Autrement qu’autre

12742179_10206887957655995_3656792759810895959_n« Connais toi, toi-même jusque dans les autres et reconnais les autres jusqu’en toi » Paul le Bohec

L’hétérogénéité et la complexité sont le cauchemar de tout programme et de toute gouvernance. Longtemps les enseignants ont rêvé de groupes d’élèves homogènes. Les machines éducatives à broyer et à trier se sont constituées sur cette illusion meurtrière: produire l’homogénéité.

Aujourd’hui, au nom de la cohésion, on répète encore et encore le même fantasme. On se met à pourchasser la moindre divergence, la moindre dissension. On exige une base consensuelle, on édicte une identité commune. On traque encore et toujours le différent et la différence.

Certes nous sommes à l’ère de la reconnaissance; on parle de mixité, de reconnaissance du handicap, d’interculturalité. Mais à chaque fois il s’agit d’individus , de parcours . Il ne s’agit pas tant de reconnaissance que de compensation. On n’organise pas réellement une société de la différence. On dédommage l’exclusion et on organise la séparation.

La reconnaissance instituée des différences est aussi souvent une manière de nier les personnes différentes en tant que porteuses d’une expérience originale du monde. On a organisé leurs différences en filières et en catégories, et parfois en carrières. On a surtout extériorisé leurs différences , pour les évaluer. On les objectivées.

Or, objectiver les différence revient ou bien à réduire l’autre à un état d’objet, ou bien à essentialiser sa différence  On fait alors de lui un étranger absolu , un ennemi inaccessible à toute identification et empathie. Il ne reste qu’à l’isoler, le circonscrire, en attendant de l’éliminer.

La Pédagogie sociale propose une issue à ce dilemme insoluble entre négation et essentialisation des différences.  Au lieu de les nier, de les contenir et de les définir, notre pédagogie se propose de cultiver toutes les différences tant collectives que personnelles, en soi même et dans les groupes.

Il s’agit d’explorer tout voyage que chaque différence propose. Envisager l’autre comme une aventure, une issue, un autrement.  Mais surtout l’envisager également comme une éventualité, une variante, un être possible dans lequel on peut également se reconnaître. C’est un jeu social, un jeu de vie, un jeu interculturel (et non multiculturel) qui propose une transformation de tous par chacun.

A Intermèdes Robinson, nous allons chercher parfois très loin toutes nos différences, comme dans notre projet « Aven savore », que nous mettons en oeuvre en associant les bidonvilles, les quartiers et les colonies roms slovaques.

Nous appuyons cette rencontre des différences à la fois sur le travail en commun et sur la fête. Chez nous,c’est la  fête  tzigane, la foire, la musique et la joie  qui constituent une pratique de base de constitution des groupes, de construction de communauté.

Cette construction est à la fois politique et affective.Nous créons de l’affection , et de l’attachement social. Nous en faisons le ciment de nos groupes et de nos projets.

L’hétérogénéité en pédagogie sociale est augmentation des identités.  Elle ne soustrait rien à quiconque, elle ne divise pas . Elle n’est certainement pas marquée, ou limitée par  par le signe égal. Elle ne fait qu’aditionner et multiplier. Elle produit des identiés improbables.

Parce que je suis parfois plus proche des autres que de moi même, ceux ci  peuvent me servir de guides ou jalons tout au long de mon évolution.

C’est à ce type d’expérience que nous invitons les enfants, les adultes et les groupes. C’est l’objet d’un travail social communautaire. C’est la Philosophie de la Pédagogie sociale.

Etre autrement qu’autre, c’est simplement, oser la proximité, l’engagement, que ce soit dans la relation ou la société.  On cesse d’être simplement et radicalement autre, dès lors qu’on s’approche, qu’on se risque, qu’on s’engage et qu’on tient.  Cela nécessite d’ouvrir certaines frontières , de remettre en cause les protections qui épuisent et l’obsession sécuritaire qui égare.

Bien entendu, il ne s’agit pas de cesser d’être autre, d’être différent; il s’agit simplement d’apprendre ensemble à être quelqu’un.

 » Il faut donc donner la vie à nos enfants. Pour cela, il n’y a qu’un moyen : les faire vivre, non de la vie factice et réglée d’aujourd’hui, mais de leur vie à eux – qui est moins incohérente qu’on le croit. Il faut les faire vivre en république dès l’école.

Mais alors le maître ne sera plus omnipotent ? Il faudra qu’il subisse les observations et les remontrances de ses élèves, s’il les a méritées. Il faudra qu’il apprenne à les regarder, non avec ses yeux d’homme, mais avec des yeux d’enfant ; et qu’il ne soit parmi eux tous que l’enfant le meilleur qui s’impose comme exemple et comme guide dans la république nouvelle. Et il nous faudra lutter longtemps avec nous-mêmes pour arriver à cela.

Mais qu’apprendront nos enfants ? Deviendront-ils meilleurs ou pires ? Est-il possible de leur rendre la liberté sans nuire à la bonne marche du travail ?

Nous montrerons par ailleurs les résultats de cette Ecole Nouvelle, basée sur la liberté dans le cadre de la communauté, en rendant compte de l’expérience qui se poursuit actuellement à Hambourg, et qu’un des maîtres de cette Ecole Nouvelle a consignée dans un petit livre.

Pour nous, là est la seule voie qui puisse relier l’Ecole à la Vie en identifiant l’Ecole et la Vie. »

Célestin Freinet    » Ecole Emancipée », n°32, 7 mai 1921

 Samedi et dimanche: Aven Savore avec les Kesaj Tchavé au château de Buno 

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C’était un week end très attendu; le point de rencontre des enfants et des animateurs de tous nos lieux d’activité: bidonvilles et quartiers

Nous étions 50 le samedi et encore plus de 30 le dimanche , pour une résidence / répétition avec les Kesaj et Ivan Akimov.

Bien sûr , cela rentre dans un projet: celui de « Aven Savore  » de constituer parmi nos enfants et équipes de ressources en chant et en danse pour nous associer aux spectacles et tournées des Kesaj. Avec des représentations en vue et rencontres en Mars et Juin.

Un challenge de faire groupe et équipe entre nous. Avec tant de cultures et des langues différentes.

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D’abord la vie commune, l’organisation; mais aussi l’emploi de la danse et du chant comme langage commun . Comme dit Ivan, ce qui compte « D’abord être ensemble, avant toute chose ». La danse est une voie pour y parvenir.

Une véritable pédagogie est mise en place pour y parvenir:

  • Constituer d’abord un groupe de référence, habitué et responsabilisé: les fondations
  • Mettre en oeuvre une pratique ininterrompue: l’échauffement
  • On ne parle presque plus; « le faire prend le dessus »: l’immersion
  • Le langage non verbal est pris en compte: l’expression
  • Aller chercher et inclure tous ceux qui sont à la périphérie: l’invitation
  • Valoriser chacun, le mettre au coeur du groupe: la valorisation
  • Créer un vécu, une identité collective: l’identification.

Nous y reconnaissons la Pédagogie Sociale

Au bout des deux journées, avec ces enfants de tout âge et de tous horizons, Ivan réussit à mettre en scène une matrice d’un spectacle vibrant et inventif. On la tient presque notre représentation(:-)) Merci Ivan !

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Au milieu de tout cela, le Chantier de Pédagogie Sociale a choisi de se réunir aussi à Buno ce dimanche.  Occasion de dialogues et idées partages avec les YEPCE et Kesaj.

Samedi: Atelier de la villa Saint Martin

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Aujourd’hui, nous sommes 5 à partir pour la Villa St Martin : Sana, Fatimata, Ana et sa fille Yasmina, et Yann. C’est une grande première pour Fatimata et Yann sur cet atelier, ils se demandent comment ça va se passer et comment ils vont être accueillis.
L’arrivée est discrète, il y a peu d’enfants et le vent souffle fort.
Les enfants arrivent plus nombreux et certains parents se joignent à l’atelier, ce qui n’est pas fréquent.
Une dizaine d’enfants commencent les ateliers scoubidous, perles, coloriages, Kapla et petite enfance (dinette). Un peu plus loin, le terrain de foot fait se réunir plusieurs garçons qui se succèdent à l’attaque et au goal. Yann se prend plusieurs buts, ce qui ravit les enfants…

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Les mamans échangent avec Fatimata et Ana, une grande confiance se crée immédiatement ; le thé réchauffe les corps et les esprits.
Sana, elle, ne quitte pas le tapis d’activité et discutent avec les enfants ; il a même fallu réconforter le petit Abdel dont la copine déménage aujourd’hui pour une autre ville…
Les activités prennent fin avec le début du goûter et le conseil de quartier. Des activités précises sont demandées pour la fois suivantes : le jeu du lynx, du puissance 4 et le jeu du béret. Le goûter est calme, les échanges facilités.

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Une maman nous explique qu’elle souhaite organiser une journée « beauté » ; nous sommes donc à la recherche d’une pro du maquillage…

Vendredi: Atelier de Champlan

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Nombreux sont ceux qui nous attendent aujourd’hui à l’entrée du camps de champlan.  En effet les familles sont désormais habitués a nos ateliers de musiques et les attendent avec impatience. Rapidement la rumeur de notre arrivé se répand, et adultes, jeunes et enfants nous rejoignent sur la place centrale du bidonville, d’autant que nous comptons aujourd’hui sur la présence exceptionnelle du groupe de Kesaj slovaque menés par Ivan.

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Trés vite la musique commence et les danseurs se mettent en place. Aprés une première chanson, les danseurs saisissent sans se concerter les spectateurs par la mains et les entrainent dans une ronde autour des musiciens. L’excitation gagne la foule et petit à petit, c’est tout le camps qui s’agite au rythme de la musique, tentant de reproduire les mouvements des danseurs. Ionuts et Ronaldo, qui ont participé à la tournée des Kesaj l’année dernière sont à l’honneur et prennent part au chorégraphie de manière active. Les danseurs se place judicieusement aux sein de la foule pour que personne ne se sente à l’écart et ne reste immobile. Ils entrainent les plus réfractaire, aident les plus maladroits. Au centre des musiciens, Ivan rythme le tout, et l’oeil vigilant, donne sont heure de gloire à chacun des participant, leur offrant un solo, ou les mettant en avant à un moment clef d’une chanson.

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C’est une scène à la fois parfaitement orchestré et complètement improvisé qui se joue alors au centre du camps. C’est la vrai force des Kesaj, offrir leur énergie au public, et s’en nourrir en même temps. Le soleil couchant donne une touche presque irréel au tableau.

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Le temps file sans que l’on ne s’en rende compte, pris que l’on est dans cette énergie, et après avoir distribué le gouté, sans s’arrêter de chanter et de danser, nous repartons vers le camion.

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Vendredi: Atelier de la Rocade

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Estelle, Laura, Tito, Yann, Hélène, Cassandra, Spartacus et Clarisse.

Quand nous sommes arrivés à 14h30, il y avait quelques mamans mais pas d’enfants puis nous avons installés le coin petite enfance, ainsi que celui des mamans et nous avons sorti les jeux de société. Peu de temps après les enfants sont arrivés et ils se sont mis à jouer au « croque carotte » avec Estelle. Ensuite, les enfants ont fait des jeux collectifs avec Estelle et Hélène, pendant que d’autres enfants faisaient des crêpes avec Laura.

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Après avoir fait des jeux de société et joué à « un, deux, trois, soleil » nous avons proposés aux enfants de faire un foot avec Yann ils étaient très content. D’autres enfants s’amusaient avec Cassandra, Spartacus et Clarisse dans le coin petite enfance.

Après une super après-midi sous le soleil, nous nous sommes installés autour d’un délicieux goûter : des crêpes à la confiture avec un bon chocolat chaud.

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Les enfants étaient très heureux et c’est dans une bonne ambiance qu’ils nous ont aidés à ranger et que nous leur avons dit : A BIENTOOOOT !!!

 

Jeudi: Atelier de Ballainvilliers

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Aujourd’hui nous sommes allé avec le groupe Kesay Chavé dans le camp de Balainvilliers. Laura est allé chercher tous les enfants pendant que le groupe s’échauffait, les enfants au début étaient intimidés, les Kesay Chavé ont commencé à chanter et en même temps que de danser. Une dame à commencer à danser avec eux alors le groupe est allé chercher les enfants pour danser tous ensemble. Petit à petit les enfants sont arrivé pour danser ils étaient content de participer.

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Personne ne se connaissait mais nous avons quand même passé un bon moment d’échange avec tout les âges. Au fur et à mesure il y avait de plus en plus de monde présent, le goûter s’est passé, en musique, et dans la bonne humeur.

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Les Kesay Chavé ont joué une dernière fois et lors du départ un monsieur est venu chanter donc le groupe c’est remis à jouer tout le monde était ensemble c’était convivial ils ont même chanté des chansons que tout le monde connaissait tout le monde était content et souriant lors de la sortie ils ne s’arrêtaient pas de chanter tout cela jusqu’au camion.

Jeudi: Atelier du Skate Parc
Kesaj chave, Zoe, Kenji, Fatimata, Sana, Louis, Catalin, Cassandra, Audrey, Clarisse, Abdel

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Nous sommes arrivés sur les coups de 16h30, en même temps que les Kesaj et Abdel qui nous ont rejoint après leur atelier à Ballainvillier. Nous avons installé nos différentes activités, sous les yeux des enfants qui nous ont vite rejoint comme d’habitude.
Sana et Audrey ont refait de la pâte à sel comme les enfants l’avait demandé, Zoé a créé une activité création de masque à bas d’assiette en carton que les enfants ont décoré avec des pastels, il y avait aussi des Kapla et des perles et scoubidous… ET bien sur les Kesaj ont mis l’ambiance en chantant et dansant ! Toutes les activités ont très bien marchés et certains enfants se sont amusés comme des fous en dansant aux cotés des Kesaj qui ont réussi à les mettre à l’aise ! Tout s’est passé  à merveille !

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Puis nous avons proposé aux enfants de s’asseoir en cercle pour passer au gouter, chocolat chaud et roses de sable nous ont rassasié !
A très vite !

Mercredi: Atelier de Wissous

 

Dusko, Jenika, Dominik, Abdel, Zoé, Estelle, Sebi, Jean Michel, Cassandra

Nous sommes arrivés sur le camps, et tout de suite 5/6 enfants nous ont rejoint, puis nous sommes allés chercher le reste des enfants.

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Après avoir écouté un peu les garçons chantés nous avons constitué 3 groupes, un de garçons pour la danse, un autre de filles, et Abdel est parti avec d’autres enfants pour qu’ils présentent le camp à la caméra.

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Jenika a appris une chorégraphie aux filles, qui étaient super contentes et ravies, de leur coté Dusko et Dominik apprenaient des pas de danse aux garçons, qui eux avaient un peu plus de mal mais rigolaient bien !

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Dans une très bonne ambiance les deux groupes ont montré un peu ce qu’ils avaient appris, sous les yeux des adultes.

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Enfin nous avons pris le gouter autour du feu, chocolat chaud, madeleines et clémentines !!

A bientôt !

Auteur/autrice : Hugues Bazin

Chercheur indépendant en sciences sociales,

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