une simple juxtaposition d’expériences artificiellement regroupée par une construction sociologique et idéologique ou si elles participent d’une approche de la complexité susceptible de comprendre les conditions d’une transition.

La diversité des parcours et des contextes de formation et leur éparpillement sur les territoires conduiraient à les considérer plutôt comme des îlots séparés. Ces expériences entrent difficilement sous des labels, passant et pour cause, sous les radars des observatoires institutionnels.

On peut y voir au contraire une concordance puisque ces situations au rez-de-chaussée des villes et des campagnes constituent la plus petite unité de l’échelle du commun à partir de laquelle s’élabore une commune politique.

Parce que ces situations n’émanent pas d’une volonté descendante, mais opèrent par processus émergeant, elles nous poussent à chercher s’il n’existe pas une trame sous-jacente qui ramifie ces îlots en archipel dans un autre rapport au développement et aux territoires, dans la constitution de minorités actives, dans l’autoformation de compétences collectives et dans un travail réflexif.

Un autre enjeu est celui d’un récit collectif où les acteurs de ces espaces ne se revendiquent généralement pas de l’histoire de l’éducation populaire[15] ou d’autres traditions militantes. S’il y a un récit des luttes, il est en train de s’écrire confirmant que nous sommes dans un travail de la culture permettant d’articuler processus d’émancipation et de transformations sociales où chacun peut se définir comme acteur social et producteur de connaissance dans la capacité à travailler sur sa propre expérience.

Il ne s’agit pas de provoquer une nouvelle labellisation sous le prétexte de chercher une unification entre ces différentes expériences. Ce serait contribuer à la reproduction d’un rapport de domination, où nous avons vu comme combien il était facile d’instrumentaliser le rôle de la culture et détourner des notions d’innovation sociale. Nous avons notamment remarqué que les labels de « nouveautés et d’innovation » conduisent à transformer un processus en produit marchand dans un rapport docile au travail sous le couvert des nouvelles technologies, du coworking, des start-up et autres incubateurs de projets.

Mais rien n’empêche de défendre une autre conception de l’innovation sociale qui n’a pas obligatoirement un lien avec ces « nouveautés », mais cherche selon un principe de créativité populaire à répondre directement et durablement par des services aux populations qui en ont plus besoin en partant de ses propres ressources et capacités de mobilisation. Les tiers espaces seraient symptomatiques de cette recomposition d’un art de faire et d’être.

Réhabiliter la fonction des sciences sociales par la recherche-action

La recherche-action peut être une manière de répondre à ce paradoxe d’établir des correspondances sans imposer une unification, de reconnaître, valider et valoriser ces espaces tout en se refusant à une modélisation conduisant à une labellisation. Il s’agit donc moins de reproduire des dispositifs que d’établir des référentiels par une praxis des espaces, cette science des pratiques amenant à une analyse critique des rapports de production et de pouvoir.

La recherche-action vise à privilégier ce caractère processuel de la création dans des espaces du commun où se croise une diversité dans des dispositifs d’ateliers et d’autoformation, dans une manière de se confronter aux situations redistribuant les rôles socioprofessionnels.

À travers la rencontre de ces « espaces intermédiaires de l’existence »[16] et des acteurs qui les portent, s’est structuré pour nous de manière intuitive et non instituée une démarche de recherche-action depuis le début des années 2000 qui pris la forme d’un réseau appelé « espaces populaires de création culturelle »[17] puis d’un « Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action ».

Le statut d’« acteurs-chercheurs » caractérise une posture existentielle éthique qui n’est pas directement reliée à un statut professionnel et permet d’autant mieux de questionner ces statuts dans leur cœur de métier. Cela évite la prise de pouvoir d’un savoir sur un autre au profit d’un croisement des savoirs entre l’apport des métiers, de l’expérience pragmatique et de l’outillage conceptuel.

C’est en cela que la recherche-action permet d’ouvrir un imaginaire instituant et favoriser l’émergence de contre-espaces qui se caractérisent par la possibilité à la fois d’imaginer une autre manière de faire société tout en développant des compétences en matière de contre-expertise. Peut s’y réinventer des stratégies émancipatrices, formatrices, transformatrices, subversives constituant autant d’inscriptions des luttes dans le champ social.

La recherche-action en tant que science transdisciplinaire voir « indisciplinée » permet d’aborder un travail sur la complexité en favorisant des mises en relation inédite. Effectivement, les disciplines propres au savoir académique ont leur « forme épistémique » qui les porte vers une certaine vision du monde. En décryptant les modes de production de connaissance, on comprend comment les stratégies de savoir se rapportent aux idéologies qui s’expriment dans la manière d’organiser la connaissance. Cela permet d’analyser une certaine perte d’influence des sciences sociales sur l’éclairage des mouvements de transformation, quand elles ne sont pas explicitement assimilées au pouvoir dominant.

La recherche-action rappelle une des fonctions originelles des sciences de la société quand elle renoue avec la tradition d’un engagement où les chercheurs n’éludent pas leur responsabilité d’acteur en matière de changement et ne manquent pas de nous rendre visibles les enjeux d’une implication en faveur de la justice sociale, de l’égalité et de la démocratie. On peut dans ce sens considérer le dispositif en labo social comme la possibilité de la société civile de travailler sur elle-même : partir des processus plutôt que des dispositifs ; légitimer la posture de l’acteur-chercheur ; valider de nouveaux référentiels qui permettent une diffusion et une réappropriation de la connaissance dans un travail critique ; accompagner des expérimentations pour qu’elles ne restent pas seulement expérimentales et s’inscrivent de droit dans une maîtrise d’ouvrage d’un développement territorial.

Nous pouvons alors poser ce que seraient quelques-uns des référentiels des tiers espaces d’une transition :

Ce sont des espaces transfrontaliers de croisement où peut s’exprimer et se confronter une diversité, où peut être validé un savoir pragmatique, avec des parcours d’expériences hétérogènes permettant aux personnes d’élaborer une contre-expertise.

Ce sont des espaces hybrides dans le sens où il permet à chacun d’interroger son cœur de métier, sa posture socioprofessionnelle en faisant un « pas de côté », mélanger des compétences et des expériences dans le sens d’une intelligence collective ;

Ce sont des espaces de réflexivité et d’autoformation amenant chacun à s’interroger sur sa pratique et à comprendre en quoi la connaissance produite à partir de ses propres matériaux expérientiels alimente un processus de transformation individuelle et sociale ;

Ce sont des espaces écosystémiques d’interdépendance et de régulation entre des formes d’activités socio-économiques permettant de répondre aux besoins vitaux tout en expérimentant une autre manière de faire société.


Hugues Bazin, conférence dans le cycle « comprendre ce qui nous arrive » organisé par Peuple et Culture, Paris, 7 avril 2014.


[1] Pierre Bitoun, Les hommes Uriage, Paris : La Découverte, 1988.

[2] Isabelle Lévy, Dominique Païni, Pratique de l’entraînement mental, Peuple et Culture, 1979.

[3] Hugues Bazin, Les conditions-pour-une-pensee-politique-de-la-culture, rapport pour la fédération des Centres Sociaux et Culturels de Gironde, 2013

[4] Dans les tactiques du quotidien, on retrouve chez Michel de Certeau cette approche souple et heuristique en termes d’articulations, d’emplois et de réemplois de contenus et de faires. Michel de Certeau, L’Invention du quotidien, 1. : Arts de faire et 2. : Habiter, cuisiner, Paris : Gallimard, 1980.

[5] Alors que l’idéal révolutionnaire s’était structuré dans la conscience de classe, notamment dans l’opposition droite / gauche, aujourd’hui c’est l’effacement de ce rapport qui es présenté comme « révolutionnaire » à l’instar du titre du livre d’Emmanuel Macron « Révolutions ».

[6] Laetitia Delhon, « La science participative peut-elle réenchanter la démocratie ? », TSA no 82, 2017, pp. 10-12.

[7] Le 2 février, dans la cité des 3000, à Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Théo L., 22 ans, est gravement blessé, violé par une matraque télescopique d’un policier.

[8] Les luttes sociales portaient autant sur le travail que sur le logement, les lois discriminatoires d’expulsion, les actes racistes. Les grèves sont l’occasion de libérer une parole muselée. Les quartiers populaires trouvent une certaine autonomie dans cette articulation entre luttes professionnelles et luttes des minorités.

[9] Hugues Bazin, Police des banlieues, contremaitre du néo capitalisme, www.recherche-action.fr, 2017

[10] Gilles Clément, Manifeste du tiers paysage,, 2004

[11] Christophe Guilluy, La France périphérique : Comment on a sacrifié les classes populaires, Paris : Flammarion, 2014

[12] Hugues Bazin, Contre-espaces d’une économie créative et populaire, recherche-action.fr, 2017

[13] L’économie populaire désigne l’ensemble des activités économiques et des pratiques sociales développées par les groupes populaires en vue de garantir, par l’utilisation de leur propre force de travail et des ressources disponibles, la satisfaction des besoins de base, matériels autant qu’immatériels.

[14] Ensemble des activités ne relevant ni du secteur public ni du secteur privé à but lucratif, et qui œuvrent à l’intérêt général. Un bien commun répond à des critères de de non-exclusion et de non-rivalité. : on ne peut exclure personne de son usage, et l’usage par un individu n’empêche pas celui d’un autre. Cela ouvre des droits : accès aux connaissances, droit culturel, droit à un environnement sain, droit aux ressources naturelles équitablement partagées, droit au patrimoine commun de l’humanité.

[15] Hugues Bazin, « Les enfants non reconnus de l’éducation populaire », revue Agora débats/jeunesses n° 44, L’Harmattan, 2007, pp.46-61.

[16] Hugues Bazin, « Les espaces intermédiaires de l’existence », revue Arpentages No 9, Scènes Obliques éditions, 2012, pp.33-45.

[17] Hugues Bazin, Espaces populaires de création culturelle : enjeux d’une recherche- action situationnelle, Éditions de l’INJEP, 2006, 91p, (Collection « Jeunesse/Éducation/Territoires : cahiers de l’action »).

Espaces De Transformation Et Emancipation
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Contre-espaces d’une économie créative et populaire

Sans organisation de base, il n’y a pas de justice sociale. Il s’agit de prendre tous les aspects de la réalité auxquelles sont confrontés les plus démunis. Ces lieux ne sont pas en dehors de la ville, mais au centre des questions urbaines et par leur activité confirment qu’on ne peut les reléguer à la marge selon les représentations sécuritaires du moment. Ce sont les plus petites unités de l’échelle du commun à partir de laquelle s’élabore une commune politique.

 

Ce texte est issu d’une rencontre qui s’est déroulée en janvier 2017 dans un squat du 18e arrondissement de Paris entre différents acteurs portant d’une démarche collective : la Fédèr’Actions des Rêves Evolutionnaires (FARE ouvrant des squats d’hébergement et de création) ; l’Association des Marchés Économiques Locaux Individuels et Organisés de la Récupération (AMELIOR) ; le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action (LISRA) animant le collectif Rues Marchandes (plate-forme de ressources et d’action sur l’économie populaire) ; le squat le Clos Sauvage à Aubervilliers à travers une démarche pluridisciplinaire inter-squats.

L’association FARE regroupe des particuliers, des collectifs, des associations, des fondations. Cela a donné lieu à des partenariats commerce avec l’Armée du Salut ou Médecins du Monde. Ce fut le cas pour le lieu « GPS » à Clichy. Il est proposé des hébergements pour des SDF, des réfugiés, et des projets comme la ressourcerie, la recyclerie, le café citoyen, cantine solidaire, fablab, garage solidaire. On y développe des concepts comme la paysannerie urbaine qui s’expérimente sur les toits avec des bibliothèques de graines anciennes. Il y a aussi une dimension artistique, il y a beaucoup d’artistes dans l’équipe.

Amelior travaille à l’ouverture de marché aux puces et vise une coopérative ouvrière de la récup, de la revente, du recyclage, la rémunération et l’inclusion des travailleurs du recyclage dans la revalorisation sociale des déchets, mais qui ne sont pas reconnus en tant que tel. Elle organise pour l’instant deux marchés à Montreuil et aux Grands voisins dans le 14e et vient d’ouvrir un espace de stockage, d’atelier et de rencontre. Elle peut se charger de la gestion des déchets des squats. Elle peut venir débarrasser et nettoyer lors de l’ouverture d’un lieu. Elle peut assurer une organisation cohérente des déchets et des espaces. Par exemple mettre à disposition des poubelles créer des zones de dépôt emmener des rebuts à la déchetterie, tout ça dans une économie sociale et solidaire viable et de proximité.

Il existe aussi une logique de collectif pluridisciplinaire qui essaie de faire converger les projets dans des logiques écologiques et citoyenne dans des milieux différents comme celui du squat et d’autres milieux plus académiques ou intellectuels et essayer de voir comment se fait rencontrer différent public. Il existe par exemple le réseau d’architectes coopératifs Archicoop qui fédère plusieurs projets d’habitat et pose la question du rapport entre habitat et activités (ou encore le squat du Clos Sauvage à Aubervilliers qui croise un collectif théâtre et un projet d’AMAP. Peut-être faut-il s’intéresser à l’existence d’un réseau inter squats qui a ses réunions, ses objectifs, ses événements (le Festival des Ouvertures Utiles notamment)…

Le collectif Rue marchande cherche à poser la question du développement endogène des territoires à travers une économie populaire. Il développe pour cela plusieurs chantiers avec les acteurs concerné notamment les biffins : ateliers d’écriture et guide culturel, étude d’impact, recherche de lieux, ateliers de recherche-action et plate-forme ressource, etc.

L’enjeu d’une économie populaire de la récup

Cela renvoie la question de l’économie du commun, quelles sont les ressources vitales à partager. L’économie biffine a été exclue par la logique technicienne, il n’y a pas de case pour l’intégrer cette économie. L’occupation d’un lieu pourrait réintroduire ce principe d’économie populaire sur le territoire obligeant le politique de prendre en compte. On pourrait y réfléchir à plusieurs collectifs en ouvrant un lieu avec un tel projet entre des personnes qui ont besoin d’un logement, celles qui font de la récupération vente et qui sont parfois les mêmes, bref tous les gens qui ont besoin d’une économie populaire pourraient s’unir dans une logique qui n’est pas uniquement de survie, mais d’aménagement du territoire. Sans organisation de base, il n’y a pas de justice sociale. Il s’agit de prendre tous les aspects de la réalité auxquelles sont confrontés les plus démunis. Il y a des pôles de ressources de connaissance on peut s’allier aux classes moyennes qui pourraient le jouer le rôle d’intermédiaire et en même temps susciter des interlocuteurs auprès de l’État à travers une expertise sur le droit au logement, au travail, aux soins, etc. Donner de l’argent n’est pas suffisant si l’on reconnait pas les droits.

Partout dans le monde les recycleurs obtiennent des locaux comme des travailleurs. Dans certains pays comme le Brésil, les recycleurs gèrent les matériaux « secs » de la ville entière, ils obtiennent le droit de collecter. La majorité des déchets sont ainsi recyclés par les travailleurs formels ou informels. La base c’est reconnaître le droit au travail pour tous, c’est ensuite développer des contacts avec les mairies sur des services, ensuite obtenir du matériel pour la collecte, des camions avec une balance. Ils reçoivent un SMIC et grâce aux coopératives obtiennent la scolarisation. Ils gagnent en plus l’argent de la valorisation et en plus de la paye de la collecte. La coopérative permet d’obtenir le même numéro de SIRET pour tous les travailleurs et paye les charges.

A Paris il y a l’exemple de la Petite Rockette qui est issue d’une lutte squat pendant 3 ans, il aidait les gens en grande précarité et ils ont trouvé quelques moyens grâce à la ressourcerie. Remarquons cependant que dans le modèle économique des ressourceries 50% de la collecte est donnée à l’industrie sur le réseau du Refair ou d’Emmaüs Défit qui va au recyclage industriel. Alors qu’une économie populaire permet de mieux valoriser les objets et profiter directement aux personnes. Les politiques veulent l’employabilité des biffins dans les ressourceries. Il y a 250 embauches dans les structures de remploi en île de France en contrat d’insertion, alors qu’il n’y a plus de 3000 biffins. Le but ce n’est pas d’insérer les pauvres, mais de reconnaître des capacités, des compétences, des qualités autonomes des biffins qui sont bien plus professionnels qu’une personne employée en ressourcerie. Le boulot n’est pas le même. Il est plus restreint en ressourcerie. Dans la communauté des biffins, il y a tout ce que fait une ressourcerie : les récupérateurs, les collecteurs, les revendeurs suivant les profils.

Au lieu de parler d’employabilité dans un système économique qui les exclut, l’intérêt est de concevoir une économie populaire qui inclut tout le monde, notamment ceux qui n’auraient de toute façon pas accès à l’emploi, ce qui représente un biffin sur deux, comme les retraités, les sans-papiers, les extrêmement précaires, les handicapés. Cela renvoie à la question des droits comme pour les sans-papiers qui peuvent représenter 20 %. L’Économie populaire est à prendre aussi dans le sens que les biffins sont aussi des acheteurs, cela participe dans les deux sens. Les marchés aux puces actuelles ne répondent plus à cette économie, alors qu’avant les chiffonniers étaient intégrés à l’économie, ils revendaient les boues, les matériaux putrescibles pour l’agriculture et les matériaux utiles pour les artisans et les industries, il y avait des intermédiaires, tout était payé à la pièce, au poids, il y avait zéro déchet.

Les acteurs concernés doivent pouvoir développer leurs propres réflexions et expérimentations relatives à une économie profitable à tous. C’est une manière de déjouer les formes de récupération d’initiatives qui partent du terrain, mais sont ensuite récupérées dans des logiques qui dépossédés acteurs de terrain sous le couvert d’un discours techniciens et innovateurs. Il y a par exemple des séries de conférences sur l’occupation temporaire des lieux vacants, mais on n’y voit jamais les réseaux de militants en solidarité des plus démunis. Ceux qui parlent au nom des lieux sont souvent dans une logique de conventionnement et pas du tout de désobéissance. Il manque des gens plus militants plus engagés alors que ceux qui prennent la parole sont des gens plutôt déconnectés du terrain avec un discours plein de bonnes intentions. On peut s’interroger alors si ces « nouveaux lieux créatifs » ont une efficacité raccordée vraiment aux préoccupations de la population environnante tout en reprenant les symboles des anciens bastions des luttes ouvrières comme les friches culturelles.

Le squat lui-même est devenu une sorte de marché avec des appels à projets qui mettent en compétition des collectifs. Cela devient une forme d’anti squat. La dynamique squat a été ainsi récupérée par les classes sociales plus riches sous le couvert de la terminologie de l’innovation sociale. Il y a une libéralisation des biens communs, mais uniquement dans une logique marchande dans le sens par exemple d’une ubérisation des services de proximité. C’est le dernier accaparement du néolibéralisme rien n’y échappe.

On a essayé de défendre en décembre dernier un projet collectif sur un site d’Aubervilliers animé par le collectif Gargantua. On espérait être conventionné et monter un projet élaboré pouvant intégrer un marché d la récup. Finalement il n’y a pas eu de dialogue possible avec le propriétaire qui s’était pourtant engagé dans le cadre d’un protocole à reloger un squat précédent. Cependant la mairie d’Aubervilliers à une politique favorable en essayant de bloquer les projets de rénovation urbaine. Certaines mairies des quartiers populaires peuvent empêcher la police d’expulser les familles. Le problème c’est que pour récupérer des terrains il faut de l’argent, des financements.

Autoformation et expertise citoyenne à travers la problématique des squats

Les squats peuvent devenir des lieux d’autoformation où on invite d’autres catégories professionnelles apporter leurs compétences au service d’un processus commun. Des étudiants pourraient aussi trouver la possibilité de sortir de leurs murs d’expérimenter un processus d’engagement collectif. Rien n’empêche que ces lieux deviennent en cela aussi des formes d’université populaire animées par les principaux intéressés et invitant les universitaires où les techniciens à se mettre ainsi à l’école de la rue et de l’expérimentation sociale. Peut-être se rapprocher des écoles d’architecture et voir si une telle expérience peut être validée comme un « stage chantier » qui est obligatoire en licence (durée d’un mois).

L’invisibilité sociale rend difficile l’émergence de problématiques politiques. L’intérêt d’un lieu est aussi de faciliter un accompagnement et d’identifier les besoins, mais aussi dans une logique de formation-action de renforcer les compétences individuelles et collectives pour y répondre. L’expérience du lieu est en elle-même une formation, s’approprier un espace, pouvoir le gérer collectivement, se défendre dans les procédures de justice, etc. Cette expérience manque notamment aux habitants, maitre d’ouvrage et maitre d’œuvre qui s’engagent dans la conception d’habitats coopératifs.

Vivre 15 ans dans la rue ou vivre 15 ans de la biffe, c’est une expertise de la ville.

En cela les logiques d’innovation sociale et d’économie du commun sont des processus que peuvent s’approprier des acteurs qui en ont le plus besoin à travers des outils méthodologiques et les dispositifs. Roberto Bianco-Levrin (médecins du monde) parle ainsi de favoriser des « politiques ascendantes », qui partent du bas des situations d’expertise, de maîtrise d’usage, « l’expérience de survie collective construit des politiques de l’habitat, de la santé, de l’activité économique, de la culture, etc. ». Les politiques ascendantes interpellent les politiques d’État qui ne se pensent pas à partir des plus pauvres, mais à partir d’une culture technicienne qui pense ce qui est bien pour les pauvres. L’idée est alors de faire entrer dans le droit commun des dispositifs qui sont pensés et maîtrisés par les acteurs eux-mêmes.

Les collectifs de squatters sont généralement dans des approches transdisciplinaires. Ils peuvent mêler hébergement d’urgence et activités culturelles et artistiques. C’est une manière de dire qu’on ne peut pas dissocier la création d’un imaginaire d’une transformation sociale. Quelles que soient les formes de luttes, il reste nécessaire qu’elles s’appuient sur la revendication des droits fondamentaux comme le droit au travail et le droit au logement, elle ne peut se faire non plus sans l’appui de « contres espaces » où se recompose une autre manière de faire ensemble. C’est dans ces interstices que des espaces de vie naissent. Les milieux se mélangent.

Par rapport aux gens en situation de pauvreté qui vivent ou travaillent dans la rue comme les biffins dont certains sont aussi sans logement, la problématique « squat » s’inscrit dans une dynamique collective renvoyant à des questions citoyennes et non pas à une logique de contrôle social par l’insertion. Effectivement les biffins comme d’autres sont considérés soit comme sous-prolétaires, ne soit comme personnes à insérer. Dans les deux cas ne sont pas remis en cause ni le système économique ni le système d’insertion sociale.

Cela n’élude pas la réalité parfois difficile de ces formes collectives qui regroupent des intérêts et des approches avec des temporalités différentes, mais aussi des profils contrastés. Les personnes en situation de vulnérabilité accumulent les traumatismes parfois difficiles à gérer collectivement. Il est nécessaire de compartimenter les différentes activités. Il est difficile par exemple de faire coexister hébergement d’urgence avec les autres activités.

Il n’est pas simple effectivement d’organiser des collectifs occupants des espaces autonomes à une époque qui privilégie la criminalisation de la pauvreté et la marchandisation de tous les domaines de l’existence. On peut imaginer autrement que ces tiers lieux ou ces interstices urbains soient les seuls moments de respiration et de reconstruction d’une forme collective et citoyenne.

Ces lieux peuvent constituer en quelque sorte des zones d’apaisement, de constructions et de création, où s’exerce une bienveillance réciproque sans jugement a priori (« aller vers… », « être avec », « partir de… »), et essayer ainsi, même si ce n’est pas toujours facile, de ne pas reproduire les conflits, hiérarchisations, subordinations, discriminations vécues à l’extérieur. En prendre conscience, c’est se mettre non simplement en tant qu’occupant d’un lieu, mais aussi acteur d’une démarche collective, dans une logique d’autoformation, d’auto encadrement, d’autos missionnèrent, etc. Ou comment permettre aux personnes de se réinscrire dans sa propre trajectoire, défendre une cohérence, être respecté dans son intégrité. Le lieu induit par définition une relation de proximité et par conséquent un autre rapport entre l’espace et le temps. On peut prendre le temps de la rencontre est aussi le temps de se projeter dans le temps, bref s’inscrire dans une temporalité qui permet d’envisager l’action et l’aller-retour entre l’action et la pensée de cette action.

Les lieux de type squat sont donc des lieux de cohabitation où se croisent des populations différentes confrontées à la précarité et qui cherche un mode de vie alternatif à travers un mode d’habitat collectif. Certains squats sont plus ou moins socialement homogènes. La démarche dans laquelle nous pouvons tous nous retrouver et de partir des situations auxquelles sont confrontés les acteurs et de travailler à partir de ces parcours d’expérience pour dégager des problématiques et des actions communes. Nous sommes bien dans une recherche-action. Il s’agit donc de respecter les dynamiques internes de chaque collectif ou groupe et en même temps d’arriver à construire une parole et des enjeux dans l’espace public pour amener ses lieux à s’inscrire dans un schéma d’aménagement de développement du territoire et une économie de proximité.

Pour une autre approche du territoire et de son aménagement

Ces lieux ne sont pas en dehors de la ville, mais au centre des questions urbaines et par leur activité confirment qu’on ne peut les reléguer à la marge selon les représentations sécuritaires du moment. Il ne s’agit pas simplement en tant que « collectivisme libertaire » ou disons de manière moins orientée « démarche autonome » de dénoncer un pouvoir, mais aussi prendre le pouvoir de diffuser des expérimentations qui peuvent rentrer dans les logiques de développement territorial. Le lieu est la plus petite unité de l’échelle du commun à partir de laquelle s’élabore une commune ou une collectivité territoriale. L’architecture fluide du lieu peut donc se concevoir comme une modélisation de tiers lieux extensible à d’autres espaces de vie, en termes notamment d’économie du commun, de circuits courts, d’innovation sociale, etc.

Le squat, comme habitat, renverse complètement l’approche actuelle de l’architecture écologique. Le discours technocratique dominant se focalise sur la technologie et la matière, la performance des équipements et de l’isolation… tout en construisant des logements nécessitant toujours plus de surface par individus, incarnant des modes de vies individualistes qui multiplient les dépenses matérielles, énergétiques, etc… des résidents.

Le squat est un habitat écologique non pas par les performances de ses qualités physiques (isolation…) mais par la qualité écologique des modes de vie qu’il incarne. Dans un monde dominé par le chiffre et la pensée rationnelle, il serait intéressant d’organiser la mesure de cette qualité écologique de l’habiter coopérativement. Cela revient à mettre la science, ou plus précisément une forme de démonstration scientifique, au service d’un projet politique. Celui de tordre le cou au discours technocratique qui règne encore dans le monde dans le bâtiment et empêche l’émergence de réponses crédibles à la hauteur des enjeux sociaux et écologiques contemporains. Si les limites de l’agriculture conventionnelle sont connues du grand public et que s’organise des formes de soutien citoyen à l’agriculture paysanne, raisonnée, écologique… la prise de conscience citoyenne des limites de l’architecture conventionnelle reste à générer. L’agriculture intelligente fait sourire, la ville intelligente continue de faire rêver.

Il est important de faire connaître le squat comme forme d’habitat écologique et de le mobiliser dans le cadre des débats actuels entourant l’architecture écologique.

Annexe : Économie populaire et/ou économie sociale et solidaire ?

Cette note de travail reprend des éléments discutés à la table ronde « Redistribuer » du colloque du Groupement d’Intérêt Scientifique « Démocratie et Participation » sur les « Expérimentations démocratiques aujourd’hui : convergences, fragmentations, portées politiques » le 27 janvier 2017 à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord[1].

Quelles sont les conditions pour que la problématique de l’économie populaire soit prise en compte dans le domaine politique ? Depuis une dizaine d’années, des récupérateurs-vendeurs franciliens qui se nomment eux-mêmes « biffins » se sont mobilisés en réseau et en associations pour faire reconnaitre l’utilité directe de leur activité et faciliter l’ouverture de marchés dans l’espace public (voir le rapport d’étude auquel nous avons contribué en 2012 pour la région Île-de-France)[2].

  • Soit on place la récupération vente des biffins dans une économie de survie, c’est-à-dire à un sous-prolétariat qui rentre en concurrence avec le prolétariat classique et la forme salariale. Nous parlons effectivement d’économie informelle c’est-à-dire de personnes sans statut à qui on peut toujours reprocher de développer une économie concurrentielle (pas d’agrément, pas d’inscription au registre professionnel, as de cotisation sociale, pas de diplôme ni de licence)
  • Soit on place la récupération vente dans le couple « infernal » insertion / répression qui conditionne la mise en place de certains espaces marchands à une obligation de réintégration dans l’économie classique et au développement la répression partout ailleurs. Ce qui aboutit à la situation actuelle de quelque centaine de places accessibles en région parisienne alors que l’ensemble du territoire est soumis à une répression sans vision globale de cette économie.

Mais quand on interroge des structures de réemploi sur quel modèle économique ils veulent insérer les plus pauvres on s’aperçoit qu’il n’y a pas véritablement de réflexion quant à une forme alternative économique. Autrement dit on demande aux biffins qui ont trouvé une réponse par l’économie populaire de les réinsérer dans le système qui les a exclus.

Une autre approche est de dire que la récupération vente s’insère dans une forme écosystémique interrogeant les possibilités d’un développement économique sur un territoire. Il manque cette interface aujourd’hui entre une économie de survie et ce que serait cette économie populaire. On parle à la fois d’une économie au rez-de-chaussée des villes, d’un travail d’autoformation, d’une économie menée par les plus pauvres qui bénéficient aux plus pauvres.

Par leur propre force de travail, leur capacité à s’auto-organiser, les ressources recyclables disponibles sur les territoires, les biffins développent une activité économique de proximité. Tout en satisfaisant leurs besoins de base, ils participent en outre à un système socioéconomique d’échange. Ils contribuent à travers des circuits-courts à réintroduire des logiques endogènes de développement territorial.

Elle peut prendre différentes formes : ateliers autogérés, groupe d’achat, échoppes fixes ou ambulantes, petites réparations, systèmes d’échange local, cuisines collectives, récolte des déchets et revente dans la rue ou au bénéfice de dispositif de récupération…

C’est sur ce dernier aspect du circuit de la récupération-vente que s’appuie particulièrement notre programme de recherche-action, car il est exemplaire d’une économie d’auto-réalisation basée sur des compétences collectives contribuant à un développement durable dans la tradition des puciers aux portes de Paris.

La question qui se pose alors sur l’articulation entre forme d’expérimentation et forme d’écodéveloppement. À quoi sert-il d’expérimenter un nouveau modèle économique si les travailleurs qu’ils soient employés ou entrepreneurs sont confrontés à un modèle économique subordonné selon des règles financières à court terme peu propices à la créativité ? C’est en cela que les logiques normatives de l’économie sociale et solidaire classique ne sont pas non plus les réponses adéquates. Il est important que les formes de modélisation qui permette la généralisation de l’expérimentation puissent être aussi en adéquation avec une économie populaire. Sinon, on tombe dans une injonction paradoxale où l’on nous le demande d’expérimenter sans possibilité de proposer un modèle alternatif.

Nous rejoignons en cela la position de Jean Louis Laville sur la difficulté de la problématique de l’économie populaire soit prise en compte dans le domaine politique : « Il y a une segmentation et une hiérarchisation entre les sphères économiques et politiques. Au XIXe siècle la gauche s’est affirmée comme relevant du déterminisme économique avec la croyance très forte du développement des forces productives qui rejoint une pensée du libéralisme et participe à l’invalidation symbolique des économies populaires. Ce fétichisme politique pense finalement qu’à partir de la prise de pouvoir d’État de la possibilité par quelques réformes structurelles d’aller vers un changement démocratique. En cela la pensée sur le changement social a été orientée par le déterminisme économique.

Du côté de la pensée d’une entreprise non capitaliste, il n’y a pas de théorisation qui est tenue la durée. L’une des seules est la théorisation de l’économie sociale, mais qui s’est également enfermé dans une pensée limitée à l’entreprise comme organisation. Elle a cru qu’il suffisait de changer la propriété collective pour avoir un fonctionnement démocratique et qui a pensé que le changement social se réduisait à un certain nombre d’entreprises coopératives qui allaient essaimer par leur valeur d’exemple. La question est donc de penser un pont, construire des médiations entre la sphère politique et la sphère économique. Ce déficit théorique est devenu de plus en plus sensible alors que les pratiques aujourd’hui nous indiquent ces ponts existent dans la réalité où l’économie populaire sort de l’économie de survie pour légitimer un certain nombre de pratiques populaires en accentuant les formes de solidarité qui réinterroge les modèles de gouvernance à partir d’actions concrètes. C’est bien ici que se situe notre recherche-action avec les récupérateurs vendeurs l’expérimentation « Rues marchandes ».

Nous dégageons ici quatre points principaux qui pourraient représenter autant de soutiens à des expérimentations dans la perspective d’une généralisation :

  1. La capacité d’auto développement à partir des ressources endogènes du territoire qui à la capacité de miser sur son identité propre territoriale affirmer à partir de ses ressources humaines naturelles culturelles patrimoniales qui sont liées à l’histoire Savoir-faire et des coutumes. Il y a lien entre développement économique et préservation du capital patrimoniale. On pourrait concevoir des ateliers populaires du territoire incluant des équipes pluridisciplinaires pour révéler les ressources inexploitées.
  2. La capacité de créer un écosystème à travers une diversité des acteurs socio-économiques mise en relation. Où pourrait en envisager un cluster pour prendre un terme à la mode consacrée à l’économie populaire entre entreprises sociales, culturelles et économiques qui mettrait en relation fabrication de l’habitat, rues marchandes, accueil d’urgence, jardins partagés, auto réparation et autres ateliers.
  3. La capacité de mettre en place une nouvelle forme de gouvernance qui dépasse les élus et la démocratie élective ou même participative en inventant de nouveaux dispositifs de gestion des biens communs mettant en lien des acteurs autour d’une dynamique de développement territorial. Cela renvoie à la possibilité à de nouveaux acteurs de se déclarer sur le territoire qu’ils passent ou non par le tissu associatif ou coopératif de l’économie sociale et solidaire classique.
  4. La capacité à créer une économie d’échelle en mettant en relation différents territoires dans une dimension régionale et en créant ainsi une interface entre une économie de proximité et filières économiques s’appuyant sur une ingénierie dans une logique de mutualisation des moyens, afin de répondre aux besoins des différents acteurs qui maîtrisent sans sa production du territoire. Cette économie au « rez-de-chaussée » des villes d’auto construction, de transformation répondant à la nécessité des situations, induit également un autre rapport à la mobilité et la proximité.

Hugues Bazin, Contre-espaces d’une économie créative et populaire, www.recherche-action.fr, 2017


[1] Participant à la table ronde : Hugues Bazin (Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action), Pierre Crétois (Université Paris Ouest Nanterre La Défense), Maria Inés Fernandez Alvarez (Universidad de Buenos Aires), Jean-Louis Laville (Lise, Cnam), Sébastien Thiéry et Charlotte Cauwer (PEROU, sous réserve), Stéphane Vincent (27ème Région)

[2] https://recherche-action.fr/ruesmarchandes/download/etude_sur_les_biffins_en_ile_de_france/Les-biffins-etude-qualitative.pdf

Contre-espaces Et économie Populaire
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« Tiers-Espaces » comme support d’innovation sociale et citoyenne en quartiers populaires à travers l’expérience du quartier de l’Ariane à Nice

Rencontres recherche-action les 11 et 12 mai 2017 avec les acteurs du quartier de l’Ariane
sur l’invitation de la ManuFabrik,
notamment les activités de l’AmorçÂge et l’ouverture de l’espace de l’Utopie

« Tiers-Espaces »  comme support d’’innovation sociale et citoyenne en quartiers populaires
à travers l’’expérience du quartier de l’Ariane à Nice.

Les habitants acteurs du quartier (conseil citoyen, jury FPH, porteur de projets, acteurs/trice de théâtre forum ou d’improvisation…) sont invités à réfléchir et à écrire collectivement sur ce qu’ils sont en train de vivre à travers les nouveaux espaces qui s’ouvrent sur le quartier depuis plusieurs mois : contre-espace les jours de marché, tiers-paysage au jardin partagé, L’UTOPIE sorte de Tiers-lieu … mais aussi les espaces d’art social avec la colorisation de certaines entrées d’école, le mur Léon Jouhault …

Il nous paraît intéressant de nous attacher à un processus de transformation entre les personnes et les espaces selon un mode non institué, mais instituant construisant de nouveaux référentiels en matière d’éducation populaire, de développement économique et de modèle de gouvernance.

Hugues Bazin, ancien professionnel du champ social en prévention spécialisée et directeur de la revue Paroles Et Pratiques Sociales dans les années 1980, puis diplômé de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales en anthropologie et sociologie, en devenant chercheur indépendant il synthétise dans son parcours ces deux dimensions, sociale et scientifique. Cette articulation s’illustre le mieux dans une démarche de recherche-action auprès de populations et d’espaces sociaux dont les problématiques restent bien souvent dans l’angle mort de la connaissance, viendra sur le quartier de l’Ariane :

Jeudi 11 mai 2017 de 10h à 17h  à L’UTOPIE pour construire un débat avec les habitants-acteurs + partenaires associatifs pour commencer l’écrit collectif : confirmer ou infirmer un processus et quel processus ?, développer une démarche…mettre en débat notre rapport au territoire, au travail…
sous forme d’un plateau radio ?

Vendredi 12 mai 2017 à partir de 10 h : visite du quartier depuis l’espace du marché vers le jardin partagé de La Panpa, les écoles et où vous aurez envie de l’accompagner.

Vendredi 12 mai 2017 de 14h00 à 16h00 à L’UTOPIE : débat avec les technicien(ne)s des institutions et les travailleurs sociaux du quartier. Quel regard ? Quel positionnement dans une démarche de transformation sociale ?

Contact

Christophe Giroguy – 06 64 30 23 74 – lamorcage@lamanufabrik.net

L’Utopie, rue des Eglantines, l’Ariane, Nice, 06300

Facebook : L’AmorçÂge Nice

 

Action-recherche : Quelle place et quels outils pour les architectes aujourd’hui face à la question des migrations ?

Dans le cadre du Bendo Festival Rencontre sur « l’habiter et l’itinérance au XXIème siècle » aux Grands Voisins (Paris 14e), « Projet d’intervention curieuse » sur la proposition de  Simon Cobigo « Sharing Bubble » (projet d’architecture gonflable pour créer du lien social et interagir avec des populations marginalisées) avec l’association La Basse-Cour (organisatrice du Bendo Festival), et l’ensemble des acteurs du site des Grands Voisins,  les habitants du site (réfugiés, anciens sans-abris, associations diverses, artistes, etc.) et les visiteurs et festivaliers.

Grands Voisins, 82 avenue Denfert Rochereau 75014 Paris

Samedi 06 mai, 17h00

Table-ronde, discussion libre sur « Action-recherche : Quelle place et quels outils pour les architectes aujourd’hui face à la question des migrations ? » avec Hugues Bazin (LISRA) et Sébastien Thiérry (PEROU)

Présentation :

Quoi ?

Déployer une structure gonflable au cœur du site, qui sera pensée comme un lieu de rencontre, de partage et de dialogue. Produire un espace/temps pédagogique. Faire place et être un lieu-carrefour, qui questionne le site d’accueil. Créer le temps de deux journées, un espace d’échange critique sur le modèle proposé aux Grands Voisins. Présentation de la démarche du projet « Sharing Bubble », dont l’intervention prévue lors du Bendo Festival est une des étapes.

Quand ?

Les Samedi et Dimanche 06 et 07 mai 2017

Où ?

Chez les Grands Voisins, dans l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul, 82 Avenue Denfert-Rochereau, 75014 Paris.

Comment ?

De manière légale, grâce à l’invitation de l’association La Basse-Cour. Cette intervention se veut être l’occasion de présenter ma démarche de projet tout en accueillant différents acteurs sociaux/politiques et autres, qui viendront présenter leurs différents travaux avec un angle d’approche commun, celui de « l’habiter et de l’itinérance », thématique d’ensemble du festival. La structure gonflable sera ici le réceptacle d’un cycle de 3 conférences, 1 table-ronde ouverte et une exposition/présentation du projet « Sharing Bubble ».

Pourquoi ?

Pour développer une démarche architecturale expérimentale et active qui se développe dans le cadre de l’action-recherche. Penser et faire, dans un même lieu, dans un même temps. J’envisage ce projet comme une démarche de rencontre, d’écoute, de transmission et de partage.

Programme complet

  • Samedi 06 mai, 14h30 : Conférence « Construire nos propres mondes, à propos de l’autonomie zapatiste » présentée par Jérôme Bachet
  • Samedi 06 mai, 17h00 : Table-ronde. Discussion libre sur « l’habiter et l’itinérance au XXIème siècle » + Table-ronde sur le thème de l’action-recherche : Quelle place et quels outils pour les architectes aujourd’hui face à la question des migrations ? // Avec Hugues Bazin et Sébastien Thiérry (PEROU)
  • Dimanche 07 mai, 14h30 : Présentation débat sur « Habiter au Kurdistan : Lutter contre la répression et construire l’autonomie » avec 4 intervenants-modérateurs.
  • Dimanche 07 mai, 17h00 : Conférence « Les Fabriques de la Commune » présentée par Josep Rafanel li Ora
  • Exposition de photographies : – Rose Lecat / Julien André-Mégoz

Recherches participatives avec les personnes en situation de pauvreté (Paris)

Construire les savoirs avec tou.te.s ?
Recherches participatives avec les personnes en situation de pauvreté

1er mars Colloque au CNRS, 3 rue Michel Ange, Paris 16ème

Appel pour le développement des recherches participatives en croisement des savoirs

Animation de la journée par Sandra Laugier, professeure, directrice adjointe scientifique de l’InSHS-CNRS, membre du comité « Sciences en société » du CNRS et Claude Ferrand, coordinateur du Réseau Wresinski Participation, Croisement des savoirs, ATD Quart Monde

8h30 : Accueil

9h : Ouverture du colloque par Alain Fuchs, président du CNRS, Claire Hédon, présidente du mouvement ATD Quart Monde France, Olivier Faron, administrateur général du Cnam

9h30-10h : Les éléments constitutifs d’une recherche participative en croisement des savoirs et des pratiques impliquant des personnes en situation de pauvreté par ATD Quart Monde

10h-10h30 : Les résultats du séminaire sur l’épistémologie des recherches participatives et en croisement des savoirs par Marcel Jaeger, titulaire de la chaire de travail social et d’intervention sociale au Cnam et Patrick Brun chercheur, ATD Quart Monde:

  • Les savoirs : identité, spécificité, interactions, plus-value du croisement des savoirs avec des personnes en situation de précarité et de pauvreté
  • Les finalités, la reconnaissance et la validation d’une recherche participative en croisement des savoirs
  • Les conditions du processus relationnel et de connaissance du croisement des différents savoirs

10h30 : Pause

11h-12h30 : Table ronde sur les enjeux et intérêts scientifiques, épistémologiques et sociaux des recherches participatives en croisement des savoirs, animée par Xavier Godinot, co-directeur de recherche internationale sur les dimensions de la pauvreté et leurs mesures, ATD Quart Monde

  • Patrick Cingolani, Laboratoire de changement social et politique, Université Paris-Didero
  • Jean-Michel Fourniau, Directeur du GIS Démocratie et Participation, CNRS
  • Nonna Mayer, Directrice de recherche émérite CNRS, Centre d’études européennes de Sciences Po
  • Catherine Neveu, Directrice de recherche CNRS, IIAC

12h30 : Buffet

14h – 15h30 : Quatre ateliers

  • Atelier 1 : Quelles sont les conditions éthiques, méthodologiques et épistémologiques des recherches participatives en croisement entre les différents savoirs ? Animé par Marion Carrel, maitresse de conférences en sociologie, Lille 3 – CeRIES et Marianne de Laat, conseillère pédagogique en croisement des savoirs, ATD Quart Monde
  • Atelier 2 : Quelles sont les conditions éthiques, méthodologiques et épistémologiques des recherches participatives en croisement entre les différents savoirs ? Animé par Hugues Bazin, chercheur en Sciences sociales, LISRA et Françoise Ferrand, conseillère pédagogique des programmes Quart Monde – Université, Quart Monde Partenaire
  • Atelier 3 :Atelier 3: Comment les politiques publiques peuvent-elles favoriser les conditions de recherche participative en croisement des savoirs et l’application des résultats dans l’élaboration, la réalisation et l’évaluation des actions publiques ? Les conditions de faisabilité et de financement. Animé par Cyril Fiorini, doctorant, Cnam-HT2S et Laurent Sochard, psycho-sociologue, praticien chercheur
  • Atelier 4 : L’évaluation et la validation des savoirs co-construits sur le plan de la connaissance, de l’action et de la formation. Les modalités de diffusion. Animé par Philippe Warin, directeur de recherche ODENORE-CNRS et André Moisan, sociologue

15h30 : Pause

16h -16h30 : Mise en commun des ateliers, Xavier Verzat ATD Quart Monde

16h30-17h : Intervention : les enjeux des recherches participatives en croisement des savoirs dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale.
Gaël Giraud, Economiste en chef, Agence française du développement (AFD)

17h-17h15 : Prise de parole de Thierry Mandon, Secrétaire d’Etat chargé de l’enseignement supérieur et de la recherche et de Ségolène Neuville, Secrétaire d’Etat auprès de la Ministre des Affaires sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées et de la Lutte contre l’exclusion (à confirmer).

17h15 : Conclusions et perspectives

17h30 : Fin du colloque

Inscription

 

Rencontres du tiers lieu nomade (Clichy – 92)

Les tiers lieux, en facilitant la rencontre, le partage, l’innovation, en mutualisant des ressources, et en prenant davantage en compte l’humain et la nature offrent des espaces pertinents de solidarité, de création de valeur et de développement local.

Le temps d’une demi-journée et d’une soirée, le projet TIERS LIEUX NOMADE permet de faire découvrir et de s’approprier le concept des Tiers Lieux et de tiers espace en le pratiquant, dans des lieux à chaque fois différents.

 

Samedi 10 décembre de 14h30 à 00h00

Kamu, Café associatif, 12 rue Léon Blum, 92110 Clichy la Garenne, Métro Mairie de Clichy

Inscription  – Contact : tierslieunomade(at)gmail.com – http://tierslieunomade.fr/

Programme :

Une après-midi axée sur des partages de réflexion et d’initiatives autour de l’économie sociale et solidaire avec différents intervenants. Ces interventions seront ponctuées d’animations artistiques et culturelles. Cette journée se clôturera par un pot convivial suivi d’un dîner concert.

14h30 – Accueil

15h – Comment favoriser un développement solidaire des territoires urbains ?

  • Démarche de Tiers lieu, projet Tiers Lieu nomade, par Christine Balaï
  • Intervention de Hugues Bazin, démarche de recherche-action, l’exemple du projet Rues Marchandes, Récupérateurs-vendeurs
  • « La ville inclusive », Christine Balaï

Mise en perspective par Taleb Nacera, Formateurs solidaires, des nouveaux paradigmes à l’œuvre autour des initiatives solidaires et dans le domaine du développement personnel, avec la présence de porteurs d’initiatives ou d’autres intervenants, notamment :

  • Nestor GOMA, ONG Horizon
  • Tony Capora, Abulai Danso, associations FARE et Un pas de plus, avec notamment un projet communautaire à Saint-Denis
  • Mathieu Morange du groupe La poste
  • D’autres participants à confirmer …

Débat participatif animée par Tatiana ou Armelle, architectes sociales et bioclimatiques Animation jeux pour les enfants avec l’association AirDeJeu

17h : présentation du défi autour de la mobilité de Koom sur Clichy, en présence de Julien boucher, élu ESS de la Mairie de Clichy et l’association SOLICYLE.

17 h30 : présentation de la plate-forme pour les artistes Eventiparis, par Hubert Locco-Rocca

18h : pot convivial Repas à partir de 19h

20h : soirée musicale et artistique, avec comme clou de la soirée : le Profess’Or Strange, qui lancera son nouvel album.

 

Journée d’étude « Les chercheurs et l’action – Situations, collaborations et finalités » (St Denis)

161129_mshRecherches collaboratives, participatives, contributives, impliquées… : si le vocabulaire n’est pas vraiment fixé, les expériences se multiplient, donnant une nouvelle jeunesse aux recherches-actions.
161129_msh2
Souvent mal reconnues au regard des critères académiques, ces démarches répondent à un double besoin : celui des chercheurs et celui des acteurs. D’un côté, les disciplines constituées éprouvent leurs limites face aux situations contemporaines, leurs enjeux démocratiques, et face à l’émergence de nouveaux objets. Elles cherchent à les dépasser par l’interdisciplinarité et la mobilisation de partenaires non académiques. De l’autre, les acteurs sociaux, économiques, politiques, institutionnels sont en demande d’un éclairage savant qui intègre et prenne en compte leur propres problématiques et objectifs. Les limites contemporaines de l’institution sont également en jeu : limites avouées dans la capacité à penser des situations, limites dans la capacité à décider et à faire ; limite dans la capacité de représentation politique.

Lieu et inscription

MSH Paris Nord – 20 avenue George Sand – 93210 La Plaine Saint-Denis
Métro Ligne 12 – Terminus station Front Populaire, RER B La Plaine – Stade de France

Inscription obligatoire

Programme

9h ouverture par Alain BERTHO

1. Pourquoi de nouveaux paradigmes de recherche ?

Quel contexte politique, social, technologique ? Quels impensés du monde actuel ?

  • Bernard STIEGLER > IRI, université de Compiègne > Disrupion et recherche contributive
  • Sylvain LAZARUS > université Paris 8 > Aujourd’hui, que faire dans le travail d’enquête de l’hypothèse d’une capacité politique des gens ?
  • Marion CARREL > université Lille 3 > Vers une épistémologie post-pauvreté ? Les enjeux du croisement des savoirs entre personnes en situation de pauvreté, praticien.ne.s et chercheur.e.s chez ATD Quart Monde

10h30-11h pause café

2. Les chercheurs interpellés : par qui et pour quoi ?

Qui est prescripteur ? (La puissance publique ? Une entreprise ? Un collectif militant ? Les intéressés eux-mêmes ?) Quels sont les besoins ? Quels vides remplissent-ils ?

  • Hugues BAZIN > LISRA > Quand la commande vient d’ « en-bas » : le principe de laboratoire social au prisme d’une recherche-action avec les récupérateurs vendeurs
  • Patrick BRAOUEZEC  > Président de Plaine Commune > Territoire et recherche-action : une coopération à consolider.
  • Marc LIPINSKI > CNRS >10 ans de partenariats institutions – citoyens pour la recherche et l’innovation (Picri) et après ?

12h30 -14h repas

3. Quels formats de recherche i pour quelles finalités ?

Quelles collaborations ? Pour quels savoirs ? Produit-on du commun ou des usages disjoints ? Quelle finalité critique ou politique de la démarche ? Quels effets sur les disciplines et sur l’action collective ?

  • Francine SAILLANT > université Laval > La recherche dans les milieux communautaires au Québec : jeux de normes et d’éthique
  • Hugues BAZIN / Mélanie DUCLOS / Véronique POUPARD > Plaine Commune > Expérimenter les rues marchandes comme démarche de recherche-action avec les biffins sur Plaine Commune ?
  • Pascal NICOLAS LE STRAT > université Paris 8 > Faire commun en recherche

15h-15h30 pause

  • Jean Michel FOURNIAU > Iffstar > Excellence scientifique et pertinence sociale : deux critères indépendants dans l’évaluation des sciences participatives
  • Mathieu VALDENAIRE > FEJ,> Quelles recherches-expérimentations soutenues par le Fonds d’Expérimentation pour la Jeunesse ? Quelle capitalisation ?
  • Agnès DEBOULET > Université Paris 8 > Co-produire du savoir et de l’action : enjeux internationaux des formats coopératifs en milieu urbain (après Habitat III)

Conclusion des discutants de la première partie de la matinée

17h Cocktail

Fablab’in Pays de la Loire, « Artisanat et travail : ce qui s’invente »

img_2086-620x350Fablabs, ateliers partagés, hackerspaces, tiers-lieux ouverts ou en construction, l’association Ping et le centre social du Chemillois organisent une journée de rencontre et d’échanges le vendredi 18 novembre prochain, autour de ces nouveaux lieux de fabrication en Région ! Inscriptions ouvertes jusqu’au 10 novembre.

Au programme de cette deuxième rencontre Fablab’in Pays de la Loire :

9h30 – Accueil, café

10h – Pleinière
> Retours sur la création du Réseau des fablabs français et présentation de FAB14, le congrès mondial des fablabs qui se tiendra en France en 2018.

11h30 – Visite des locaux du Boc@l, le tout jeune lieu de bricolage du Centre Social du Chemillois, et atelier cartographie des labs en Région.

12h30 – Déjeuner offert sur place aux participants

14h30 – Barcamp : 4 ateliers participatifs pour échanger vos questions, conseils et retours d’expérience sur la création et la vie d’un fablab
> La  structuration d’un fablab : quel modèle économique mettre en place?
>
Le fablab au quotidien : échange de bonnes pratiques
> Comment faire naître, vivre et grandir une communauté autour du fablab ?
> Pourquoi et comment faire de la documentation un réflexe au sein du fablab ?

17h – Restitution

18hConférence-débat autour du thème « Artisanat et travail : ce qui s’invente dans les fablabs »
Hugues Bazin

En pratique
Places limitées – Inscription obligatoire avant le 10 novembre
Le 18 novembre, retrouvez :

Tanneguy de Villemagne, fabmanager du FabMake (Bouguenais, 44)
Dominique Petit, médiateur info et porteur d’un projet de fablab dans la Sarthe
Thibaut Métivier, designer indépendant et créateur d’un outil de documentation pour les fablabs (Nantes)
Yoran Fourel, développeur-maker et porteur d’un projet de fablab dans le Maine-et-Loire
Thierry Celdran, éducateur et membre d’un fablab dans le Maine-et-Loire
Benoit Furet, enseignant chercheur impliqué dans le projet de création du fablab de l’Université de Nantes
Mehdi Lhommeau, maître de conférences (Angers)
Henri Goimard, volontaire en service civique et porteur d’un projet de fablab en Loire-Atlantique
Laurent Martin, ingénieur R&D et amateur passionné (Angers)
Emmanuel Fort, développeur et porteur d’un projet de fablab en Vendée
Luc Georgelin, chef d’entreprise et membre d’un fablab en Vendée
Vincent Nicolas, gérant d’un espace de coworking et porteur d’un projet de fablab en Vendée
Julien Paris, développeur de l’outil Libviz et membre du fablab Plateforme C de PiNG (Nantes)
Michel Akkaoui, fondateur de l’atelier partagé L’Établi et porteur d’un projet de tiers-lieux à Angers
Matthieu Brient, chargé de mission numérique au LabFab (Rennes)
Pascal Delanoë & Jean-Claude Bellier, chargés de mission à la fondation Orange, qui porte notamment le programme « Fablabs Solidaires«
Edouard Pointel, membre de l’association l’Établi (Angers)
Thibaud Menanteau & Matthieu Chatry, facilitateurs au fablab Zbis de l’association SC21 (Saint-Georges de Montaigu, 85)
Benoit Besse, Conseiller d’éducation populaire et de la jeunesse à la Direction départementale de la cohésion sociale du Maine-et-Loire
Pascal Pinault, ingénieur et membre du fablab Lannion (22)
Tatiana Smadja, décoratrice et porteuse d’un projet de création d’un fablab sur l’Île d’Yeu (85)
Karim Beddiar, responsable recherche et innovation au CESI de Nantes, et porteur d’un projet de fablab.
Lorraine Bertrand, chargée de mission numérique à l’agglomération de Saint-Nazaire, et qui souhaiterait y voir se créer un fablab
Agnes Tabellout, porteuse d’un projet de création de fablab au Mans (72)
Laurent Malys, développeur et membre du fablab Plateforme C de PiNG (Nantes)
Alexandre Lalanne, designer et « fablab lover »
Alexandra Panserrieu, bibliothécaire à Avrillé (49) et à l’initiative d’une « malle fablab »‘ à destination des bibliothèques
Didier Roudaut, informaticien et président du FunLab de Tours (Indre-et-Loire)
Sébastien Chauveau, stagiaire fabmanager à Plateforme C (Nantes)

 

Forum public « Autre visage de l’écodéveloppement et de l’économie solidaire »

Les biffins récupérateurs-vendeurs, acteurs de la ville et du réemploi

Le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action, la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord et les acteurs du collectif Rues Marchandes : Amelior, Aurore, Intermèdes, Makesense, Le réseau de recherche Sociétés Urbaines et Déchets, Sauve qui Peut, WOS-agence des Hypothèses

… sont heureux de vous inviter au forum public

Le 2 novembre 2016 de 9h à 17h30
à la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord
20 avenue George Sand – 93210 La Plaine Saint-Denis – M° 12 Front populaire

marche-biffin-amelior

Animé par le LISRA en partenariat avec la MSH PN, le collectif de recherche-action Rues Marchandes rassemble et met en relation des personnes et des structures concernées par la question des biffins récupérateurs-vendeurs et de l’économie solidaire. Son objectif est de produire et de diffuser, avec les biffins, des connaissances à même de répondre aux manques, d’une part de considération de l’activité économique, sociale et écologique de la biffe, et d’autre part d’espaces marchands dédiés à cet effet.

 9h-9H30 Accueil des participants (Amphithéâtre – 2ème Étage)

9H30-10H  « Raconte-moi Ta Rue Marchande »
Film réalisé par Claire Dehove et Julie Boillot Savarin (Wos Agence des Hypothèses)

10H-10H30 Introduction
Alain Bertho (Directeur de la MSH PN) et le collectif Rues Marchandes

10H30-12H30 Travaux de la recherche-action en cours
Présentation des travaux avec les biffins récupérateurs-vendeurs : le guide culturel et juridique, l’étude d’impact, la plateforme-ressource. Cette présentation sera étayée par divers récits d’expériences : histoires de vie, circuits de biffe, ateliers dans les camps de Rroms, la biffe à l’international, etc.

12H30-14H Pause déjeuner / Expositions (Salle panoramique – 4ème Étage)

  • Étals marchands : rencontre avec les biffins qui exposent leurs objets de récupération
  • Expo-Photo : “La mise en image du rebut. Matières, corp(u)s et pratiques autour des déchets”, le travail de la récupération et du recyclage des déchets dans diverses métropoles pour une reconnaissance du métier et une requalification de l’image des récupérateurs, en présence de trois chercheurs et photographes du réseau Sociétés urbaines et déchets. : Claudia Cirelli, Bénédicte Florin et Pascal Garret.

14H-17H Forum-Débat (Amphithéâtre – 2ème Étage)
Quelles problématiques, stratégies et prospectives pour les « Rues Marchandes » ? Des récupérateurs-vendeurs, acteurs associatifs et solidaires, chercheurs, agents et élus de collectivités territoriales interviendront sur les travaux présentés le matin et réfléchiront avec les participants sur des pistes de réponse. Trois axes principaux orienteront la discussion : Espace public, droits et droit à la ville ; Statut(s) économique(s) des biffins ; Recyclage et acteurs du réemploi.

17H : Clôture de la journée
Alain Bertho et Rues Marchandes

Entrée libre sur inscription ici :

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Vous avez dit éducation populaire ?

Qu’on se le dise, la révolution démocratique ne tombera pas du ciel … Et sans doute est-il utile pour cela de renouer avec une éducation populaire digne de ce nom visant à la transformation sociale et à l’émancipation collective. Tour et détour de l’histoire de l’éducation populaire en France et ailleurs.

samedi 19 mars 2016, Halle aux Sucres, Dunkerque

Avec Hugues BAZIN, chercheur indépendant en sciences sociales, coordinateur du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action et Joackim REBECCA, sociologue et ancien membre de la SCOP d’Education populaire Le Pavé.

Biffins, glaneurs, collecteurs … quelle place pour le secteur informel dans la gestion des déchets

Dans la cadre de la première édition du festival zerowaste France

Biffins, glaneurs, collecteurs … quelle place pour le secteur informel dans la gestion des déchets

Vendredi 1er Juillet 2016 de 10h30 à 11h45 zerowastefrance

Péniche – Salle de projection Amarrée à l’extérieur du Cabaret Sauvage, Parc de la Villette, Paris 19e

Regards croisés de différents acteurs (glâneurs, biffins, chercheurs, collectivités) sur la place du secteur informel dans la gestion des déchets. Comment intégrer ou non ces acteurs au système et pour quels bénéfices ?

Intervenants :

Parmi les thématiques abordées :

  • De la sécurité (contamination, danger de fouiller dans les poubelles, lieux de collecte à risque, risque de blessures, insécurités liées à la précarité etc.
  • Insertion par le travail, insertion par le nettoyage, insertion à la fois en termes culturels (migrants) mais aussi en termes de travail (reconnu ou non)
  • Quel travail avec la ville ? (marché des biffins ? quelles fins de marché ? quelles relations sur la fouille des poubelles ? (Biffe); que faire des déchets collectés ? Quelles relations sur la récupération d’invendus ?
  • Quels sont les freins observés ? les revendications ?

 

Projection-débat : les biffins d’ici et d’ailleurs

Samedi 2 juillet 2016 de 14h à 15h30

Péniche – Salle de projection Amarrée à l’extérieur du Cabaret Sauvage, Parc de la Villette, Paris 19e

Projection de court-métrages de présentation du travail et des combats de biffins à Paris et à Bogota suivie d’un débat en présence d’une géographe, de représentants d’associations de biffins et de biffins eux-mêmes.
Intervenants :
  • Samuel Le Coeur, Président et Co-fondateur, AMELIOR (Association des Marchés Economiques Locaux Individuels et Organisés du Recyclage)
  • Bénédicte Florin, Maître de conférences en géographie humaine, urbaine, régionale et en géographie du monde arabe à l’Université de Tours
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Trajectoires politiques du XXIe siècle, Démocratie, Citoyenneté, Participation (Dunkerque-59)

A une époque où la politique n’a plus bonne presse, où la défiance a pris le pas sur la confiance et où le divorce entre la société et la classe politique est consommé, il est urgent de dégager des pistes de Capturerenouvellement des expériences démocratiques au sein de nos territoires.
Démocratie, citoyenneté, participation… ces termes ne sont plus que les étendards malheureux d’un monde en bout de course. Pour s’en convaincre : le nombre de personnes à déserter les bureaux de vote, à partager le sentiment de ne plus être écoutés et à estimer ne plus rien avoir à attendre de la politique.
Cependant, ce défaut de démocratie masque mal les alternatives, les mobilisations et les résistances citoyennes qui foisonnent un peu partout dans les territoires (zones à défendre, habitats coopératifs, comités des indignés, etc.). Ces quelques conférences seront l’occasion de dessiner ensemble les conditions et les contours d’une révolution à venir dont il faudra bien un jour se décider à prendre la mesure…

1.     De quoi la démocratie est-elle le nom ? (20 février 2016 – 14h 30)

Alors que certains ont tendance à se replier sur eux-mêmes, d’autres explorent les chemins d’une démocratie plus directe où le peuple (au sens fort du terme) serait au cœur de l’exercice du pouvoir. Eléments d’éclaircissements à l’occasion de cette première conférence.
Avec Ali KEBIR, philosophe, doctorant à l’université de Rennes 1, auteur de « Sortir de la démocratie » (l’Harmattan, 2015).

2.    Vous avez dit éducation populaire ? (19 mars 2016 – 14h 30)

Qu’on se le dise, la révolution démocratique ne tombera pas du ciel … Et sans doute est-il utile pour cela de renouer avec une éducation populaire digne de ce nom visant à la transformation sociale et à l’émancipation collective. Tour et détour de l’histoire de l’éducation populaire en France et ailleurs.
Avec Hugues BAZIN, chercheur indépendant en sciences sociales, coordinateur du Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action et Joackim REBECCA, sociologue et ancien membre de la SCOP d’Education populaire Le Pavé.

3.    Pourquoi faire participer les habitants ? (23 avril 2016 – 14h 30)

Les démarches de « mise en mouvement » des citoyens se sont hissées depuis quelques années au centre de toutes les actions publiques territoriales (débats publics, conseils citoyens, budgets participatifs). Aussi utiles qu’elles puissent apparaître, elles permettent aussi souvent de contourner la question du partage de pouvoir de délibération et de décision entre les décideurs et la société civile.
Avec Patrick NORYNBERG, cadre territorial, enseignant formateur et essayiste.et Guillaume FABUREL, géographe, professeur à l’Université Lumière Lyon II.

4.    Changer la ville pour changer la vie ? (21 mai 2016 – 14h 30)

Dix ans après les émeutes urbaines, la banlieue reste un sujet à risque pour les politiques. Les fractures raciales, sociales et territoriales ne cessent de se creuser sans que les rénovations urbaines successives ne parviennent à les résorber. La forme de la ville change, certes, mais la pauvreté des populations demeure tout comme le sentiment d’abandon et de stigmatisation dont elles font l’objet.
Avec Hacène BELMESSOUS, chercheur indépendant et essayiste, auteur de plusieurs ouvrages sur les questions urbaines dont récemment « Le Grand Paris du séparatisme social » (Post Editions, 2015).

5.    Trajectoires révolutionnaires (18 juin 2016 – 14h 30)

Squatteurs, zadistes, grévistes, hackeurs… expérimentent aujourd’hui à la marge des institutions de nouvelles constructions sociales plus humaines, solidaires et collectives. Comment interpréter le foisonnement de ces révolutions sinon comme le signe d’imaginaires politiques nouveaux en ces temps de crises où nous en aurions grandement besoin. Rencontre avec celles et ceux qui ont fait de l’engagement politique un principe de vie.
Avec le Collectif Mauvaise Troupe, auteurs de « Constellations : trajectoires révolutionnaires du jeune XXIe siècle » (L’Eclat, 2014).

Organisation

Learning center de la Halle aux sucres est un équipement de la Communauté Urbaine de Dunkerque et qui s’inscrit dans le réseau régional des Learning Centers du Nord-Pas de Calais. Il est le point central du projet de création d’un pôle de ressources et d’expertises entièrement dédié à l’écologie des villes et des territoires urbanisés. Organisé autour d’espaces de muséographie, d’un centre de ressources et d’une programmation scientifique et culturelle,

Coordination scientifique
Richard Pereira de Moura
03.28.29.40.97
richard.pereira@cud.fr

Lieu

Halle aux sucreshallesauxsucres
9003, Route du quai Freycinet 3
59140 Dunkerque
Entrée et activités gratuites (dans la limite des places disponibles)
Renseignements au 03.28.64.60.49
http://halleauxsucres.fr/