Actualité

La précarité: inadaptation ou suradaptation sociale?

La précarité , comme la modernité sont sans retour

On considère généralement les personnes marginalisées et les victimes en tout genre de nos systèmes comme des personnes qui seraient en défaut, ou en déficit de capacité d’adaptation aux exigences de la vie moderne.

On énumère leurs manquements : immobilisme, manque d’autonomie, désorganisation, manque de maîtrise.

On fustige la difficulté des précaires à intégrer, ou s’adapter au progrès , aux changements en cours.

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Et on décline et on précise: réticences aux nouvelles technologies,  réticences aux nouveaux rythmes de vie, aux exigences des emplois et de la vie moderne…

Et on méconnaît…

On méconnaît ce que la précarité doit justement à la dictature du changement perpétuel ; tout ce qu’elle doit à mille événements, à mille accidents de la vie.  Le précaire est dessaisi de lui même à force de devoir s’adapter au quotidien qui lui échappe, à un présent transformé en une série d’incidents qui commandent des réponses immédiates.

Précarité, modernité et vie sociale

La précarité n’est pas inadaptation à la modernité; elle est ce qui advient à l’individu aux prises avec l’ultramodernité.

On méconnait ce que la précarité doit à la dictature de l’adaptation à la vie moderne; comment elle s’inspire exactement de la même obsession du changement continuel.

La précarité comme la modernité sont en effet caractérisées par le souci :

  • De l’abandon de toute action continue ou un peu prolongée , au motif de la nécessité de s’adapter sans arrêt à tout événement, sans tri, ni hiérarchie,
  • Du refus de s’engager dans quoi que ce soit de manière affective, sociale, personnelle ou collective, par peur de perdre d’imaginaires opportunités.
  • De la peur de toute pensée personnelle, de toute adhésion, de toute position au motif de garder une illusoire liberté et par peur d’être utilisé.
  • De l’impossible accès à la vie collective , perçue comme la négation de soi-même.

Précarité, modernité et vie relationnelle

Le précaire est plongé dans des relations sans perspective de retour : il ne peut pas envisager la réalité depuis l’autre. C’est un « tout autre », dans lequel on ne se projette plus.

Obnubilé par ce qu’il attend des autres, le précaire n’ a plus aucune idée raisonnable de qui il est pour les autres et il manque de moyens pour l’imaginer.

Il est plongé dans une vie relationnelle et affective dure, où tout acte ou tout abandon s’avèrent irréversibles . Pas moyen de faire marche arrière ou de retour quand une relation est mise à mal. Le moindre conflit devient rupture par manque de moyens d’aller plus loin. Le moindre renoncement devient échec.

Le mode de fonctionnement affectif de la précarité est le renoncement.

La relation humaine n’est plus dès lors une construction à deux ou plusieurs: une œuvre dans laquelle nous serions impliqués et libres, et dans laquelle il y aurait du mouvement, de l’évolution et de la réversibilité.

La vie affective et sociale apparaît pour la précarité, comme un parcours où la relation est toujours en danger de découvrir quelque chose chez l’autre qui y mettra fin.

Toute relation, tout lien engagé, toute tentative de construction plurielle, tout investissement des autres, se trouve en attente de révélation de sa propre rupture.

Sortir de la précarité: sortir de la dictature de l’adaptation?

En pédagogie sociale, nous travaillons à des retours possibles et à des sorties de précarité. Nous travaillons à la réversibilité des difficultés interpersonnelles comme des désastres personnels.

Au delà du changement: un avenir?

Nous cherchons à créer les moments et les situations dans lesquels tout un chacun, malgré son passé d’insécurité relationnelle et sociale, puisse envisager au delà de l’adaptation, du changement  et, au delà de la modernité , … un  avenir.

Le principe d’inconditionnalité qui caractérise notre pédagogie et nos actions est là pour favoriser la réversibilité, le retour, l’investissement et la durée.

L’asymétrie permet de retrouver de la réversibilité

Le principe d’asymétrie relationnelle, notre engagement pour le soin des groupes et des personnes, est destiné à permettre, inaugurer et forcer  des perspectives relationnelles où la rupture ne sera plus une fatalité, inscrite à l’origine même des relations.

Précarité et dépendance

Au fond , le précaire a été privé de rencontrer et d’expérimenter de véritable relation de dépendance positive. Il ne s’autorise donc pas à revenir en arrière sur son vécu et ses échecs, à envisager des retours.

Il n’a pas pu se reposer dans une véritable relation asymétrique ou inconditionnelle.

Forcé à rendre ce qu’il n’ a pas, obligé à une symétrie des relations alors qu’il n’en a aucun moyen, il ne lui reste plus qu’à renoncer, à tout quitter, à se perdre.

La Pédagogie social travaille à renverser la précarité en vulnérabilité; c’est à dire à sortir du sens obligé de la déconstruction et de l’autoenfermement.  Elle y parvient en cultivant des dépendances positives, en construisant de la communauté.

Qui formera les acteurs capables de ce travail? Quelle instance surtout prendra la mesure de ce travail nécessaire?

 

 

Mercredi: Atelier de Bondoufle

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Nous avons commencé par effectuer des jeux collectifs tel que: Jacques-à-dit, ketchup tomate, 123 Soleil.

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Par la suite, nous avons formé différents groupe dans lequel s’animait diverses activités (atelier petite enfance, atelier d’écriture et Iasmina a travaillé avec Cassandra sur l’écriture, l’apprentissage de la langue française et les mathématiques.

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Pour conclure, nous avons fini par un gouter avec des beignets, du jambon et du sirop distribués à tout le monde.

Mercredi : anniversaire d’Isabelle

Isabelle est connue de tous à la MJC et dans l’association; elle est « une passeuse de familles et d’enfants » et grâce à elles , nombre d’entre elles participent pleinement aux activités de la MJC et d’Intermèdes.

Cette fois, c’était sa fête , son anniversaire, à elle, et pas n’importe lequel (40 ans).   Ca a été une fête de lui souhaiter au cours d’un repas (qu’elle avait elle même préparé) avec tous les enfants et tout le monde au local (:-)).

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Bon anniversaire, Isabelle

Mercredi: Atelier du Jardin

Aujourd’hui nous sommes parties chercher les enfants à Balainvilliers, il y avait Réynaldo,  Dollar, et Alexandre.

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Tout d’abord, nous avons commencé à arroser les plantes, sous la serre et sur le terrain, mais aussi dans les hauts des  palettes. Cependant Antonio était en train de débroussailler  l’autre côté du jardin. Les enfants attendaient très impatiemment l’arrosage  des tomates car ils adorent.

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Beaucoup d’énergie, plein d’envie les enfants nous surprennent toujours de leur bonne motivation.

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Avant de partir, nous allons prendre comme d’habitude notre gouter et avoir les impressions de la journée passée ensemble.

A bientôt.

Jeudi: Atelier du Skate-Park

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Aujourd’hui c’est sous la pluie que nous débutons l’atelier, et malgré cela nombreux sont les enfants et parents à s’arrêter jouer un peu avec nous. Certains reste même jusqu’à la fin du gouter. On a sorti l’atelier perles, et les enfants se pressent autour des boites pour confectionner leurs bracelets. Juste à coté, on fabrique tout un monde en légo et on invente des histoire de policier qui se battent avec des robots pour manger des frites.

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Pour faire revenir le soleil, on chante a tue tête en esperant faire fuir les nuages, sans sucées, mais ça réchauffe au moins l’ambiance. On se rassemble tous pour prendre le goûter, et on se dit à demain pour les uns et à la semaine prochaine pour les autres quelques enfants ne veulent pas rentrer chez eux, mais finalement, la pluie finit par avoir raison de leur enthousiasme.

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Jeudi: Atelier du Jardin

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Ouf…Il pleut….il pleut….

Aujourd’hui nous allons quand même au jardin avec le groupe d’adultes pour essayer de faire quelques petites trucs au jardin , voire de bien mettre les tuteurs et accrocher les tomates sous la serre et puis désherber un petit peu.

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La pluie ne s’arrêtera pas bientôt et nous devrions malheureusement prendre une décision. Après avoir fini sous la serre on part vers le local où nous allons prendre un bon goûter et passer un peu plus de temps ensemble !

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Ciaw !

Vendredi: Atelier de Champlan

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Iasmina, Mariam, Dusko, Domino et Juliette sont allé sur le bidonville de Champlan. Lors de notre arrivé nous sommes allés chercher tous les enfants chez eux. Tout le monde réuni nous avons commencé par faire des jeux collectifs, nous avons joué à chat, les souris avaient des petites queues en papier que les chats devaient attraper.

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Après avoir fait quelques parties pour que tout le monde puisse être le chat une fois, nous avons installé les tapis. Nous avons installé un coin petite enfance avec de la dinette, mais notre activité principale était l’écriture et les calculs. Nous avions apporté des exercices de mathématique et d’écriture, Iasmina a aidé ceux qui ne parlaient pas français. A la fin de l’atelier nous avons tous fait des dessins sur des feuilles de brouillon.

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Ensuite le gouter a été servi (des sirop, des petits biscuits et des pommes) nous avons aussi servi les maman qui étaient à côté de nous depuis le début de l’atelier, elles étaient très contentes que l’on pense à elles. Enfin nous avons tous remballé et nous sommes rentrés au local.

Vendredi: Atelier de la Rocade

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C’est en petit comité que nous arrivons aujourd’hui à la Rocade. Nous installons tentes et matériel sous un ciel menaçant, à l’atmosphère pesante.

Des enfants sont déjà présents, et des mamans ne tardent pas à nous rejoindre. On discute de choses et d’autres, des attitudes étrange de certains professeurs, des dangers tout relatifs de certaines drogues et de l’absurdité des programmes de prévention. On joue au foot avec quelques enfants, au « goal à goal » et on fait des coloriages. Une troupe d’enfants envahie rapidement la tente et sa fraicheur ombragé, et s’improvise un atelier sieste. Le temps vire au gris foncé au moment du gouter et nous ne sommes qu’une dizaine à manger nos tartines. On range en vitesse juste avant que ça tombe et on se dit à la semaine prochaine !

Samedi: Atelier de Ballainvillier

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Aujourd’hui on est accueillie en masse à ballainvillier, en effet, en plus des enfants habituelles, toute une bande d’adolescents nouvellement arrivés, nous accueillent avec énergie! Après avoir jouer au cow-boy et à « Jacques à dit » on chante « Jean petit qui danse » les enfants la connaissent de mieux en mieux! On installe ensuite les ateliers: de la peinture, de l’écriture, des legos, des perles.

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A l’écriture, on découvre de nouveaux exercices, pour apprendre à écrire les lettre, les mots en attaché, Iasmina nous fait une rédaction en français pour nous expliquer à quel point son frère l’énerve !

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Les peinture de l’atelier sont exposées sur un fil à linge et on la bonne idée d’en profiter pour sécher.

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A l’atelier perles, chacun fait sont bracelet ou sont collier, sauf Andrea qui est plus intéressée par le classement des perles et le mélange des couleurs.

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On commence à préparer le gouter. Les ados nous aide à le distribuer.

Puis c’est l’heure de ranger et de se dire : « La revedere ! »

 

Samedi: Atelier de la Villa Saint Martin

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Aujourd’hui tout un groupe des Robinsons se prépare d’aller passer une après-midi à la Villa pour tout une séance de jardinage avec les enfants, de désherbage mais aussi des jeux des perles et des bracelets brésiliennes avec les filles, Mariam, Marie et Laura.

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Pendant que Nicolae débroussaillé, Andrei et Dominik se battait avec les mauvaises herbes et  Antonio délimitait le terrain qui constitue notre parcelle.

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L’heure avance vite, mais nous aussi on a presque fini et c’est alors l’heure du goûter un peu sous la pluie avant de se dire « Au revoir » !

A bientôt !

Dimanche au Jardin

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Nous avons commencé la journée avec un beau soleil ! Et aprés le mauvais temps de ces derniers jours on en avait bien besoin !

Une fois installés, une partie des personnes présentes s’occupe du barbecue pour les saucisses et les merguez et l’autre partie fais la salade et met la table. Pendant ce temps les enfants jouent a faire de la balançoire, aprés tout, le soleil est avec nous, autant en profiter un peu.

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Une fois le repas avalé on s’éparpille afin d’en faire le plus possible avec motivation et bonne humeur. Planté les poireaux, botter les pommes de terre, désherber le carré des aromates le travail ne manque pas.

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Aprés l’effort le réconfort ! C’est l’heure du goûter et nous en profitons pour parler d’un peu de tout, actualités, familles, ou encore des choses qui nous font rire !

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Comme on peut le deviner à travers ces quelques ligne l’humour et la convivialité était au rendez vous en ce dimanche sympathique

Selon le sub Galiano, les danses sont « las espresiones de los pueblos discriminizados o de las comunidades excluidas. »; nos danses sont combatives, libératrices; elles  révèlent une énergie joyeuse et salvatrice.

Des corps en trop

Le rejet de l’autre est toujours physique et corporel. Ce ne sont pas les idées qui nous insupportent, mais bien plus souvent les corps de ceux que l’on ne veut plus voir.

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L’autre que l’on rejette, celui qu’on rêve d’éliminer est d’abord et avant tout un corps qui nous encombre.  On commence toujours par des mesures de parcage: on assigne les corps indésirables à certains quartiers, à certains transports en communs, à certains horaires.

Il fut un temps où on pouvait reléguer les corps méprisés à des tâches invalidantes et des postes de travail qui les enchaînaient et les faisaient disparaître dans de zones contrôlées.

Aujourd’hui encore, sur ce mode,  ce sont les corps des femmes ethnicisées qui sont dévolus aux métiers de la souillure, au soin du corps des autres et que l’on ne rencontre plus que sur les lignes et horaires sinistrés des transports publics.

Mais on ne peut plus compter sur la seule répartition du travail pour retrancher, amputer et invalider les corps prolétaires. Aujourd’hui il n’y a plus assez d’emploi pour cela;  alors les corps sont priés de rester à domicile, où de plus en plus ils sont enfermés, attachés.

Quand nous voulons en finir avec les corps surnuméraires on les attache au domicile, à la télévision. Ils sont malades sur place , soignés quelques fois sur place et priés de vieillir sur place. Le domicile est le lieu de l’invalidité progressive, par autoenfermement.

L’autre que l’on rejette est un corps et un corps seulement: on ne lui prête aucune motivation, aucune intentionnalité autre que primitive. On le voit comme un corps qui profite, un corps qui s’agite, comme celui de l’enfant qualifié d’hyperactif ou pré-délinquant. Il est sans raison et sans rationalité. C’est un corps dont la pensée lui échappe, qui ne s’appartient plus et qui est affaire de police ou de médecine.

Les prisons s’emplissent de corps. On en calcule l’entassement selon de nouvelles arithmétiques. On en construit encore.

L’autre que l’on rejette est un corps sans soin, non investi et non aimé. Un  corps dont on ne supporte plus la vue, que l’on maintient à l’ombre de son regard, contre lequel on immunise sa sensibilité.

Pédagogie sociale , pédagogie des corps perdus et retrouvés

De par son ancrage hors institution, la pédagogie sociale est la pédagogie des corps en mouvement, des corps qui ont une destination.

Sur nos ateliers, les corps s’installent, se montrent. Ils s’éprouvent et se socialisent à travers les jeux et le travail.

Ce sont des corps qui produisent qui sont invités à nos ateliers, des corps qui travaillent, apprennent et qui parlent aussi. Ce sont des corps qui pensent. Des corps qui se mettent en scène, qui s’expriment; ce sont des corps qui dansent.

Ce sont des corps qui font du bruit, des corps qui crient et qui chantent.

Aujourd’hui, il n’y a plus d’éducation physique, il n’y a  que l’adoration du corps performant, de loin, comme un supporter… Comme supporter ce corps qu’on n’emploie plus.

Dans ce projet d’élimination des corps en trop, nous connaissons deux voies: une voie sanitaire et une voie sécuritaire.

La voie sanitaire, c’est celle de la clinique froide, bouchère et médicale qui hospitalise , nettoie et stérilise dans la ville, les espaces publics, et qui parque les corps sans âme, dans des camps, dans des institutions de transit.

La logique générale qui commande cette stratégie est celle de l’antique peur des épidémies. Il s’agit d’éliminer le biologique, ce dont la vie déborde, ce qui pourrait se répandre et nous atteindre. C’est la peur d’être affectés autant qu’infectés, qui assigne les corps rejetés, à la stérilité médicale et sociale.

La seconde voie est sécuritaire: il n’y a  plus d’éducation au corps, il n’y a que la police des corps; du passage à l’acte, de l’enfermement. Souvent même des coups et de la mutilation.

Et voici ce qu’il en advient: tous ces corps que l’on a rejetés nous reviennent un jour. Comme le mythe des zombies, ce sont des corps prolétaires qui se retournent contre le système qui les a créés.

Les mythes nous dévoilent les impasses et les impensés de nos logiques. Le corps est le grand oublié de notre XXIème siècle et nous devons en repenser la place et l’éducation, car sans lui , nous ne ferons pas société.

« Toujours, il s’agit de traiter des corps en trop : au moyen, d’un côté, d’opérations militaires d’évacuation et de neutralisation du territoire ; à la force, de l’autre, du déploiement massif de niches à la propreté clinique. Jamais nous ne considérons ces femmes, ces hommes, ces enfants comme des citoyens en plus. Jamais nous ne prêtons attention aux relations fragiles mais cruciales qu’ils ont tissées avec les riverains que nous sommes. Jamais nous n’imaginons cultiver les constructions infimes peut-être, mais vivantes assurément, qu’ici mêmes ils ont risquées. » (Le Perou-Réinventer Calais)

 

Dimanche: Journée au jardin.

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Laura et Juliette sont allées chercher les familles (Zohra et ses petites filles, Sadio et deux de ses enfants ainsi que Jessica et Najami) à Longjumeau pour aller au jardin. Sur le chemin nous nous sommes arrêtés faire des courses (le pain, la viande pour le barbecue et de l’eau). Arrivé au jardin nous avons nettoyé les tables en bois, commencé à préparer le feu et sorti tout le matériel. Corinne, son mari et leurs enfants nous ont rejoint. Une fois le feu allumé nous nous sommes attaqué au jardinage, principalement du désherbage. Puis Laura et Sadio ont joué les cuisinières en cuisant le poulet et les merguez, pendant ce temps nous avons mi la table. Nous allions nous mettre à table lorsque Sophie, accompagnée de son fils et de son compagnon, sont arrivés. Tout les vingts nous nous sommes régalés autour de ce petit barbecue. Après le repas certains ont débarrassé la table pendant que d’autre se sont mi au jardinage, avec le désherbage de nouveau et la mise en terre de plan de tomate, de salade, de citrouille et de menthe.

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Au même moment et durant toute la journée les enfants se sont tous amusés ensemble, ils ont pu profiter de la balançoire. Nous pouvons dire que nous avons tous passé une agréable journée, conviviale et pluvieuse à la fois… La pluie ne doit pas vous arrêter !

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Samedi: Atelier de la Villa Saint-Martin

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Aujourd’hui était présent à l’atelier de Villa Saint Martin : Iasmina, Précilia, Alison, Marie et Laura.

Nous sommes arrivées sur un beau temps, la nous pouvions installer nos divers activités portés sur le thème de la « Kermesse» plusieurs enfants étaient au rendez-vous.

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Il y avait un activité chamboule-tout, un atelier petit enfance, une activité chaise musicale, un jeux avec les cerceaux ou l’on devait le lancé et le mettre à l’intérieur des bouteilles. Les enfant se sont endiablé sur une sono avec leur musique de leur choix. Pour le gouter nous avons proposer des Pop-corn sucrée et salée et nous avons terminé par leur dire au revoir, ils étaient tous ravies de cette atelier.

Samedi: Atelier de Ballainvillers

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Aujourd’hui lorsque nous sommes arrivés peu d’enfants nous attendaient mais sont très vite venus nous rejoindre lors de l’installation des ateliers du jour. Au programme, un atelier d’écriture ludique pour apprendre a écrire les lettres et les chiffres qui a eu un grand succès.

Un coin petite enfance avec de la dinette et des jeux de voitures.

Un espace jeux de sociétés et surtout un atelier qu’aiment beaucoup les enfants, celui des jeux collectifs. On a fait un facteur, un jeu musical (quand la musique s’arrête les enfants aussi).

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Mais le dernier atelier que l’on a fait auquel les enfants ont tous participé est la grande battle de danse qui comportait deux équipes.

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Il est déjà l’heure de ranger le matériel avec l’aide des enfants de prendre un bon goûter tous ensemble.

A bientôt!

 

Vendredi: Atelier du Jardin

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Aujourd’hui , nous étions un groupe de 7 , avec la bonne ambiance , nous avons planter des graines , nous avons débroussailler l’herbe , nous avons arroser tout ce qui était plantes etc…

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Nous avons pris un gouter vers 16h histoire de se reposer un peu , tout le monde était de bonne humeur et de bonne volonté .

 

Vendredi: La Rocade

 

Arrivé vers 14h30.

Lorsque nous sommes arrivé nous avons tous installé le matériel et les ateliers, notamment un coin cuisine afin de préparer le goûter, des scoobydoos dans le coin petit enfance et de la couture.

De plus, Pierre a enregistré de nouvelles chansons avec des adolescents à l’aide de son ordinateur.

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Quelques mamans, habitué à l’association, sont venu nous rejoindre, avec leurs enfants et certains nous ont aidé à la cuisine.

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Vers 16h30, beaucoup sont arrivés, ils jouaient sur l’air de jeu, certains se sont installé au tapis d’éveil pour faire des scoobydoos pendant que d’autre jouaient au ballon.

Le soleil était au rendez-vous ainsi que la bonne humeur.

Arrivé l’heure du goûter, nous avons proposé des gâteaux au chocolat et des crêpes (préparé dans l’après-midi) aux enfants ainsi que du sirop.

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L’après-midi terminé nous avons ranger le matériel, ramener la gazinière aux camion (ce qui fut une tâche difficile) et dit au revoir aux enfants avec le sourire.

Vendredi: Atelier de Bondoufle

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Nous  sommes arrivés sur les coups de 16h30, et avons installé nos affaires. Au début très peu d’enfants nous on rejoint, mais nous avons commencé une ronde et c’est là  que les autres nous ont rejoint, au final nous étions une trentaine.

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Nous avons fait la tournée des prénoms, puis nous avons chanté plusieurs chansons, et joué à « Jacques a dit …a dit ».

Nous avons pu ensuite passer aux ateliers.

Abdel et Sandra se sont occupé de l’écriture et calculs, et ont pu profiter de la motivation des enfants chez qui nous avons pu observer de grands progrès.

Floriane à la petite enfance était avec 4 enfants et une maman, elle a beaucoup discuté avec elle, tandis qu’elle apprenait aux petits à nommer les fruits de la dinette en français.

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Et Marie et Zoé proposaient une activité manuelle : Création de masque, à l’aide d’assiettes en carton, peinture et papier crépon. Malgré quelques difficultés d’organisation, tout le monde a bien participé dans la joie et la bonne humeur !

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Il est alors l’heure du gouter, baguette confiture et chocolat chaud à gogo !

A bientôt !

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Jeudi: Atelier de Massy

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On arrive sous le soleil accueillis par les enfants qui sont déjà là prêt pour nous voir ! Aujourd’hui on a prévu pleins de choses pour les enfants. On installe des tapis à l’ombre des arbres pour faire des perles pendant que Iasmina  prépare l’atelier cuisine. Au goûter, c’est salade de fruit, et les enfants sont très contents de pouvoir éplucher et découper les fruits.

Sous les arbres, deux autres ateliers se préparent où les enfants nous aident à installer des tables pour faire de la peinture pendant que d’autres font la queue pour passer sur la slak line. Les enfants adorent faire l’acrobate sur cette corde qui tangue. Qui saura marcher dessus tout seul jusqu’au bout ?

Le temps passe vite ! Les enfants finissent de créer leur bracelet ou leur collier et l’on pose la dernière touche de peinture sur les jolis dessins. La salade de fruit est prête, c’est l’heure de l’assemblée des présents !  Avec le bâton de parole, chacun peut dire se qu’il a apprécier ou non, et ce qu’il souhaiterait faire une prochaine fois. On finit par déguster les bons fruits frais, cela fait du bien avec cette chaleur !

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Jeudi: Atelier du Skate Park

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Avec ce beau soleil, les enfants étaient tous dehors et nous attendaient. Beaucoup de jeunes enfants étaient présents avec leurs mamans. Certains ont fait des scoubidous, d’autres ont pu jouer à la dinette, aux légos mais aussi au scrabble, au puissance quatre. Tout le monde était très concentré sur ses activités. Une fois les scoubidous terminés, tout le monde a rangé les jeux pour pouvoir prendre le goûter.

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Nous nous sommes donc installés sur le tapis avec les enfants et les mamans pour partager les sirops, brioches et pommes. Les enfants ont beaucoup aimé les brioches au chocolat et noix de Laura.

Cet atelier était vraiment agréable avec beaucoup de bébés et jeunes enfants mais aussi de retrouvailles avec des mamans. Nous avons ensuite tout rangé en se donnant rendez vous la semaine prochaine, avec le soleil ?

 

Mercredi: Atelier du Jardin

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Nous sommes de retour cette semaine au jardin avec les enfants car c’est de nouveaux le groupe d’enfants qui sont très impatients de venir avec nous pour une nouvelle séance de jardinage au potager.

Une énergie, plein d’envie et plein de bonheur nous offre ces enfants qui ne demandent pas grand-chose en retour : juste de l’attention et de l’affection.

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Puis pour plus tard nous commençons un arrosage sous la serre et des tomates et puis dans les palettes. Les enfants y participent et ils sont contents et on mange des fraises du terrain. L’arrosage est fini, le court nettoyage est achevé et ils nous restent plus rien que d’aller prendre le goûter tous ensemble et avoir les impressions de la journée de tout le monde.

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Du sirop bien frais nous attend et un bon gâteau !

A bientôt !

Mercredi: Atelier de Bondoufle

Nous sommes arrivés à Bondoufle vers 14h30. Les enfants étaient nombreux et nous ont accueillis dans la joie et le sourire aux lèvres. Nous avons commencé par nous présenter en nous mettant en cercle ensuite nous avons joué au jeu de la statut musicale, puis nous avons chanté tous ensemble.

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Nous avons installé trois ateliers différents : un coin petite enfance, un coin exercices (écriture, mathématique et dessins mystère…) et un coin peinture sur toile.

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Les enfants ont bien participé aux ateliers ainsi que les adultes qui n’ont pas hésité à se joindre à nous. L’ambiance était calme et détendue jusqu’à la fin des ateliers.

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Nous avons terminé par un bon goûter avec des pommes, de la brioche au chocolat et du sirop. Tout les adultes et enfants ont mangé et nous ont dit au revoir toujours avec le sourire. A bientôt.

Il n’est de véritable culture que ce qui transforme notre nature

En pédagogie sociale , la culture est toujours moins importante que la civilisation. La culture divise, la culture distingue; une vision capitaliste et bancaire de la culture classe les uns et les autres dans des ordres et des hiérarchies invisibles.

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A l’inverse, dans nos pratiques,  nous commençons par faire lien, par faire groupe. « Le plus important est de créer d’abord le collectif » dit Ivan Akimov, parlant de la troupe de danse des enfants tziganes. Tout le reste y compris la technique, le répertoire , l’habileté et la qualité , en découleront.

En Pédagogie sociale, c’est cette règle que l’on retrouve toujours en premier: d’abord créer le collectif, le groupe, la communauté .

La culture viendra ensuite.

A travers nos initiatives, nous visons  davantage le progrès de la civilisation que celui de la culture. La civilisation rapproche, tient les humains entre eux; elle construit la vie en société.  Elle est ce qui nous fait le plus défaut actuellement: elle s’érode et est perpétuellement  attaqué aujourd’hui.

Nous rencontrons bien évidemment et tout de même la question de la culture. Mais elle apparaît d’une manière particulière.

En Pédagogie sociale, la culture c’est avant tout « la culture qui manque », celle qui nous serait commune et que nous avons à créer , à bâtir , à imaginer aussi pour notre ensemble. Elle est celle qui n’existe pas encore.

Elle est aussi la culture dont on a été privé, qu’on nous a retirée , volée, ou qui a été occultée. C’est celle des langues perdues que l’on retrouve, comme la langue tzigane chez certains enfants. Elle est la langue interdite,  la langue minorée, la langue méprisée.

Sur tous nos terrains d’intervention nous assistons aux dégâts des acculturations en tous genres contre les cultures populaires, minoritaires. Nous croisons en permanence la dérive des personnes set des groupes qui ont été acculturés.

Pour cette raison, nous valorisons les cultures décriées, les langues non écrites. Elles sont la base des cultures communes à venir. C’est avec elles qu’on exprime et qu’on invente l’avenir.

En Pédagogie sociale, la culture qui nous intéresse est la culture qui dérange; celle qui nous bouscule, celle qui nous oblige à penser autrement.

Il ne s’agit pas juste d’agrémenter et d’embellir la vie; ce qui compte ce n’est pas une culture rafraichissante, relaxante ou de repos. ce qui compte c’est une culture qui change la nature: la nature des choses, les relations que nous avons, notre vision de l’existence.

Cette culture que l’on cultive à plusieurs,  n’est ni une culture consolatrice, ni de distraction. Elle n’est ni une activité , ni une vie parallèle. Elle ne peut être qu’une source d’oeuvre positives, qu’un moyen de changer la vie.

C’est une culture sans école, sans musée, et sans institution. Une culture buissonnière à la manière d’un Freinet.

Samedi: Atelier de Ballainvilliers

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On arrive tous bien accueillis par les enfants, les plus grands comme les petits, les mamans et les grands-parents aussi!

On a commencé par se présenter en disant  » Bonjour je m’appelle… et j’ai tel âge », puis on a fait des petites chansons qui ont bien plu aux enfants. On a fait la chanson de l’éléphant, en français, en roumain et en rrom. C’était marrant pour les enfants et les mamans de comprendre l’histoire de l’éléphant. On a même fait une autre chanson roumaine sur des éléphants avec des gestes et où les enfants vont dans le cercle.

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On a continué par faire une grande fresque avec un drap et de la peinture, jouer sur les tapis avec la dinette et les jeux de constructions, et Laura et Marina ont pu créer des « étoiles d’araignées » avec de la laine et des pics.

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Les enfants ont fait une joli fresque, ils ont pu écrire leurs prénoms et laisser la trace de mains dessus.

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On a fini par discuter de la journée et des prochaines choses que les enfants aimeraient faire, comme danser ou faire des gâteaux.

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Au revoir tout le monde et à bientôt les éléphants!

Vendredi , la Rocade: Hey mec!!

Cela faisait des mois que Pierre (le Psy des rues, de Robinson, militant et bénévole) et Eddy travaillaient à ce projet qui concentre toutes les passions du jeune adulte: chanter, se mettre en scène, laisser sa voix, sa trace.  Nous qui connaissons Eddy depuis son plus jeune âge, nous sommes heureux de voir tout ce parcours accompli, cette oeuvre réalisée qui lui correspond tellement.

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Voici donc et seulement pour un public favorisé: le CD « Hey mec », de notre célèbre duo. Déjà dans les ateliers de nombreux enfants, seuls ou en groupe, se mettent à faire eux aussi, ce genre de projet.

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A l’atelier de la rocade était présents Laura, Lorelei, Dominique, Précilia, Duchko, Juliette et Pierre. Malgré un temps nuageux nous avons pu réaliser plusieurs activités : tel que le football animé par Duchko et Dominique ,  un atelier petite enfance animé par Laura, un atelier cuisine où l’on a pu faire participer un nouveau adhérent Mohamed, et  animé par Précilia.

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Apres avoir remarqué, qu’il y avait peu d’enfant nous sommes allés les retrouver au Skate-park où nous les avons retrouvés.

Comme nous étions présents,  Laura et Juliette se sont rendus au Gymnase pour distribuer des crêpes aux enfants. Nous avons passé une bonne après-midi avec quelque habitué de la Rocade.

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Vendredi: Atelier de Champlan

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Aujourd’hui nous sommes allés à Champlan pour faire des activités avec les enfants.Les personnes présentes:Alison,Marina,Kenzy,Sandra,Jenica et Iasmina.

Une fois arrivés sur le camps, nous sommes allés récupérer les enfants d’Ana dans le camp un peu plus loin.

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Les enfants étaient plutôt nombreux et de tous âge. Nous avons donc installé les tapis, avec des coloriages, de l’écriture et toutes sorte d’exercices de mathématiques.

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D’autres enfants s’amusaient avec Kenzy à jouer aux dés, ce qui leur à permis d’apprendre à compter en français.

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Après les exercices et les coloriages, Jenica nous a entrainé dans la danse, elle a montré aux enfants des pas de la nouvelle chorégraphie, ce qui a amusé les enfants. Les enfants,les pré adolescents et certains adultes ont participé à la bonne ambiance.

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Le temps a passé très très vite donc nous sommes passés à un bon goûter: chocolat chaud, de bons gâteaux maison ainsi que des bananes. 

« A très bien toute:):):) »

Vendredi : Atelier cuisine pour tous

Notre atelier cuisine a fait le plein ce vendredi, sous la conduite d’Abdel avec au menu, un très bon poisson en sauce  dont le succès fut assuré.

On ne parle pas assez dans ces KroniKs de tous ces temps « en interne », dans nos locaux qui sont aussi des temps d’accueil, d’innovation et d’expérimentation. On dirait quelques fois que l’action de notre association a « doublé », comme ça , presque d’un seul coup et magiquement et … ce sont les familles les plus précaires, les plus éloignées des institutions qui encore une fois, en bénéficient.

Jeudi: Atelier du Skate-Park

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Le chemin fut laborieux pour arriver jusqu’au skate parc. Mais après plusieurs marches arrières, nous trouvons enfin un endroit où laisser le camion pour pouvoir installer le matériel et retrouver rapidement les enfants. Quand nous arrivons, les enfants nous rejoignent rapidement pour commencer à jouer au tic tac boum, puis à cache cache.

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D’autres enfants jouent aux mémos avec Loreleï et Iasmina, pendant qu’un autre enfant construit un grand château mêlé de rails qui permettent aux trains de circuler… bref, un vrai palace.

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Après toutes ces aventures nous rangeons rapidement les jeux avec les enfants puis nous nous installons sur les tapis pour commencer le conseil des présents et enchaîner avec le goûter. Un bon chocolat chaud nous a bien réchauffé en ce mois de juin glacial !!!! et les tartines de confitures ont été très appréciées !

Nous voilà sur le chemin du retour, après s’être donné rendez vous la semaine prochaine.

Jeudi: Atelier de Massy

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En ce jour de juin, ce n’est ni le froid, ni les inondation, ni la grève qui nous arrêtera ! Nous sommes une vingtaine de Robinson à l’atelier de Massy. Les mamans sont à la fois étonnées et très contentes20160602_172045 de voire qu’il se passe quelque chose dans le quartier malgré tout les empèchements sus-cité.

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Les enfants également sont au rendez vous pour faire de la peinture, de la slake-line, jouer au Uno, ou sur les tapis avec les jeux de petite enfance.

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L’heure du gouter approche, et on se réchauffe avec un chocolat chaud et des tartines, puis on fait un petit tour de tapis pour discuter de l’atelier, des innondations ect… On range ensuite le materiel, et les enfants nous aide à le rapporter au daev.

 

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Jeudi: Atelier du jardin

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C’est sous la pluie et les inondations que nous arrivons au jardin tant bien que mal ! Très content de découvrir les nouvelles récoltes : il y a des fraises, du thym, de la menthe, et on a pu ramasser plein de rhubarbes !

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Déterminés, on s’est acharnés sur les orties et les mauvaises herbes qui empiètent sur les framboisiers. Au risque de finir trempés et couverts de piqûres d’orties, on a bien travaillé !

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On finit par se réchauffer avec un bon chocolat chaud et des petits sablés breton faits à l’association le mardi. Et puis c’est reparti direction le local !

Mercredi : Atelier de Bondoufle

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Laura, Précilia, Juliette, Alison et Loreleï sont allées au camp de Bondoufle. Accueillies par les enfants et les parents nous nous sommes installées dans la cour avant. Nous avons commencé par un jeu de présentation avec les prénoms de tout le monde puis nous avons enchainé avec un « Jacques a dit ».

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Après l’activité a commencé, nous avons distribué les cahiers aux enfants et installé le tableau.

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Samir montrait aux autres enfants comment écrire les lettres de l’alphabet pour qu’ils puissent écrire dans leur cahier. Quatre ou cinq papas se sont intéressés à l’activité et ont écrit les lettres sur le tableau.

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Après les enfants ont écrit leur prénom avec des magnets sur le tableau. Un coin petite enfance était aussi en place pour les plus petits, nous en avons accueilli 3. Le goûter a été servi par trois petite filles, nous avons mangé des sablés faits hier, de la pastèque et bu du chocolat chaud.

 

Atelier public de recherche-action – collectif Rues Marchandes

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Invitation à l’atelier public de recherche-action

« La biffe comme écodéveloppement en milieu urbain »

Le 16 juin 2016 de 14h à 18h – salle 410

MSH Paris Nord – 20 avenue George Sand – 93210 La Plaine Saint-Denis – M° 12 Front populaire

 

Bonjour à toutes et tous,

Vous êtes cordialement invités à participer au prochain atelier public de recherche-action de notre collectif Rues Marchandes avec le Laboratoire d’Innovation Sociale par la Recherche-Action en partenariat avec la Maison des Sciences de l’Homme Paris-Nord.

Comme il a été convenu lors de notre précédent atelier du 7 avril, il s’agira, à cette occasion, de procéder à l’élaboration de nos trois outils méthodologiques – la cartographie participative, le guide culturel et le pôle ressources – à partir des différentes propositions de chacun.

Pour rappel :

  • La cartographie participative, élaborée conjointement avec l’ensemble des acteurs de la biffe (biffins, clients, concierges, etc.) permettrait de rendre visible la place de la biffe dans la ville.
  • Le guide culturel et juridique, écrit avec et par les biffins, relatif aux pratiques, savoirs et droits relatifs à la biffe, permettrait de participer à la revalorisation de l’activité.
  • Enfin, le pôle ressources, en recensant les différentes pratiques de la biffe, les dimensions de l’économie populaire, en France et à l’international, aurait pour but d’aider à mieux comprendre la situation locale et ses possibles solutions.

Par ailleurs, nous travaillerons avec Antoine Delaunay (Makesense) à l’élaboration de sa méthodologie visant à “mesurer les impacts économiques, écologiques et sociaux de la pratique du réemploi par les biffins”, en s’intéressant notamment à : “la provenance des objets, les moyens de stockage et de transport, les quantités vendues, données, gardées, abandonnées et les revenus générés”.

Afin de préparer au mieux cet atelier, nous vous invitons donc à réfléchir en amont à des pistes de travail en vue de l’élaboration de l’un ou l’autre ou de tous ces trois outils.

Au plaisir de bientôt nous revoir,

Pour le collectif Rues Marchandes, Hugues Bazin et Mélanie Duclos

 

Si je ne dis pas tout, c’est comme si je n’avais rien dit.

« Pour ma part, dans une de ces situations de choc, si je ne dis pas tout, c’est comme si je n’avais rien dit, quelque chose resterait coincé. Ce qui sortirait serait ébréché et ce qui resterait tu, non formulé, s’enkysterait. « 

(Sophie Audigier- Mai 2016)

Tout dire

Il paraît que l’on ne peut pas tout dire, et que ce serait là une ambition démesurée qui condamnerait par avance tout propos à l’incohérence et tout parleur  à la démence.  Il y a  ceux aussi qui vous expliqueront la vertu d’une saine dissimulation. Pour rester et vivre ensemble, ne devons nous pas avoir nos petites zones d’ombre, nos indicibles? La transparence d’un tout dire tyrannique paraît ainsi aussi menaçante que l’injonction à se taire et la terreur de parler.

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Mais qu’en est il socialement? S’agit il de la même chose; il faudrait savoir regarder de côté ce qui contrevient aux bases mêmes de la société? Il  faudrait mieux taire ce qui menace directement la prise en compte de l’humain par l’administration du quotidien?

Se taire

Il semble qu’une morale prudente encourage ainsi les acteurs sociaux, à ne pas voir, à être myope, à ne pas vouloir savoir les conséquences de leurs actes comme les bases de leur position sociale.

Telle employée administrative de mairie, ne veut rien savoir de la loi qui interdit de discriminer des demandes de scolarisation en fonction de la situation sociale de la mère. Elle ne veut rien savoir de la loi qui encadre sa propre activité. Elle préfère se référer à un mail ou à un règlement qui circule dans son service. Des exemples comme cela nous en avons à la pelle et de partout: collectivités, administrations .

Et voici qu’une certaine prudence sociale et relationnelle encourage aussi ceux qui devraient se révolter contre cette iniquité (militants et volontaires) à ne pas trop en faire; d’insister juste pour la forme. Mais surtout ne pas se fâcher. Car ce que l’on craint c’est qu’en plus de l’illégalité de la situation, ce ne soit au final, nous-mêmes,  qui nous retrouvions détestés en attendant d’être pénalisés demain .

« On ne mord pas la main qui vous nourrit », a t on fréquemment entendu comme conseil pour dissuader toute ardeur de vérité.

Et si nous sommes ainsi exposés par le fait de dire, récriminer et dénoncer c’est parce que les mots sur lesquels reposent nos institutions, sont creux; que les valeurs sociales affichées, les bonnes intentions générales ne rencontrent aucune volonté politique pour leur prêter encore du sens.

Il nous arrive quelques fois de renverser tout de même certaines injustices; mais ce sera un « one shot », une réussite isolée, qu’on nous concèdera sur le thème « Veillez à ne pas trop en faire »; « veillez à ne pas y revenir ».  Pourquoi? Parce qu’il n’y a aucune instance qui voudrait savoir comment on est tombé si bas.

A ce qu’on ne veut pas savoir, on consent.

Et c’est bien ce qui est terrible.  On veut bien corriger à la marge, maquiller le délit ; mais corriger le système qui produit les anomalies, les discriminations et les injustices , jamais!

On ne veut pas toucher aux fondements, rien changer aux structures, rien modifier de fondamental.

Nous avons perdu, le goût et l’envie de reprendre le contrôle des bateaux dans lesquels nous dérivons.

Pourquoi? Sans doute, à force qu’on nous serine , tous médias confondus, tous partis réunis, toutes instances en connivence que ce ne serait pas possible.

Mais aussi parce que nous n’avons pas compris cela. Le peu que nous avons tu, condamne le monde au silence. Le peu que nous avons caché nous livre à l’obscurité.  Ce que nous dissimulons nous dérobe à nous mêmes et nous ne nous connaissons plus.

Nous n’avons pas compris que la connivence nous mutile, que le silence nous invalide et que c’est nous mêmes que nous condamnons en premier à chaque fois que nous pensons juste être un peu cyniques.

En sortir?

Et par où commencer? Si ce n’est ici et maintenant, comme en pédagogie sociale. Par où commencer , si ce n’est pas la vérité de la rencontre?  Par où commencer si ce n’est de voir la vérité en face et d’abord celle de nos propres institutions à partir de ceux qui sont juste à côté de nous? Par où commencer si ce n’est par s’étranger pour espérer devenir soi même, un jour, peut être.

En mettant en oeuvre des initiatives et expériences en Pédagogie Sociale, nous avons commencé en renouvelant le travail éducatif et social, en renouvelant l’accueil, l’animation. Nous avons commencé en refondant dehors l’Education populaire, en posant ensemble les enjeux de l’intervention sociale.  Il est des mouvements, si futiles soient-ils que l’on n’arrête plus.

Dimanche: Jardin en Famille

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Aujourd’hui était présents à l’atelier du jardin Iasmina, Zoé et Précilia . Nous avons réalisé plusieurs activités : tout d’abord nous avons désherbe avec des adhérents. Planter plusieurs haricots, courgettes, tomates puis nous avons effectué un pique nique avec Théo, Jessica et Nadjamie.

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Par la suite, nous avons pris un gouter avec Laurent, Helene et Dominik, avec un beau temps et tout cela dans une bonne ambiance.

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Samedi: Atelier de Ballainvillier

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On arrive sous la pluie mais on se met vite à l’abri avec les enfants. On commence la ronde des prénoms pour que tout le monde se présente puis un jack-à-dit  et Lucky-Luke réclamés par eux-mêmes. On a fini par l’apprentissage de la chanson des poissons dans l’eau.

On part ensuite dans 3 activités, la peinture, la mobile school et la petite enfance. Les enfants se sont bien amusés avec toutes les couleurs dans la peinture et pour finir rajouter pleins de paillettes. Cela a donné une jolie lessive : on étend les œuvres comme on ferait sécher des draps !

Une dizaine d’enfants se sont bien intéressés à l’écriture en travaillant la forme des lettres et en s’exerçant à manier des crayons pour les plus petits. Pour les plus grand, ils ont pu s’entrainer dans les calculs et les exercices d’écriture !

Tout en jouant avec les petits jouets de la petite enfance, on a inversé les rôles, chaque petit fruit ou légume servait d’apprentissage de la langue rrom pour partager nos cultures !

Comment finir mieux cette journée que par un bon goûter ! Les enfants se régalent toujours d’un chocolat chaud et d’un morceau de pain garni ! Voilà pour ce bon moment à Ballainviliers, à bientôt !

Samedi: Fête de la nature au parc Nativelle

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Laura, Précilia, Iasmina, Domino, Juliette et Génica sont allés au parc naturel à Longjumeau pour participer à la fête de la nature. Nous sommes arrivés à 12h30 et avons installé le stand avec les boissons, les photos, les affiches et les flyers de l’association.

Snapchat-8460528063707479782Puis Laura a préparé la pate à beignet et nous avons attendu l’arrivée des personnes. Précilia et Iasmina sont allées chercher des enfants à la Villa Saint Martin. Nous avons fait des beignets au chocolat avec les enfants puis nous les avons dégusté. Nous avons continué à faire des beignets pour les offrir aux passants et lors de leur venu nous leurs expliquions le fonctionnement de l’association. Tout au long de l’après-midi nous chantions pour instaurer la bonne humeur malgré la pluie qui tombait. Puis nous avons tout rangé pour laisser le stand propre comme à notre arrivé.

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Vendredi : Pizzas pour tous

Qu’on se le dise, nos ateliers cuisine permanents et de démocratie culinaire, continuent. Ce vendredi, Abdel, pour reprendre la flambeau de Fatimata. Et nous voici avec de la pizza pour tous.

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Une pizza de fête à laquelle nos nombreux adhérents présents, petits et grands,  ont prêté main forte et toute l’équipe que nous sommes.

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Des pizzas de fête et de combat avant de repartir , chargés à bloc pour toutes nos activités.

Vendredi: Soirée Conviviale

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Aujourd’hui c’est le jour de la soirée conviviale, mais c’est aussi le jour de la fête des voisins! Nous décidons donc de la faire à la Villa Saint Martin, et nous avons sortie les grand moyen ! On ramène la sono, le piano, le micro est c’est partie pour 3 heures de musique non-stop !

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On mange des chips et on boit du jus, puis tout le monde danse. Sur la fin, Douchko Improvise un petit Karaoké au piano avec les enfants! C’est super sympa !

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Vendredi: Atelier de Bondoufle

Aujourd’hui le temps est mi-figue mi-raisin, un peu comme l’atelier, c’est-à-dire dans la bonne humeur mais agité ! Les enfants sont très contents de nous voir et nous accueillent bien ! On commence en ronde à faire la présentation des prénoms de tous puis le très connu jeu de Bondoufle, le Jack-à-dit !

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On s’installe ensuite comme on peut entre les voitures, avec l’aide des parents pour faire 2 activités différentes : la création d’un masque et l’écriture et les calculs sur les tables.

Les enfants étaient passionnés par l’activité manuelle, ils se sont amusés avec la peinture et en ajoutant une pincée – voire une grosse pincée – de paillette ! On a pu accrocher les masques de chacun avec les pinces à linge sur un fil, cela rendait très joli et très coloré !

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Ceux de l’écriture ont pu faire tous pleins d’exercices de calculs, avec de nouveaux exercices plus difficiles pour ceux plus téméraires et même des mots croisés pour travailler sa réflexion. Les petits ont pu dessiner des dragons, des navires, etc.

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Enfin on a pu prendre le goûter alors on a rassemblé tout le monde sur les tapis pour grignoter des tartines et boire du sirop. On a finis par tout ranger et on se dit à la semaine prochaine !

Vendredi: Atelier de la Rocade

 

Nous nous sommes tous rendu à la permanence et avons installé nos tentes et nos tables, sous une chaleur écrasante.

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Au final nous n’avons eu aucun enfant avant 16h30, mais à l’heure de la sortie d’école ils sont tous arrivés en meme temps.

Zoé, Juliette et Héloise étaient toutes les trois sur un atelier perles, coloriage, scoubidou, ce qui a ravi une quinzaine d’enfants, ils sont resté jusqu’au bout !

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Iasmina a organisé un foot avec des enfants, filles comme garçons !

Il regnait une super ambiance tout au long de l’atelier !

Nous avons enchainé avec le conseil de quartier et le gouter, baguette avec  confiture et sirop pour tout le monde !

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Jeudi: Atelier du Skate-Parc

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Sous le soleil, on arrive au skate Park tous ensemble avec de la bonne humeur ! Pleins d’enfants qui sortent de l’école puis d’autres nous rejoignent pour jouer avec nous. On installe des tapis et des tables et on commence des petits jeux de sociétés, des jeux de constructions, lire des livres, et on fait aussi sur des grandes feuilles de la peinture sur le thème du printemps et de la fête des mères !

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Les enfants ont découvert de nouveaux jeux comme Ali Gali, un jeu où quand on a les mêmes cartes on doit appuyer sur la sonnette, il y avait aussi le Uno, un autre jeu de carte.

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Des garçons avait envie de faire des jeux collectifs alors Jenica et Sandra sont partis jouer avec le ballon. En revenant c’était déjà le temps du goûter !

On s’est assis sur les tapis pour partager un gâteau fait maison et s’hydrater avec du sirop !

Une fois fini, on a dit au revoir et on s’est dit rendez-vous pour la soirée conviviale de demain au quartier Villa Saint Martin !

 

Jeudi: Atelier de Massy

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Nous sommes arrivés sur les coups de 16h30. Il y avait dejà beaucoup d’enfants sur place, nous avons commencé à installer le matériel.

Au programme de la journée : atelier de peinture(avec Juliette, Abdel et Zoé), atelier confection de bracelets et de colliers (Lorelei et Isaline), coin dinette et petite enfance (Héloise, Marjorie et Fiona) et pour finir match de foot avec Dusko, Dominik et Louis. Les enfants ont profité de l’atelier bracelet pour faire des cadeaux à leurs mamans pour la fête des mères.

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Il y avait beaucoup d’enfants et tous ont pu essayer les diverses activités. Nous avons eu la visite des mamans qui étaient présentes pour encourager leurs enfants à produire de belles choses.

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C’est deja l’heure du goûter, nous rassemblons les enfants et commencons le gouter. Au menu : pain avec du chocolat et sirop.

A la prochaine

Mercredi: Atelier de Bondoufle

Aujourd’hui sous un beau soleil nous décidons d’aller au parc à côté du camp.

Les enfants ont été trés heureux de pouvoir prendre l’air et de se rouler dans l’herbe!!!!

Nous nous sommes tous mis en cercle pour apprendre les prénoms mais aussi de nouvelles chansons (Une souris verte, un éléphant qui se balancait, le petit poisson dans l’eau, l’éléphant et le perroquet).

Beaucoup d’enfants étaient présents, nous avons mis en place des grands jeux collectifs pour se défouler,( le jeu du serveur ,le facteur n’est pas passé, pour les garçons foot, et même slack line, un grand épervier, le jeu de la bombe, un colin maillard Rom.

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La petite enfance à eu beaucoup de succés avec les mamans et même la présence d’enfants de moins de deux ans et demi.

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Pour finir cette belle aprés midi nous prenons le gouter en compagnie de bons gateaux faits maison, et du bon sirop et de bonnes pommes pour avoir des vitamines après s’être follement dépensé.

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Mercredi: Atelier au Jardin

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Aujourd’hui avec quelques enfants du camps de Ballainvillier, nous allons au jardin. Et il y a beaucoup à faire! Désherbage, débroussaillages, plantations, arrosage, ce ne sont pas les activités qui manquent.

WP_20160525_15_15_33_Pro Comme d’habitude tout le monde veut faire utiliser la débroussailleuse, et ont en fait donc chacun notre tour. Même les enfants ont le droit à une initiation, et Constantin qui se débrouille très bien, nous a bien avancé le travail !

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Aprés avoir bien travaillé, on se rafraichit avec un bon gouter à l’ombre des arbres.

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Les « mains fragiles », mai 1968 – mai 2016

Deux films d’archives d’images documentaires à plusieurs décennies de distance mettent en résonance les années 1968 et 2016 et nous interrogent sur la place de l’histoire et de l’image dans l’émergence et la chute des utopies révolutionnaires. Le premier est d’un jeune réalisateur indépendant de 23 ans, avec le collectif Productions Nouvelles. Son montage « je n’invente rien, je redécouvre » de 4’23 met en relation des images vidéo des mouvements sociaux de 2016 et 2016.

Il s’est inspiré explicitement du film de Chris Marker « Le fond de l’air est rouge » (1977) dont il remonte quelques plans. Recycler un vieux film documentaire qui lui-même avait recyclé des archives est une manière de confirmer qu’une image n’est jamais un objet figé, elle peut se regarder à toutes les époques.

Ce film culte de trois heures de Chris Maker a été diffusé sur ARTE en 1996 en deux parties : sur la montée (« les mains fragiles« ) et la retombée (« les mains coupées« ) des mouvements révolutionnaires des années 60-70 sur le plan international à travers un enchaînement d’images dont le sens peu à peu se dévoile.

« On ne sait jamais ce qu’on filme » dit à un moment le commentaire, ce n’est que dans les après-coups que les images prennent sens.  Cette phase en terrible écho a été reprise pour titre du court film de Matthieu Bareyre et Thibaut Dufait à propos de violences policières sur manifestants menottés le 28 avril 2016 à Paris, Place de la République.

Le principe est que les images l’emportent sur le texte afin « de rendre au spectateur son commentaire, c’est-à-dire son pouvoir ». Le montage est en lui-même un commentaire à travers un collage kaléidoscopique. La voix-off en contraste, soutenue par un texte aiguisé nous engage dans cette narration. La mise en parallèle historique de ces deux films indique comment les luttes transforment les données politiques d’une époque. Déjà on peut remarquer d’étonnantes similitudes visuelles entre 1968 et 2016.

« L’histoire est comme Janus, elle a deux visages : qu’elle regarde le passé ou le présent, elle voit les mêmes choses » (Maxime Du Camp, Paris Tome 6, 1875). Est-ce que l’on doit comprendre que tout ce que « l’histoire pourra espérer de neuf se dévoilera n’être qu’une réalité depuis toujours présente ; et ce nouveau sera aussi peu capable de lui fournir une solution libératrice qu’une mode nouvelle l’est de renouveler la société » ? (Walter Benjamin, Paris, capitale du XIXe siècle, 1939).

6 mai 1968 Quartier latin : « Il y a une double erreur dans ces situations-là. L’État révèle tout d’un coup sa face répressive. Celle qui est plus ou moins diluée dans la vie quotidienne ; diluée aussi selon le quartier que l’on habite est le métier que l’on exerce. Mais là il faut faire peur, on sort sa police avec de tout nouveaux affûtiaux qu’on lui ne connaissait même pas. Parfait. Le manifestant de son côté comprend que l’État lui est apparu comme Bernadette la Sainte Vierge. C’est aussi pour lui une révélation. Dans certains cas extrêmes, il y a quelqu’un qui a le droit de décider pour lui sur quel trottoir il doit marcher et qui, s’il choisit le mauvais, a le droit de l’empêcher à coups de lattes. Donc, cette chose qui m’empêche de traverser la rue, c’est l’État. Mais alors, si je la traverse, si je fais reculer la chose, c’est l’État qui recule (Chris Maker, Le fond de l’air est rouge, 1977).

Les époques et les sociétés ne sont pas les mêmes, les mouvements ne sont pas comparables dans ce sens, mais les processus de confrontation à la réalité amènent toujours à une prise consciences politique, notamment comme nous l’écrivions à travers le rapport entre violence légitime et illégitime.

Voilà donc une génération en cours de rattrapage accéléré à l’école de la rue comme « 1967 qui voit apparaître une race d’adolescents assez étrange, ils se ressemblaient tous : semblaient doués d’une connaissance muette et absolue de certaines actions de certaines questions. Et sur d’autres ne semblaient pas savoir. Les mains très habiles à coller des affiches à échanger des pavés, à écrire à la bombe des phrases courtes et mystérieuses qui restaient dans les mémoires et cherchant d’autres mains à qui transmettre un message qu’ils avaient reçu sans le déchiffrer. Les mains fragiles, c’était marqué sur les affiches. Elles ont laissé le signe de leur fragilité sur une banderole : « les ouvriers prendront les mains fragiles des étudiants le drapeau de la lutte… »

Ces « mains fragiles » seront-elles « coupées » comme dans l’écrasement ou l’institutionnalisation des révolutions d’après 68 selon la conclusion de Chris Maker ? « Le système capitaliste et socialiste, ces deux formes de société sont périmées. On assistera à des structures nouvelles. Libérales, évolution de ces deux tendances. La réintroduction du profit et de la concurrence. Le rêve communiste a implosé, le capitalisme a gagné une bataille sinon la guerre. Ces hommes de la nouvelle gauche ont été entraînés dans le même tourbillon. Les staliniens et leur opposition sont morts avec eux. Ils étaient liés comme le scorpion à la tortue ».

Peut-être faut-il prendre le travail historique non pas comme une construction rationnelle, mais par son versant sensible comme le suggère Sophie Wahnich dans « Les émotions, la Révolution française et le présent. Exercices pratiques de conscience historique » (2009). De même, notre travail de recherche-action est en décalage avec les présupposés classiques d’une scientificité qui imposerait une mise à distance des situations selon une froide objectivation alors que nous plongeons délibérément dans les situations humaines complexes laissant toute sa place à l’empathie et à l’intuition comme appréhension cognitive de la réalité.

Le présent ainsi interrogé éclaire le passé. Ce sont les événements qui cristallisent des émotions en autant de matériaux d’un mouvement en construction dont nous pouvons présager la forme : insurrection, vitalités populaires, organisation éruptive, économie informelle, manifestations, expressions de la violence, espérance, solidarité spontanéité interclassique, formation réciproque, etc. L’histoire apparaît non plus linéaire, mais en de multiples ruptures, manière de déjouer la récupération des événements, l’accaparement mémoriel et le storytelling politique.

Cela offre la possibilité d’établir des correspondances inédites entre des faits éclatés dans le présent et le passé comme propose Damien Gurzynski dans sa compilation documentaire entre 1968 et 2016. C’est parce que justement il n’y a aucune logique historique à articuler ces deux événements éloignés, que précisément dans la juxtaposition, dans l’écart se loge un enseignement qu’aucun livre scolaire d’histoire ne divulguera.

Par ce chemin, se revitalisent des formes symboliques (le signifié) qui avaient été détachées de leurs forces transformatrices (le signifiant) sous l’emprise de la marchandisation des slogans et des images.
Espérons que cette initiative sera suivie d’autres comme l’a fait en son temps Chris Maker, travaillant sur ces « détritus » que sont les archives historiques qu’il a récupérées dans les poubelles des salles de montage, sur des bandes d’actualité, dans d’autres films, etc. C’est accepter et même revendiquer la constitution d’un corpus avec ses impuretés, ses raccourcis et ses lacunes.

Déjà, des groupes de recherche-action sont en train de se mettre en place au sein de Nuit Debout qui pourraient devenir autant d’espaces d’autoformation collective à travers la collecte de matériaux du passé et du présent, d’expérience vivante et de documents de façon à inventer des outils de réflexion et d’analyse critique dans une forme autonome vis-à-vis des modèles institués de production et de transmission de la connaissance.

2016_Les "Mains Fragiles", Mai 1968 - Mai 2016
2016_Les "Mains Fragiles", Mai 1968 – Mai 2016

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Les paradoxes de la Pédagogie sociale

Il n’y a rien d’évident dans la Pédagogie sociale et la voie qu’elle propose en termes d’intervention culturelle, sociale ou éducative ne vient jamais en premier.

En effet , un peu comme l’homéopathie qui propose de soigner un mal par le même mal , la démarche en Pédagogie sociale postule des modes d’intervention qui , dans un premier temps paraissent contradictoires.

Soigner le précaire par du fragile

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Nous avons peu de moyens, aucune certitude de durer et voilà que nous entreprenons des actions pérennes, cycliques et régulières, qui se donnent le luxe infini de s’affirmer permanentes et de viser la sécurité relationnelle et sociale.

Et, au fur et à mesure que nous travaillons, nous observons de curieux résultats:

Nos actions si fragiles durent et se développent là où les interventions  institutionnelles buttent sur mille obstacles: les empêchements institutionnels, la réorganisation des équipes, les redéploiements, les coupes budgétaires, les interruptions due au départ des gens et aux crises personnelles ou institutionnelles. Nous, nous durons, c’est déjà un acquis. Ce n’est pas un résultat, c’est une condition. C’est ainsi que se résout cet étrange paradoxe.

S’adapter à toutes les situations sans jamais se spécialiser

En Pédagogie sociale, l’éducation n’est pas spéciale; elle est globale, elle est générale. Elle a même une vision holistique de son cadre d’intervention et concerne toutes les dimensions de la vie.

Et pourtant nos actions s’adaptent à des problématiques sociales nouvelles et saillantes qui nécessiteraient ailleurs beaucoup de spécialité: équipe pluridisciplinaire , qualifications extraordinaires.

Notre équipe n’est spécialisée que dans son propre mode d’intervention. C’est pour cela qu’elle arrive à s’adapter, qu’elle arrive à contacter , à suivre et à retrouver toutes les situations incasables, qui mettent les institutions en échec.

Se sentir partout chez soi sans espace légitime

Nos actions n’ont aucun territoire qui leur serait propre dédié. Nous ne nous affirmons nulle part en spécialistes , ou en propriétaires des terrains où nous travaillons. Nous sommes des jardiniers ordinaires, des voisins parmi d’autres, des apiculteurs amateurs, des chanteurs et des danseurs de la vie quotidienne.

Mais partout nous faisons de ces terrains, du commun, du nôtre, c’est à dire du « pas à nous »; en tout cas du « pas à nous seul »; mais plutôt du « à nous tous: « AVEN SAVORE ! « 

L’effet de cette particularité est notre adaptabilité, notre mobilité dans le mobile, mais aussi notre capacité à faire repère directement dans tout lieu de vie.  Dès lors , nous pouvons « habiter » et non pas « utiliser » les espaces qui nous accueillent.

Affronter les départs, les ruptures avec la certitude d’une suite

Avec le temps , nous avons fini par percevoir cette étrange réalité: en Pédagogie sociale, ceux qui partent font de la place à ceux qui arrivent. L’aventure se poursuit, y compris pour ceux qui sont partis et que l’on re-croise sans arrêt avec des statuts différents.

Tel qu’on avait connu enfant sur nos tapis revient jeune adulte, stagiaire en formation, bénévole, service civique; ou bien nous l’employons.

Tel autre que nous avions croisé fugitivement avec la certitude que nos chemins devaient se croiser. Et cela ne manquera pas.  Car l’action de l’association, l’effet de ce travail si particulier  qui s’adresse au créateur et à l’auteur en chaque personne, donnent des résultats à long terme, ouvrent des espaces et des perspectives de vie, qui laissent à jamais un effet de manque ou d’appel.

Nous repérons ainsi comment la suite des histoires et des relations avec tel ou tel a du sens, de la logique, et que cette logique se déploie dans un temps long et certain.

Ainsi , pour ce dernier paradoxe, les départs, loin de signer des fins de quelque chose, ouvrent souvent d’autres perspectives:

  • immédiates, car le départ des uns  modifie l’investissement des autres et crée de nouveaux commencements,
  • lointaines, car ces départs ont toujours … une suite.

Dimanche 22 mai: Jardin

 

Ah! Que d’eau, que d’eau ! Se serait écrié Mac Mahon si il nous avait accompagné ce dimanche au Jardin. Et nous de lui répondre: « Allez Patoche, arrête de râler et viens nous aider à désherber les patates ! ».

Certes ce n’était pas les crues de la Garonne aujourd’hui mais quand même! Ça n’a pas empêcher la famille de Corinne, ainsi qu’Eddy de venir nous filer un coup de main pour désherber, arroser ( la serre hein !), allumer le feu,

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faire cuire les merguez,et bien sur les manger !

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On s’abrite donc sous la serre, pour déguster notre repas , accompagné d’un gâteau aimablement cuisiné par Corinne, et d’une tarte acheté par Abdel. Car aujourd’hui ce n’est pas un mais 2 anniversaires que nous fêtons, celui de Floriane la veille, et celui d’Abdel le lendemain.

La pluie ne nous laisse que très peu de répits, mais juste assez pour que Laurent, Hélène et Cassandra nous rejoigne avec quelques cuisses de poulet. On sort la débroussailleuse histoire de décapiter quelques mauvaises herbes, mais le temps empire à vue d’œil, et l’on décide de remettre a plus tard nos élans botanico-révolutionnaires pour se rentrer au chaud !

Samedi 21 mai 2016: Ballainvilliers

Nous sommes arrivés au camp, jour de fête des prénoms, nous avons été très bien accueillis avec la bonne humeur qui régnait sur le camp. Nous avons commencé par des jeux collectifs : un proposé par l’équipe (Jacques a dit) et un par les enfants (pays/pays on veut des prisonniers).

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Après nous avons bu un verre avec les familles présente sur le camp, puis nous avons installé les ateliers, avec le coin petite enfance, le coin peinture et le nettoyage du camion (qui s’est terminé en bataille d’eau).

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Nous avons remarqué des différences d’âge entre les ateliers, ainsi tout le monde a pu participer. En effet les adolescents ont aimé participer au nettoyage du camion et les parents avaient l’air heureux de participer aux ateliers avec leurs enfants. Après les ateliers nous avons fait un petit temps calme allongés au soleil.

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Puis les enfants ont servi le goûter et une maman a partagé avec nous un gâteau. A la fin beaucoup d’enfants nous ont aidé à ranger et à tout t’amener au camion.

Vendredi 20 mai 2016: Champlan

Sous un beau soleil nous partons sous le camp, avec Floriane, Elena, Laura Dusko, Domino et Héloïse. Lorsque nous sommes arrivés, une fête était en préparation c’était un baptême, il y avait de la musique. WP_20160520_16_22_58_Pro

Nous avons commencé l’atelier par une répétition d’Aven Savoren et nous avons fini par le goûter, un bon marbré.

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Jeudi 19 mai 2016: Massy

Avec Dusko, Domino, Héloïse, Loreleï, Laura et Floriane.

On commence cette journée en chassant les nuages et le soleil arrive quand on installe le barnum. On lance alors un foot avec Dusko et Domino et plusieurs garçons les rejoignent pour faire un match.

Sous le barnum, des mamans et des enfants sont très intéressés pour faire de la peinture avec Laura et Héloïse, puis on installe des jeux de sociétés et Loreleï des boites de perles pour faire des bracelets.

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Les enfants se sont bien défoulés sur le terrain et d’autres s’amusaient à bien faire des animaux avec leurs mains en mettant de la peinture dessus. Deux jeunes filles ont commencé le Dazibao en inscrivant «  Intermèdes- Robinson » sur les pancartes avec de jolies couleurs rose et violet.

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20160519_172618Beaucoup d’enfants étaient présents aujourd’hui et le temps est passé très vite en s’amusant !

On a tout rangé pour passer au goûter qui s’est très bien passé. Pour la prochaine fois, les enfants souhaitent faire eux-mêmes le goûter et qu’on puisse faire un plus grand match de foot avec des dossards et des cages de foot. Les filles voudraient faire de la pâte à modeler aussi.

On finit de ranger et on dit à la prochaine fois aux enfants !

 

Jeudi 19 mai 2016: Skate park

Aujourd’hui pour la réalisation de l’atelier SkatePark, était présent Abdel, Sana, Sandra, Juliette et Précilia.

WP_20160519_16_46_11_ProNous avons proposé aux jeunes divers activités, au programme, il y avait un atelier petite enfance mené par Juliette, des jeux de construction accompagnés par Abdel, un atelier de confection de bijoux réalisé par Sana et des jeux collectifs proposés par Sandra et Précilia.

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A cet atelier, il y avait une vingtaine d’enfants, tous étaient très heureux de participer aux activités proposés.

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Le goûter s’est très bien passé, et les ateliers aussi.

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Jeudi 19 mai 2016: Jardin

Aujourd’hui était présent au Jardin Sana, Précilia, Sandra, Juliette, Abdel, Jessica et Franck.

Pour commencer, nous avons planté des pieds de tomate. Par la suite, nous avons arrosé les pieds de tomate et les plantations de la serre.

Abdel a débroussaillé la moitié du terrain, puis a laissé Franck et Juliette faire le reste.

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Sandra, Sana, Juliette, Jessica et Précilia ont planté le reste des pieds de tomate et ont arraché les mauvaises herbes.

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Mercredi 18 mai: Répétition générale.

Ce mercredi, nous nous sommes donné rendez-vous à la maison Collucci pour la répétition de notre groupe de danse Aven Savore.

WP_20160518_15_28_20_ProNous nous retrouvons tous après avoir emmené les enfants des camps de Ballainvilliers et Bondoufle dans une petite salle prêtée par la mairie, et accompagnés de Dousko, Genica et Dominik, qui mènent la danse (au sens propre !), nous commençons le spectacle.

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WP_20160518_16_17_56_ProNous avons ramené pour l’occasion les foulards du spectacle, et les filles sont ravies de s’en parer pour danser. Nous enchainons les danses qui nous sont désormais familière, reprenons les quelques pas qui sont encore à travailler, et après un tonitruant final sur la chanson « Aven Savore », nous prenons une pause, ainsi qu’un gouter bien mérité.

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Après la pause, nous chantons « Jean petit qui danse » dont les enfants de Ballainvillers et Bondoufle sont familiers, puis Dominik Douchko et Madalin nous font une ambiance musicale orientale, pour permettre aux enfants de danser et se défouler avant le retour en camion.

 

 

 

 

 

 

 

 

Quand IKEA somme les consommateurs de moins consommer

consommationIntroduction: pourquoi?

La branche espagnole de l’entreprise suédoise IKEA a mis en ligne le 10 décembre 2014 une vidéo publicitaire intitulée La otra carta (1) et se présentant comme une expérience conduite avec 10 familles. Durant cette expérience, il aurait été demandé aux enfants d’écrire deux lettres listant leurs souhaits pour Noël, l’une adressée au Père Noël, et l’autre à leurs parents respectifs.

 Il serait ressorti de cette « expérience » que la totalité des dix enfants, qui sans exception réclamèrent au Père Noël différents produits de consommation (un jeu, une guitare, une console de jeux, un piano), demandèrent tout autre chose à leurs parents: ils leur demandèrent de passer davantage de temps avec eux. La totalité des dix enfants auraient d’autre part, après qu’on leur a demandé laquelle des deux lettres ils souhaiteraient envoyer s’il ne fallait en choisir qu’une, choisi d’envoyer la lettre destinée à leurs parents plutôt qu’au Père Noël.
La vidéo montre les différentes étapes de l’ »expérience » ainsi que les réactions des parents en découvrant les lettres que leurs enfants leur auraient adressées: tous semblent très émus, plusieurs d’entre eux se mettent à pleurer. Et puis à la question « Cela vous surprend-t-il que vos enfants vous fassent une telle demande? », des parents répondent que non, qu’au fond cela ne les surprend pas, que leurs enfants ont trop de jouets tout le temps, d’autres se lancent même dans une analyse de la manière dont l’hyperconsommation peut en fait servir à combler un vide affectif -et effectif-. Tous semblent reconnaître immédiatement le tort qu’ils auraient eu de n’avoir pas su passer assez de temps auprès de leurs enfants, estiment que si ces derniers l’écrivent c’est qu’ils en ont réellement besoin, et que ce qu’ils ont de mieux à leur offrir, au fond, c’est eux-mêmes.
Plusieurs questions viennent alors à l’esprit: cette « expérience » en est-elle bien une, ou bien s’agit-il d’une fiction où les acteurs, parents et enfants, font et disent ce qu’un script rédigé par l’entreprise commande? Comment une telle unanimité dans les choix et les réactions des sujets de l’ »expérience » est-elle possible? Comment la totalité des parents peuvent-ils si vite revenir sur des habitudes longuement acquises, reconnaître leurs torts, et estimer que leurs jeunes enfants ont raison? Surtout, dans quel but la direction d’IKEA Espagne a-t-elle choisi de réaliser cette publicité, et qu’a-t-elle a gagner à sa diffusion?

I) De l’authenticité de l’ »expérience »

La publicité débute par les mots suivants: « Pourquoi persistons-nous à ne pas donner à nos enfants les cadeaux qu’ils souhaitent vraiment avoir pour Noël? ». Et on peut lire immédiatement après: « 10 familles. Une expérience ».

Le ton est donc donné dès le début: il ne s’agit pas là d’une publicité mais d’une expérience filmée. La question posée serait donc celle à laquelle auraient tenté de répondre les « chercheurs », et les dix familles seraient, elles, les sujets de l’expérience. Or, si l’on est d’emblée surpris par l’identité du « laboratoire de recherches » (IKEA), ainsi que par son activité de prédilection (commerce de détail dans le mobilier), on éprouve également quelque difficulté à tenir ce spot publicitaire pour une « expérience » digne de ce nom.

D’abord, les indications sur le protocole expérimental suivi sont maigres: hormis la participation de dix familles à l’expérience, et les questions de l’expérimentatrice aux enfants et parents, on ne sait pour ainsi dire rien. Comment l’expérience a-t-elle été préparée? Comment en a-ton choisi les sujets? Ont-ils été triés sur le volet, ou bien a-t-on choisi les dix premières familles volontaires? Qu’a-t-on dit en amont aux familles pour la leur présenter? Comment l’équipe expérimentale s’est-elle assurée que les enfants ne s’influencent pas entre eux (puisque nous les voyons assis deux par deux côte-à-côte dans la vidéo)? Nous pouvons nous en tenir là, mais la liste est longue des informations que nous aurions aimé avoir et qui ne sont pas divulguées. Et rien ne porte à croire dans ce que nous voyons dans la vidéo qu’un protocole expérimental quel qu’il soit fut respecté lors du tournage.

II) De l’interprétation des « résultats »

Nous pourrions penser qu’il importe peu que l’ »expérience » en soit bien une ou pas, autrement dit qu’il s’agisse d’un documentaire ou bien d’une fiction, dès lors que le message porté par la vidéo est considéré comme un message positif.C’est là qu’il convient de se demander ce que nous enseigne -ou tente de nous enseigner- ce spot publicitaire.

Des résultats de la dite expérience, plusieurs faits ressortent:
1- Les enfants croient au Père Noël.
2- Les enfants veulent des jouets et des instruments de musique.
3- Les enfants ne demandent pas la même chose à leurs parents qu’au Père Noël.
4- Les enfants considèrent que leurs parents ne passent pas assez de temps avec eux et souhaiteraient qu’ils en passent davantage.
5- Les enfants, s’ils devaient choisir de n’envoyer qu’une seule des deux lettres, enverraient celle à leurs parents plutôt que celle au Père Noël.
6- Les parents sont émus par les mots de leurs enfants.

On découvre donc des enfants qui semblent n’être ni matures ni adultes ni responsables puisque non contents de croire au Père Noël, ils croient en leurs parents dans la mesure où ils préfèrent leur envoyer une lettre à eux plutôt qu’au Père Noël alors que cette dernière aurait à la limite davantage de chances d’aboutir.

En effet, combien d’années cela fait-il que ces parents consacrent à leur travail et à leurs achats le temps qu’ils pourraient consacrer à leurs enfants? Avaient-ils vraiment besoin de tourner dans un spot publicitaire d’IKEA pour le réaliser? Est-il vraisemblable qu’ils renoncent à leur mode de vie productiviste et consumériste lorsqu’à la lumière de ce qu’ils ont « appris », la première chose qu’ils font est de signer un document de droit à l’image pour qu’une entreprise capitaliste puisse utiliser la leur pour redorer la sienne afin, cela va sans dire, de vendre davantage de marchandises?

A la lumière de ces résultats, qu’avons-nous appris?

1- Que les enfants croient au Père Noël, nous le savions déjà puisque c’est nous (leurs parents, j’entends) qui les y poussons.
2- Que les enfants veuillent des jouets, et soient eux-mêmes les jouets de la publicité marchande quotidienne qui construit, modifie, et stimule leurs désirs pour les pousser à pousser leur parents à les leurs acheter, nous le savions déjà puisque c’est nous (leurs parents, j’entends) qui en faisons les frais.
3- Que les enfants ne demandent pas la même chose à leurs parents qu’au Père Noël semble indiquer qu’ils sont moins bêtes que nous ne les pensions, et qu’ils savent à qui demander quoi. Cela indique en réalité la teneur de ce que leurs parents leur ont enseigné: ils ont intériorisé que le Père Noël était leur pourvoyeur en cadeaux, et leurs parents leurs pourvoyeurs en besoins vitaux au quotidien (se nourrir, se vêtir, se loger, se soigner, être protégé, etc), c’est donc en toute bonne logique à eux qu’ils s’adressent lorsque leur demande concerne des besoins cruciaux liés à leur vie quotidienne et non au Père Noël.
4- Que les enfants considèrent que leurs parents ne passent pas assez de temps avec eux et souhaiteraient qu’ils en passent davantage relève, dans une société si obsédée par le travail, la marchandise et l’argent, tant du bon sens qu’il semble improbable que leurs parents ne le sachent pas déjà, d’autant qu’il est plus improbable encore que les premiers aient attendu de tourner dans un spot publicitaire d’IKEA pour le signifier aux seconds.
5- Que malgré le peu de chances qu’ont leurs requêtes d’aboutir, les enfants ont choisi d’envoyer la lettre à leurs parents plutôt que celle au Père Noël, cela montre qu »en dépit de leur jeune âge ils savent où est leur intérêt, et que, s’il leur faut choisir, ils mettent la priorité sur la satisfaction de leurs besoins vitaux plutôt que sur l’obtention d’un nouveau jouet.

6- Que les parents soient émus par les mots de leurs enfants montre qu’ils y sont attachés, ce qui ne semble que modérément surprenant. Cela pourrait aussi traduire un sentiment de honte quant à leurs choix passés, lequel apparaîtrait comme justifié au vu des enjeux, à savoir le sacrifice de ses propres enfants pour de l’argent, et la substitution à une présence personnelle effective une présence par le biais de biens de consommation interposés.

Au terme de l’étude de ces conclusions expérimentales, il faut bien reconnaître que nous n’apprenons pour ainsi dire rien. Nous n’avions en effet pas attendu IKEA pour constater que nous vivons dans une société travailliste, productiviste, et consumériste, où la production et la consommation de marchandises tiennent une place centrale, où le temps nous est confisqué par le capital, et où les enfants, parmi beaucoup d’autres, en font les frais.

III) De l’identité du « laboratoire de recherches »

A ce stade, il est intéressant de s’interroger sur l’identité véritable du « laboratoire de recherches »: qui est donc cet IKEA qui nous fait la leçon en croyant nous apprendre en 2014 des choses si communément admises?

La réponse st simple: IKEA est numéo un mondial de l’ameublement. C’est une entreprise suédoise privée, créée en 1943 par Ingvar Kamprad, et spécialisée dans la conception et la vente de détail de mobilier et objets de décoration prêts à poser ou à monter en kit.

Dans ses 345 magasins répartis dans 42 pays, l’entreprise, qui emploie 139 000 personnes, a réalisé en 2014 un chiffre d’affaires de 28,7 milliards d’euros, et un bénéfice net de 3,3 milliards d’euros en 2013 (2). Son catalogue papier est édité à 212 millions d’exemplaires dans 29 langues, ce qui le place au rang de deuxième publication la plus lue au monde après la Bible (3)!

Il semble que, tout comme la »petite entreprise » que chantait Alain Bashung en 1994, IKEA « ne [connaîsse] pas la crise » (4)!

IKEA n’est donc en fait pas tout-à-fait un « laboratoire de recherches » mais plutôt une entreprise capitaliste, aussi riche qu’efficace, et dont la richesse se fonde sur l’exploitation du travail humain de ses 139 000 salariés, ainsi que sur la création de besoins chez les consommateurs pour les conduire à acheter à l’autre bout de la chaîne.

Ou disons du moins que si IKEA est un « laboratoire de recherches », il est spécialisé dans la recherche de profits plutôt que de vérités scientifiques.

Si les conditions de l’ »expérience » peuvent laisser le spectateur dubitatif, le message du spot publicitaire La otra carta d’IKEA paraît en revanche clair: il s’agit ni plus ni moins d’une invitation et incitation à moins consommer, et à passer davantage de temps avec ses proches -en l’occurrence, ses enfants-.

Autrement dit, nous avons l’une des plus grandes entreprises multinationales au monde, et dont le bénéfice net, en hausse constante d’année en année, repose sur la consommation effrénée de ménages soumis à une publicité omniprésente, qui nous somme de moins consommer, ce qui semble à première vue contraire à son intérêt.

Au-delà de l’évident conflit d’intérêt entre le « laboratoire de recherche » et l’objet de sa « recherche », disons plutôt entre le pourvoyeur du message et le contenu de ce dernier, comment comprendre la stratégie d’IKEA? Quel sens cela a-t-il pour un temple de la consommation de se faire le chantre de l’anti-consommation?

IV) Du but poursuivi par les « expérimentateurs »

Après tout, si le but poursuivi est louable, que nous importe l’identité du « laboratoire »?

Si une multinationale capitaliste est prête à nous informer dans notre intérêt -et contre le sien- dans le but affiché de nous désaliéner des marchandises, c’est-à-dire d’elle-même, ne devrions-nous pas suivre ses conseils et saluer au passage son initiative?

Encore faudrait-il être certain d’avoir correctement identifié l’objectif poursuivi par cette dernière.

Car dans une logique même de survie de l’entreprise, inciter la population à consommer moins relève du suicide commercial lorsque c’est précisément de sa consommation effrénée que l’entreprise vit -et grassement!-.

Or, les entreprises ont cet avantage sur leurs salariés qu’elles ne se suicident pas (5).

Alors, que cherche IKEA en diffusant ce spot publicitaire?

La première hypothèse est de considérer que le message transmis par l’entreprise dans la vidéo ne s’applique, du fait de la nature de son activité, pas à elle. En effet, ce ne sont pas des meubles ou objets de décoration que les enfants réclament pour Noël, et IKEA, qui s’est spécialisé dans ce secteur, s’estime peut-être hors d’atteinte de sa propre critique. Puisque c’est ici d’enfants qu’il s’agit, et puisque c’est de jouets que les enfants rêvent, il n’y a a priori aucun obstacle à ce que les parents continuent à venir s’équiper chez IKEA pour ce qui est de l’ameublement de la maison, tout en passant davantage de temps avec leurs enfants qu’ils peuvent d’ailleurs emmener passer une après-midi de « jeux » dans les dédales de l’IKEA le plus proche. Finalement, la publicité dissuaderait les parents d’aller dépenser chez d’autres l’argent qu’ils pourraient dépenser -en toute bonne conscience- chez IKEA, d’autant qu’IKEA a le mérite d’avoir réuni et soudé la famille!

La seconde hypothèse, qui d’ailleurs peut être complémentaire de la première, est liée à l’image de la marque. L’entreprise soigne en effet beaucoup son image, en vantant notamment un management « cool », proche du salarié, avec tutoiement généralisé, parité hommes-femmes, respect mutuel, et entraide dans l’adversité (6).

Mais IKEA va plus loin: nouvelle « stratégie de développement durable People and Planet Positive » avec des objectifs aussi divers que « favoriser un mode de vie plus durable, acquérir une indépendance énergétique à l’horizon 2020 et améliorer le quotidien du plus grand nombre »; partenariats dans les années 1990 avec WWF et Greenpeace; reforestation via Swedwood (filiale d’IKEA); utilisation de panneaux photovoltaïques dans certains centres de distribution; dispositifs d’éco-mobilité (location de véhicules Hertz, bornes Autolib’, navettes gratuites depuis les centre-villes de Strasbourg et Thiais) dans le cadre de son engagement pour l’environnement; programme « Donnez une seconde vie à vos meubles » avec reprise des anciens meubles de ses clients en échange d’une carte-cadeau à dépenser dans ses magasins; campagne de solidarité mondiale en partenariat avec le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), intitulée « Eclairons la vie des réfugiés » pour améliorer les conditions de vie des réfugiés au sein des camps, notamment grâce à un meilleur éclairage et un accès à l’éducation (7); mise à disposition, auprès de municipalités, de cabanes de 17,5 m² (en plastique et matières synthétiques, et sans fenêtres) pour loger les réfugiés, et ce pour la modique somme de 500 euros par cabane (8).

En 2014, IKEA est d’ailleurs classé 19e des « Best Global Green Brands » d’Interbrand, et gagne ainsi 14 places par rapport à 2013 (9), ce qui semble témoigner de l’efficacité de la stratégie de communication de l’entreprise et du soin porté à son image.

La seconde hypothèse pourrait donc se formuler en ces termes: et si ce spot publicitaire avait pour principal but de pousser un peu plus loin l’audace en faisant passer le numéro un mondial de la vente de meubles pour anticonsumériste?

Pour IKEA, les bénéfices seraient en effet multiples.

C’est, dans un premier temps, l’occasion de se démarquer: à l’approche de Noël, au lieu de faire comme la grande majorité des autres multinationales en multipliant les incitations à la consommation à travers leurs publicités, IKEA en prend le contrepied et incite à…moins consommer! Cette posture, à la fois surprenante et provocante de la part d’une entreprise capitaliste, donne à ce spot publicitaire destiné à internet un caractère inhabituel qui le fait du même coup émerger d’entre tous ceux qui sont diffusés quotidiennement à l’approche des fêtes. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cela a bien fonctionné: 12 millions de vues dans 40 pays différents, plus de 9 millions de personnes atteintes sur Facebook, plus de 24 millions d’empreintes digitales, et sa conversion en modèle éducatif dans plusieurs écoles (10).

C’est ensuite une opportunité pour IKEA de parachever son image d’entreprise « verte », « cool », et « humaine ». En effet, il est d’autant plus indispensable de faire illusion en soignant sa posture et son discours que nos actes en sont effectivement éloignés voire antagoniques.

IKEA, par exemple, est le troisième plus gros consommateur de bois au monde. En 2012, l’entreprise a utilisé 13,56 millions de m3 de bois (11). On comprend donc mieux pourquoi l’entreprise a tout intérêt à être classée parmi les multinationales les plus « vertes » au monde, et à parler à tout va de « développement durable » et d »indépendance énergétique ». C’est la moindre des choses si elle veut continuer à bénéficier d’une image positive auprès des populations, désormais préoccupées par le désastre écologique en cours.

Autre exemple: IKEA, mis en cause en France en 2012 dans une affaire d’espionnage des salariés ainsi que des clients, s’empresse de faire le ménage dans son personnel et de faire disparaître toute trace (12). Dans ces conditions, on comprend mieux pourquoi IKEA met en avant son management « cool », l’ »entraide dans l’adversité » et le reste: on doit toujours en dire d’autant plus dans un sens qu’il y en a à cacher dans l’autre (13).

De la même manière donc, à l’heure où IKEA est numéro un mondial de l’ameublement, et voit son bénéfice net en augmentation constante malgré la « crise » (14), il semble tout-à-fait opportun pour les dirigeants d’IKEA de discourir sur le temps dont nous dépossède notre course effrénée pour la marchandise et de faire dire à nos enfants que nous ferions mieux de le passer en leur compagnie. Cela leur permet de se dédouaner et de faire porter à d’autres -et davantage qu’à d’autres entreprises, ils la font porter aux consommateurs, donc à leurs clients- la responsabilité qui est la leur au premier chef. C’est l’occasion pour eux de se refaire une réputation à peu de frais, en passant sous silence la publicité constante qu’ils imposent aux populations pour les conduire à acheter toujours plus. En d’autres termes, ils culpabilisent et accusent de leur propre méfait celles et ceux qui en sont en fait les premières victimes.

V) Cas d’école

Cette publicité peut surprendre de prime abord, mais il ne faut pas s’y tromper: elle est la règle plus que l’exception. La manière dont IKEA brouille ici les pistes en affichant un objectif (faire que la population consomme moins) aux antipodes de son objectif réel (faire que la consommation consomme davantage) est caractéristique de l’aptitude du capitalisme à récupérer et instrumentaliser la contestation dont il fait l’objet (15).

Le greenwashing (16) -d’ailleurs pratiqué avec beaucoup de talent par IKEA (17)– en est l’un des avatars les plus en vogue.

La récente conférence de Paris sur le climat (ou COP 21), qui s’est déroulée dans la capitale du 30/11/15 au 11/12/15, réunissait ainsi soit physiquement soit par financement interposé des entreprises parmi les plus polluantes au monde – comme Shell, Total, Vinci, BNP, Engie (ex GDF Suez) ou EDF, Renault Nissan, Suez Environnement, Air France, ERDF, Axa, BNP Paribas, LVMH, PepsiCo, Bouygues, General Electric, Carrefour et bien-sûr IKEA- pour discuter des solutions aux problèmes climatiques, problèmes qu’ils ont donc pour bonne partie eux-mêmes engendrés et continuent d’aggraver actuellement (18).

Mais l’utilisation par les capitalistes de la contestation qui leur est opposée en en faisant une valeur ajoutée destinée à écouler toujours plus de marchandises ne se limite pas au domaine de l’écologie, loin de là.

C’est ainsi que The Coca-Cola Compagny, entreprise vendant en tout 500 marques dans plus de 200 pays (19), qui privatise au Mexique de nombreuses sources d’eau, laissant les populations locales sans accès à l’eau potable (20), cela pour fabriquer son soda dont les effets désastreux sur la santé sont désormais tristement célèbres, s’est racheté une crédibilité auprès de populations susceptibles de la critiquer, en ayant par exemple recours au rappeur Akhenaton pour composer et interpréter la chanson illustrant la campagne publicitaire « Vivre maintenant » diffusée par la marque à partir d’avril 2015 (21).

De la même manière, le groupe Galeries Lafayette, spécialiste de la mode, a fait poser torse-nu sur ses affiches publicitaires Frédéric Beigbeder, auteur du roman 99 francs dénonçant les dérapages cyniques de la publicité dans la société occidentale; sur la photographie, il tient dans sa main le livre La société de consommation du sociologue Jean Baudrillard, référence critique du consumérisme (22).

Plus de 20 millions de personnes à travers le monde possèdent un t-shirt à l’effigie d’Ernesto « Che Guevara », dont l’image est désormais plus célèbre que le parcours politique, et ce pour le plus grand bonheur des marques qui les commercialisent (23).

En mai 2008, pour l’anniversaire des quarante ans des mouvements sociaux de mai 68, les FNAC et autres VIRGIN Megastore étaient jonchés de coffrets-hommages, DVD, CD, livres, et toutes sortes de marchandises commémoratives de cette période où le capitalisme fut violemment pris à parti par les populations (24).

Nul besoin d’en recenser ici tous les cas: les entreprises capitalistes ont depuis longtemps fait du détournement et de la marchandisation de la contestation qui leur est opposée une spécialité. Cela a pour elles le double-avantage de vider de son sens toute critique tout en en dégageant une opportunité commerciale le plus souvent redoutablement rentable.

Conclusion: pourquoi pas?

Ainsi, IKEA, à travers cette campagne publicitaire, ne fait que recycler une veille technique qui a maintes fois fait ses preuves, que ce soit en matière d’image de marque, ou de bénéfices économiques, la fameuse technique du « Faites ce que je dis, pas ce que je fais ».

Si, au vu de son identité et de son activité, les intentions du « laboratoire de recherche » ne font à présent l’objet d’aucun doute, une question cependant demeure.

Au vu des effets désastreux du consumérisme ambiant et de la publicité marchande qui le promeut sur la population, et quelles que soient par ailleurs les intérêts propres de l’entreprise en diffusant cette campagne publicitaire, que doit-on penser de ses possibles effets?

Et si, bien que ses dirigeants soient mal placés pour nous faire la leçon, c’est précisément d’IKEA que venaient les consignes éducatives et morales adéquates pour une vie meilleure?

Pour le dire autrement encore: après tout qu’importe l’identité du prescripteur si la conduite prescrite est la bonne, et conduit sinon l’ensemble, du moins une partie de celles et ceux qui en auront reçu la prescription à acheter moins et passer davantage de temps auprès de leurs enfants?

Car nous avons beau avoir démasqué l’imposteur et mis au jour ses intentions, la question des éventuels bénéfices que, par quelque effet collatéral , nous pourrions tirer de l’écoute de son message demeure entière. C’est ce que m’a notamment appris une discussion avec un ami, père de jeunes enfants et qui, bien que l’imposture d’IKEA ne lui échappât pas, tendait à considérer qu »à tout prendre, dans le monde de frénésie consumériste qui est le nôtre, il vallait mieux que ce message soit porté par IKEA plutôt que par passé sous silence d’une part, et qu’il vallait mieux que l’arsenal publicitaire d’une multinationale comme celle-ci soit profitable à ce message-là plutôt qu’à un autre. Evidemment, il ne lui avait pas échappé non plus que d’autres, avant IKEA, disaient et écrivaient déjà cela, mais avec quel écho auprès de la population? Avec quelle résonance? Il serait difficile de le mesurer, mais les conversations avec d’autres parents autour de lui n’étaient pas très encourageantes à ce qu’il disait. Ainsi, ce que lui reconnaissait à IKEA, ce n’était pas le mérite de ses intentions prétendument vertueuses, mais les effets positifs collatéraux de la diffusion de masse d’un message que les gens ordinaires peinent à (faire) entendre.

L’objection est solide, mais pour prouver son bien-fondé encore faudrait-il pouvoir mesurer précisément, par-delà la quantification de son audience, les effets qualitatifs de la campagne publicitaire sur les comportements des spectateurs. Or, aucune donnée à ce sujet n’a encore été récoltée à ma connaissance, et il serait imprudent de généraliser à partir d’un ou deux cas quel que fut l’effet qu’eut sur eux la publicité. Car, s’il est évident que le message emporte spontanément l’adhésion massive des parents qui l’entendent -et ce quand bien même ils agiraient de manière parfaitement antagonique jusque-là-, il est beaucoup moins évident qu’au-delà des éventuelles « bonnes résolutions » et autres « professions de foi » cette publicité modifie de manière significative, et sur le long terme, leurs comportements.

Aussi louables soient leurs intentions -contrairement à celles d’IKEA- après visionnage, ils n’en sont pas moins dans la position de l’alcoolique qui décide d’arrêter de boire: ils sont bien décidés à passer dorénavant plus de temps avec leurs enfants…jusqu’au lundi matin où il leur faudra aller travailler et ce jusqu’au vendredi soir, et au samedi après-midi où ils devront aller faire les courses, au cours desquelles ils leur achèteront quelque jouet pour se faire pardonner leur absence hebdomadaire. Il faut en effet bien prendre la mesure du défi: c’est une vie entière d’apprentissage socio-culturel qu’il nous faut déconstruire, et une offensive publicitaire massive et constante qu’il nous faut mettre à distance, ce qui n’est pas rien.

D’autre part, quand bien même la publicité aurait -ce qui, nous l’avons dit, reste à prouver- quelque impact positif sur une partie des spectateurs, quelle en serait la part parmi l’ensemble des effets qu’elle aura eus sur l’ensemble des spectateurs? Comment être sûr que la publicité aura davantage l’effet collatéral que l’effet escompté? Comment être sûr qu’elle sera plus profitable à la population, qu’elle doit désaliéner du règne de la marchandise, qu’à IKEA à qui elle doit, nous l’avons vu, directement ou indirectement ramener des clients? Comment être sûr qu’elle conduira davantage de parents à changer de comportement qu’elle ne conduira de familles chez IKEA? Peut-on penser que si la direction d’IKEA avait de sérieuses raisons d’envisager l’option qui lui serait désavantageuse, elle aurait tout de même investi autant d’argent dans la fabrication et la diffusion de cette campagne publicitaire? Au vu de la nature et du chiffre d’affaires de l’entreprise, rien n’est moins sûr.

En réalisant cette publicité, les dirigeants de l’entreprise IKEA n’ont pas sacrifié leur magot pour une grande cause; ils ont fait un pari, un choix stratégique dont ils ont de bonnes raisons de penser qu’il leur sera plus profitable qu’un autre, et plus profitable qu’à d’autres (leurs clients potentiels en l’occurrence). Avant de pouvoir crier victoire sur l’entreprise et nous considérer comme les vrais bénéficiaires de ce message publicitaire, il faudrait pouvoir s’assurer qu’ils se sont trompés, et ont fait un mauvais calcul.

Or, si nous n’avons pour l’instant aucune donnée sur le nombre de consommateurs ayant diminué leur fréquentation des centres commerciaux après visionnage de cette campagne publicitaire, nous savons par contre que le chiffre d’affaires d’IKEA a fait un bond de 11% en 2015 (25), juste après la diffusion de cette campagne publicitaire donc. Sans naturellement aller jusqu’à mettre cette hausse toute entière sur le compte de ce spot publicitaire, saurions-nous ne voir là que le fruit du hasard?

Notes:

7) Ibid.
13) Ibid.
15) Lire à ce sujet « La société du spectacle » de Guy Debord, téléchargeable gratuitement ici: http://classiques.uqac.ca/contemporains/debord_guy/societe_du_spectacle/spectacle.html
16) Greenwashing: le « verdissage » ou « écoblanchiment » désigne en effet un « procédé de marketing ou de relations publiques utilisé par une organisation (entreprise, administration publique nationale ou territoriale, etc.) dans le but de se donner une image écologique responsable. La plupart du temps, l’argent est davantage investi en publicité que pour de réelles actions en faveur de l’environnement ». (source: Wikipedia)
17) Cf. section IV du présent article
20) Coca-Cola et la formule secrète: https://www.youtube.com/watch?v=N1iAuZcyITY
Cash Investigation « Des paysannes indiennes contre Coca »: https://www.youtube.com/watch?v=54a5x2Cpf64

Véganisme et prosélytisme: les mécanismes de défense de l’ordre social dominant

vache en légumesIntroduction: la rengaine de l’ordre social dominant

Le terme vegan fut utilisé pour la première fois en 1944 par Donald Watson, cofondateur de la Vegan Society, à partir du mot vegetarian dont il a proposé de supprimer les lettres centrales. La Vegan Society définit en 1979 dans ses statuts le véganisme comme « une philosophie et une façon de vivre qui cherche à exclure, autant qu’il est pratiquement possible, toutes les formes d’exploitation et de cruauté envers les animaux, que ce soit pour se nourrir, s’habiller, ou pour tout autre but ». C’est à la fois un choix éthique et une pratique quotidienne consistant donc à bannir de sa consommation tout produit de l’exploitation animale: la viande, le poisson, les oeufs, le lait et l’ensemble des produits laitiers, le miel et les produits de la ruche. Le végétalisme s’en tient, lui, à l’alimentation.

A mesure qu’elle gagne de nouveaux adeptes, la pratique, bien que minoritaire, devient davantage visible (1). Ce gain de visibilité du véganisme mettant conséquemment en évidence le carnisme (2) en tant qu’idéologie, il n’est pas surprenant que les carnistes (3) contre-attaquent. En effet, révéler la prégnance de cette idéologie, rendue invisible justement par le fait qu’elle est l’idéologie dominante en matière d’alimentation et donc considérée comme la norme, et révéler du même coup le rôle-clé qu’elle joue dans la manière dont s’alimentent la majorité des individus, c’est en révéler la violence et la normativité. C’est mettre au jour que les conduites, alimentaires y compris, ne sont pas si naturelles que certains -en l’occurrence ceux qui ont un intérêt majeur à ce qu’elles se perpétuent- voudraient nous le faire croire. Mais c’est aussi révéler l’étendue des dégâts produits par ce système de croyances: soixante milliards d’animaux (sans compter les poissons pour lesquels nous ne possédons aucun chiffrage) sont tués chaque année à travers le monde pour satisfaire notre plaisir gustatif (4). C’est enfin visibiliser l’alternative comme possible, en prouvant par sa propre conduite qu’il est possible de se conduire autrement à cet égard, et donc mettre en péril le carnisme comme seule conduite conforme ou possible, autrement dit comme norme sociale.

Comme le décrit très bien Christine Delphy (5), la dynamique de l’oppression prend souvent la forme d’une séquence en trois temps: oppression / rébellion / répression. Dans le cas des non-humains, et bien qu’ils puissent parfois individuellement tenter de se soustraire à la condition qui leur est faite, par exemple en fuyant, il est peu probable qu’ils s’organisent eux-mêmes collectivement contre l’ennemi qui les oppresse, contrairement à ce que l’on peut voir dans le film La Planète des Singes. Aussi la séquence évoquée précédemment prend-t-elle la forme suivante: le pouvoir industriel oppresse les animaux non-humains qu’il exploite et tue pour l’usage d’humains; des individus humains s’organisent collectivement pour dénoncer et combattre cette oppression faite aux non-humains; le pouvoir industriel, et les pouvoirs qui lui sont inféodés, notamment l’Etat, tentent de réprimer cette rébellion par la décrédibilisation des individus qui y participent, et ce dans le but de pouvoir maintenir le système d’oppression des non-humains. Ce sont certains aspects de cette entreprise de décrédibilisation que nous allons tenter de rendre visibles ici.

  1. L’essentialisation de l’ennemi

L’une des stratégies les plus systématiquement utilisées par les dominants lorsque leur domination est contestée consiste à renvoyer les dominés à une nature, à une essence qui leur serait inhérente. Autrement dit, il s’agit de déduire une nature d’un trait physique particulier (la couleur de la peau, la forme du sexe, etc) ou encore d’un choix éthique (dans le cas des véganes, par exemple) en créant un lien de cause à effet de l’un à l’autre. Ainsi peut-on entendre ici ou là que les noirs sont moins intelligents ou plus athlétiques que les blancs, les femmes plus douces ou moins intellectuelles que les hommes, et quantité d’autres affirmations similaires, toujours parées d’une pseudo-scientificité concourant à les rendre incontestables. L’idée sous-jacente, c’est que les noirs sont moins intelligents parce qu’ils sont noirs, les femmes moins intellectuelles parce qu’elles sont femmes, et pour aucune autre raison.

Dans le cas des adeptes du véganisme, il sera par exemple répété à qui veut bien l’entendre qu’ils sont extrémistes, intolérants, moralisateurs, culpabilisateurs, et prosélytes. Le but n’est pas de prendre ici le contrepied de ce discours en tentant de prouver que les véganes ne sont pas ce qu’on les accuse d’être, mais plutôt de dévoiler les enjeux cachés d’une telle stratégie. L’intérêt du processus d’essentialisation pour les dominants est de renvoyer les insurgés dans leur diversité à une nature commune, nature qui expliquerait à la fois leurs conduites, et les dispositions répressives que les dominants se verraient contraints de prendre à leur encontre.

Avant de pouvoir affirmer que les véganes sont ceci ou cela, il faut tout d’abord faire d’individus disparates un ensemble homogène et uniforme (les véganes), c’est-à-dire considérer que le choix éthique que certains individus ont fait a sur eux des effets bien précis d’une part, que ces effets sont identiques d’un individu à l’autre d’autre part, et enfin qu’ils surviennent systématiquement. Ce n’est qu’à ces trois conditions qu’il est possible de construire une entité telle que « les véganes » et de lui attribuer par la suite des qualificatifs s’appliquant à tous ses membres ( extrémistes (6), intolérants, moralisateurs, culpabilisateurs, prosélytes). Une fois le groupe dominé idéologiquement construit par le groupe dominant, ce dernier a tout le loisir d’en définir les caractéristiques. Evidemment, ce processus, qui se prétend strictement descriptif, est en fait prescriptif. Il ne sert pas à décrire le réel, mais à le construire. Il s’agit de donner du dominé une représentation adéquate pour expliquer son statut de dominé et justifier la répression qu’il va subir, en d’autres termes pour maintenir la structure de domination. Faire du choix du véganisme la cause de telles conduites a pour effet à la fois d’en isoler les adeptes, et d’en dissuader les autres.

Il y a dans cette forme particulière d’essentialisation l’idée suivante: quelles que soient les conditions d’existence diverses qu’aient connues la totalité des individus ayant un jour ou l’autre fait le choix de devenir véganes, ils ont par ce choix tant et si bien altéré leurs caractères qu’un certain nombre de traits leur sont désormais communs à tous. Et le hasard (ou la nécessité) a fait que ce sont tous des traits connotés négativement les rendant par conséquent antipathiques: l’extrémisme, l’intolérance, la tendance à moraliser l’autre, à le culpabiliser, et le prosélytisme.

On n’entend jamais la formule certains véganes sont, mais les véganes sont, indiquant bien que l’ensemble des individus est concerné. Et lorsqu’on tente de nuancer ces propos, on nous renvoie un ouais, mais la majorité d’entre eux sont comme ça. Or, il n’y a, à ma connaissance en tous cas, aucune statistique sur les modifications de tempérament opérées par le véganisme sur ceux qui en ont fait le choix, spécifiant à combien de pourcents ils sont devenus intolérants par exemple. Or, s’il n’y a pas de statistiques ni d’études à ce sujet, on peut donc en déduire que ceux qui parlent ainsi fondent leurs croyances soit sur une simple intuition personnelle, soit sur la base de leur propre expérience, forcément limitée à une minorité de véganes relativement au nombre d’individus qui font ce choix. Autrement dit, leur discours prétendument descriptif sur la majorité des véganes n’a pas plus de valeur que celui consistant à décrire les arabes comme étant, dans leur immense majorité, des voleurs et des terroristes (« Mais toi, c’est pas pareil, hein! »), et les femmes comme étant, dans leur immense majorité, fragiles et sournoises.

  1. La nature du choix

Afin de poursuivre le processus de délégitimation des dominés s’insurgeant, une autre stratégie vient s’adjoindre à la première: la négation de la dimension politique du choix ou de l’action des insurgés, la réduction de celui-ci/celle-ci à une simple question de goût(s).

Un bon exemple nous a été donné de cette négation d’une dimension politique au sujet des révoltes des quartiers populaires de novembre 2005. En effet, en dépit du contexte dans lequel avait débuté cette insurrection -à savoir la mort de deux jeunes adolescents, Zyed Benna et Bouna Traoré, dans un transformateur électrique à Clichy-sous-Bois, ainsi que la brûlure grave d’un troisième, Muhittin Altun, alors qu’ils étaient pourchassés par la police sans qu’ils aient commis le moindre délit- ainsi que de la relégation socio-économique des quartiers desquels les victimes étaient issues, et desquels les insurgés surgissaient (7), l’immense majorité des commentateurs (élus, journalistes, et intellectuels) se bornait à faire des évènements d’alors une lecture psychologique plutôt que sociologique, la fois décontextualisée et essentialisante. Plutôt que dans leurs conditions de vie, plutôt que dans la ségrégation et le mépris dont ils font constamment l’objet, on allait chercher des explications à la violence de leur révolte dans les pays d’origine de leurs parents ou grands-parents ou dans les traditions qu’on y suppose associées (8), dans leur couleur de peau ou leur religion (9), ou dans une nature qu’on leur prête et qui conduirait à se défouler gratuitement, à casser pour casser. Au travers de cette lecture, il s’agissait de nier à la fois les facteurs socio-économiques ou tout du moins de nier tout lien de cause à effet entre ceux-ci et la révolte qui éclatait, et à la fois le caractère politique du mouvement en réduisant ce dernier à des « bandes de voyous », des « casseurs », ou encore des « barbares » qui agissent sans motif, par pur goût de la violence. L’enjeu était triple pour le pouvoir en place, que ce type de discours avait l’avantage de dédouaner, en même temps qu’il délégitimait la rébellion des dominés, et légitimait l’extrême violence qui allait être déployée à leur encontre par l’appareil d’Etat.

Même si la forme diffère grandement d’un cas à l’autre, et même si ni le type ni le degré de violence ne sont comparables c’est, toutes proportions gardées donc, au même procédé que nous avons affaire dans le cas des véganes. Mais avant d’en décrire les modalités, attardons-nous quelque peu sur le choix du véganisme. Décider de supprimer de sa consommation tout produit de l’exploitation animale est certes un choix (10). Mais ça n’est pas un choix comme un autre. Choisir de supprimer viande, poisson, produits laitiers, oeufs et miel de son alimentation n’est pas choisir entre un plat de riz et un plat de pâtes. Et si le second cas relève de préférences gustatives individuelles, rendant de fait inutile et inappropriée toute tentative de convaincre l’autre par des arguments rationnels, on ne peut pas en dire autant du premier. Le choix du véganisme est un choix éthique et politique, et non gustatif ou nutritionnel. Or, s’il s’agit bien d’un choix dans les deux cas, la différence, toutefois, est de taille: le premier choix, motivé par un projet politique (l’abolition de toute exploitation des animaux non-humains par les humains) a des effets politiques (mise en évidence de l’idéologie carniste; mise au jour d’une possible alternative par l’addition de modifications des conduites individuelles et la formation de collectifs de lutte; introduction de la question de l’éthique animale (11) dans le débat politique), alors que le second, motivé par une préférence gustative voit ses effets limités à ce domaine (appétit, plaisir lors de la dégustation).

Il est pourtant fréquent de voir les dominants s’insurger contre le « prosélytisme des véganes », contre leurs multiples tentatives de convaincre autrui du bien-fondé de leur choix. Il faut toutefois rappeler, dans un premier temps, que ce sont les dominants (eux seuls étant en position de le faire), donc les carnistes, qui somment les véganes de s’expliquer, qui leur demandent de justifier leur conduite alimentaire déviante. C’est évidemment le cas pour tous les individus qui adoptent une conduite minoritaire et/ou jugée subversive, qu’elle semble choisie ou non (antisexistes, antispécistes, casseurs, mais aussi homosexuel-les, transexuel-les, etc). Dans un second temps, il faut dire les choses telles qu’elles sont: le choix du véganisme comportant à la fois une dimension éthique (celle de cesser toute participation à l’exploitation animale par les humains) et une dimension politique (le projet de faire cesser toute exploitation animale par les humains), il serait absurde que les véganes ne défendent pas leur choix par des arguments, et qu’ils ne tentent pas d’établir la preuve de la validité de ces arguments face aux arguments qui leur sont habituellement opposés (12). Car le conflit, la discussion contradictoire, l’échange d’arguments qui s’opposent et s’imposent les uns aux autres, est l’une des modalités du débat politique, si ce n’est pas sa modalité propre. C’est bien de lui que sont symptomatiques le fait d’argumenter, de dénoncer les sophismes et les tromperies rhétoriques, de mettre au jour les idéologies tapies derrière les discours, de tenter de faire admettre à l’adversaire la fausseté de son raisonnement ou l’incohérence de son propos. C’est donc bien parce que le véganisme est un choix politique qu’il peut et doit être défendu de la sorte, et non parce que ses partisans sont prosélytes ou zélés. Il ne s’agit pas de l’imposer mais de le défendre, pas de vaincre mais de convaincre. Et c’est ce que tentent de faire les véganes chaque fois qu’ils sont sommés par les carnistes de s’expliquer sur leur choix, et chaque fois qu’ils font l’objet par ces derniers de tentatives de délégitimation, comme par exemple avec le fameux et fumeux « argument » dit du cri de la carotte (13).

Au vu de ces éléments, la stratégie de la négation de la dimension politique du choix ou de l’action a cet intérêt qu’elle réduit le choix a une affaire de goût, rendant du même coup illégitime le recours a une argumentation rationnelle pour le défendre (« Chacun ses goûts, après tout! »). Or, ce n’est ici nullement une affaire de régime alimentaire mais de régime politique d’une part, et ce sont d’autre part bien les dominants qui somment les dominés de s’expliquer au sujet de leur(s) conduite(s) déviante(s). Ainsi, l’ordre dominant réussit ce tour de force consistant à contraindre les dominés à s’expliquer, à argumenter leurs choix, tout en rendant de fait illégitime toute forme d’explication argumentée que ces derniers pourraient en donner, et en dénonçant par voie de conséquence leur conduite comme intolérante et prosélyte.

  1. Le pouvoir de nommer (14)

Nous en venons donc au troisième moment de l’analyse de la riposte de l’ordre dominant (ici carniste) face à l’insoumission des dominés (ici véganes).

Le dernier avantage, et pas des moindres, dont disposent les carnistes tient dans la relative invisibilité de leurs propres conduites ainsi que de l’idéologie qui les motive. En effet, parce qu’ils sont à la fois dominants et majoritaires, ils sont la norme. Qu’ils sont la norme veut en réalité dire plusieurs choses. D’abord, leurs conduites (ici, le fait d’inclure dans son alimentation des produits issus de l’exploitation animale; dans d’autres cas, ce sera le fait d’être hétérosexuel-le, sexiste, etc) sont naturalisées (elles sont perçues comme étant naturelles et non culturelles) et apparaissent ainsi comme normales, indépendamment du contexte politique et socio-culturel dans lequel elles s’imposent. Ensuite, parce qu’elles sont perçues comme normales, ces conduites deviennent du même coup les marqueurs de la normalité, c’est-à-dire qu’elles permettent de désigner par contraste les conduites extra-normales, et donc les individus -puisqu’il y a toujours un individu derrière une conduite- déviants (ici, les véganes; dans d’autres cas, les homosexuel-les et transexuel-les, les antisexistes, etc). Enfin, toujours du fait qu’elles apparaissent comme naturelles, et de leur capacité à discriminer le normal de l’extra-normal, ces conduites ainsi que l’idéologie qui les sous-tend (le carnisme) bénéficient d’une relative invisibilité. Bien entendu, puisqu’elles sont majoritaires et normatives, elles sont visibles dans le sens où il est courant de les observer, mais précisément pour les mêmes raisons, elles sont invisibles dans le sens où elles ne sont presque jamais vues pour ce qu’elles sont: des constructions sociales, et non des lois naturelles. De la même façon, elles ne sont la norme que parce qu’elles sont socialement construites comme la norme par l’ordre dominant, et ce processus de normalisation, lui, nous est invisible et inaccessible.

Invisible, parce qu’il nous précède, et donc nous produit, nous construit comme dominés dans la structure sociale. Inaccessible, parce que c’est depuis cette position qui est la notre, celle de dominés, que nous l’évoquons. Or, le processus de normalisation est toujours le fait des dominants: ce sont eux qui déterminent la norme, ce sont encore eux qui tentent de produire des comportements qui s’y conforment, et ce sont toujours eux qui cherchent à l’invisibiliser en la donnant pour naturelle.

La norme n’est pas un point de vue. C’est le point de vue. Le point depuis lequel on observe, on décrit, on prescrit, on nomme, on classe, et on hiérarchise. Mais c’est aussi le point depuis lequel on échappe à l’observation, à la description, à la prescription, à la nomination, à la classification, et à la hiérarchisation. C’est le point depuis lequel on peut voir sans être vu. C’est l’angle mort dans la structure de domination. Celui depuis lequel elle s’auto-légitime, se renforce et se perpétue sans qu’on puisse la prendre sur le fait.

C’est ce pouvoir qui est à l’oeuvre dans les discours sur les véganes dont nous faisons ici état: celui de nommer (« les véganes »), de classer (conduite normale ou anormale; ici on la classera « extrême »), de décrire (« ils sont intolérants »), de prescrire (« il faut qu’ils apprennent à être tolérants »), et de hiérarchiser (le choix carniste est préférable au végétarisme, lequel est préférable au végétalisme, lequel est lui-même préférable au véganisme, etc) selon des critères tels que la normalité, la naturalité, le caractère réputé trop extrême d’une conduite, etc. De cette façon, les dominants font apparaître les dominés comme déviants, extrémistes et intolérants, et discréditent du même coup la cause qu’ils défendent.

En effet, en dépit du fait que ce sont toujours les dominants qui peuvent se permettre d’exiger des dominés qu’ils se justifient, en les sommant par exemple de s’expliquer sur l’exclusion de la viande, du poisson et des produits laitiers de leur alimentation, ce sont ces derniers qui apparaissent comme des inquisiteurs (« intolérants », « culpabilisateurs », « prosélytes ») lorsqu’ils argumentent leur choix. Pourtant, le carnisme étant la norme et le fait de la majorité, ce sont bien plus souvent les carnistes qui sont en position offensive que les véganes, et force est de constater, lorsqu’on est végane, que les assauts pleuvent: « T’es végane? Mais c’est hyper dangereux pour la santé? Et pourquoi tu manges pas de viande?! Tu vas être carencé! Et les protéines?! Et le calcium?! Et la vitamine B 12?! En plus, c’est débile: il n’y a pas de mal à manger les animaux, eux se mangent bien entre eux! C’est naturel! Et qui te dit que les plantes ne souffrent pas, non plus?! Et puis c’est un peu extrême comme choix, c’est pas très sympa pour les autres quand tu manges chez les gens ou à l’extérieur! C’est un peu anti-social, non?! Et de toutes façons, on est omnivores, donc il faut qu’on mange de tout, sinon pourquoi on a des canines?!… ». Seulement, il y a une différence: ces assauts-là, ceux que les carnistes multiplient à l’encontre des véganes ne se voient pas. Ils ne se voient pas parce qu’ils sont du côté de la norme. Ainsi l’agression, telle qu’elle est perpétrée quotidiennement par nombre de carnistes, n’est pas vécue par ces derniers comme une agression, mais comme l’expression du bon sens et de l’indignation légitimes soulevés par une conduite déviante telle que le véganisme. Par contre, aussitôt que les individus assaillis s’insurgent, et argumentent vigoureusement en faveur de leur choix, alors là les dominants crient au scandale, à l’agression violente et injustifiée dont ils font l’objet, au manque d’ouverture d’esprit, au prosélytisme, à l’intolérance, à l’extrémisme.

C’est en somme un véritable renversement qui est opéré dans l’énoncé qu’utilisent les dominants pour décrire ce rapport de forces. Les opprimés apparaissent pour les oppresseurs, les assaillants pour les victimes, les conduites normalisées pour subversives, et les dominants invoquent leur « droit à la différence » que les insurgés ne respecteraient pas. On voit ici comment l’invisibilité de la norme comme norme profite aux dominants, rendant invisibles le mouvement répressif qu’ils engagent à l’encontre des insurgés comme mouvement répressif, et l’idéologie qui lui sert de base comme idéologie. N’est en fin de compte visible pour ce qu’elle est, lorsqu’ils finissent par l’éprouver, que la colère des dominés dont l’ordre dominant fera évidemment mine de ne pas comprendre l’origine, comme lors des révoltes des banlieues de novembre 2005. Le dramaturge Bertolt Brecht notait ainsi: « On dit d’un fleuve emportant tout sur son passage qu’il est violent, mais on ne dit jamais rien de la violence des rives qui l’enserrent. »

Conclusion: le choix des armes

Ainsi, bien avant de recourir à la violence physique inouïe dont il sait parfois faire preuve, c’est sur le terrain des mots et des représentations que l’ordre social dominant livre bataille. Il s’agit pour lui tant d’acquérir une légitimité que de délégitimer ceux qu’il s’apprête à frapper, tant de rendre visible la violence avec laquelle les dominés s’insurgent que d’invisibiliser la violence, symbolique comme physique, déployée à leur encontre.

Il m’a semblé opportun d’en dévoiler quelques techniques et enjeux dans le cadre de la campagne de délégitimation menée par les carnistes à l’encontre des véganes. Plutôt que de répondre au discours dominant par un discours inverse, plutôt que de répondre à ces accusations par la simple négation ou par une accusation contraire, il m’a paru plus approprié de tenter d’en dévoiler les enjeux stratégiques. En effet, démentir point par point les accusations anti-véganes reviendrait à jouer le jeu des carnistes, celui de la justification. Or, perdre la bataille du choix des armes pourrait s’avérer désastreux dans le contexte qui est le nôtre, celui d’une écrasante domination carniste, à la propagande redoutablement efficace, qui forme les représentations avec lesquelles les individus pensent. Si c’est la parole des dominés contre celle des dominants, c’est perdu d’avance, cette dernière ayant à la fois l’avantage de l’exposition dans l’espace public par un accès privilégié aux médias lui garantissant une publicité immédiate (15), et celui du long processus de conformation aux normes sociales que l’environnement socio-culturel dans lequel nous avons grandi a opéré sur chacun d’entre nous (16). Autrement dit, nous sommes prédisposés à croire ce qui ira dans le sens de la norme plutôt que ce qui la remettra en cause. C’est pourquoi il m’a paru judicieux, plutôt que d’affirmer que les véganes ne sont pas ce qu’on les accuse d’être, d’analyser le discours qui les vise afin d’en révéler les techniques et enjeux: ce que les dominants ont à gagner dans le fait qu’on croit que les véganes sont ce qu’ils disent qu’ils sont, et comment ils s’y prennent pour nous en convaincre.

Notes:

1) Quelques statistiques sur l’évolution du véganisme aux Etats-Unis ici: http://www.huffingtonpost.com/2014/04/01/vegan-woman-lifestyle_n_5063565.html

2) « carnisme: système de croyance, ou idéologie, selon laquelle il est considéré comme éthique de consommer certains animaux. Le carnisme s’oppose essentiellement au végétarisme ou au véganisme. Le terme carnisme a été défini en 2001 par la psychologue sociale Melanie Joy. Selon Dr Joy, c’est parce que le carnisme est une idéologie violente et dominante qu’il est resté anonyme et invisible, et de ce fait, manger de la viande est considéré comme une évidence plutôt que comme un choix. Or lorsque manger de la viande n’est pas une nécessité pour sa propre survie, cela devient un choix, et les choix proviennent toujours de convictions.« 
Telle est la définition que donnait auparavant du carnisme l’encyclopédie en ligne Wikipédia.Il n’y a plus à ce jour de définition de « carnisme » dans aucun des dictionnaires et encyclopédies en ligne. On pourrait dans un premier temps s’en étonner lorsqu’on sait que le terme, inventé en 2001 par la professeure de psychologie sociale à l’université du Massachusetts Mélanie Joy, est aujourd’hui vieux de 15 ans, et qu’il a été repris par nombre d’auteurs. Mais ce serait là ne pas voir que l’idéologie qu’il décrit est toujours très largement dominante, et qu’il est contraire a son intérêt que ce mot se répande. Nous pouvons ainsi nous interroger sur les raisons réelles qui ont motivé la suppression par Wikipédia de l’article qui en donnait la définition il y a de cela encore quelques mois, définition pourtant sérieuse et précise, reprise des travaux de Mélanie Joy. Or, nous pouvons remarquer sur la page suivante que malgré la demande, motivée par des arguments solides, faite par un(e) internaute de maintenir l’article, celui-ci n’a pas été restauré: http://fr.wikipedia.org/wiki/Discussion:Carnisme/Suppression
Il est intéressant d’observer que la bataille se livre aussi -comme tente de le montrer le présent article- sur le terrain sémantique, et de comprendre les enjeux stratégiques d’une telle bataille, pour l’idéologie dominante comme pour celles et ceux qui tentent de la combattre.
Une définition quelque peu différente en est donnée ici: http://www.carnism.org/

3) « Les carnistes ne sont pas simplement des carnivores ou des omnivores : ces deux derniers termes ne renvoient qu’à l’aptitude physiologique à se nourrir de certains types d’aliments. Les carnistes mangent de la viande par choix, et les choix reposent sur des croyances. Cependant, l’invisibilité du carnisme fait que ces choix ne semblent pas en être. »
Lire à ce sujet l’article suivant, dont la citation ci-dessus est tirée: http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article400

4) Pour plus de données numériques sur les effets de la consommation de viande: http://www.planetoscope.com/elevage-viande/1172-nombre-d-animaux-tues-pour-fournir-de-la-viande-dans-le-monde.html

5) Article Race, caste, et genre en France de Christine Delphy, dans Classer, dominer: qui sont les autres?, La Fabrique, 2014.

6) Lire à ce sujet: http://www.huffingtonpost.fr/kevin-barralon/les-vegans-sontils-des-extremistes_b_4834635.html

7) Surgissaient, car jusqu’ici on ne les voyait pas, ou faisait mine de ne pas les voir, ce qui est toujours fort commode pour les dominants.

8) Lire à ce sujet: http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20051116.OBS5310/la-polygamie-cause-des-emeutes.html

9) Lire à ce sujet: http://www.acrimed.org/article2202.html

10) Le mot choix est ici entendu au sens suivant: « action de choisir quelque chose, quelqu’un, de le prendre de préférence aux autres ; résultat de cette action. » (source: dictionnaire Larousse en ligne) Il sert à décrire l’action de sélection d’une option, le fait de la préférer à une autre, et en aucun cas à supposer le sujet qui choisit comme libre de son choix.

11) « Les animaux ont-ils des droits ? Avons-nous des devoirs envers eux ? Si oui, lesquels ? Si non, pourquoi ? Et quelles en sont les conséquences pratiques ? L’exploitation des animaux pour produire de la nourriture et des vêtements, contribuer à la recherche scientifique, nous divertir et nous tenir compagnie est-elle justifiée ?
L’éthique animale est le domaine de recherches dans lequel se posent ces questions. Elle n’est pas, contrairement à un préjugé répandu, un ensemble de réponses univoques, une charte consensuelle, une compilation de règles idéales sur ce qu’il est « moral » de faire aux animaux. De ce point de vue, demander si telle ou telle pratique est « conforme à l’éthique animale » n’a aucun sens. Elle est le lieu d’un débat, souvent extrêmement polémique, dans lequel s’affrontent des positions nombreuses et contradictoires. » Jean-Baptiste Jeangène Vilmer, L’Ethique Animale, Que-sais-je, PUF, 2011.

12) Sur cette page, sont listés puis réfutés la majorité de ces arguments: http://vegfaq.org/
Et pour les anglophones, quelques compléments sont disponibles ici: https://www.facebook.com/notes/michael-vegananarchist-ahimsa/common-anti-vegan-arguments-how-to-quickly-refute-the-same-lame-excuses-that-are/120926087965760?ref=nf

13) A ce sujet, lire cet article d’Yves Bonnardel: http://www.cahiers-antispecistes.org/spip.php?article40
Voir aussi: Peter Singer, La libération animale, Petite Bibliothèque Payot, 2012, p.409.

14) Lire, à ce sujet, l’article Les Uns derrière les autres de Christine Delphy, dans Classer, dominer: qui sont les autres?, La Fabrique, 2014.

15) Carte du PPA (Parti de la Presse et de l’Argent) disponible ici: http://lesmoutonsenrages.fr/2013/12/16/la-presse-francaise-touche-beaucoup-dargent-les-francais-que-dalle/
Voir aussi le film Les Nouveaux Chiens de Garde, téléchargeable ici: http://www.zone-telechargement.com/31434-31434-les-nouveaux-chiens-de-garde-dvdrip.html

16) Lire à ce sujet l’article Le lavage de cerveaux en liberté de Noam Chomsky, disponible en ligne ici: http://www.monde-diplomatique.fr/2007/08/CHOMSKY/14992
Lire également La fabrique du consentement: de la propagande médiatique en démocratie de Noam Chomsky et Edward Herman, éditions Agone, 2008.

Les biffins, acteurs du réemploi

19 Mai 2016 – 17H30 à 19H

Pavillon Circulaire – Place de l’Hôtel de Ville – Paris

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L’association AMELIOR (Association des Marchés Économiques Locaux Individuels et Organisés de la Récupération), en partenariat avec le collectif Rues Marchandes et le REFER (Réseau Francilien des Acteurs du Réemploi) vous invitent à un débat sur l’activité des biffins et leur impact écologique.

Programme:

  • Projection du film : « Raconte-moi Ta Rue Marchande», WOS/agence des Hypothèses/Claire Dehove et Julie Baillot-Savarin.
  • Approche sociologique de la biffe : Hugues Bazin, sociologue, chercheur au LISRA, cofondateur de Rues Marchandes.
  • Présentation de l’association AMELIOR : Samuel Lecoeur, Président co-fondateur de l’association AMELIOR
  • La biffe un revenu nécessaire : Samira Samiha, administratrice de l’association AMELIOR
  • Les manières et lieux de vente : Chantale May, administratrice de l’association AMELIOR
  • Impact écologique de la biffe : Roger Beaufort, administrateur de l’association AMELIOR, expert prévention et gestion des déchets.

 

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Mon ombre tzigane

Rien n’est plus mystérieux, plus difficile à comprendre que l’antitiziganisme. Voilà un racisme qui ne se base sur aucune croyance, aucune religion. Voilà une haine qui ne repose sur aucun désir de revanche, aucune humiliation subie, aucun reste de défaite cuisante.

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Il s’agit d’un peuple qui n’a même jamais fait la guerre.

Et pour irrationnelle qu’elle soit, quelle haine tenace , quel désir de destruction , quelle détestation aussi spontanée que répandue ne croise – t on pas constamment?

Voici que sans crier gare vous entendez dans la bouche de votre voisine des propos venimeux. Telle personne au sourire angélique et au caractère doux se met à prononcer des paroles assassines. C’est qu’on se lâche, c’est qu’on se perd, quand il s’agit des Rroms , des tziganes, des gypsies…

Comment comprendre une telle fixation irraisonnée, si on n’admet pas ceci: le tzigane n’est pas détesté pour ce qu’il est, mais pour ce qu’il révèle de nous; il n’est pas haï par ce qu’il nous montre, mais par ce qu’on ne veut pas voir à travers lui.

Le tzigane nous apprend aujourd’hui des vérités insoutenables non pas sur lui même ou sa propre histoire , mais sur la nôtre.

Et cette vérité est celle ci:

« Nous n’avons rien construit ».

A travers son expérience, nous expérimentons l’illusion de nos institutions fières et dominantes.

Qu’est ce que cette belle école qui se pare de tant d’affirmations? : républicaine, laïque, différenciées et même de … la réussite? Alors que nous voyons à travers l’expérience de l’enfant tzigane que c’est en fait une école del l’exclusion, de la sélection et de l’indifférence.

Qu’est ce que ce beau système de protection de l’enfance , de préoccupation pour son bien être de l’affirmation perpétuelle et en tout lieu de la supériorité de son intérêt?

On entend tant de choses; l’enfant au centre du système, l’enfant protégé de tout, l’enfant idéalisé et chéri des passions publiques et institutionnelles !

Pendant ce temps, l’enfant tzigane, lui nous montre une toute autre réalité. la cécité de nos services, l’incohérence de nos suivis , l’impuissance de nos moyens et de nos méthodes. Le désintérêt au fond et le découragement qui progresse chez les acteurs eux mêmes d’un système auquel ils ne croient plus.

Non nous n’avons rien bâti: ni des hôpitaux accueillants qui laissent dépérir et sans soin l’étranger malade, ni des écoles imposantes  que les enfants fuient et qui les rejettent.

Que dire aussi de notre démocratie qui s’accommode si bien du silence imposé à des millions de personnes, du déni politique de fractions de plus en plus grande de la population. Que dire d’une démocratie qui sait déjà où elle va, et qui décide qu’elle n’en a cure de ce que pensent font et vivent les gens?

Que dire d’une démocratie qui se passe du peuple?

Et grâce au peuple tzigane, le plus populaire de tous les peuple, avec effroi ou étonnement, nous voyons ainsi l’ombre de notre société, l’ombre de notre système.

Et d’un coup, la Ville devient ruine et les institutions deviennent déserts.

Tzigane, mon frère, on comprend que tu sois tant haï  Tu ne nous dis rien de toi, tu nous dis trop de nous mêmes.

Tziganes , nous vous aimons cependant , car sur les ruines vous dansez . Par vous viendra peut être l’énergie de reconstruire un jour. Par vous reviendra peut être le désir d’être et de vivre ensemble , à nouveau.

Lundi: démolition men

Il fallait le faire, alors nous sommes lancés. Et voici la cloison qui séparait deux petites salles de notre local qui a été abattue dans la joie.

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l’idée: réaliser une grande salle pour des soirées à ambiance « cabaret ».

Dimanche 15 mai 2016: Jardin

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RDV Dia à 10h45 pour faire les courses tous ensemble, nous nous sommes ensuite dirigé vers le jardin où nous avons retrouvé une famille. Iasmina chef du barbecue, nous a fait un super feu pendant que nous avons préparé le poulet et une bonne salade composé.

 

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Nous avons super bien mangé nous avons de la chance il fait super bon et une bonne ambiance est présente . Maintenant l’heure de se mettre à travailler en musique, désherbage, rangement et Timothée pour la première fois a utilisé la débroussailleuse, il c’est débrouillé comme un chef et nous a bien aidé c’était super. Les filles Najami et Héloïse ont planté les patates. En cours d’après-midi Laurent et sa famille nous on rejoint ainsi que Sophie. Après ce dur  après-midi  nous avons eu de bonnes crêpes faites par Carolina et Sarah-Loup trooop bonnnes. La fin de journée s’achève tout le monde rentre petit à petit.

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Samedi 14 mai 2016: Ballainvilliers

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Avec Laura, Dusko, Dominik, Pricilla, Mariam, Marie, Isabella, Maria et Isaline.

Arrivés sur les coups de 14h30, nous avons déchargé le matériel de musique.

Pour commencer, un petit jeu collectif : un cache-cache géant avant de débuter la répétition du spectacle « Aven Savore ». Il y avait environ une vingtaine d’enfants tous motivés. Nous avons distribué aux filles des foulards orientaux afin de faire plus de bruit. La répétition s’est très bien déroulée.

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Pour s’amuser tous ensemble, nous avons former un cercle afin qu’une fille et un garçon forment un couple pour danser au milieu du cercle, tour à tour. Il y avait une très bonne ambiance et même quelques adultes nous ont rejoint.

Toujours sur le thème de la musique, les enfants ont joué à la statue musicale, le but étant de ne plus bouger lorsque la musique s’arrête, toujours accompagnés par les adultes.

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Après tous ces efforts, c’est l’heure du goûter. Au menu, tartine de confiture à la fraise, chocolat chaud et sirop. Il est 16h30, c’est dejà l’heure de partir.

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A bientôt.

Samedi 14 mai 2016: Villa Saint Martin

 

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Les personnes présentes étaient Héloïse, Iasmina, Floriane, Marina, Lorelei, Jenica et Alison.

Une fois arrivé à la VSM, nous avons installé le coin petite enfance, les livres, les jeux de société et un coin couture. Nous avons également proposé des jeux collectifs.

Malgré le peu d’enfants présents nous avons pu partager des moments de jeux et avons pu mettre en place une partie de foot, à la demande des enfants.

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De plus, une petite fille a participé avec Lorelei, Héloïse et Floriane à l’atelier couture et elle semblait apprécier la création de pompons en laine.

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Le soleil n’était pas au rendez-vous mais nous avons fini par un conseil de quartier, où chaque enfants a pris la parole et un goûter, dans la joie et la bonne humeur.

Vendredi 13 mai 2016: Bondoufle

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Laura, Héloïse, Sana, Duchko, Zoé et Marina sommes arrivés avec le soleil !

Les enfants nous ont accueilli avec entrain comme toujours ! Le beau temps de départ  nous a permis de rester  au grand air durant les jeux et ateliers !

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Afin de tous nous réunir, nous avons débuté par un jeu où chacun a pu dire son prénom, puis Jacques-à-dit, Tomate-ketchup, et enfin le facteur.

Nous avons ensuite installé le coin petit enfance avec la dinette et les jeux d’empilement qui ont plu aux plus petits, et les kapla qui ont séduit les plus grands.

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Non loin de là, des mamans nous ont chaleureusement prêté 4 tables afin que les enfants puissent compléter leurs propres cahiers avec leurs exercices de mathématiques, d’écritures  et leurs coloriages, et en faire de nouveaux ce jour-ci.

La pluie se joignant à nous, nous sommes rentrés sous le hangar. Nous avons continué par un petit jeu « linguistique », où il fallait nommer des parties du corps en 3 langues (Français-Romani-Roumain), cela a fait rire les enfants ! Puis, nous avons chanté en cœur « mamonadara » !

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Enfin, nous avons pris le goûter tous ensemble autour de chocolat chaud et de pain avec de la confiture, quel délice !

A mercredi prochain !

Vendredi 13 mai 2016: Jardin

Un bel après-midi passé en compagnie des enfants du camp de Balainvilliers qui ont pu profiter d’une semaine de jardinage et des plantations au potager des Robinson. Avec plein d’énergies et d’envies on part au jardin pour deux heures de plantations de pommes de terre.

Dès lors les enfants savent ce qu’on a  faire car l’habitude des plantations ne leur manque pas et avec des soudeurs les ranges sont fait presque droit  par les enfants, finalement nous n’avons plus à arroser car les enfants l’ont fait.

Je remarque de nouveau l’envie et l’intérêt des enfants pour le jardin et pour un travail bien fait. On a pu planter 240 pieds de pommes de terre et les enfants ne sentaient plus de fatigue, ils avaient même envie de continuer.

Finalement nous arrivons au bout de nos forces et des plantations et nous allons maintenant se recharger les batteries avec du  frais sirop de fraise  et une tartine avec des abricots.

Ciaw !

Vendredi 13 mai 2016: La Rocade

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Avec Genika, Pricilla, Floriane, Hélène, Iasmina, Pierre et Isaline.

Nous sommes arrivés sur les coups de 14h30 et nous avons commencé par installer l’atelier cuisine. Au programme divers ateliers pour les enfants : dinette, création du journal intermèdes, atelier cuisine et jeux de société et pour finir jeux collectifs (jeux de raquette).

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Il y avait beaucoup d’enfants à la dinette avec Floriane, les enfants se sont véritablement organisé une petite société et tout le monde participaient. Pricilla et Isaline étaient chargées des crêpes, et certains habitants de la Rocade nous ont accompagné dans cet atelier et nous avons passé un bon moment autour d’un petit thé.

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Iasmina s’occupait du journal d’Intermèdes Robinson, le but étant de faire dessiner les enfants. Les enfants avaient aussi la possibilité de faire des jeux de raquette avec Genika.

Avant le goûter, nous organisons le fameux conseil de quartier où chaque enfant exprime ce qu’il a aimé ou non et ce qu’il veut faire la semaine prochaine.

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C’est parti pour la dégustation des crêpes/ confiture avec un verre de sirop. Hélas le temps ne nous a pas gâté et nous avons du ranger tout le matériel.

Jeudi 12 mai 2016: Skate Park

Participants : Abdel, Isaline, Alison, Héloïse, Dominik, Audrey

Aujourd’hui, lorsque nous sommes arrivés peu d’enfants étaient présents sous ce ciel gris mais très vite les activités proposées ont attiré les enfants.

Ils ont inventé des histoires en jouant avec les LEGO.

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Certains sont allés faire un foot et pendant ce temps d’autres ont préféré jouer avec la dinette.

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Une tour de Kapla a également été faite.

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Beaucoup de succès pour le puissance 4 et les cordes à sauter !

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La fin de l’atelier est déjà arrivée et malgré la pluie nous avons tout de même prit un bon goûter, pain avec du chocolat accompagné pour boisson de sirops.

A bientôt

Jeudi 12 mai 2016: Jardin

Participants : Claire, Nicolae, Dusko, Lorelei.

Nous sommes partis chercher les enfants de Balainvilliers avec le Daev.

Nous avons eu 5 enfants avec nous, et quand nous sommes arrivés au jardin, Eddy nous a rejoint.

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Eddy a pris plaisir à prendre des photos, et à nous filmer.

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Nicolae a expliqué aux enfants avec l’aide de Dusko comment planter des pommes de terre.

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Nous avons désherbé le terrain avec les enfants qui se sont bien investis.

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On a pris le goûter tous ensembles, il y avait  du chocolat chaud, et des gaufrettes choco noisettes.

Nous avons rangé le matériel avec les enfants, et on les a ramené à Balainvilliers. Les enfants paraissaient heureux de leur journée passée au jardin.

Jeudi 12 mai 2016: Massy

Les personnes présentes: Iasmina, Floriane, Precilia, Zoé, Sana et Marina. Aujourd’hui on n’est prêt pour aller avec un grand sourire à Massy.

Une fois arrivés on n’a installé les ateliers, surprise les enfants sont tous présents. Les enfants attendent les équipes des Robinson. On n’a fini d’ installé, il y avait petite enfance, jeux collectifs, le journal des Robinson et jeux de cartes.

Pour le journal Iasmina et Marina elles ont commencé avec une question très simple ( qu’est-ce que l’ on peu mettre dans le journal pour qui pourrait vous intéresser vous et les personnes qui liront journal).

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Chaque enfants a eu des idées très intéressantes, nous on n’étaient très fières des enfants. Bon le temps passe très vite donc on passent au conseil de quartier, les propositions des enfants: tennis, rubis, peinture et jeux collectifs.

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Pour le bon goûter on n’a du pain avec du chocolat si non confiture voilà pour aujourd’hui c’est pas mal.
A très vite. :):):):)

Mercredi 11 mai 2016: Jardin

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Brrr…..ouf… il pleut, il fait froid !

Mais tant pis, nous allons quand même au jardin mais tout d’abord on va passer voir qui comme enfants souhaiterait aller avec nous au jardin.

Avec l’espoir que la pluie va s’arrêtée, nous restons sous la serre avec les enfants, Sebi, Alex, Andrei et Gratiela qui ont très envie de faire les plantations avec nous mais aussi de retourner un peu la terre avant de le faire.

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Cette après-midi les enfants vont planté des Piments de Cayenne et des Poivrons, puis ramassé les radis qui restent encore sous la serre.

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Tout ça étant fait, nous allons maintenant prendre un bon verre de chocolat chaud avant de rentrée.

Ciaw !

Mercredi 11 mai 2016: Bondoufle

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Aujourd’hui nous avons été à Bondoufle, dans le groupe il y avait Laura, Sandra, Iasmina, Alison, Floriane et Précilia.

Malgré un temps pluvieux et un sol glissant nous avons effectué plusieurs activités.

On a commencé par des jeux collectifs (lucky luke, jacques à dit, chef d’orchestre) pour rassembler les enfants, puis on a divisé le groupe en deux: un atelier écriture et mathématiques et un atelier de petite enfance ( apprentissage des fruits et légumes, des chiffres jusqu’à 10).

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On a passé un agréable moment sans conflit, ce qui a permit une bonne participation de la part des nombreux enfants présents.

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Pour conclure, le goûter s’est très bien passé et nous avons permit aux enfants d’apprendre en un après-midi.

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Fin de programme

Le mouvement contre la loi travail a débordé sur les places, on a passé des « nuits debout », de toutes sortes de manières les places débordent sur la rue, et vice-versa. Par tous les moyens, on tente de sortir du programme, non sans peine.

Éternel mais dispensable retour des programmes

C’est dur de parler, de penser, a fortiori ensemble, quand ça fait si longtemps qu’on ne l’a plus fait. On hésite d’abord, puis on y va, on se lâche, puis on se contrôle, on nous contrôle, ça ne peut pas durer éternellement…

Ce drôle de mouvement nous a extrait de nos bulles quotidiennes (aussi « alternatives » soit-elles), et il nous gifle rudement en nous révélant l’ampleur sous-estimée du programme qui s’était installé en nous. L’air de rien, sous la couche superficielle des croyances révolutionnaires, nous avons laissé des formes pourtant classiques de pouvoir nous animer, en se convainquant du progrès -tout relatif- qu’elles apportaient. L’ « État-social » fait partie de ces oxymores qui nous aident à composer avec une réalité pourtant abjecte.

Et quand nous nous entendons parler ce langage magique, nous mesurons amèrement l’écart abyssal entre les mots que nous échappons au micro et la sensation d’écœurement qui nous a fait sortir dans la rue en premier lieu.

Faute de pouvoir décrire pleinement ce qui se passe ces jours-ci, on reproduit ce que l’on peut, on prend comme un sésame quelques solutions toute faites portées à notre connaissance par des mouvements récents… Puis il ne manque jamais d’animateurs « bien intentionnés », pour nous souffler la suite, quand les mots ou les formes nous manquent. C’est ainsi que l’on voit ressurgir, comme sous l’effet de la « spontanéité » des agrégations nocturnes, des notions qui ont la peau dure et qui n’ont que l’air de la nouveauté.

Nous voilà à peine rassemblés à quelques-uns au beau milieu d’une place que certains se piquent, avant toute autre chose, de « ré-écrire la constitution ». Dix, vingt, mille, deux-mille, dix mille personnes, un peu partout, retrouvent tout juste le chemin de la parole publique, et voilà qu’il faudrait qu’elles s’asseyent déjà pour ré-écrire la constitution, revendiquer un revenu garanti pour tous, fonder un nouveau parti, reconstruire la gauche…

Au fil des dernières années, certains d’entre nous se sont égayés dans divers maquis à bricoler dans leur coin des manières de s’en sortir à quelques-uns, de s’extirper de l’économie, de l’emploi, de la course à la reconnaissance. Et ces histoires de « Constitution » là, ça nous coupe un peu la chique. On goûte à peine à la joie de reprendre la rue, de parler aux inconnus, de festoyer au milieu des places, de rendre les coups, d’interrompre le programme, qu’une force obscure nous en prépare déjà un autre, de programme.

L’histoire récente est pourtant jonchée de cadavres constitutionnels, partisans et programmatiques. Il n’a pas fallu deux ans à Podemos pour avoir raison de la vitalité du mouvement des places en Espagne en se posant, avec force communication, comme son débouché politique naturel. Il en avait fallu un peu plus à Syriza pour capter l’essentiel de l’énergie du mouvement révolutionnaire grec et la diriger vers une nouvelle déception électorale. Combien de semaines d’autres apprentis bureaucrates mettront-ils, ici, pour serrer le collet à la vitalité en marche ? Combien de temps sommes-nous capables de résister à cette volonté enracinée dans nos imaginaires de tout programmer ?

Partout, sous des gestes parfois semblables, la manifestation, l’occupation de place, l’occupation de lieux administratifs, il y a des idées du bonheur aux antipodes les unes des autres qui cherchent leur chemin. Nous nous attachons à la vitalité propre des places, à leur brouhaha, à l’énergie nouvelle des manifestations qui sortent partout du cadre admis, qui se trouvent de nouvelles cibles. Nous ne cherchons donc pas à marquer les désaccords, juste à ce qu’ils trouvent le moyen de s’éclairer mutuellement, de se penser.

Sur les places, la plus grande part de la joie palpable, vient d’une capacité soudaine à s’organiser, à reprendre un espace public vidé de toute vie, à répondre à nos besoins propres (se retrouver, se nourrir, se parler, jouer…) avec nos propres moyens, sans, pour une fois, rien demander à personne. Beaucoup se précipitent pourtant pour traduire tout cela en « revendications », en « Constitution », en « projet de société », autant de choses qui nous éloignent de notre force présente, immédiate, prometteuse. Ces mauvais réflexes, impliquent toujours un interlocuteur plus grand que nous, un grand ensemble « social » dont nous ne serions que le petit rouage interchangeable. Et pour être interchangeables, compatibles, transparents (j’affiche mes émotions, mes accords et mes désaccords sur « mon mur » ou sur ma face, les mains en l’air ou les bras en croix), il faut bien des formes reproductibles partout, identiquement : la gestuelle altermondialiste, des slogans suffisamment vides pour être rassembleurs, un wiki coopératif constituant, des adresses IP bien identifiables, bref, des formes, des dispositifs en lieu et place de sens. Des systèmes et des économies à la place de la vie.

On nous a voulus individus jusqu’au bout des ongles, et c’est en tant que tels que nous nous retrouvons sur ces places. Notre vision d’un progrès radical se borne à demander une amélioration de notre condition d’individus isolés : un « revenu garanti » pour tous ou plutôt pour chacun. Résultat, nous passons sans détour de l’autonomie comme puissance d’agir (qui frémit sur les places), à l’autonomie réduite à un « pouvoir d’achat » garanti à chacun, octroyé par on ne sait quelle forme de grand ensemble englobant, neutre, désintéressé, automatique. Le même grand système surplombant, qui devrait garantir, mesurer et comptabiliser l’égalité parfaite de la contribution des uns et des autres à l’effort pacifié, de rédaction d’une « nouvelle Constitution ». Cette propension maladive à apaiser tous les rapports sociaux a pourtant quelque chose de profondément pourri et désarmant.Tout juste après avoir pris des bombes législatives sur la gueule de la part des dirigeants (Loi Travail, Etat d’Urgence, Loi sur le renseignement…), après s’être faits désarticuler les bras et crever les yeux par leurs CRS, après s’être épuisés dans des jobs absurdes et des usines esclavagistes, après s’être couchés sous la morale de la CAF et de Pole Emploi, comment pouvons-nous souhaiter avec autant de précipitation, ré-échafauder de semblables institutions?

Occuper les déserts

De lutte, de combat, et de communauté, il semble à l’inverse difficile de parler sur certaines places (alors même que c’est visiblement cela qui sourd dans tus les coins, en dessous des discours). L’air du temps est au réseau, à la production « collaborative » douce, à la Scop sexy et aux coopératives d’auto-entrepreneur 2.0. Autant de phantasmes technologiques qui derrière leur façade collective masquent une réalité atomisée, où chacun est tenu pour responsable de sa propre misère, de ses propres échecs. Il y a peu de chance que le revenu de base réduise cette division sociale là, puisqu’il n’abolit pas l’obligation plus ou moins implicite de « s’efforcer à réussir », seul de préférence. D’autant plus que notre époque nous a contraints à la débrouille ; version euphémisée de « marche-ou-crève ». Nous sommes acculés. Et le comble de notre aliénation est de ne plus parvenir à nous ériger en « communauté de débrouillards » ou en « communards de la débrouille », autrement dit, en classe sociale. Pourtant, notre tâche est bien là, faire en sorte que nos séparations groupusculaires ne soient plus uniquement une réaction de replis face à la violence du monde, mais une force qui fasse sens collectivement, et qui produise tout ce qu’il faut pour la vie de ceux qui brûlent de faire sécession. Faire « service public » là où l’actuel est en pleine déliquescence. Là-même où il a largué la réponse aux besoins de tous pour l’obsession du contrôle de chacun. Voilà tout l’enjeu du mouvement en cours. Si nous ne franchissons pas ce cap, nous serons dilués dans un futur Podemos, franchouillard qui plus est.

Pris dans nos boulots toujours plus insatisfaisants, au mieux, nous bredouillons quelques vieux tics de langage pour décrire la source de notre malheur (« c’est la faute du capitalisme, de la finance »), comme pour se figurer une nouvelle fois un ennemi abstrait dont nous ne reconnaissions plus le visage. Bien sûr, le capitalisme et la finance nous ont dévastés. Ces structures qui nous plient sont effectivement incarnées par des formes et des représentants identifiables ; banques, assurances, holdings, médias, actionnaires, et leurs collègues de classe (sociale et scolaire), qui assurent leur santé en « occupant les places » dans les gouvernements. Mais ils semblent tellement à l’abri derrière leur plafond de verre qu’on se demande bien comment entrer en conflit direct avec eux. Nous n’avons le plus souvent à faire qu’à leurs flics et leur mobilier urbain. A défaut, nous nous tournons vers nos chefferies locales, nos banques de village et nos élus de quartier sans pouvoir. Dans leurs lieux, nous ne rencontrons que du petit personnel politique affairé sur des questions subsidiaires, des voisins de pallier employés là, les pères et mères de nos amis d’enfance dans leurs bureaux, et il arrive que nos amis eux-mêmes tiennent le guichet. En somme, des gens qui ont plus ou moins l’air aussi démunis que nous. A l’usine, dans les bureaux, nos cadres et nos contremaîtres, ressemblent presque autant que nous à des pantins. Ce qui par ailleurs aurait dû les vacciner définitivement contre les coups de cravache qu’ils continuent de nous infliger. Il y a comme un grand brassage des rôles, un brouillage des lignes, qui bien loin de supprimer les violences de classe, les a rendus innommables. A l’évidence, ces collusions sensibles et humaines ne sont qu’un leurre, mais en avoir conscience n’empêche pas cet « à quoi bon ? » qui nous habite toujours un peu plus. Le capitalisme et ses structures sociales, la finance et ses actionnaires, sont certainement pour partie responsables de nos plaies béantes, mais leur déclinaisons dans le quotidien ont été rendue si peu tangibles, si brouillées, que nous en avons perdu nos cibles et nous nous rongeons nous-mêmes. Nos localités sont désormais faites de ce vide que les super-structures ont laissé derrière elles. Alors occupons d’abord ce désert qui nous est donné là. Jouissons de la liberté offerte par cet espace public abandonné. Et si le croquemitaine se dévoile, se rue sur nous, il aura enfin un visage.

Du haut de nos croyances au caractère exceptionnel de nos individualités, nous refusons de nous envisager comme les produits tous frais de ce monde, ses jouets et ses variables d’ajustement. Cette illusion de libre-arbitre nous limite dans notre capacité à nous arracher hors des programmes et risque bien ne nous faire éternellement réinventer l’eau chaude. C’est là toute la force de ce régime aux apparences libérales, qui nous a dépossédés des moyens de débusquer et de perturber les phénomènes de reproduction. Tout nous paraît moderne et providentiel. A tel point que nous ne voyons même plus comment la République ou la Constitution nous ont si parfaitement domestiqués pendant tant d’années. Si nous sommes incapables de comprendre en quoi les structures actuelles nous enfantent, il est logique que nous nous précipitions à en fabriquer de semblables plutôt que de nous rendre imprévisibles, incontrôlables. Si toute notre action perturbatrice doit se conclure par une assemblée constituante, une République sociale et un revenu garanti, c’est que l’on nous aura définitivement enlevé le sens du rêve.

Comme une vie

La question de la souveraineté du peuple ne cesse de monopoliser les assemblées spontanées. Sa redondance n’est que le signe d’une dépossession extrême du pouvoir d’organiser nos vies. Car en réalité, sa question est bien mal posée. Nous avons une fâcheuse tendance à rechercher prématurément les bonnes modalités d’organisation de la souveraineté politique des individus, comme si nos conditions de vie exécrables nous permettaient d’attendre. Preuve en est, l’inflation actuelle de propositions autour du « tirage aux sorts des représentants » ou de la « révocabilité des mandats ». Et nous laisserions, en vertu de cette logique programmatique, le soin à ces futures institutions républicaines d’organiser pour nous la satisfaction de nos besoins, aussi égalitaire qu’elle puisse être. Or ce programme là, nous courrons après depuis tant d’années et tant de régimes successifs, sans réussite. Notons d’ailleurs que les « grandes avancées sociales » du siècle dernier ont davantage été arrachées aux représentants de la République qu’elles n’en n’ont été les fruits.

Nous proposons donc d’envisager le pouvoir d’organiser nos vies comme un début inévitable. Nous sommes capables, et nous ne partons pas de zéro, d’aller vers une autonomisation dans un maximum de domaines vitaux, de la nourriture au déplacement, en passant par l’habitat ou l’éducation. Jusqu’alors, nous avons été dépossédés de ces savoirs-faire par l’expertise technologique propriétaire et la division du travail. A nous d’utiliser la technique à notre avantage, en faveur d’un quotidien qui fait sens, et d’une forme de luxe vital pour tous et toutes. Pas une égalité comptable qui serait là pour nous pacifier en nous abreuvant d’un égal pouvoir d’achat, mais un partage dispendieux de nos moyens, de nos possibilités d’autonomie collective, de nos richesses diverses, qui annulerait tout besoin de calcul. Si devait persister une notion telle que la « souveraineté du peuple », elle passerait probablement moins par son enfermement dans des corps administratifs et constitutionnels que par notre autonomisation collective, et par notre capacité à élaborer nos interdépendances et la mise en pratique(s) de notre tenace passion égalitaire… là où nous sommes et avec ceux avec qui il nous est donné de nous rencontrer, de nous lier, d’où qu’ils viennent. Ceci ne peut-être programmé, commandé, calculé, ou même revendiqué. Mais seulement mis en route dès maintenant. Nous aurons tout loisir, au terme de quelques avancées, de décider si nous avons besoin d’une Constitution et si oui laquelle.

Dans la situation présente, nous sentons bien un manque de structuration, un flottement, des aléas, que les plus ordonnés d’entre-nous voudraient réguler. Nous devrions plutôt suspecter le retour des techniques de management édulcorées, l’utilisation à outrance des savoirs universitaires, des compétences gestionnaires, des élans de planification, des représentants et des écritures de programmes. Plus généralement, nous aurions intérêt à prendre nos distances avec ces pensées toutes faites, qui rampent sur la toile et que l’on nous somme d’adopter. Elles vont si bien à cette société en plein écroulement… Cela ne veut pas dire qu’il faille abandonner tous les outils. Mais que nous aimerions d’abord -et avant tout le reste- nous laisser le temps de vivre ce moment et de nous mettre à l’épreuve.

Car nous n’avions pas vu situation si prometteuse depuis longtemps. Quand bien même nous fabriquions des organisations collectives, elles n’étaient que des outils nécessaires à notre survie. Alors que notre insatisfaction profonde nous soufflait à l’oreille les mots du désordre, du chamboulement, nous nous contentions de pis-aller. Or ce « mouvement », de manifs ensauvagées en Nuits Debout agitées, a tout du débordement, de l’échappement, de la perte de contrôle et c’est bien là toute sa force.

Sur les places, quand nous prenons la parole, nous sommes comme nus, dépouillés de nos histoires, de nos bandes, et seuls nos mondes séparés semblent compter (1 plus 1, plus 1, plus 1…). Mais enfin, nous ne sommes pas « un, plus un », nous sommes plusieurs, nous avons des histoires à raconter, des tentatives, des trucs à partager, une expérience en marche qui a besoin de se confronter, de te rencontrer, de le rencontrer lui aussi, et cette bande de potes là aussi, cette famille, ces collègues, ces camarades là… ce que nous cherchons c’est joindre nos forces, toutes diverses qu’elles sont, pour rouvrir l’espace du choix, les pages de l’histoire.

Non il n’y a pas ici que des individus éthérés, des solitudes numériques, il y a de la vie qui a besoin de prendre sa place, d’exprimer toute son hétérogénéité, de faire tomber des murs, de mettre des pieds dans la porte, de serrer quelques arrogantes cravates, de retourner contre ceux qui les produisent quotidiennement les sentiments de tristesse et d’impuissance.

L’Etat lui-même, cet appareil technique à qui nous présentions jadis nos revendications respectueuses comme s’il était vivant, est si éclaté dans sa fonction moribonde de gestion et de contrôle au service de l’ordre économique, qu’il perd totalement sa capacité à influer sur notre quotidien. En conséquence, prenons acte que nous n’avons plus rien à lui demander.

Au dessous du Volcan

Nous avons en tête cette folle épopée en cours depuis près de 20 ans au Mexique. Cette aventure qui a commencé par le soulèvement des indigènes zapatistes du Chiapas contre la mise en place de l’espace de libre échange des Amériques, en 1994. Cette irruption locale de ceux qu’on attendait plus, a trouvé tout un tas de prolongements localement, à l’échelle du pays, à l’échelle du monde. De là sont nés à la fois le mouvement anti-globalisation et, au Mexique, un autre processus plus rampant, plus tenace aussi, qui s’est nommé un temps « La otra campana ».

Cette « autre campagne », avait prit le prétexte d’une élection présidentielle mexicaine pour agréger, pan par pan, toutes les forces distinctes pour lesquelles il était impossible de se projeter, une nouvelle fois, dans un tel numéro d’illusionnisme électoral. Communautés indigènes en lutte, syndicats enseignants, usines occupées, comités de quartiers, bandes de jeunes émeutiers, villages ruraux, écoles agraires, radios locales, journaux, centres sociaux occupés, collectifs divers se sont mis à s’inventer un plan de bascule commun. Ce qui s’est formé alors, au fil des mois puis des années, c’est un mouvement discontinu, hétérogène, illimité, de sécessions d’avec le champ irrespirable de la politique des partis et de la représentation. Une façon de déposer le cadre, sans prétendre le refaire. Ne pas laisser qui que ce soit prétendre le refaire, c’est d’emblée penser les plans de coopération, d’alliances, de stratégies communes entre tous ceux qui ne veulent plus être contenus dans quelque cadre (national) que ce soit, fusse-t-il a priori « bienveillant ».

Le moment étant venu d’imaginer l’étape d’après des manifestations et de l’occupation des places, nous ne pouvons plus nous contenter de reproduire de places en places les dernières trouvailles issues de la place de la République. Chaque localité pourrait trouver son propre tempo, sa propre texture, revisiter les lieux qu’elle occupe d’un regard neuf et trouver en elle les ressorts du dépassement que tout le monde appelle de ses vœux . Ce dépassement est une mise en commun et un déploiement de nos puissances d’agir propres à notre classe débrouillarde. Que nous soyons sortis de l’emploi en prenant les baffes moralisatrices de ceux qui aimeraient nous voir souffrir au travail, ou que nous y trimions encore, contraints par dépendance aux revenus qu’il nous concède et forcés par son organisation de plus en plus démente, il y a là une multitude inattendue de groupes qui commencent à se constituer et à prendre vie sur les places.

Ce débordement de vie collective n’entre pas dans les cases des prêts-à-porter militants. « La Commune », elle même, est peut-être moins un nom emblématique pour notre désir actuel de dépassement, qu’un des rendez-vous avec le passé et son inaccompli. Sortir du programme, va sans doute nous amener à transcender nos localités, nos communes, avec ou sans « c » majuscule. Ainsi ces vies collectives, tout en s’autonomisant, auraient depuis leurs situations singulières, et en miroir les unes des autres, à penser de fond en comble les problèmes dont elles se saisissent et les plans sur lesquelles elles peuvent communiquer entre elles, construire des objectifs communs. Un de ces plans, en écho à cette expérience mexicaine, et dans le but d’en finir avec ce qui nous programme, ne pourrait-il pas être d’envisager que les élections présidentielles de 2017- à l’idée desquelles tout le monde suffoque déjà- n’aient tout simplement pas lieu. Car les laisser advenir « normalement », c’est s’assurer qu’elles auront sur le soulèvement naissant, l’effet d’un bon vieux Tour de France bien commode, qui tous les ans trahit les promesses du printemps, mais pour bien plus longtemps.

Ne plus se contenir, ouvrir les vannes

La perspective de l’absence d’élections présidentielles comme emblème de tout ce qui nous programme, ouvrirait un champ de possibles et de déclinaisons pratiques :

Comment constituer un véritable espace public sous l’espace médiatique et institutionnel? Faire surgir notre propre agenda ?

Comment arracher un maximum de lieux à l’emprise du rouleau compresseur électoral (qu’ils ne trouvent plus nulle part ou aller serrer des mains tranquillement) ? Comment perturber les canaux par lesquels il s’impose à tous ?

Et depuis là, faire ce nous avons à faire pour construire nos forces et dévier le cours du temps. Car du temps il nous en faudra bien plus que celui qu’est prêt à nous concéder l’éternel parti de l’urgence et son Etat. Faisons disparaître cette échéance de l’horizon et en lieu et place de ce mauvais spectacle déployons nos expérimentations, diverses, parfois même antagoniques… ouverture de lieux de convergence et d’organisation, grèves, occupations illimitées de places, enquêtes, déploiement de nos services publics libres (seuls à même d’entraîner avec nous tous ceux qui nous entourent), transversalité des expériences et des savoirs. Prendre enfin le temps de ne pas suivre la course folle de ce monde qui ne court qu’après son effondrement toujours imminent.

Arrêter les pendules, déchirer le calendrier. A chacun de décliner ce non-programme comme il lui paraîtra juste, et d’emplir ce vide de la vie qu’il mérite..

Nous sommes nombreux .

Nous sommes insatisfaits.

Nous sommes (à) la fin du programme.

On arrive.

 

ARTICLE COLLECTIF AUTOGRAPHIE

La Vie est plus grande que l’institution

Au fur et à mesure que les années passent, nous constatons que notre action éducative et sociale aussi précaires soit-elle, subsiste, se développe; au fur et à mesure que les années passent, nous voyons les institutions et les structures sociales se craqueler de partout , malgré les moyens considérables qu’elles continuent de monopoliser …

Progressivement nous constatons que  ceux qui sont désignés comme « usagers », « publics »,, « bénéficiaires » décrochent des structures censées les parquer et les orienter; sous l’effet d’une précarisation constante de la société, le sens même des normes s’estompe et que les modèles classiques d’intégration et de participation sociale et urbaine doivent se réinventer…

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Progressivement, nous  mettons en évidence les effets du travail en Pédagogie sociale: effets souterrains dans un premier temps, mais qui impactent véritablement et durablement les parcours de vie,…

Progressivement,  nous voyons se matérialiser sous nos yeux des intuitions  qu’il y a quelques années encore on qualifierait « d’utopistes » comme le fait que nos pédagogues sociaux rroms et vivant en bidonvilles, encadrent et accompagnent des travailleurs sociaux en formation, que ce sont les enfants eux mêmes sur nos ateliers qui sont garants de la continuité de nos démarches et de notre identité collective, ..

Alors résonnent autrement en nous les positions incroyablement avant gardistes d’un Freinet qui pouvait déclarer  en 1946:

« Lire, écrire, compter deviennent des acquisitions mineures. Non pas que les hommes n’aient plus à savoir lire, écrire, compter, mais l’École n’aura pas même commencé sa tâche si elle s’en est tenue à ces acquisitions : la vie aujourd’hui apprend bien plus vite et bien plus sûrement à maîtriser les disciplines et on se demandera un jour prochain pour quoi l’École est encore tellement hypnotisée par ces acquisitions, qui ne sont plus des acquisitions-clés. »

Et nous l’exprimons autrement aujourd’hui:

Ce sont  les acquisitions sociales  qui sont aujourd’hui essentielles. Elles sont les compétences urgentes et fondamentales dont notre époque a besoin et c’est ce dont il s’agit dans toutes les actions que nous mettons en oeuvre.

Simplement apprendre à se connaître, à se comprendre et à s’aimer assez pour vivre ensemble , dans les deux sens de la proposition « se« : entre tous, et en soi même.

Nous avons besoin d’une éducation à la politique , à la  sensibilité et à l’action collective. Et c’est  ce dont il s’agit tous les jours dans nos spectacles, sur nos ateliers, dans la simple performance d’être ensemble, un collectif aussi improbable,  dans un environnement pourtant hostile.

« Vous êtes utopistes », entend t on assez souvent dire , en guise de critique lors des nombreux exposés dans les centres de formation, ou auprès des professionnels.  « Utopistes », certainement pas, tellement le travail éducatif et social inconditionnel que nous prônons est le seul à pouvoir s’adapter aux formes nouvelles de la précarité et de la perte d’influence des institutions.

Ce ne sont certainement pas le réalisme et la réalité qui constituent des obstacles à notre travail et à notre entreprise. Au contraire, la réalité les commandent et les rendent indispensable.

Non ce qui s’oppose à la valorisation et à la reconnaissance de nos pratiques, c’est bien plutôt, l’idéologie, cette petite voix envahissante et colonisatrice qui nous fait dire à tout propos « que ce n’est pas possible », « qu’on n’a pas le droit », « qu’on ne peut pas », qu’il convient d’avoir peur, de se protéger , de se retirer, de s’enfermer, de renoncer à ses libertés….

C’est l’idéologie qui empêche les pratiques sociales de se réinventer et de faire éclore de nouveaux horizons. C’est l’idéologie qui use et désespère les professionnels; c’est l’idéologie qui rejette les publics et les groupes désignés comme « usagers » dans la marge et la désespérance.

C’est l’idéologie qui décourage toute action, d’entreprendre . C’est l’idéologie qui réclame et qui exige l’obéissance, la soumission , et une loyauté imposée vis à vis des institutions et de leur morale en faillite.

C’est l’idéologie qui affirme que rien d’autre n’est possible qu’elle même et qui pousse aux désespérances les plus banales (dépression sociale) ou les plus spectaculaires (martyr) .

En Pédagogie sociale, nous affirmons que les chose sont possibles puisque nous les faisons déjà; nous démontrons que la seule position réaliste consiste à remettre en question tout ce qui nous paraissait tellement évident que nous ne savons plus rien faire quand ça ne marche pas:  l’éducation punitive par la répression, le culte de la morale des repères et des cadres à tenir ou reconstruire coûte que coûte, la contractualisation qui ne passe pas par la confiance préalable, l’idéologie du projet qui inhibe toute passion, etc…

A toutes ses morales tristes nous répliquons par « l’invariant N°30 », de Freinet:

« Il y a un invariant aussi qui justifie tous nos tâtonnements et authentifie notre action: c’est l’optimiste espoir en la vie. »

Vendredi Samedi et Dimanche: AVEN SAVORE (« Venez, tout le monde ! »)

Et ils sont venus !

Nous l’attendions depuis tellement de temps, nous le préparions de mois , et c’est arrivé!

Jeudi soir nous avons su que les Kesaj étaient partis en fin d’après midi, de Kezmarok, pour nous rejoindre, à 25 dans le bus.

Vendredi

Vendredi après midi alors qu’ils arrivaient de leur côté à Buno, nous avons organisé une dernière répétition de notre partie du spectacle, « Aven Savore », au quartier à la Rocade, à plus de 40… dont  13 enfants de 4 bidonvilles différents.

Vendredi soir, on rejoint les Kesaj , avec 35 personnes et là, après les retrouvailles, les présentations, les reprises de contact,  nous avons fait une répétition générale et pédagogique, sous la conduite d’Ivan quia  duré presque 2 heures.

Nous avons mesuré le chemin parcouru ; comment ces enfants avec lesquels nous travaillons parfois depuis des années, au plus près de leur vie et souvent dans la rue, sont devenues des enfants  capables de réaliser une telle performance. NOUS SOMMES FIERS ET IL Y A DE QUOI. Car ce n’est pas la réussite ‘une institution ou d’un prof: c’est la leur.

Tout au long du week end 14 Robinsons sont restés en résidence avec les KESAJ à  Buno. Une expérience qui a touché les limites du château: il a fallu sortir les tentes.

SAMEDI: FOLIE GENERALE

C’est tous les Robinsons qui se sont rendus pour passer toute la journée jusqu’à presque minuit , à la MJC d’IGNY qui avait la gentillesse de nous recevoir.

Tout le monde avait répondu présent depuis la MJC de Chilly, en passant par les hôtels, les camps, le quartier. Les Robinsons et les Kesaj représentaient à eux seuls plus de 70 personnes.

Nous avons commencé par un pique nique, puis les Kesaj avec nos Robinsons résidents sont arrivés et on a commencé réglages et filages.

Mais le plus souvent, le spectacle était déjà là dans le champ autour de la MJC: chants, danses spontanées et musique tout le temps.

En milieu d’après midi la compagnie TMT (Ta mère en tongue) , est venue nous rejoindre , avec un bus plein de leurs enfants , pour une rencontre fracassante. Leurs enfants avaient une énergie extraordinaire et ils ont pu intégrer notre spectacle avec une scène de « racisme anti tzigane » qui , dans les circonstances, a  pris une très grosse intensité dramatique.

Puis est enfin venu le temps de la représentation. Grosse ambiance et enfilage des costumes. On était prêts , c’était le moment.

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La représentation était à la hauteur des préparations; Les murs de la MJC en tremblent encore… et ils en trembleront longtemps.

Vendredi: Atelier de Champlan

Aujourd’hui nous nous sommes rendus à Champlan, l’équipe était composée de Iasmina, Floriane, Sandra, Précilia, Marina et Alison.

Il y avait douze enfants de tout âges et nous avons pu jouer au jeu de la bombe tous ensemble, sous le soleil.

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Les règles du jeu étaient simple, nous avions un ballon et un enfant se mettait au milieu d’un cercle en disant fort « tic-tac » ,« boom » à la fin. L’enfant qui possédait le ballon à ce moment, se mettait au milieu à son tour. Les enfants semblaient aimer ce jeu car ils rigolaient et prenaient plaisir à jouer.

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Ensuite nous sommes passés aux exercices d’écritures et de mathématiques. Certains enfants avaient du mal, d’autres plus de facilité mais tous ont participé.

Nous avons pris le goûter (pain au lait, chocolat et sirop) sur les tapis dans la joie et la bonne humeur.

 

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Vendredi: Atelier de la Rocade

 

Aujourd’hui nous arrivons à la permanence de la rocade sous un grand soleil. Nous nous installons et mettons vite en place un atelier peinture à doigts pour faire des animaux, ainsi qu’un atelier cuisine où nous allons faire des crêpes pour le goùter. Les enfants arrivent vite et s’installent à la peinture et trois garçons nous ont bien aidé pour faire la pate à crêpe.

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Puis le reste de l’équipe nous rejoint avec les enfants de Champlan, de Grigny, de Chilly ainsi qu’avec les Kesaj pour l’ultime répétition avant le week-end de spectacle.

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Nous commençons la répétition sous un soleil de plomb, pendant que quelques enfants nous aident à faire cuire les crêpes. Tout le monde se donne à fond. Les filles mettent de joli foulard à clochettes sur les hanches, pendant que Dusko chante chante chante et chante encore…

Après cette belle répétition, nous nous installons enfin sur les tapis pour nous désaltérer et manger les crêpes !!!! MIAM !!!!!

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Tout le monde met la main à la patte pour ranger et nous repartons avec les enfants qui dormiront à Buno en vu des spectacles du week end.

 

Vendredi : Atelier du Jardin

 

Une après-midi un peu plus chaleureuse aujourd’hui pour les Robinson, et nous sommes de retour sur le terrain de Saulx avec Jessica, Franck, Eric et Nicolae.

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Une séance d’arrosage générale s’impose aujourd’hui car sous la serre il fait très chaud et nos plants ont besoin de respirer et de boire un peu. On voit aussi que les semis de tomates pousse bien sous la serre et bientôt il sera temps de les planter en pleine terre.

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Dans les bâches aussi les fleurs et d’autres ont pu sortir leur tête de la terre pour dire »Bonjour » au Soleil à l’horizon.

La journée s’achève et nous allons prendre le goûter avant de partir et ranger notre matériel dans la petite cabane au jardin !

Ciaw

 

Jeudi: C’est Férié !

 

Mercredi: Atelier de Bondoufle

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On commence cette belle semaine sous le soleil de Bondoufle ! On retrouve tous les enfants contents de nous revoir. C’est pour eux le retour de Pâques, de la fête, certains ont une nouvelle couleur de cheveux.

On se met tous en cercle pour commencer à se présenter en français chacun son tour. On continue par un Jack-à-dit, les enfants ont bien compris ce jeu et l’aime beaucoup. On fait aussi le jeu de « tête épaule genou pied », Laura fait des mouvements pour montrer les différentes parties du corps et les enfants doivent les montrer aussi, s’ils montrent par exemple les genoux alors qu’elle dit «  la tête », alors ce n’est pas bon. On finit ces petits jeu par une « tomate ketchup », les enfants aiment bien car c’est comme le facteur et quand on se fait toucher on se retrouve dans la soupe au milieu du cercle !

Après s’être bien défoulé, place à la réflexion à la découverte et à la créativité avec l’atelier d’écriture et de peinture ! Pendant ce temps, Jenica et Marina sont sur les tapis avec la petite enfance, ils font des constructions de super grands châteaux !

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Pour l’écriture on a mixé un peu de calcul d’abord puis des jeux où ils doivent replacer des mots ensemble ou assembler des syllabes.

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Au niveau des tables, on avait de plein de peinture partout ! Les enfants découvraient la manière de réaliser des animaux en laissant leur trace de main. Cela a donné de jolis flamands roses, des araignées, des girafes, des poissons, de toutes les couleurs ! Très intrigués et intéressés par cet atelier, beaucoup d’enfants ont participé mais aussi les grandes sœurs ou leurs parents qui peignaient avec nous.

Après un grand rangement de la peinture et de l’écriture, on s’est installés sur les tapis pour prendre le goûter et discuter de la fête de Dimanche.

La journée est finie, on remballe tout et on dit Ciao aux enfants !

 

Mercredi: Atelier de Saint-Elois

 

Nous sommes arrivés avec différents ateliers à proposer aux enfants

_ Jeux de sociétés avec Hélene et Sana

_Puissance 4 et peinture avec Lorelei

_ Peinture avec Sandra

_Construction voiture avec Kenzy

 

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Aprés installation du puissance 4 que les enfants ont pris d ‘assaut nous nous sommes concentrés sur la mise en place des autres activités, le soleil étant au rendez vous les enfants avaient trés soif et nous leur avons donnés de l’eau afin qu’ils puisses s’hydrater. Quelques enfants se sont intéressés à la réalisation de la voiture et se sont mit avec enthousiasme au bricolage car une gentille maman nous a permis d ‘avoir accès à l’électricité.

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Les jeux de sociétés se sont fait dans la bonne humeur et dans le calme. A la peinture nous avons realisés quelques oeuvres sur les animaux et les fleurs ainsi qu’un magnifique portail magigue inspiré par une jeune fille et Sandra.

Aprés toute cette creativité et cette bonne humeur vient alors l’heure de la fin des ateliers, de l’assemblée des présents et du goûter. L’assemblée des présents ce passent bien et les idées se partagent (peinture, catch, bijoux élastiques, foot, voiture, pâte à modeler et le très demandé uno)

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Au goûter nous avons eu le droit d’avoir du sirop, des cookies, des pommes et des pains au lait.

Une fois finie nous rangeons tout avec l’aide des enfants, ce qui nous permets de terminer le rangement rapidement.

 

Mercredi: Atelier du Jardin

 

Lors de ce bel après-midi, l’équipe des Robinson composé de Nicolae, Eric, Madalin et Geoffroy est allée au jardin avec des enfants de Ballainvilliers.

Nous avons débroussaillé les hautes herbes, rangé la cabane à outils et fait le tri dans le matériel.

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Tout le monde, muni d’un arrosoir, a donné de l’eau à tous les petits plants qui commencent à émerger.

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Nous avons également commencé à poser une étagère dans la cabane à outils, les enfants ont pu utiliser une scie et un marteau.

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Ensuite nous avons pris le goûter tous ensemble, au menu: cookies fais maison, sirop et fruits (pommes, oranges).

Les enfants étaient content de cet après-midi, ils étaient souriant et ont pu jouer avec l’eau du puits.

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A la semaine prochaine pour la suite!

Le rapport entre violence légitime et illégitime, ferment d’une conscience collective

Dans ce rapport entre violence légitime et illégitime se joue la possibilité de quatre composantes d’une mobilisation sociale de faire leur jonction ou non : la classe ouvrière, les quartiers populaires, les couches moyennes précarisées et la gauche radicale. Cette jonction est apparue jusqu’à maintenant improbable, car ne s’appuyant pas sur un rapport social commun, notamment le rapport au travail.

Le but de la violence légitime est de faire apparaître comme illégitime toute opposition à sa violence. Ceux qui sont dépositaires de cette violence légitime sont les corps constitués de l’État, en l’occurrence la police et l’armée.

Ce qui s’est passé ce 1er mai à Paris est un exemple de l’utilisation de la violence légitime de manière illégitime.
Le rapport était à peu près d’un policier pour cinq manifestants pour le défilé du 1er mai de Bastille à Nation. Même si on peut discuter de la proportion de ce rapport, il n’en demeure pas moins que le dispositif mis en place n’était pas celui d’un maintien de l’ordre discret d’une manifestation, mais d’une militarisation de l’espace public. Entendons par « militarisation » non seulement la disproportion entre la partie armée et la partie civile, mais par le fait que la société civile dans son ensemble est considérée d’emblée comme hostile.

À partir de ce principe, l’objectif n’est pas de garantir la paix, mais d’organiser la violence. Avant même le départ de la manifestation à la place de la Bastille les policiers suréquipés étaient directement en contact avec les manifestants et verrouiller déjà toutes les rues adjacentes. Certaines de ces rues étaient occupées par des groupes spécialisés comme la BAC facilement reconnaissable bien qu’habillée en civil et qui étaient déjà prête à l’action.

La question n’était donc plus de savoir si l’affrontement allait avoir lieu, mais de déterminer le lieu de l’affrontement. La tactique est un moment donné de détacher la tête du corps de la manifestation, ceci pour en extraire les éléments les plus violents. Pour créer cette émulsion, la gent casquée montre ces apparats de manière ostensible comme pour mieux agiter un chiffon rouge dans un champ de taureaux. Il ne suffit alors de pas grand-chose pour déclencher l’étincelle. Une fois les premiers heurts constatés, les forces de l’ordre par les rues adjacentes coupent la manifestation en deux. C’était ici au niveau du métro Reuilly – Diderot à 400 m de l’arrivée à la Place de la Nation.
Comme pour un filet de pêcheurs, une nasse se constitue. Il s’agit alors de « traiter » cette zone qui dans le langage fleuri militaire veut dire écraser, annihiler en utilisant à profusion gazage et matraquage. Cette hyper violence doit apparaître comme la résultante d’une première violence. Dans un enchaînement imparable, la contre-réaction à cette violence permet ensuite des interpellations sous différents libellés qu’il sera ensuite difficile de contester.

Cependant ici ce dispositif n’a pas vraiment fonctionné pour deux raisons. La première est que le 1er mai est aussi une fête familiale et comme en témoigne la photo, le profil de ces « casseurs » peut être très étendu, des enfants aux vieillards… D’autre part et surtout cette fois-ci les syndicats officiels, sans doute au regard du contexte politique, n’ont pas accepté de dérouter le corps de la manifestation pour laisser fonctionner la nasse. Après un statu quo très tendu d’une heure où les manifestants criaient « libérez nos camarades » indiquant également par là une solidarité avec tous les manifestants quel que soit le degré d’expression violente, finalement les forces de l’ordre ont cédé et ont laissé rejoindre les deux parties où ces retrouvailles ont donné lieu à une scène de liesse étonnante. La manifestation a pu ainsi se dérouler jusqu’au bout à la place de la Nation. Ce qui n’a pas empêché quelques projectiles de voler à droite et à gauche.

A été déployé le soir pour boucler la place de la République le même scénario programmé. Un des prétextes fut la dégradation de la vitrine d’un magasin de sport. Cette fois-ci malgré l’intervention des conciliateurs de Nuit Debout le rapport de force était défavorable. Le dispositif était encore plus vicieux d’une certaine manière puisque les personnes se sont laissées refouler dans le métro pour ensuite être gazées et matraquées jusqu’à l’intérieur des couloirs. Sans doute cette nuit va représenter un point de bascule d’une manière ou d’une autre dans la poursuite de l’occupation de la Place et des stratégies à déployer.

Cette dérive sécuritaire est directement cautionnée par l’état d’urgence qui se pare d’un dispositif technique et juridique. Le pouvoir en place comme les partis politiques d’opposition usent et abusent de cet argument. Mais sa légitimation initiale liée à l’effroi des attentats s’effrite de plus en plus. Dès les premiers jours de l’état d’urgence, nous soupçonnions ses dérives (« Quand le terrorisme devient le meilleur allié du capitalisme »).

Sans doute la délégitimation de la violence d’État n’aurait pas suffi à donner aux différentes formes de mobilisation leur caractère éruptif quasi insurrectionnel si elles ne rejoignaient pas l’opposition à une autre violence plus profonde et insupportable, celle socio-économique dont la « loi travail » a réussi à symboliser toute l’arrogance oligarchique.
La militarisation du territoire, les quartiers populaires n’ont pas attendu l’état d’urgence pour se confronter à cette violence. De même les classes laborieuses n’ont pas attendu la loi El Khomri pour subir l’oppression des rapports économiques de subordination. Ce n’est pas non plus d’hier que la gauche radicale dénonce les rapports de domination. Enfin, les étudiants, les travailleurs intellectuels, artistiques et autres indépendants savent au quotidien ce que la précarisation induit.

Cependant, chacune de ces composantes ne peut à elle seule changer le rapport de force, étant séparée dans leur manière de vivre et de répondre à leurs conditions de vie. Paradoxalement, la double conjonction d’une délégitimation de la violence d’État et d’une violence économique, notamment à travers ces points de focalisation dans l’espace public peut constituer le ferment d’une conscience collective. C’est en cela que les « casseurs » ne peuvent être séparés sociologiquement du reste du mouvement quoi qu’en disent les médias mainstream et des intellectuels qui préfèrent préserver leur position dominante que d’assumer leur fonction critique. La manière dont cette rage pourra être réorientée en stratégie aura une incidence déterminante sur la suite du mouvement (« Agir en primitif et prévoir en stratège ») en offrant un point de référence entre les différentes luttes qui n’ont pas réussi jusqu’à maintenant à trouver leur traduction politique.

Nous n’en sommes pas encore à former ces fameux « Communs » (définis par Edwy Plenel et d’autres) qui pourraient structurer une nouvelle organisation économique et politique. Effectivement, ces Communs ne pourront pas se penser à partir d’une seule catégorie au risque de reproduire un schéma ethnocentré qui réduirait une transformation de la société à une lutte de champs tels qu’ont pu se laisser enfermer les corps intermédiaires (syndicats, partis politiques, associations, universités, etc.). C’est ainsi qu’ont pu prospérer les « penseurs » néoconservateurs et réactionnaires sur le terreau de décomposition de la gauche dont ils sont issus (Alain Finkielkraut, Michel Onfray, Pascal Bruckner, Pierre-André Taguieff, Alexandre Adler, Max Gallo, Philippe Val, Élisabeth Badinter, etc.) érigeant en guise de pensée politique l’éthnicisation des rapports sociaux et ses dérives identitaires les plus inacceptables.

On ne peut s’opposer à cette contre-révolution intellectuelle que par une autre révolution. Elle ne s’obtiendra pas simplement en réunissant Nuit Debout avec les mouvements syndicaux ou les associations militantes de banlieue où les minorités actives basées sur la défense des droits : LGBT, genre, migrants, « sans ». Elle viendra dans la possibilité de chacune de ces composantes de se penser de l’extérieur dans sa capacité à être ou redevenir une forme instituante de la société. Bien qu’on puisse tout à fait la développer sans s’y référer, cette démarche d’auto-analyse n’est pas sans rappeler les courants de la sociologie radicale tels que l’analyse institutionnelle et certaines formes de recherche-action. C’est aussi une manière d’indiquer qu’un mouvement transversal se structure à travers une intelligence collective qui dépasse les disciplines et croise les savoirs.

Les situations éruptives permettent de déconstruire les formes constituées, mais les formes constituées permettent de structurer les situations transversales sans organisation. C’est bien dans la tension entre les deux processus, dans le mouvement des luttes que se forgera cette conscience collective.

Dans le jeu entre légitimation et délégitimations de la violence, la balance ne penche pas toujours du côté de ceux qui possèdent le bras armé comme en témoigne la révolution tunisienne. À la vitesse où se reconstitue une culture politique auprès de ceux qui étaient réputés n’en avoir aucune, le pouvoir en place aurait tort de miser sur une dégradation des relations sociales pour se maintenir, même s’il valide de fait aux prochaines échéances électorales le renforcement d’un pouvoir autoritaire.