Dialogue

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« –   Tu sais Buonaventura, il y a tout de même quelque chose que je ne comprends pas. On nous dit : « Le Social c’est normal que ça ne marche pas car c’est le libéralisme, le capitalisme ».  Mais ce n’est même pas vrai; ce n’est même pas cela au fond dont il est question. Si c’était vraiment le  libéralisme , le capitalisme, alors on pourrait dire (nous qui cherchons un  local pour un centre d’éducation populaire) au propriétaire d’un  appartement vide, d’un terrain à l’abandon depuis des années: « Cher Monsieur , on vous offre 30 euros par mois , et votre lieu on l’utilise. Vous n’avez rien de mieux, aucune proposition, alors celle qu’on vous fait est la meilleure ». Et tu sais quoi? Ca devrait être illégal pour lui, de refuser une offre sans concurrence.

– C’est que ce n’est peut être pas le libéralisme; ou en tout cas pas le libéralisme pou tout le monde. Pour les riches, les gens qui font des affaires il y a une protection, une sécurité; ils ne sont pas en danger des effets dévastateurs du marché. Ca ne se retourne jamais contre eux. En fait c’est seulement contre nous. La précarité ce n’est pas une fatalité, un fléau, ou une misère sociale; c’est une arme construite, braquée sur le peuple.

–  Et puis tu vois: on pourrait dire la même chose au Préfet. Ce bidonville que vous voulez détruire, ces familles que vous voulez mettre à la rue alors qu’on sait très bien que le terrain  qu’elles habitent était à l’abandon depuis des années et qu’il le sera encore, malgré les mensonges du propriétaire, dans les 3 années à venir. Alors on devrait pouvoir lui dire : « Monsieur le Préfet, si vous n’avez pas de meilleure solution , il faut les laisser là; il faut sécuriser le camp; il faut obliger la Mairie à ramasser les déchets et ouvrir la fourniture d’eau ».  Et on pourrait ajouter: « Ou alors vous avez une meilleure idée, un meilleur plan pour ces familles, à nous présenter? ». Tu penses bien qu’il n’aurait rien à dire , rien à ajouter.

– Oui , c’est sûr, il n’aurait rien à dire, le Préfet.

–  Le Maire non plus d’ailleurs , il n’aurait rien à ajouter. Et aussi, quand on viendrait devant lui avec un beau , un fort projet pour les enfants de sa ville, et tous les parents en difficulté. Quand on lui présenterait une vraie action de coopération entre les âges, les cultures . Il ne pourrait pas faire, celui qui ne voit rien; celui qui ne sait rien.

–  Celui qui regarde ailleurs…

–  Oui car on ferait pareil; on lui dirait: « Ou bien vous avez un meilleur projet à nous présenter Monsieur le Maire pour aller dans ce sens? »  Et là , bien entendu, il n’y aurait plus grand chose à dire.

– Ou à objecter.

Ce qu’il faudrait au fond, c’est pénaliser l’objection; ce qu’il faudrait ce serait d’obliger tous ceux qui empêchent; tous ceux qui interdisent de faire et de proposer mieux que ce qu’ils refusent ou ce qu’ils ne soutiennent pas.

– C’est de cela qu’il s’agit: on peut éventuellement pardonner à ceux qui ne font pas, à ceux qui ne sont pas capables de changer les choses; on peut pardonner à l’incompétent, à l’impuissant, à celui qui a le courage de le reconnaître. Ce qui est vraiment impardonnable…

C’est ceux qui veulent empêcher ce qu’ils ne savent pas faire. »

 

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