Comprendre sa précarité

On ne peut comprendre la précarité si on en reste à l’image du manque. La précarité en effet n’est pas un manque, mais un trop plein: un trop plein de freins, d’empêchements, à vivre et à penser, d’empêchements à agir. C’est une impuissance.

Cette image du manque emprisonne aussi la pensée à son égard qui elle aussi, reste déficitaire. Tout le monde attend, en effet, en ce qui concerne la précarité, qu’elle soit en quelque sorte supprimée un jour ou l’autre. On s’imagine qu’elle pourrait  facilement être compensée. Ce serait une anomalie à redresser.

Or ce n’est pas cela. La précarité, c’est comme la question du handicap, ou de la différence, ça ne peut pas se normaliser.

Il faut d’abord la reconnaître…

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Et la connaître ce qui suppose de s’ancrer dans la réalité. La précarité ne se laisse comprendre que par ceux qui sont en lutte, pied à pied au quotidien contre elle. Ceux là seuls, peuvent avoir une image globale et suffisante du phénomène et découvrir toutes les réalités qui se dissimulent derrière.

Prenons un exemple concret: une famille rom qui part à la mer avec et au milieu des familles du quartier . Apparemment rien de plus simple, où est la difficulté? Et pourtant c’est une performance. regardons plutôt.

Notre association recevra du soutien de la CAF pour la journée à la mer, … des familles allocataires. Rien pour les familles Rroms. Dans les deux cas, pour les 2 publics, le coût salarial d’une journée de plus de 12 : 00 est énorme. Pour une association comme la nôtre qui travaille avec ceux qui n’ont pas accès aux structures classiques, … ce coût n’ets pas compensé.

Mais cette famille Rrom n’est pas sur place; elle a été expulsée de son campement. Hébergée par le 115 au titre d’un dispositif dont elle est « bénéficiaire », elle a été envoyée dans un hôtel du 95 . Donc comment être à Longjumeau, un dimanche à 06:00 du matin?   Il faudra une chambre d’hôtel, ou plutôt il en faudra 2 car la mère est accompagnée de 4 enfants (dont deux qu’elle prend en charge car sans parents présents)

Et comment retourner le soir à Saint Gratien, si on revient épuisés, mais joyeux  à 00: 00? Même problème, même résultat.

Qui calculera les coûts directs et indirects qui ne profitent pas particulièrement à cette famille mais qui souligne plutôt les circonstances dont elle est victime?

A priori rien ne différenciait cette famille d’une autre du quartier, toutes venant au passage de l’Essonne. A l’arrivée, le fait que la seconde ait pu partir est une performance, humaine, administrative, sociale. D’où vient cette différence? C’est sans raison. C’est cela, la précarité.  

Ceci n’est qu’un exemple , la réalité est omniprésente;  la précarité contre laquelle nous nous battons est dynamique et multiforme. Perpétuellement en expansion (elle concerne de plus en plus de domaines de la vie) , perpétuellement en contagion  (elle concerne de plus en plus de monde).

La seule manière d’agir dessus est de constituer et de créer à toute force, un petit coin de réalité qui en sera exempt. Une relation éducative de qualité, qui ne sera pas précaire, une parole qui sera tenue, un intérêt pour quelqu’un qui ne sera pas oublié,  une volonté mise en acte et suivie, malgré les péripéties et le nomadisme imposé.

La seule stratégie estde créer du repère, du stable, du durable, de l’inconditionnel: c’est l’objet des ateliers en particulier, de la Pédagogie Sociale, en général.

Un espace sain,même minime  100% protégé de la précarité, voici ce qu’il faut faire et inventer ; c’est la seule possibilité de faire quelque chose qui ne soit pas du leurre (des histoires qu’on se raconte: faisons d’abord un dossier CMU, attendons 2014, etc.)… ou du vent (on a commencé quelque chose et puis on s’était dit que c’était trop dur, qu’on essaierait plus tard, ailleurs, peut être)

Qu’on ne vienne pas dire que la précarité serait Rrom ou des quartiers, qu’elle aurait une culture ou une nationalité. Qu’elle aurait une rationalité, une raison suffisante ou nécessaire. Qu’en bref elle serait bornée, sécurisée, et qu’on en serait pour la plupart, protégés.

Elle n’a pas plus de nationalité ou de culture que le virus de la grippe.

Les mêmes difficultés concentrées chez quelques uns, nous les voyons poindre chez de tous autres publics: le nomadisme imposé, n’est pas que de logement: il concerne l’école, le boulot, les loisirs,  les relations qui se brisent, les allocations qui s’arrêtent, les contrats qui se rompent, les situations administratives, légales inextricables.

Lutter contre la précarité suppose d’agir dans la réalité , se fixer un objectif aussi petit soit-il (comme cette journée à la mer) et ne pas le lâcher et pallier à la quantité incroyable de blocages qui ne manqueront pas d’intervenir.

En les comprenant, en agissant dessus, on ouvre du possible pour tout le monde et même pour le professionnel qui peut commencer à croire de nouveau un petit peu dans ce qu’il fait.

DIMANCHE 14 JUILLET (si , si) : on soigne nos récoltes

Attention, avis de grosse récolte en cours pour courgettes, salades (et plus si affinité).   Une grande distribution est prévue mercredi et jeudi prochain, mais en attendant, il faut déjà ramasser ce qui est prêt, arroser sous la serre quasiment tous les jours.

Une petite équipe est donc allée au terrain , et on a fait tout cela plus une grande cueillette de cerises , mûres et autres fruits rouges.

  Après le travail, détente dans les arbres

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SAMEDI :

A la VSM :

SAMSUNG CAMERA PICTURESA la VSM, cet aprem’ on aime le soleil de plomb qui darde ces rayons. Les enfants ont plébiscité une bataille d’eau qui n’est jamais arrivée, tant absorbés qu’ils étaient  par les couleurs de l’atelier , de Simelia et Ramona qui les maquillent à tour de bras !

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A la petite enfance c’est Maria et Garance, qui anime, peu de petits aujourd’hui, mais des plus grands oui ! Tant pis, tout ce beau monde migre dans la tente des grands !

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Ça boxe dur avec Rude, c’est presque une habitude. Des coups de poing en rafales sur le punchingball qui encaisse sans broncher les coups répéter des boxeurs enrager.

Aline non loin de là anime, la confection de bague en feutrines , Qui mériterais leurs place en vitrine ! Au centre de l’atelier trône le magasin gratuit. SAMSUNG CAMERA PICTURES

SAMSUNG CAMERA PICTURESLes jeux sont pléthores aujourd’hui, ainsi que les salades, courgettes, et leurs fleurs.

 

Au verger :

DSCN2561Nous nous rendons a verger sous ce beau soleil avec un petit groupe.

L’herbe a bien poussé, nous commençons donc par débroussailler les herbes avec des cisaillesDSCN2504  et une débroussailleuse. DSCN2571

 Le soleil tape nos nous hydratons régulièrement.DSCN2585 Nous accueillons une famille qui connait bien le verger. Les petits  récoltent de nombreuses framboises rouges et jaunes ! Certains ne connaissaient pas les cassis. Ce fut donc une découverte gustative et certains ont ramené de nombreux fruits chez eux.

Nous avons également accrochés des branches de Kiwi au grillage à l’aide de fils de fer.

Enfin n bon goûter est partagé à l’ombre des grands arbres.

VENDREDI :

Au jardin de Saulx :

Cet après-midi, malgré un soleil de plomb, Jessica a répondu présente au jardin. Au programme, débroussaillage!

Nous avons principalement débroussaillé les allées et quelques alentours des cultures. L’atelier s’est terminé par un goûter.

A la Rocade :

SAMSUNG CAMERA PICTURESLe DAEV étant toujours entre les bonnes mains d’Antoine, nous installons des tapis à l’ombre d’un arbre, comme nous faisions avant.

Anne est là pour son dernier atelier avant ses vacances et confectionne encore de jolies SAMSUNG CAMERA PICTURESfleurs avec les enfants.

SAMSUNG CAMERA PICTURESGarance joue au double  et Aline fait des bagues avec un groupe de petites filles.

SAMSUNG CAMERA PICTURESBah oui, il n’y a pas de mamans aujourd’hui, du coup c’est le tour des filles de se confectionner de jolies bagues à base de feutrine !

Fofinho est là et des enfants le prennent en charge, lui trouvent un grand bâton et jouent avec.  Il fait rire tout le monde car malgré sa petite gueule, il arrive à attraper un ballon de foot, on ne sait pas comment !SAMSUNG CAMERA PICTURES

 

JEUDI :

Wissous :

Aujourd’hui et demain, le DAEV est entre les mains d’Antoine, son constructeur, et Abdel et Souad pour une remise à neuf du mobilier avec quelques améliorations pratiques.

SAMSUNG CAMERA PICTURESDu coup, nous allons sur le camp avec le camion du jardin que nous avons chargé de notre matériel pédagogique. Nous profitons d’être plus « légers » pour nous installer à l’intérieur du camp, au milieu des cabanes, comme nous faisions avant le DAEV. C’est idéal car c’est au cœur de tout et nous avions du abandonner cette position stratégique, car avec les diables et les étagères, la butte qui délimite le camp est infranchissable.

Donc, nous avons installé deux grands tapis sur la « plat, » et y avons déposé des craies grasses et des gros feutres pour faire un coloriage géant,SAMSUNG CAMERA PICTURES récupéré aux encombrants. Plus loin, les loulous qui ont besoin de se dépenser, joue au ballon avec Madalin.

Assis, allongés, à quatre pattes, chacun a sa façon de colorier ou de gribouiller ; car on se fiche un peu des dessins. SAMSUNG CAMERA PICTURESPour les plus petits, l’important est de participer, de tenir une craie ou un feutre dans sa main et de mettre de la couleur partout où l’on veut !

SAMSUNG CAMERA PICTURESLes plus grands s’appliquent, nous avons même, une maman qui s’appelle Mariana et Cosmin, le mari de Maria qui colorient avec les enfants.

Ramona gravite entre les tapis et les cabanes pour parler des séjours ados dans les Alpes et CATS en Suisse, avec les parents des enfants visés.

Franck Vibert, photographe, attaché à la cause des Roms en France, est venu rencontrer les familles et découvrir notre atelier pour ensuite prendre des photos avec leur accord, et SAMSUNG CAMERA PICTURESles diffuser pour rendre leur humanité à ses familles que nous aimons tant. Il reviendra jeudi prochain pour rencontrer le chef du camp, et s’il est d’accord, passer la journée avec eux pour les photographier. Les clichés seront distribués aux familles et à notre association.

Nous terminons l’atelier tous ensemble autour d’une partie de tomate.

Au jardin de Saulx :

Il y’a du travail au jardin ! Au programme : désherbage,  arrosage, récolte de courgettes.  Nous ne sommes pas beaucoup, c’est pourquoi nous décidons de désherber « à fond » la parcelle d’haricots verts qui peine tant à pousser.  Pendant que je continue, aidé de  Christian,  Jessica commence à arroser la serre ainsi que les parcelles les plus sèches. Le soleil tape fort aujourd’hui, c’est pourquoi nous  faisons régulièrement  des pauses « boissons ».  Le jardin est très beau à voir et c’est tellement gratifiant d’assister mais surtout de contribuer à la pousse de tout ses fruits légumes. Nous finissons par récolter de  superbes courgettes  pour aller en distribuer au skate Park  a  qui voudra.

La croix breton :

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Etant en vacances, l’atelier a commencé une heure plus tôt aujourd’hui. Les premiers enfants sont arrivés un peu retard, mais avec beaucoup d’envie de jouer.

Tout de suite, les enfants se sont lancés dans deux activités : le coloriage et le jeu de billes.SAMSUNG En milieu d’atelier tout le monde s’est au dessin.

SAMSUNG                                                         Puis nous avons une balle au prisonnier.  Malgré la chaleur accablante, ils y étaient à fond…

Il a fallu les arrêter pour prendre le goûter. SAMSUNG Ousmane, Sanaba et Nana nous ont dit qu’ils ne seront pas là semaine parce qu’ils déménagent.

Au skate park :

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SAMSUNG CAMERA PICTURESEn petit comité, nous avons commencé une partie de « dessiner c’est gagné ! ». Nous avons ainsi dessiné des épines, un marin, avoir faim, un acrobate, un œil et des trucs plus dur encore !

SAMSUNG CAMERA PICTURESLa petite Nesrine, à côté invente des petites histoires pour la poupée, qu’elle dorlote et fait manger. SAMSUNG CAMERA PICTURESUne maman nous rejoint en milieu d’atelier avec son fils. Nous parlons de la récolte de salades prévues mercredi prochain.

SAMSUNG CAMERA PICTURESNous recrutons car nous avons des centaines de salades à ramasser puis à distribuer au quartier.

 

MERCREDI :

Ludothèque de rue à Bel Air :

C’est un air de vacance qui souffle sur la ludothèque de rue nouvellement installé à Bel Air II !

SAMSUNG CAMERA PICTURESSAMSUNG CAMERA PICTURESLes filles nous présentent leur planning de vacances, qu’elles ont fait elles même sur l’ordinateur, et les enfants organisent eux-mêmes un jeu autour du matériel de

Scratch-Ball. SAMSUNG CAMERA PICTURESOn joue ensuite aux dames (on confronte nos différentes règles et stratégies), On invente un jeu de labyrinthe aux règles… Fluctuantes !

SAMSUNG CAMERA PICTURESOn organise un concours de jeux de palet et c’est nesrine qui s’occupe de distribuer les médailles.SAMSUNG CAMERA PICTURES A l’ombre des arbres, on discute de nos projets pour les vacances, de la rentré, dans quel classe on est, toussa toussa !

 

A jardin de Saulx :

Aujourd’hui, c’est Aline qui emmène un petit groupe au jardin.  Nous arrosons à grandes eaux car le jardin a soif. Madalin sort l’eau du puits et Aline arrose avec Yassin, Najamie et Jessica : un peu pour les salades, un peu pour la serre et les tomates, pour terminer par les haricots. Le plus dur étant fait, il ne nous reste plus que la récolte. Au menu : framboises, salades et courgettes. Yassin, qui ne s’est pas encore familiarisé avec le fonctionnement du jardin et n’était pas emballé par l’arrosage, nous a finalement bien aidé et se prêtera sûrement plus facilement à la tâche la prochaine fois !

Au squat de Palaiseau :

SAMSUNG     Après midi ensoleillé! A notre arrivée, certains adultes et enfants font une bataille d’eau. Les enfants nous attendent, ils viennent très vite nous aider à décharger le matériel.

Assis en ronde, on commence par la présentation de Gabriel qui est venu nous aider. Puis les enfants racontent ce qu’ils ont fait depuis le dernier atelier. 

Ensuite, comme d’habitude, on forme deux groupes: « les plus petits et les pré-ados ».

SAMSUNGChez les pré-ados, les filles commencent tout de suite par le dessin, tandis que les garçons jouent d’abord au jeu du bâtons avant de rejoindre les filles au dessin.

SAMSUNGLes plus petits ont fait du coloriage varié avec beaucoup d’enthousiasme, bénéficiant de l’accompagnement de certains parents. SAMSUNG

 

Après un goûter à l’ombre, nous avons terminé par la visite du site pour Gabriel, en présence d’Hélène qui nous a rejoint en fin d’atelier.

SAMSUNGCette visite a permis à Gabriel de découvrir et d’apprécier d’excellents tags, Gabriel étant un amateur de tags, ça lui a donné des idées…

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Une réflexion sur « Comprendre sa précarité »

  1. Bonjour je découvre aujourd’hui hui votre site, mais où êtes vous? qui êtes vous? comment vous rencontrer?
    je connais la pédagogie sociale en argentine.. mais je ne savais pas qu’en France on a 5 peut être un équivalent) pas sure non plus que ce soit la même chose.. par contre votre vision du travail social m’intéresse bien évidemment, votre vision positive également et surtout le fait de ne pas dissocier l ‘education .. et « linstruction » ce qui fait qu’en france il ya a un tel clivage entre education nationale et education tout court ( education populaire par exemple..) et edcuation specialisée..

    Bref .. j’aimerais vous rencontrer et discuter.. peut être participer??
    je suis dans la Drôme.. merci de votre réponse..
    B Bossé

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