Entre errance et enfermement, l’itinérance

  Nous travaillons dehors, tout le monde le sait.  Nous avons de la peine à être dedans, tout le monde le sait. On nous refuse l’accès de certain locaux publics, on ne nous laisse pas entrer dans le centre social de notre ville . Nous n’avons pas de locaux, nous ne sommes ni résidentialisés, ni […]

 

Nous travaillons dehors, tout le monde le sait.  Nous avons de la peine à être dedans, tout le monde le sait. On nous refuse l’accès de certain locaux publics, on ne nous laisse pas entrer dans le centre social de notre ville .

Nous n’avons pas de locaux, nous ne sommes ni résidentialisés, ni enfermés.

Nous travaillons pourtant localement, tout le monde le sait: nous cultivons la terre, sommes attachés au quartier et aux gens. Nous travaillons l’espace, nous le voulons accueillant, vivant, productif.

Nous nous attachons à habiter, à occuper, à faire vivre les espaces publics. Nous incitons les gens à sortir de chez eux.

Nous luttons contre la solitude, l’autoenfermement, l’autoaliénation (autoexclusion), comme la décrit Furtos.

Comment comprendre une telle contradiction: ce travail local sans local?

Et comment comprendre notre propre condition familiale et urbaine? Sommes nous tous en train de devenir des sédentaires, enfermés, sans travail, sans vie sociale? Ou sommes nous en train de devenir des nomades, sans attaches, sans racines, avec notre téléphone portable et notre Facebook pour seuls bagage?

Ou bien les deux à la fois? C’est cette contradiction qu’un philosophe et sociologue polonais peut nous aider à comprendre.

Georges Hubert de Radkowski (1924- 1987; Anthropologie de l’habiter)  affirmait que depuis les années 60,  notre société se dirige vers les modes d’organisation et de contrôle des relations plutôt que de l’espace. “L’homo urbanus”vit désormais dans un espace non localisé qu’il ne peut plus habiter. C’est un espace sans lieux (uniformisation), ni bornes. Il n’habite plus, il circule, il n’est plus habitant, il est abonné“.

C’est peut être pour cela que nos institutions maltraitent tant les Rroms, les clandestins ceux qui se déplacent vraiment, ceux qui veulent vraiment venir habiter et encense les.. voyageurs  et les touristes planétaires.

Pour notre part, nous travaillons vers le bas, vers les racines. Nous sommes dehors pour habiter, nous sommes dehors pour faire milieu.

Nous ne voudrions être enfermés, ni dedans, ni dehors, c’est pourquoi, entre errance et résidence, nous choisissons, l’itinérance.

Sont itinérants, c’est à dire réguliers , implantés et mobiles nos ateliers de rue, de jardinage, nos soirées conviviales, nos amis, les permanents, les adhérents.

Et c’est ainsi que le groupe “Mission Sisteron” des ados est revenu cette semaine de son itinérance avec plein d’expériences à partager; c’est ainsi que nos ateliers de sortie d’école vont reprendre dès cette semaine.

Et c’est ainsi que tous nos ateliers , toutes nos récoltes se déplacent (avec ou sans les camions) à travers tout le quartier, chez nos “correspondants”, au château des Robinsons, ou à pied aux terrains.

Dimanche jardin :

 

Un dimanche sous la pluie, mais aussi un dimanche ensoleillé.  Barbecue à la sauvette, Repas sur le pouce (à vrai dire on y est resté un bon moment)  et nous voila au boulot. Pendant que certains arrosent, d’autre s’occupent des mauvaises herbes et hop la cueillette. Une récolte bien fructueuse  et des paniers bien garnis : qu’elles sont belles nos courgettes, pommes de terre (et oui il y en avait encore !!!) framboises, salades et autres.

Samedi VSM :

 

Aujourd’hui, un atelier très dense sous un temps radieux. Au programme, de la cuisine avec des délicieux muffins aux framboises du jardin. On peint sur les tapis de jolis dessins. Un peu plus loin, sur une table on confectionne ses propres bijoux.

 

 

Vendredi

Jardin de Chilly :

L’été refait surface en ce début Septembre. C’est sous un soleil généreux que l’équipe de robinsons jardiniers s’attaque à l’entretien du jardin de Chilly. Au programme, encore et toujours du désherbage qui doit être fait de manière régulière, de l’arrosage, de la cueillette. Nous profitons de l’ombre pour prendre des pauses afin de  bien s’hydrater.

Atelier de rue à la rocade :

En ce moment, la mode des ateliers est à la peinture à l’eau ! Beaucoup d’enfants sont présents car la rentrée c’est lundi et ils  comptent bien profiter  de leurs derniers jours de vacances. On joue sur les tapis, on discute, on rigole, on se dispute. Mais tout fini par s’arranger et on prend le gouter tous ensemble.

 

Jeudi

Massy :

Un plus petit groupe aujourd’hui, mais toujours beaucoup d’agitation. De bons petits moments malgré tout autour de livres d’images et de coloriages. Et pour finir et dépenser ce trop plein d’énergie, on saute à la corde : un, deux, trois, hop !

Croix Breton :

Pour ce dernier atelier avant la rentrée, on est sorti entre filles pour aller voir nos copains d’en face. Moi et mes 3 louloutes, on a papoté, lu, joué et rigolé. Oh oui, qu’est-ce qu’on a ri à lancer le frisbee n’importe comment ! Et puis, on a fait semblant de dormir aussi !

Jardin de l’équerre :

Les générations se mélangent en cette belle après-midi. Certains peignent quelques planches sur la thématique du jardin en s’aidant du paysage qui les entoure. Les jardiniers quand à eux égalisent une parcelle et y sèment laitues, mâche et épinards. Un peu de désherbage par ci par là et nous terminons l’atelier par une cueillette commune de nombreuses pommes, framboises ainsi que quelques courgettes, aubergines et poivrons.

Mercredi

Jardin de Saulx:

Une belle motivation aujourd’hui pour jardiner mais aussi pour dessiner autour de la thématique de notre jardin. C’est avec un petit groupe de 9 robinsons que nous partons à pied au jardin. Arrivés sur place, il est temps de se mettre au boulot ! Certains arrosent les plantations, sèment des navets, cueillent des pommes, des framboises et de la rhubarbe. Et d’autres s’adonnent au plaisir de la peinture à l’eau.

Moulin Galant :

Aujourd’hui, nous  avons fait de la peinture à l’eau car c’est rigolo et c’est bien plus facile que la peinture à l’huile ! On a découvert de petits livres avec une histoire de lion avec des parties à toucher : ses oreilles, sa queue, ses dents.

 

Extrait du discours de Christian Rousseau, president de l’ICEM, a l’ouverture du congres Freinet :

“Faire de la pédagogie Freinet c’est déjà, et parfois sans le savoir, se trouver en résistance contre un système qui compte, qui classe, qui trie, qui oppose et qui exclut.

Mais ce qui est formidable aussi  avec la pédagogie Freinet, c’est qu’elle nous conduit à faire l’expérience du monde. C’est-à-dire qu’elle élargit notre champ de compréhension du monde bien au-delà du fonctionnement de notre classe ou de notre école. Elle transforme notre regard et par delà notre comportement. Elle active, elle stimule des désirs de liberté, d’égalité, de fraternité, de respect, mais aussi elle nous amène à ressentir avec plus d’acuité l’injustice, l’indignation, la révolte et nous conduit à résister à l’autorité et l’arbitraire.

Le monde est de plus en plus désenchanté. C’est pourquoi il nous faut enchanter nos actions : il faut dire, témoigner, partager le bonheur qu’il y a à faire de la pédagogie Freinet. Ici et maintenant”


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